Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1862 15 mars 1862
Description : 1862/03/15 (A7,N138). 1862/03/15 (A7,N138).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203292j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.
83
surer l'abondance des approvisionnements et des
transports, soit en vivres, soit en eau.
Le 1" mars, il était à l'autre extrémité de l'Egypte,
à Alexandrie, d'où sont datées ses dernières lettres, et
se disposait à partir le même jour pour le Caire, où
il était encore appelé par des affaires importantes.
Nous avons précédemment exprimé l'espoir que
M. Ferdinand de Lesseps, malgré les attaches nom-
breuses qui le retiennent en Egypte, se trouverait à
Paris avant le 1er mai, afin de présider l'assemblée
générale des actionnaires convoquée pour cette date.
Nos correspondances nous donnent tout lieu de pen-
ser qu'il arrivera en France dans les premiers jours
d'avril.
Ceci nous offre une naturelle occasion d'insister
auprès de MM. les actionnaires pour qu'ils se
rendent en aussi grand nombre que possible à l'as-
semblée du 1er mai ou qu'ils ne manquent pas de s'y
faire représenter en cas d'empêchement. Il faut que
chacun, dans la mesure de son action, paie son tribut
à l'œuvre commune, et lorsque leur président, leur
mandataire, l'homme de toute leur confiance et de
toutes leurs sympathies, ne recule devant aucune
atigue, devant aucun effort pour aboutir au but que
tous veulent atteindre, et dans la poursuite duquel
tous ont déployé une volonté si ferme, une persévé-
rance si noble, il nous semble que cet appel que nous
faisons à leur concours et à leur dévouement avec
une entière sécurité, ne peut faillir d'être accueillie
avec cet élan, avec cet accord qui, dès son début,
ont été une des plus grandes forces de la Compagnie
universelle.
La séance, d'ailleurs, ne manquera probablement
ni d'attrait ni de grandeur. On y dira, sans doute,
tous les résultats acquis; on y exposera : — le pre-
mier établissement de la Compagnie dans un désert
nu ; — la prise de possession matérielle des terrains
faisant l'objet de la concession; — le courage iné-
branlable de ces pionniers de l'œuvre qu'on a si jus-
tement nommés les zouaves du travail ; — cette
ville de Port-Saïd, fondée sur un ruban de sable, en-
tre un lac et la mer, et peuplée déjà de quatre mille
habitants; — ce port présentant tout le mouvement
du commerce et de l'industrie, sur une plage si long-
temps suspecte et naguère infréquentée ; — cette ri-
gole maritime s'enfonçant déjà de 65 kilomètres dans
les terres, et portant les eaux de la Méditerranée
jusqu'au pied du principal obstacle qu'il leur reste à
franchir ; — ce canal d'eau douce creusé avec une
rapidité presque merveilleuse, amenant les ondes
bienfaisantes du Nil au centre même du désert, le
plaçant en communication avec toutes les ressources
de l'Egypte, qui peuvent désormais se distribuer se-
lon les exigences ou les convenances du travail, —
le percement du seuil dEl-Guisr, sinon achevé, du
moins assez largement avancé pour qu'on puisse
prévoir l'heure précise et prochaine où, à travers
ses flancs vaincus, les flots de la Méditerranée iront
remplir le bassin du lac Timsah ; — et alors l'as-
semblée pourra proclamer le problème du canal phy-
siquement et souverainement résolu, puisque de Tim -
sah à Suez, le canal a déjà fonctionné quatre fois et
dans quatre périodes différentes.
L'assemblée, nous le supposons, pourra encore
entendre quelque esquisse des projets conçus, prépa-
rés ou mûris pour l'avenir. Les progrès réalisés ne
doivent être qu'un stimulant à des progrès nouveaux,
au succès définitif. Et ce succès que l'assemblée ap-
pellera et au besoin secondera de toute l'énergie de
son concours, c'est l'union solennelle des deux mers
d'Occident et d'Orient dans la vaste enceinte des
lacs Amers.
Ici, nous tenons à le bien constater, nous n'expri-
mons que nos hypothèses personnelles, mais nous
avons la croyance que l'assemblée du 1er mai jouera
un rôle important et mémorable dans les annales du
canal de Suez. Notre opinion est que, par les déli-
bérations qui en émaneront peut-être, elle exercera
sur les destinées de la Compagnie une grande in-
fluence, et c'est pour cela que nous voudrions y voir
participer tous ceux qui ont le droit d'y porter leur
coopération et leur vote.
En tout cas, jamais l'entreprise du percement de
l'isthme ne s'est montrée sous de meilleures perspec-
tives ; jamais elle n'a marché avec un développement
plus sérieux ; jamais non plus le sentiment de sa
réussite à tous les points de vue n'a été plus pro-
fondément enraciné dans la conscience et dans la
confiance publiques,
Abordons maintenant une autre face de la situa-
tion. Ce n'est point seulement par rapport aux tra-
vaux qu'elle est excellente. La Compagnie vient de
réaliser des résultats financiers qui ne sont pas sans
intérêt. Nous avons entretenu nos lecteurs de l'ac-
quisition du domaine de l'Ouadée; ils connaissent
déjà toute l'importance pratique de cette acquisi-
tion ; ils savent qu'elle eût été avantageuse quand
même elle n'aurait eu d'autre effet que de nous assu.
rer la possession des canaux intermédiaires entre Za-
gazig et le canal d'eau douce qui leur emprunte sa
prise d'eau. Cette propriété, dans des mains étran-
gères et privées, pouvait donc avoir un jour les
conséquences les plus fàclieuses pour la navigation
libre et continue du canal qui traverse la vallée de
Gessende Ras-el-Ouadé à Timsah; elle pouvait donner
lieu à de grands embarras, et eût placé en fait la com-
munication entre l'Egypte et l'isthme à la merci d'une
spéculation tentée d'abuser de ces avantages. En
outre, comment la Compagnie eût-elle pu exécuter
dans ces canaux, s'ils ne lui avaient pas appartenu,
83
surer l'abondance des approvisionnements et des
transports, soit en vivres, soit en eau.
Le 1" mars, il était à l'autre extrémité de l'Egypte,
à Alexandrie, d'où sont datées ses dernières lettres, et
se disposait à partir le même jour pour le Caire, où
il était encore appelé par des affaires importantes.
Nous avons précédemment exprimé l'espoir que
M. Ferdinand de Lesseps, malgré les attaches nom-
breuses qui le retiennent en Egypte, se trouverait à
Paris avant le 1er mai, afin de présider l'assemblée
générale des actionnaires convoquée pour cette date.
Nos correspondances nous donnent tout lieu de pen-
ser qu'il arrivera en France dans les premiers jours
d'avril.
Ceci nous offre une naturelle occasion d'insister
auprès de MM. les actionnaires pour qu'ils se
rendent en aussi grand nombre que possible à l'as-
semblée du 1er mai ou qu'ils ne manquent pas de s'y
faire représenter en cas d'empêchement. Il faut que
chacun, dans la mesure de son action, paie son tribut
à l'œuvre commune, et lorsque leur président, leur
mandataire, l'homme de toute leur confiance et de
toutes leurs sympathies, ne recule devant aucune
atigue, devant aucun effort pour aboutir au but que
tous veulent atteindre, et dans la poursuite duquel
tous ont déployé une volonté si ferme, une persévé-
rance si noble, il nous semble que cet appel que nous
faisons à leur concours et à leur dévouement avec
une entière sécurité, ne peut faillir d'être accueillie
avec cet élan, avec cet accord qui, dès son début,
ont été une des plus grandes forces de la Compagnie
universelle.
La séance, d'ailleurs, ne manquera probablement
ni d'attrait ni de grandeur. On y dira, sans doute,
tous les résultats acquis; on y exposera : — le pre-
mier établissement de la Compagnie dans un désert
nu ; — la prise de possession matérielle des terrains
faisant l'objet de la concession; — le courage iné-
branlable de ces pionniers de l'œuvre qu'on a si jus-
tement nommés les zouaves du travail ; — cette
ville de Port-Saïd, fondée sur un ruban de sable, en-
tre un lac et la mer, et peuplée déjà de quatre mille
habitants; — ce port présentant tout le mouvement
du commerce et de l'industrie, sur une plage si long-
temps suspecte et naguère infréquentée ; — cette ri-
gole maritime s'enfonçant déjà de 65 kilomètres dans
les terres, et portant les eaux de la Méditerranée
jusqu'au pied du principal obstacle qu'il leur reste à
franchir ; — ce canal d'eau douce creusé avec une
rapidité presque merveilleuse, amenant les ondes
bienfaisantes du Nil au centre même du désert, le
plaçant en communication avec toutes les ressources
de l'Egypte, qui peuvent désormais se distribuer se-
lon les exigences ou les convenances du travail, —
le percement du seuil dEl-Guisr, sinon achevé, du
moins assez largement avancé pour qu'on puisse
prévoir l'heure précise et prochaine où, à travers
ses flancs vaincus, les flots de la Méditerranée iront
remplir le bassin du lac Timsah ; — et alors l'as-
semblée pourra proclamer le problème du canal phy-
siquement et souverainement résolu, puisque de Tim -
sah à Suez, le canal a déjà fonctionné quatre fois et
dans quatre périodes différentes.
L'assemblée, nous le supposons, pourra encore
entendre quelque esquisse des projets conçus, prépa-
rés ou mûris pour l'avenir. Les progrès réalisés ne
doivent être qu'un stimulant à des progrès nouveaux,
au succès définitif. Et ce succès que l'assemblée ap-
pellera et au besoin secondera de toute l'énergie de
son concours, c'est l'union solennelle des deux mers
d'Occident et d'Orient dans la vaste enceinte des
lacs Amers.
Ici, nous tenons à le bien constater, nous n'expri-
mons que nos hypothèses personnelles, mais nous
avons la croyance que l'assemblée du 1er mai jouera
un rôle important et mémorable dans les annales du
canal de Suez. Notre opinion est que, par les déli-
bérations qui en émaneront peut-être, elle exercera
sur les destinées de la Compagnie une grande in-
fluence, et c'est pour cela que nous voudrions y voir
participer tous ceux qui ont le droit d'y porter leur
coopération et leur vote.
En tout cas, jamais l'entreprise du percement de
l'isthme ne s'est montrée sous de meilleures perspec-
tives ; jamais elle n'a marché avec un développement
plus sérieux ; jamais non plus le sentiment de sa
réussite à tous les points de vue n'a été plus pro-
fondément enraciné dans la conscience et dans la
confiance publiques,
Abordons maintenant une autre face de la situa-
tion. Ce n'est point seulement par rapport aux tra-
vaux qu'elle est excellente. La Compagnie vient de
réaliser des résultats financiers qui ne sont pas sans
intérêt. Nous avons entretenu nos lecteurs de l'ac-
quisition du domaine de l'Ouadée; ils connaissent
déjà toute l'importance pratique de cette acquisi-
tion ; ils savent qu'elle eût été avantageuse quand
même elle n'aurait eu d'autre effet que de nous assu.
rer la possession des canaux intermédiaires entre Za-
gazig et le canal d'eau douce qui leur emprunte sa
prise d'eau. Cette propriété, dans des mains étran-
gères et privées, pouvait donc avoir un jour les
conséquences les plus fàclieuses pour la navigation
libre et continue du canal qui traverse la vallée de
Gessende Ras-el-Ouadé à Timsah; elle pouvait donner
lieu à de grands embarras, et eût placé en fait la com-
munication entre l'Egypte et l'isthme à la merci d'une
spéculation tentée d'abuser de ces avantages. En
outre, comment la Compagnie eût-elle pu exécuter
dans ces canaux, s'ils ne lui avaient pas appartenu,
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