Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-04-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 avril 1862 15 avril 1862
Description : 1862/04/15 (A7,N140). 1862/04/15 (A7,N140).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203294c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 115
et de faim dans le désert. L'événement a répondu à
toutes ces imaginations. Mais, pour dernière res-
source, on s'était retranché derrière l'insalubrité et
les rigueurs du climat de l'isthme. Sans doute, l'ex-
périence acquise avait déjà réfuté cette allégation;
toutefois, certains esprits ne voulaient pas encore
être rassurés. En Angleterre surtout ces appréhen-
sions existaient encore; elles ne sont plus admis-
sibles maintenant. Les deux rapports qu'on va lire
attestent par l'autorité de la science, des faits consta-
tés et de l'observation, que le climat de l'isthme de
Suez est le plus salubre de l'Egypte, plus salubre
que celui de la France. Ils constatent que, tandis que la
mortalité en France est de 2.43 0/0 sur la généralité de
la population, elle n'est que de 1.60 0/0 sur les habi-
tants européens de l'isthme. Quant aux travailleurs
indigènes, les rapports constatent que la mortalité a
été de 23 hommes sur 120,933 individus qui ont
participé aux travaux dans le courant de l'année, et
que, sur un chiffre égal, l'armée en France, dans les
proportions ordinaires de sa mortalité, perd 223 in-
dividus.
Il est également constaté que l'opération d'un vaste
remuement de terre n'a créé dans l'isthme aucun de
ces éléments de maladie si fréquents en Europe
dans des circonstances analogues. Désormais la
salubrité de l'isthme est doue démontrée de toute fa-
çon, et nous croyons que cette conviction sera en-
tière dans l'esprit de tous ceux qui voudront étudier
les faits véritablement remarquables qui se trouvent
accumulés dans les deux documents auxquels nous
avons emprunté ces brèves et incomplètes con-
clusions.
Nous croyons utile de soumettre aux actionnaires
ces deux exposés de MM. Aubert Roche et Bougouin
comme une sorte d'introduction et de pièce à l'ap-
pui de la séance du 1er mai.
ERNEST DESPLACES.
SERVICE DE SANTÉ.
RAPPORT
A M. le Président de la Compagnie universelle
du canal maritime de Suez.
25 mars 1862.
Monsieur le Président,
D'importants travaux se sont accomplis dans l'isthme
cette année. Un canal d'eau douce a été creusé, ame-
nant les eaux du Nil jusqu'au milieu du désert; un
canal d'eau salée a été établi sur la côte asiatique
du grand canal maritime qui doit réunir les deux
mers : il amène la Méditerranée jusqu'au pied du
seuil d'El-Guisr; le seuil lui-même est entamé sur
toute sa longueur. Il est certain que bientôt les eaux
de la Méditerranée rempliront le lac Timsah. Uune
ville nouvelle a été bâtie au seuil. Port-Saïd a pris
un développement considérable ; ses terrains se
remblaient, ses ateliers fonctionnent; partout les dra-
gues s'échelonnent sur le tracé du canal, les unes
en pleine activité, les autres en construction; de nou-
veaux campements se sont formés, les anciens ont
aug-menté ; la population européenne a doublé ; des
milliers de travailleurs arabes ont remué les terres,
aidé à la construction des maisons et des établisse-
ments. Ce mouvement, cette activité, ce développe-
ment des travaux, doivent nécessairement avoir des
conséquences favorables ou défavorables sur la santé
publique et particulière.
Le fait capital par rapport à la santé, c'est le mou-
vement des terres qui s'est fait en grand et qui est
venu modifier la topographie de l'isthme : ici l'on
creusait dans la terre végétale et l'argile, là dans
des sables mobiles ou compacts ; les lacs présentaient
des vases infectes, des terrains salés. A Port-Saïd on
ne trouvait que du sable de mer. La salubrité géné-
rale s'en est-elle ressentie? La santé publique ou par-
ticulière a-t-elle été atteinte? Des millions de mètres
cubes de terre ont été déplacés, plus de 120,000
hommes ont été employés à ces travaux, et il ne
s'est manifesté ni fièvre ni augmentation des mala-
dies. Que l'on cite un travail en Europe qui ait
donné un semblable résultat? Il n'y a pas un che-
min de fer, un canal en France, qui, dans ces condi-
tions et sur un tel chiffre d'hommes, n'ait pas pro-
duit des centaines de fièvres, des cas mortels de fiè-
vres pernicieuses et un accroissement considérable
dans les maladies.
ÉTABLISSEMENTS ET TRAVAUX.
Port-Saïd. — Cette ville, qui a commencé il y a
trois ans par une tente plantée sur les quelques mè-
tres de sable qui séparaient la Méditerranée du lac
Menzaleh, occupe aujourd'hui une assez grande
étendue formée par des remblais provenant soit des
sables du rivage, soit des extractions faites par les
dragues. L'entrée du canal dans la Méditerranée, le
contour du grand port et le port de l'arsenal ont
fourni des déblais sur lesquels ont été construits les
ateliers, les magasins et les maisons d'habitation;
leur élévation au-dessus du niveau de la mer est de
2 mètres. Le village arabe a été déplacé et porté
à l'ouest de la ville européenne, où il est mieux situé.
Au point de vue de la santé, il y a progrès dans
tout ce qui concerne l'hygiène et la salubrité de
Port-Saïd :. ainsi les habitations chaque jour plus
nombreuses permettent de donner à chacun plus d'es-
pace ; les tentes ont presque entièrement disparu, et
c'était important, car elles étaient la cause détermi-
nante d'une quantité d'affections bronchiques et rhu-
matismales ; les ateliers sont bien aérés ; une police
de salubrité organisée permet de veiller au nettoyage
des maisons et des rues.
L'alimentation a beaucoup gagné : le pain est ex-
cellent, la viande est égale en qualité à celle de Da-
miette; il y a des fruits, des légumes frais au marché ;
un service de barques apporte l'eau du Nil en abon-
dance, et avant peu elle arrivera en toute saison
de Damiette, par le canal de Mansoura dont le vice-
roi fait prolonger le creusement.
La population de Port-Saïd est aujourd'hui de
4,000 habitants, dont 1,100 Européens.
et de faim dans le désert. L'événement a répondu à
toutes ces imaginations. Mais, pour dernière res-
source, on s'était retranché derrière l'insalubrité et
les rigueurs du climat de l'isthme. Sans doute, l'ex-
périence acquise avait déjà réfuté cette allégation;
toutefois, certains esprits ne voulaient pas encore
être rassurés. En Angleterre surtout ces appréhen-
sions existaient encore; elles ne sont plus admis-
sibles maintenant. Les deux rapports qu'on va lire
attestent par l'autorité de la science, des faits consta-
tés et de l'observation, que le climat de l'isthme de
Suez est le plus salubre de l'Egypte, plus salubre
que celui de la France. Ils constatent que, tandis que la
mortalité en France est de 2.43 0/0 sur la généralité de
la population, elle n'est que de 1.60 0/0 sur les habi-
tants européens de l'isthme. Quant aux travailleurs
indigènes, les rapports constatent que la mortalité a
été de 23 hommes sur 120,933 individus qui ont
participé aux travaux dans le courant de l'année, et
que, sur un chiffre égal, l'armée en France, dans les
proportions ordinaires de sa mortalité, perd 223 in-
dividus.
Il est également constaté que l'opération d'un vaste
remuement de terre n'a créé dans l'isthme aucun de
ces éléments de maladie si fréquents en Europe
dans des circonstances analogues. Désormais la
salubrité de l'isthme est doue démontrée de toute fa-
çon, et nous croyons que cette conviction sera en-
tière dans l'esprit de tous ceux qui voudront étudier
les faits véritablement remarquables qui se trouvent
accumulés dans les deux documents auxquels nous
avons emprunté ces brèves et incomplètes con-
clusions.
Nous croyons utile de soumettre aux actionnaires
ces deux exposés de MM. Aubert Roche et Bougouin
comme une sorte d'introduction et de pièce à l'ap-
pui de la séance du 1er mai.
ERNEST DESPLACES.
SERVICE DE SANTÉ.
RAPPORT
A M. le Président de la Compagnie universelle
du canal maritime de Suez.
25 mars 1862.
Monsieur le Président,
D'importants travaux se sont accomplis dans l'isthme
cette année. Un canal d'eau douce a été creusé, ame-
nant les eaux du Nil jusqu'au milieu du désert; un
canal d'eau salée a été établi sur la côte asiatique
du grand canal maritime qui doit réunir les deux
mers : il amène la Méditerranée jusqu'au pied du
seuil d'El-Guisr; le seuil lui-même est entamé sur
toute sa longueur. Il est certain que bientôt les eaux
de la Méditerranée rempliront le lac Timsah. Uune
ville nouvelle a été bâtie au seuil. Port-Saïd a pris
un développement considérable ; ses terrains se
remblaient, ses ateliers fonctionnent; partout les dra-
gues s'échelonnent sur le tracé du canal, les unes
en pleine activité, les autres en construction; de nou-
veaux campements se sont formés, les anciens ont
aug-menté ; la population européenne a doublé ; des
milliers de travailleurs arabes ont remué les terres,
aidé à la construction des maisons et des établisse-
ments. Ce mouvement, cette activité, ce développe-
ment des travaux, doivent nécessairement avoir des
conséquences favorables ou défavorables sur la santé
publique et particulière.
Le fait capital par rapport à la santé, c'est le mou-
vement des terres qui s'est fait en grand et qui est
venu modifier la topographie de l'isthme : ici l'on
creusait dans la terre végétale et l'argile, là dans
des sables mobiles ou compacts ; les lacs présentaient
des vases infectes, des terrains salés. A Port-Saïd on
ne trouvait que du sable de mer. La salubrité géné-
rale s'en est-elle ressentie? La santé publique ou par-
ticulière a-t-elle été atteinte? Des millions de mètres
cubes de terre ont été déplacés, plus de 120,000
hommes ont été employés à ces travaux, et il ne
s'est manifesté ni fièvre ni augmentation des mala-
dies. Que l'on cite un travail en Europe qui ait
donné un semblable résultat? Il n'y a pas un che-
min de fer, un canal en France, qui, dans ces condi-
tions et sur un tel chiffre d'hommes, n'ait pas pro-
duit des centaines de fièvres, des cas mortels de fiè-
vres pernicieuses et un accroissement considérable
dans les maladies.
ÉTABLISSEMENTS ET TRAVAUX.
Port-Saïd. — Cette ville, qui a commencé il y a
trois ans par une tente plantée sur les quelques mè-
tres de sable qui séparaient la Méditerranée du lac
Menzaleh, occupe aujourd'hui une assez grande
étendue formée par des remblais provenant soit des
sables du rivage, soit des extractions faites par les
dragues. L'entrée du canal dans la Méditerranée, le
contour du grand port et le port de l'arsenal ont
fourni des déblais sur lesquels ont été construits les
ateliers, les magasins et les maisons d'habitation;
leur élévation au-dessus du niveau de la mer est de
2 mètres. Le village arabe a été déplacé et porté
à l'ouest de la ville européenne, où il est mieux situé.
Au point de vue de la santé, il y a progrès dans
tout ce qui concerne l'hygiène et la salubrité de
Port-Saïd :. ainsi les habitations chaque jour plus
nombreuses permettent de donner à chacun plus d'es-
pace ; les tentes ont presque entièrement disparu, et
c'était important, car elles étaient la cause détermi-
nante d'une quantité d'affections bronchiques et rhu-
matismales ; les ateliers sont bien aérés ; une police
de salubrité organisée permet de veiller au nettoyage
des maisons et des rues.
L'alimentation a beaucoup gagné : le pain est ex-
cellent, la viande est égale en qualité à celle de Da-
miette; il y a des fruits, des légumes frais au marché ;
un service de barques apporte l'eau du Nil en abon-
dance, et avant peu elle arrivera en toute saison
de Damiette, par le canal de Mansoura dont le vice-
roi fait prolonger le creusement.
La population de Port-Saïd est aujourd'hui de
4,000 habitants, dont 1,100 Européens.
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