Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 avril 1862 01 avril 1862
Description : 1862/04/01 (A7,N139). 1862/04/01 (A7,N139).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203293z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 101
d'eau seront desséchées, cultivées comme autrefois
quand Péluse existait: or, Pord-Saïd est la Péluse
de la moderne Egypte. Je me suis laissé dire que tout
ce qui a été fait ici depuis trois ans n'a pas coûté 17
millions. Je puis vous affirmer que Fort-Saïd, avec
ses terrains déjà conquis, sa rade, ses ateliers, son
port pour des barques, enfin tout ce qui existe, vaut
plus de 50 millions, et lorsque les deux mers seront
réunies par la rigole, il en vaudra le double.
Mais quittons Port-Saïd. C'est un monde nouveau
qui se révèle; entrons dans le canal. Le matin 11, à
7 heures, nous montions dans des canots et nous
nous dirigions, en traversant une partie du lac Men-
zaleh, vers la terre de Ras-el-Eich, premier campe-
ment situé sur le canal, à 16 kilomètres de Port-Saïd.
Nous suivions la ligne des dragues déjà en place, les
unes marchant, les autres en mise en œuvre. Le soir,
après avoir parcouru 48 kilomètres, nous débarquions
à la station de Kantara-el-Kasné. Le canal que nous
venions de traverser a tantôt 5 mètres, tantôt 12
mètres de largeur ; dans quelque temps il aura par-
tout 12 mètres sur 1 mètre 1/2 de profondeur. La
navigation est facile ; on se félicite en pensant qu'il
n'y a pas un an il fallait trois jours par terre et
avec fatigue pour accomplir le voyage que nous ve-
nions d'accomplir en dix heures et sans fatigue.
Kantara est un joli campement sur la route d'E-
gypte en Syrie ; ses maisons sont bâties en briques
antiques venant d'une ancienne ville qui se trouve
à 2 kilomètres. Sa position sur la route de Syrie
donne à Kantara une certaine importance. Il y aura
là une ville, un centre pour les caravanes et les re-
lations avec la Syrie, l'Arabie et l'Irac. Il y passe
chaque jour deux à trois cents chameaux et autant
de personnes. C'est un va et-vient continuel. Les
approvisionnements à Kantara sont variés et abon-
dants , l'air est vif, salubre ; aussi quel appétit et
quelle bonne santé chez MM. les employés ! Il y a là
un petit hôpital modèle, remarquable par sa situa-
tion et sa tenue ; ses lits sont si peu occupés qu'il
sert à loger les voyageurs; j'y ai couché.
Les travaux qui s'exécutent sur toute la ligne
que nous avons parcourue et dans la circonscription
de Kantara n'ont trait qu'au creusement et à l'élar-
gissement du canal. Une drague marche, c'est celle
qui a été apportée pièce par pièce à travers le dé-
sert, et dont l'Illustration a donné le dessin avec le
transport par chameaux. Les travailleurs enlèvent
les terres qui sont au-dessus de l'eau, la drague fait
le reste ; avant peu, elle ira rejoindre ses sœurs qui
s'avancent venant de Port-Saïd, afin de se mettre
toutes de front et attaquer le canal maritime dans
toute sa longueur.
Vers 8 heures du matin, nous remontons dans
nos barques, nous traversons les lacs Ballah, lacs
sans eau, en suivant le canal qui, sur ce point, a
12 mètres de large dans toute son étendue. A
midi nous arrivions à Ferdane, au pied du Seuil, et
où pour le moment s'arrête le canal. De Port-Saïd
à Ferdane nous avons parcouru 61 kilomètres. Pour
vous donner une idée du résultat déjà obtenu, vous
saurez qu'avant ce canal le transport des objets ren-
dus de Port-Saïd à Ferdane était de 150 et même
200 francs les 1,000 kilos, qu'il n'est plus aujourd'hui
que de 7 francs, et qu'avant peu il sera à 3 francs.
Ces chiffres en disent plus que tous les raisonne-
ments.
Ferdane est une station située près des dunes de
ce nom. On a trouvé dans ses environs des caraières
de chaux et de plâtre. Ici le canal commence à être
encaissé, les berges sont plus hautes, on voit que
nous avons quitté les lacs. Notre mode de locomotion
va aussi changer, car j'aperçois sur les bords du
canal des chevaux, des dromadaires et une voiture
pour les dames.
Nous sommes reçus par l'ingénieur de la division,
le représentant de l'entrepreneur général, les em-
ployés divers et le gouverneur de l'isthme, Ismaïl-
Bey, qui représente l'autorité du vice-roi et qu'en-
toure une garde de cent cavaliers noirs. Cette récep-
tion a un cachet tout particulier. Saviez-vous que
S. A. le vice-roi avait dans l'isthme un représentant
avec garde ? Personne ne le savait ; on l'ignore même
encore à Alexandrie aujourd'hui. D'après ce que je
viens de voir à Port-Saïd, et les travaux déjà ac-
complis, ne nous aurait-on que raconté des fables,
tandis que M. de Lesseps et ses compagnons (c'est
ainsi qu'ils désignent les travailleurs de l'isthme)
marchaient et accomplissaient l'œuvre?
Nous partîmes de Ferdane vers 2 heures ; les
dames étaient dans une voiture attelée de droma-
daires, les autres personnes à cheval ou à droma-
daire ; les cent cavaliers noirs nous entouraient, ca-
racolant, la carabine au poing. Nous avons ainsi tra-
versé les fameux sables de Ferdane dont on a voulu
faire un épouvantail. Ils doivent, dit-on, combler le
canal maritime ? C'est une plaisanterie. Qu'est-ce que
2 kilomètres de sables à traverser? Je ne vous
parle pas de leur fixation. Sachez seulement qu'avec
un obstacle quel qu'il soit, même des broussailles
on arrête les terribles sables du désert, c'est un fait
acquis. Avec quelques milliers de francs, les sables
resteront là où ils sont, malgré la haute science des
jugements anglais, de lord Palmerston et de ses
nobles amis.
Nous n'avions pas fait 2 kilomètres que nous
apercevions devant nous une ligne de hauteurs, et
sur ces hauteurs des hommes en mouvement. « Qu'est-
ce que ceci? — C'est, nous répondit-on, le canal que
l'on creuse; le seuil d'El-Guisr est entamé; il y a
20,000 hommes. — Comment? on travaille ici en
Ramadan, et on l'ignore! »On sait que les Arabes
d'eau seront desséchées, cultivées comme autrefois
quand Péluse existait: or, Pord-Saïd est la Péluse
de la moderne Egypte. Je me suis laissé dire que tout
ce qui a été fait ici depuis trois ans n'a pas coûté 17
millions. Je puis vous affirmer que Fort-Saïd, avec
ses terrains déjà conquis, sa rade, ses ateliers, son
port pour des barques, enfin tout ce qui existe, vaut
plus de 50 millions, et lorsque les deux mers seront
réunies par la rigole, il en vaudra le double.
Mais quittons Port-Saïd. C'est un monde nouveau
qui se révèle; entrons dans le canal. Le matin 11, à
7 heures, nous montions dans des canots et nous
nous dirigions, en traversant une partie du lac Men-
zaleh, vers la terre de Ras-el-Eich, premier campe-
ment situé sur le canal, à 16 kilomètres de Port-Saïd.
Nous suivions la ligne des dragues déjà en place, les
unes marchant, les autres en mise en œuvre. Le soir,
après avoir parcouru 48 kilomètres, nous débarquions
à la station de Kantara-el-Kasné. Le canal que nous
venions de traverser a tantôt 5 mètres, tantôt 12
mètres de largeur ; dans quelque temps il aura par-
tout 12 mètres sur 1 mètre 1/2 de profondeur. La
navigation est facile ; on se félicite en pensant qu'il
n'y a pas un an il fallait trois jours par terre et
avec fatigue pour accomplir le voyage que nous ve-
nions d'accomplir en dix heures et sans fatigue.
Kantara est un joli campement sur la route d'E-
gypte en Syrie ; ses maisons sont bâties en briques
antiques venant d'une ancienne ville qui se trouve
à 2 kilomètres. Sa position sur la route de Syrie
donne à Kantara une certaine importance. Il y aura
là une ville, un centre pour les caravanes et les re-
lations avec la Syrie, l'Arabie et l'Irac. Il y passe
chaque jour deux à trois cents chameaux et autant
de personnes. C'est un va et-vient continuel. Les
approvisionnements à Kantara sont variés et abon-
dants , l'air est vif, salubre ; aussi quel appétit et
quelle bonne santé chez MM. les employés ! Il y a là
un petit hôpital modèle, remarquable par sa situa-
tion et sa tenue ; ses lits sont si peu occupés qu'il
sert à loger les voyageurs; j'y ai couché.
Les travaux qui s'exécutent sur toute la ligne
que nous avons parcourue et dans la circonscription
de Kantara n'ont trait qu'au creusement et à l'élar-
gissement du canal. Une drague marche, c'est celle
qui a été apportée pièce par pièce à travers le dé-
sert, et dont l'Illustration a donné le dessin avec le
transport par chameaux. Les travailleurs enlèvent
les terres qui sont au-dessus de l'eau, la drague fait
le reste ; avant peu, elle ira rejoindre ses sœurs qui
s'avancent venant de Port-Saïd, afin de se mettre
toutes de front et attaquer le canal maritime dans
toute sa longueur.
Vers 8 heures du matin, nous remontons dans
nos barques, nous traversons les lacs Ballah, lacs
sans eau, en suivant le canal qui, sur ce point, a
12 mètres de large dans toute son étendue. A
midi nous arrivions à Ferdane, au pied du Seuil, et
où pour le moment s'arrête le canal. De Port-Saïd
à Ferdane nous avons parcouru 61 kilomètres. Pour
vous donner une idée du résultat déjà obtenu, vous
saurez qu'avant ce canal le transport des objets ren-
dus de Port-Saïd à Ferdane était de 150 et même
200 francs les 1,000 kilos, qu'il n'est plus aujourd'hui
que de 7 francs, et qu'avant peu il sera à 3 francs.
Ces chiffres en disent plus que tous les raisonne-
ments.
Ferdane est une station située près des dunes de
ce nom. On a trouvé dans ses environs des caraières
de chaux et de plâtre. Ici le canal commence à être
encaissé, les berges sont plus hautes, on voit que
nous avons quitté les lacs. Notre mode de locomotion
va aussi changer, car j'aperçois sur les bords du
canal des chevaux, des dromadaires et une voiture
pour les dames.
Nous sommes reçus par l'ingénieur de la division,
le représentant de l'entrepreneur général, les em-
ployés divers et le gouverneur de l'isthme, Ismaïl-
Bey, qui représente l'autorité du vice-roi et qu'en-
toure une garde de cent cavaliers noirs. Cette récep-
tion a un cachet tout particulier. Saviez-vous que
S. A. le vice-roi avait dans l'isthme un représentant
avec garde ? Personne ne le savait ; on l'ignore même
encore à Alexandrie aujourd'hui. D'après ce que je
viens de voir à Port-Saïd, et les travaux déjà ac-
complis, ne nous aurait-on que raconté des fables,
tandis que M. de Lesseps et ses compagnons (c'est
ainsi qu'ils désignent les travailleurs de l'isthme)
marchaient et accomplissaient l'œuvre?
Nous partîmes de Ferdane vers 2 heures ; les
dames étaient dans une voiture attelée de droma-
daires, les autres personnes à cheval ou à droma-
daire ; les cent cavaliers noirs nous entouraient, ca-
racolant, la carabine au poing. Nous avons ainsi tra-
versé les fameux sables de Ferdane dont on a voulu
faire un épouvantail. Ils doivent, dit-on, combler le
canal maritime ? C'est une plaisanterie. Qu'est-ce que
2 kilomètres de sables à traverser? Je ne vous
parle pas de leur fixation. Sachez seulement qu'avec
un obstacle quel qu'il soit, même des broussailles
on arrête les terribles sables du désert, c'est un fait
acquis. Avec quelques milliers de francs, les sables
resteront là où ils sont, malgré la haute science des
jugements anglais, de lord Palmerston et de ses
nobles amis.
Nous n'avions pas fait 2 kilomètres que nous
apercevions devant nous une ligne de hauteurs, et
sur ces hauteurs des hommes en mouvement. « Qu'est-
ce que ceci? — C'est, nous répondit-on, le canal que
l'on creuse; le seuil d'El-Guisr est entamé; il y a
20,000 hommes. — Comment? on travaille ici en
Ramadan, et on l'ignore! »On sait que les Arabes
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