Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 avril 1862 01 avril 1862
Description : 1862/04/01 (A7,N139). 1862/04/01 (A7,N139).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203293z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
100 L'ISTHME DE SUEZ,
le commandant Nicovitti, formant la commission
autrichienne ; le comte de Chambord et sa suite ;
Raousse, ingénieur anglais; Johnston, négociant;
Levy, banquier; Holenski, littérateur; Foucaut, in-
génieur belge; Berscher, peintre; le père Roger,
franciscain, et tant d'autres de toutes nations, de
toutes positions et professions. N'oublions pas une
charmante Anglaise, Mme Ross, qui, seule avec sa
femme de chambre, a parcouru l'isthme en huit jours,
et en est revenue enthousiasmée. Ceux qui avaient
vu affirmaient que les travaux marchaient; ceux qui
n'avaient rien vu le niaient, et, ce qu'il y a de cu-
rieux, certains étaient plutôt portés à croire ces der-
niers.
Comme bien vous le pensez, je brûlais d'envie de
faire cette excursion, afin de m'assurer de l'exacti-
tude des choses. Je cherchais, lorsque j'appris au
Caire que M. Ferdinand de Lesseps devait partir
pour une tournée dans l'isthme en compagnie du
marquis et de la marquise d'Arconati Visconti, du
comte et de la comtesse Alimogna, du consul d'Ita-
lie au Caire, M. Maccio et de Mme Maccio, du comte
Sala, de M. Gerardin, agent supérieur, et du médecin
en chef, M. Aubert Roche. L'occasion était belle, sur-
tout pour constater la facilité des transports : je fus
accepté avec plaisir.
S'il me fallait vous raconter tout ce que j'ai vu
dans ces huit jours de voyage, il me faudrait écrire
un volume. Nous sommes partis du Caire, le samedi 8
mars, par le chemin de fer, qui nous a conduits jus-
qu'à Samanhout ; là nous nous sommes embarqués
sur le Nil, dans un joli bateau à vapeur appartenant
à la Compagnie de Suez, qui a monté un service ré-
gulier de Samanhout à Damiette. Dans la nuit, nous
débarquions à cette dernière ville devant de vastes
bâtiments s'étendant sur le rivage à plus de 500 mè-
tres ; ce sont les magasins de la Compagnie, la rési-
dence du directeur des travaux, M. Voisin, le centre
de la comptabilité.
Ces magasins approvisionnent la division de Port-
Saïd, comme ceux du Caire pourvoient la division de
Timsah; nous les avons visités; tout y est en abon-
dance et en ordre ; c'est un bazar universel d'objets
utiles et de denrées de toutes sortes. M. Sciama; in-
génieur, chef de l'exécution se joignit à nous avec
sa femme, ce qui porta notre réunion à quatorze
personnes, dont quatre dames. Nous avons passé la
journée du dimanche à Damiette.
Le lundi, à la pointe du jour, nous montions en
barque pour traverser le lac Menzaleh et nous ren-
dre à Port-Saïd, où le canal maritime doit débou-
cher dans la Méditerranée. C'est une curieuse navi-
gation que cette traversée du lac avec ses barques
ayant la forme d'un poisson, larges à l'avant, effilées
à l'arrière, et marchant à l'aide d'une immense voile
latine. Nous arrivâmes en sept heures à Port-Saïd.
Je ne puis vous dire l'effet que nous fit l'aspect de
cette ville naissante, s'étendant sur plusieurs kilo-
mètres, avec son phare, ses ateliers, ses cheminées à
vapeur, ses digues, ses barques, sa population va-
riée, tout cela marchant, fumant et travaillant, avec
la Méditerranée au fond et les bâtiments à l'ancre.
Je croyais ne voir que quelques maisons, quelques
établissements, et je trouve là une ville inconnue
de 5,000 habitants. Il y a trois ans, le 25 avril 1859,
la première tente a été plantée sur le rivage inha-
bité.
Nous débarquons dans le port de l'arsenal, au mi-
lieu des dragues qui le creusent. Là se dressent les
ateliers d'ajustage, les forges, la fonderie, la scie-
rie, etc., tous mus par la vapeur. Il n'y a rien de
plus complet, même en Europe. Des chemins de fer
apportent de la jetée, du rivage et des barques, dans
les chantiers, les matériaux qui arrivent par la Médi-
terranée. La jetée s'avance à 300 mètres en mer.
Le grand port est déjà creusé sur l'un de ses côtés
et communique avec la rade ; partout règne la plus
grande activité. On éprouve une véritable admira-
tion en voyant le quai avec ses maisons alignées ,
ses jolis chalets dont un est consacré au service reli-
gieux, et les autres occupés par divers employés.
J'ai visité celui qui a été destiné au culte ; la cha-
pelle a été dédiée à sainte Eugénie, que l'on a
constituée patronne de Port - Saïd dans le ciel, en
reconnaissance, dit-on , d'une autre Eugénie, pa-
tronne de l'isthme sur la terre.
Les approvisionnements de toutes sortes abondent.
Le commerce est libre : il y a des marchands établis,
des ouvriers de métiers différents ; il y a un excellent
restaurant. Notre visite a duré jusqu'à la nuit. Nous
avons même été voir à 1,500 mètres en mer un îlot
que l'on construit avec des pieux en fer et qui doit
servir pour débarquer les pierres arrivant d'Alexan-
drie, afin de continuer la jetée en allant de la mer
au rivage ; c'est le contraire de ce qui se fait en Eu-
rope. A ce sujet, je remarque que bien des choses se
passent ici au rebours de la routine ; ne serait-ce
pas le motif qui fait que bien des gens ne compren-
nent rien à ce qui se passe dans l'isthme.
Je ne vous parlerai pas du climat de Port-Saïd,
de son beau ciel bleu et de son exposition au nord-
est, sur une plage où viennent se briser en roulant
de longues vagues. J'ai appris, par les tables météo-
rologiques dressées depuis plus de deux années, que
sa température était une des moins élevées de l'E-
gypte, régulière et exempte d'humidité. La santé
des habitants de Port-Saïd est florissante. Je ne sais
si je me trompe ; mais je crois que cette ville est
destinée, et avant peu de temps, à devenir, non-seu-
lement très-importante par son commerce et ses re-
lations, mais encore une ville d'agrément, lorsque
les plaines qui l'environnent et qui sont couvertes
le commandant Nicovitti, formant la commission
autrichienne ; le comte de Chambord et sa suite ;
Raousse, ingénieur anglais; Johnston, négociant;
Levy, banquier; Holenski, littérateur; Foucaut, in-
génieur belge; Berscher, peintre; le père Roger,
franciscain, et tant d'autres de toutes nations, de
toutes positions et professions. N'oublions pas une
charmante Anglaise, Mme Ross, qui, seule avec sa
femme de chambre, a parcouru l'isthme en huit jours,
et en est revenue enthousiasmée. Ceux qui avaient
vu affirmaient que les travaux marchaient; ceux qui
n'avaient rien vu le niaient, et, ce qu'il y a de cu-
rieux, certains étaient plutôt portés à croire ces der-
niers.
Comme bien vous le pensez, je brûlais d'envie de
faire cette excursion, afin de m'assurer de l'exacti-
tude des choses. Je cherchais, lorsque j'appris au
Caire que M. Ferdinand de Lesseps devait partir
pour une tournée dans l'isthme en compagnie du
marquis et de la marquise d'Arconati Visconti, du
comte et de la comtesse Alimogna, du consul d'Ita-
lie au Caire, M. Maccio et de Mme Maccio, du comte
Sala, de M. Gerardin, agent supérieur, et du médecin
en chef, M. Aubert Roche. L'occasion était belle, sur-
tout pour constater la facilité des transports : je fus
accepté avec plaisir.
S'il me fallait vous raconter tout ce que j'ai vu
dans ces huit jours de voyage, il me faudrait écrire
un volume. Nous sommes partis du Caire, le samedi 8
mars, par le chemin de fer, qui nous a conduits jus-
qu'à Samanhout ; là nous nous sommes embarqués
sur le Nil, dans un joli bateau à vapeur appartenant
à la Compagnie de Suez, qui a monté un service ré-
gulier de Samanhout à Damiette. Dans la nuit, nous
débarquions à cette dernière ville devant de vastes
bâtiments s'étendant sur le rivage à plus de 500 mè-
tres ; ce sont les magasins de la Compagnie, la rési-
dence du directeur des travaux, M. Voisin, le centre
de la comptabilité.
Ces magasins approvisionnent la division de Port-
Saïd, comme ceux du Caire pourvoient la division de
Timsah; nous les avons visités; tout y est en abon-
dance et en ordre ; c'est un bazar universel d'objets
utiles et de denrées de toutes sortes. M. Sciama; in-
génieur, chef de l'exécution se joignit à nous avec
sa femme, ce qui porta notre réunion à quatorze
personnes, dont quatre dames. Nous avons passé la
journée du dimanche à Damiette.
Le lundi, à la pointe du jour, nous montions en
barque pour traverser le lac Menzaleh et nous ren-
dre à Port-Saïd, où le canal maritime doit débou-
cher dans la Méditerranée. C'est une curieuse navi-
gation que cette traversée du lac avec ses barques
ayant la forme d'un poisson, larges à l'avant, effilées
à l'arrière, et marchant à l'aide d'une immense voile
latine. Nous arrivâmes en sept heures à Port-Saïd.
Je ne puis vous dire l'effet que nous fit l'aspect de
cette ville naissante, s'étendant sur plusieurs kilo-
mètres, avec son phare, ses ateliers, ses cheminées à
vapeur, ses digues, ses barques, sa population va-
riée, tout cela marchant, fumant et travaillant, avec
la Méditerranée au fond et les bâtiments à l'ancre.
Je croyais ne voir que quelques maisons, quelques
établissements, et je trouve là une ville inconnue
de 5,000 habitants. Il y a trois ans, le 25 avril 1859,
la première tente a été plantée sur le rivage inha-
bité.
Nous débarquons dans le port de l'arsenal, au mi-
lieu des dragues qui le creusent. Là se dressent les
ateliers d'ajustage, les forges, la fonderie, la scie-
rie, etc., tous mus par la vapeur. Il n'y a rien de
plus complet, même en Europe. Des chemins de fer
apportent de la jetée, du rivage et des barques, dans
les chantiers, les matériaux qui arrivent par la Médi-
terranée. La jetée s'avance à 300 mètres en mer.
Le grand port est déjà creusé sur l'un de ses côtés
et communique avec la rade ; partout règne la plus
grande activité. On éprouve une véritable admira-
tion en voyant le quai avec ses maisons alignées ,
ses jolis chalets dont un est consacré au service reli-
gieux, et les autres occupés par divers employés.
J'ai visité celui qui a été destiné au culte ; la cha-
pelle a été dédiée à sainte Eugénie, que l'on a
constituée patronne de Port - Saïd dans le ciel, en
reconnaissance, dit-on , d'une autre Eugénie, pa-
tronne de l'isthme sur la terre.
Les approvisionnements de toutes sortes abondent.
Le commerce est libre : il y a des marchands établis,
des ouvriers de métiers différents ; il y a un excellent
restaurant. Notre visite a duré jusqu'à la nuit. Nous
avons même été voir à 1,500 mètres en mer un îlot
que l'on construit avec des pieux en fer et qui doit
servir pour débarquer les pierres arrivant d'Alexan-
drie, afin de continuer la jetée en allant de la mer
au rivage ; c'est le contraire de ce qui se fait en Eu-
rope. A ce sujet, je remarque que bien des choses se
passent ici au rebours de la routine ; ne serait-ce
pas le motif qui fait que bien des gens ne compren-
nent rien à ce qui se passe dans l'isthme.
Je ne vous parlerai pas du climat de Port-Saïd,
de son beau ciel bleu et de son exposition au nord-
est, sur une plage où viennent se briser en roulant
de longues vagues. J'ai appris, par les tables météo-
rologiques dressées depuis plus de deux années, que
sa température était une des moins élevées de l'E-
gypte, régulière et exempte d'humidité. La santé
des habitants de Port-Saïd est florissante. Je ne sais
si je me trompe ; mais je crois que cette ville est
destinée, et avant peu de temps, à devenir, non-seu-
lement très-importante par son commerce et ses re-
lations, mais encore une ville d'agrément, lorsque
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