Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1862 15 mars 1862
Description : 1862/03/15 (A7,N138). 1862/03/15 (A7,N138).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203292j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
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L'ISTHME DE SUEZ,
les travaux jugés nécessaires à la facilitation du tra-
jet. On peut donc dire que l'existence du canal d'eau
douce dépendait en quelque sorte des possesseurs du
domaine de l'Ouadée.
- €e domaine a été acheté pour le prix d'environ
2 millions, et, dans son état délabré et négligé, la
fertilité de son sol et Fabondace de ses récoltes lui
offraient cependant un revenu d'environ 80,000 francs
de rente. Mais ce revenu pouvait être considérable-
ment amélioré, et cette amélioration vient d'être ef-
fectuée. Après avoir étudié le problème, après avoir
réuni tous les éléments pour le résoudre, M. Ferdinand
de Lesseps est resté convaincu que les terres étaient
loin d'être affermées à leur valeur la plus modérée,
et, de plus, ses observations lui ont fait reconnaître,
avec toute justesse, selon nous, que la Compagnie
devait renoncer à la culture d'une certaine partie des
terrains mis précédemment en rapport par la régie
directe du propriétaire antérieur. En conséquence,
il a tenu vers le milieu de février, à Tel-el-Kébir,
un grand divan où étaient assemblés les fellahs
cultivateurs, les cheiks des villages et les tribus
voisines d'Arabes du désert. Il leur a signifié la
volonté de la Compagnie d'affermer les terres au-
dessus des anciens baux, leur déclarant en même
temps que les locataires seraient à l'abri de toute au-
tre redevance ou de toute exaction que jusqu'ici les
habitudes du pays avaient pu faire peser sur eux.
Les nouveaux baux, tels qu'ils avaient été fixés,
ont été acceptés et signés au sortir de la séance, où
lecture publique avait été donnée du texte des pro-
jets de contrat. Les locations, qui jusque-là n'étaient
que d'une année, ont dans les baux nouveaux une
durée de trois ans. C'est à la fois une sage garantie
pour la bonne culture et pour l'intérêt du cultiva-
teur lui-même. Par cet arrangement, les revenus de
l'Ouadée, qui n'étaient, comme nous l'avons dit, que
de 80,000 francs par an, ont été élevés pour une
période de trois années à 150,000 francs, et ce n'est
point là à beaucoup près la seule amélioration qu'on
soit en droit d'attendre de l'avenir.
Cette opération a eu un autre résultat non moins
favorable. Une partie des terres a été louée par les
tribus d'arabes qui bordent l'Ouadée et qui, en ve-
nant s'établir sur le -sol qu'ils ont à eultiver, dou.
blent dès à présent la population du domaine.
.� Voici quelques détails sur les tribus qui viennent
de s'adjoindre à nos cultivateurs.
Ce sont les Toumilat et les Annadis.
Mansour Bogdadi est le chef de la première de
ces tribus, composée de 4,000 hommes. Il est cultiva-
teur. Il tient en location 3,OCO feddans en dehors de
l'Ouadée, et il les abandonnera pour se livrer à la
culture des terres qui lui sont affermées par la
Compagnie. Les mémoires du grand ouvrage sur
l'Égypte constatent que pendant l'expédition fran-
çaise, la tribu des Toumilat était déjà l'amie des
Français, auxquels elle rendit de nombreux services.
M. Ferdinand de Lesseps a rappelé ces antécédents
au cheik Mansour, qui a répondu qu'il les connais-
sait.
Les Arabes Annadis ou Indiens, commandés par
Moubeddab, sont originaires de l'Inde. Ils émigrè-
rent d'abord au Maroc et se sont rendus en Egypte
il y a environ 50 ans. Sous Mehemet-Ali ils avaient
été chargés par Ibrahim-Pacha de la culture de
l'Ouadée, et ils le mirent en plein rapport. Sous le
règne d'Abbas-Pacha, éffrayés de la rigueur de ce
prince, ils se réfugièrent en Syrie, d'où ils sont reve-
nus après sa mort pour se ranger sous les lois de
Mohamed-Saïd. Ils sont laborieux et nous sont sym-
pathiques. Moubeddab ne compte pas sous ses ordres
plus d'un millier d'hommes; mais sa tribu, dispersée
sur plusieurs points, est une des plus nombreuses.
Il pense pouvoir l'attirer presque entière non-seule-
ment sur l'Ouadée, mais encore sur la vallée de Ges-
sen, désormais cultivable au moyen du canal d'eau
douce. Tout fait espérer sur ces points un grand et
puissant concours de population. Déjà des demandes
sont présentées'à M. Ferdinand de Lesseps pour com-
mencer les cultures autour du lac Maxamah, et de ce
côté, un des cheiks arabes a déjà ensemencé cette an-
née 500 feddans des terres appartenant à la Compagnie,
en vertu de l'acte de concession du canal maritime.
Il est donc vrai de dire aujourd'hui que la Com-
pagnie commence à recueillir les premiers fruits
de son opération. Elle a déjà un revenu constitué,
très-modique il est vrai, si on le compare aux déve-
loppements qu'il est destiné à recevoir, mais que
viendront annuellement et successivement augmenter
les progrès que fera la culture, favorisée et étendue
par l'affluence des indigènes.
Les sources des revenus de la Compagnie sont de
trois espèces : 1° les péages à percevoir sur le canal
maritime et sur le canal d'eau douce ; 2° la vente
des terrains à bâtir sur les diverses parties de. la ligne
des canaux où s'établiront des centres de population ;
3° la location des terres qu'elle a rendues ou qu'elle
rendra cultivables aux termes de sa concession.
La première source de ces revenus n'est pas encore
ouverte. Elle sera probablement la dernière à s'ouvrir,
car elle dépend de la livraison du canal maritime à
la navigation universelle.
N'oublions point toutefois qu'avant l'achèvement
complet de l'œuvre, la simple jonction des deux mers
offrira d'abord un passage aux navires d'une faible
dimension, sauf au canal, en s'élargissant et s'appro-
fondissant, à donner accès chaque année aux navires
L'ISTHME DE SUEZ,
les travaux jugés nécessaires à la facilitation du tra-
jet. On peut donc dire que l'existence du canal d'eau
douce dépendait en quelque sorte des possesseurs du
domaine de l'Ouadée.
- €e domaine a été acheté pour le prix d'environ
2 millions, et, dans son état délabré et négligé, la
fertilité de son sol et Fabondace de ses récoltes lui
offraient cependant un revenu d'environ 80,000 francs
de rente. Mais ce revenu pouvait être considérable-
ment amélioré, et cette amélioration vient d'être ef-
fectuée. Après avoir étudié le problème, après avoir
réuni tous les éléments pour le résoudre, M. Ferdinand
de Lesseps est resté convaincu que les terres étaient
loin d'être affermées à leur valeur la plus modérée,
et, de plus, ses observations lui ont fait reconnaître,
avec toute justesse, selon nous, que la Compagnie
devait renoncer à la culture d'une certaine partie des
terrains mis précédemment en rapport par la régie
directe du propriétaire antérieur. En conséquence,
il a tenu vers le milieu de février, à Tel-el-Kébir,
un grand divan où étaient assemblés les fellahs
cultivateurs, les cheiks des villages et les tribus
voisines d'Arabes du désert. Il leur a signifié la
volonté de la Compagnie d'affermer les terres au-
dessus des anciens baux, leur déclarant en même
temps que les locataires seraient à l'abri de toute au-
tre redevance ou de toute exaction que jusqu'ici les
habitudes du pays avaient pu faire peser sur eux.
Les nouveaux baux, tels qu'ils avaient été fixés,
ont été acceptés et signés au sortir de la séance, où
lecture publique avait été donnée du texte des pro-
jets de contrat. Les locations, qui jusque-là n'étaient
que d'une année, ont dans les baux nouveaux une
durée de trois ans. C'est à la fois une sage garantie
pour la bonne culture et pour l'intérêt du cultiva-
teur lui-même. Par cet arrangement, les revenus de
l'Ouadée, qui n'étaient, comme nous l'avons dit, que
de 80,000 francs par an, ont été élevés pour une
période de trois années à 150,000 francs, et ce n'est
point là à beaucoup près la seule amélioration qu'on
soit en droit d'attendre de l'avenir.
Cette opération a eu un autre résultat non moins
favorable. Une partie des terres a été louée par les
tribus d'arabes qui bordent l'Ouadée et qui, en ve-
nant s'établir sur le -sol qu'ils ont à eultiver, dou.
blent dès à présent la population du domaine.
.� Voici quelques détails sur les tribus qui viennent
de s'adjoindre à nos cultivateurs.
Ce sont les Toumilat et les Annadis.
Mansour Bogdadi est le chef de la première de
ces tribus, composée de 4,000 hommes. Il est cultiva-
teur. Il tient en location 3,OCO feddans en dehors de
l'Ouadée, et il les abandonnera pour se livrer à la
culture des terres qui lui sont affermées par la
Compagnie. Les mémoires du grand ouvrage sur
l'Égypte constatent que pendant l'expédition fran-
çaise, la tribu des Toumilat était déjà l'amie des
Français, auxquels elle rendit de nombreux services.
M. Ferdinand de Lesseps a rappelé ces antécédents
au cheik Mansour, qui a répondu qu'il les connais-
sait.
Les Arabes Annadis ou Indiens, commandés par
Moubeddab, sont originaires de l'Inde. Ils émigrè-
rent d'abord au Maroc et se sont rendus en Egypte
il y a environ 50 ans. Sous Mehemet-Ali ils avaient
été chargés par Ibrahim-Pacha de la culture de
l'Ouadée, et ils le mirent en plein rapport. Sous le
règne d'Abbas-Pacha, éffrayés de la rigueur de ce
prince, ils se réfugièrent en Syrie, d'où ils sont reve-
nus après sa mort pour se ranger sous les lois de
Mohamed-Saïd. Ils sont laborieux et nous sont sym-
pathiques. Moubeddab ne compte pas sous ses ordres
plus d'un millier d'hommes; mais sa tribu, dispersée
sur plusieurs points, est une des plus nombreuses.
Il pense pouvoir l'attirer presque entière non-seule-
ment sur l'Ouadée, mais encore sur la vallée de Ges-
sen, désormais cultivable au moyen du canal d'eau
douce. Tout fait espérer sur ces points un grand et
puissant concours de population. Déjà des demandes
sont présentées'à M. Ferdinand de Lesseps pour com-
mencer les cultures autour du lac Maxamah, et de ce
côté, un des cheiks arabes a déjà ensemencé cette an-
née 500 feddans des terres appartenant à la Compagnie,
en vertu de l'acte de concession du canal maritime.
Il est donc vrai de dire aujourd'hui que la Com-
pagnie commence à recueillir les premiers fruits
de son opération. Elle a déjà un revenu constitué,
très-modique il est vrai, si on le compare aux déve-
loppements qu'il est destiné à recevoir, mais que
viendront annuellement et successivement augmenter
les progrès que fera la culture, favorisée et étendue
par l'affluence des indigènes.
Les sources des revenus de la Compagnie sont de
trois espèces : 1° les péages à percevoir sur le canal
maritime et sur le canal d'eau douce ; 2° la vente
des terrains à bâtir sur les diverses parties de. la ligne
des canaux où s'établiront des centres de population ;
3° la location des terres qu'elle a rendues ou qu'elle
rendra cultivables aux termes de sa concession.
La première source de ces revenus n'est pas encore
ouverte. Elle sera probablement la dernière à s'ouvrir,
car elle dépend de la livraison du canal maritime à
la navigation universelle.
N'oublions point toutefois qu'avant l'achèvement
complet de l'œuvre, la simple jonction des deux mers
offrira d'abord un passage aux navires d'une faible
dimension, sauf au canal, en s'élargissant et s'appro-
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