Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 avril 1862 01 avril 1862
Description : 1862/04/01 (A7,N139). 1862/04/01 (A7,N139).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203293z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 99
émouvant, et j'ai vu couler à mes côtés des larmes
bien plus belles et bien plus touchantes que les
miennes.
» L'activité, le contentement, la santé règnent par-
tout dans l'isthme; les 100 kilomètres de canaux dès
à présent navigables sont sillonnés par une multitude
de radeaux qui entretiennent l'abondance dans les
campements entre Ferdane et Timsah, et transportent
au seuil le matériel nécessaire pour vaincre le seul
obstacle que la nature a eu la fantaisie d'opposer à la
jonction des deux mers. »
Un troisième correspondant, également sur les
lieux, nous mande que tout est disposé maintenant
pour pouvoir nourrir et abreuver au désert quarante
mille travailleurs.
Ce sont là des résultats acquis dont nous n'avons
pas besoin de faire ressortir la merveilleuse impor-
tance ; elle frappe tous ceux qui en sont les specta-
teurs ; nous avons la ferme croyance qu'ils ne ré-
pandront pas un moindre contentement parmi tous
ces actionnaires, qui voient leur persévérance et
leur dévouement couronnés d'un succès dont leur
confiance a été le premier élément.
Avant de quitter ce sujet, qu'on nous permette en-
cora une réflexion. Nous venons de citer l'opinion
tout affirmative d'un juge certes impartial et désins
téressé, celle du consul d'Italie. Nous produisons plus
loin un autre document émané d'un des plus honora-
bles négociants d'Alexandrie qui a parcouru l'isthme
vers la fin de février, et qui, parti de cette ville, incré-
dule sur la possibilité ou les progrès du canal, y
est revenu pénétré d'une conviction tout opposée après
sa minutieuse visite.
Devant ce concours de preuves et de déclarations
si respectables, il n'y aura plus d'incrédules que ceux
qui ne veulent pas voir ou qui se refusent systéma-
tiquement à croire ceux qui ont vu.
D'un autre côté, l'organisation de la culture et de
l'exploitation du domaine de l'Ouadée se poursuit et
se perfectionne sans relâche, et l'on s'occupe déjà de
pousser les Arabes cultivateurs vers les terres opu-
lentes mais encore stériles qui côtoient le canal d'eau
douce.
A Port-Saïd les travaux redoublent aussi d'activité.
Un îlot avait été projeté et commencé à 1,500 mètres
du rivage, pour faciliter les travaux de la jetée en
même temps que le déchargement des navires expé-
diés sur ce point important. Cet îlot est élevé sur
un fond d'une profondeur de 5 mètres ; il se compose
de cent trente-deux pieux en fer enfoncés dans le
sol au moyen de quatre bras de leviers manœuvrés
par vingt-quatre hommes, et reliés entre eux par les
plus solides matériaux et les plus énergiques procé-
dés de la mécanique. Cette assise est surmontée d'une
plate-forme de 65 mètres de long, de 20 mètres de
large, et sur cette plate-forme sont établies deux
grues de déchargement destinées à placer les blocs
ou moellons venant du Mex sur des wagonnets rou-
lant le long d'une voie ferrée.
Au-devant de l'îlot, un brise-lames de 60 kilomètres
de long maintiendra un calme suffisant aux navires
en décharge.
Le poids total des pieux était de 260,000 kilo-
grammes, indépendamment des autres matériaux en
fonte du poids de 60,000 kilogrammes.
Le 10 mars, quarante-trois des pieux étaient déjà
plantés. Les plus grandes difficultés de travail
étaient surmontées. On enfonçait dès lors environ
cinq pieux par jour, et si nous devons en croire
notre correspondant, à moins de tempêtes interrom-
pant l'opération pendant de longues périodes, nous
pourrons annoncer dans un terme prochain l'achève-
ment de cet ouvrage, qui sera d'un si grand secours
pour la rapide exécution des jetées, en attendant
qu'elles s'achèvent dans les meilleures conditions
possibles par la mise en communication de Port-
Saïd avec les magnifiques carrières de Djebel-Geneffé,
dont les blocs et les produits pourront être alors dis-
tribués selon les nécessités du travail sur toutes les
parties de la ligne, soit pour construire la ville de
Timsah, soit pour parer à tous les besoins du service
des ports en voie d'exécution.
Nous annoncions dans notre dernier numéro que
M. Ferdinand de Lesseps devait s'embarquer le
26 mars à Alexandrie pour rentrer en France ; peut-
être son départ au milieu des renaissantes occupa-
tions qui l'assiègent sera-t-il retardé de quelques jours;
mais nous pouvons annoncer avec certitude que le
1er avril au plus tard il aura quitté l'Égypte, et il
n'est pas douteux qu'il sera présent à Paris pour pré-
sider l'assemblée générale du 1er mai et lui présenter
le rapport de ce qui a été fait, des progrès acquis et
préparés dans cette laborieuse et féconde campagne.
ERNEST DESPLACES.
PROMENADE SUR LES TRAVAUX DE L'ISTHME DE SUEZ.
(Correspondance du SIÈCLE.)
Vous croyez savoir, en France, ce qui se passe
dans l'isthme de Suez et où en est l'affaire du canal
maritime qui doit relier la Méditerranée à la mer
Rouge. Vous êtes loin de connaître la vérité. Je
viens d'acquérir la certitude que, même en Egypte,
et surtout à Alexandrie, on ne semble pas se douter
de ce qui se fait et de ce qui existe dans l'isthme.
Le voyage du vice-roi, l'annonce de l'arrivée de la
Méditerranée à Ferdane et de l'eau du Nil à Timsah
avaient produit un certain étonnement; diverses per-
sonnes avaient visité les travaux et racontaient ce
qu'elles avaient vu. Parmi ces personnes je citerai
MM. Revoltella, banquier à Trieste,.Sforzi, ingénieur,
émouvant, et j'ai vu couler à mes côtés des larmes
bien plus belles et bien plus touchantes que les
miennes.
» L'activité, le contentement, la santé règnent par-
tout dans l'isthme; les 100 kilomètres de canaux dès
à présent navigables sont sillonnés par une multitude
de radeaux qui entretiennent l'abondance dans les
campements entre Ferdane et Timsah, et transportent
au seuil le matériel nécessaire pour vaincre le seul
obstacle que la nature a eu la fantaisie d'opposer à la
jonction des deux mers. »
Un troisième correspondant, également sur les
lieux, nous mande que tout est disposé maintenant
pour pouvoir nourrir et abreuver au désert quarante
mille travailleurs.
Ce sont là des résultats acquis dont nous n'avons
pas besoin de faire ressortir la merveilleuse impor-
tance ; elle frappe tous ceux qui en sont les specta-
teurs ; nous avons la ferme croyance qu'ils ne ré-
pandront pas un moindre contentement parmi tous
ces actionnaires, qui voient leur persévérance et
leur dévouement couronnés d'un succès dont leur
confiance a été le premier élément.
Avant de quitter ce sujet, qu'on nous permette en-
cora une réflexion. Nous venons de citer l'opinion
tout affirmative d'un juge certes impartial et désins
téressé, celle du consul d'Italie. Nous produisons plus
loin un autre document émané d'un des plus honora-
bles négociants d'Alexandrie qui a parcouru l'isthme
vers la fin de février, et qui, parti de cette ville, incré-
dule sur la possibilité ou les progrès du canal, y
est revenu pénétré d'une conviction tout opposée après
sa minutieuse visite.
Devant ce concours de preuves et de déclarations
si respectables, il n'y aura plus d'incrédules que ceux
qui ne veulent pas voir ou qui se refusent systéma-
tiquement à croire ceux qui ont vu.
D'un autre côté, l'organisation de la culture et de
l'exploitation du domaine de l'Ouadée se poursuit et
se perfectionne sans relâche, et l'on s'occupe déjà de
pousser les Arabes cultivateurs vers les terres opu-
lentes mais encore stériles qui côtoient le canal d'eau
douce.
A Port-Saïd les travaux redoublent aussi d'activité.
Un îlot avait été projeté et commencé à 1,500 mètres
du rivage, pour faciliter les travaux de la jetée en
même temps que le déchargement des navires expé-
diés sur ce point important. Cet îlot est élevé sur
un fond d'une profondeur de 5 mètres ; il se compose
de cent trente-deux pieux en fer enfoncés dans le
sol au moyen de quatre bras de leviers manœuvrés
par vingt-quatre hommes, et reliés entre eux par les
plus solides matériaux et les plus énergiques procé-
dés de la mécanique. Cette assise est surmontée d'une
plate-forme de 65 mètres de long, de 20 mètres de
large, et sur cette plate-forme sont établies deux
grues de déchargement destinées à placer les blocs
ou moellons venant du Mex sur des wagonnets rou-
lant le long d'une voie ferrée.
Au-devant de l'îlot, un brise-lames de 60 kilomètres
de long maintiendra un calme suffisant aux navires
en décharge.
Le poids total des pieux était de 260,000 kilo-
grammes, indépendamment des autres matériaux en
fonte du poids de 60,000 kilogrammes.
Le 10 mars, quarante-trois des pieux étaient déjà
plantés. Les plus grandes difficultés de travail
étaient surmontées. On enfonçait dès lors environ
cinq pieux par jour, et si nous devons en croire
notre correspondant, à moins de tempêtes interrom-
pant l'opération pendant de longues périodes, nous
pourrons annoncer dans un terme prochain l'achève-
ment de cet ouvrage, qui sera d'un si grand secours
pour la rapide exécution des jetées, en attendant
qu'elles s'achèvent dans les meilleures conditions
possibles par la mise en communication de Port-
Saïd avec les magnifiques carrières de Djebel-Geneffé,
dont les blocs et les produits pourront être alors dis-
tribués selon les nécessités du travail sur toutes les
parties de la ligne, soit pour construire la ville de
Timsah, soit pour parer à tous les besoins du service
des ports en voie d'exécution.
Nous annoncions dans notre dernier numéro que
M. Ferdinand de Lesseps devait s'embarquer le
26 mars à Alexandrie pour rentrer en France ; peut-
être son départ au milieu des renaissantes occupa-
tions qui l'assiègent sera-t-il retardé de quelques jours;
mais nous pouvons annoncer avec certitude que le
1er avril au plus tard il aura quitté l'Égypte, et il
n'est pas douteux qu'il sera présent à Paris pour pré-
sider l'assemblée générale du 1er mai et lui présenter
le rapport de ce qui a été fait, des progrès acquis et
préparés dans cette laborieuse et féconde campagne.
ERNEST DESPLACES.
PROMENADE SUR LES TRAVAUX DE L'ISTHME DE SUEZ.
(Correspondance du SIÈCLE.)
Vous croyez savoir, en France, ce qui se passe
dans l'isthme de Suez et où en est l'affaire du canal
maritime qui doit relier la Méditerranée à la mer
Rouge. Vous êtes loin de connaître la vérité. Je
viens d'acquérir la certitude que, même en Egypte,
et surtout à Alexandrie, on ne semble pas se douter
de ce qui se fait et de ce qui existe dans l'isthme.
Le voyage du vice-roi, l'annonce de l'arrivée de la
Méditerranée à Ferdane et de l'eau du Nil à Timsah
avaient produit un certain étonnement; diverses per-
sonnes avaient visité les travaux et racontaient ce
qu'elles avaient vu. Parmi ces personnes je citerai
MM. Revoltella, banquier à Trieste,.Sforzi, ingénieur,
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