Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1862 15 mars 1862
Description : 1862/03/15 (A7,N138). 1862/03/15 (A7,N138).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203292j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
94
L'ISTHME DE SUEZ,
moin ce sel qui s'y trouve en couches si épaisses. Par
conséquent, il n'y a pas plus à craindre pour l'avenir
qu'il n'y en a eu par le passé. L'entreprise ne dévorera pas
du tout la Compagnie. Toute la dépense est faite ou à peu
près pour le matériel nécessaire au percement du canal.
Cependant l'on n'est pas arrivé au quart même du ca-
pital. Le canal sera donc achevé que le capital ne sera
pas absorbé. Et puis, il n'est pas vrai que M. Hardon
ait le cinq pour cent de toutes les dépenses. C'est une
erreur qui a pris cours par un malentendu. Il a le cinq
pour cent comme architecte, et il fallait bien un ar-
chitecte, sur toutes le3 maisons, ou constructions, ou
maçonneries que la compagnie lui fait faire. Voilà tout.
Et il n'a là-dessus que le cinq pour cent ; mais sur le
reste, il n'a rien. Tout le paiement qu'il touchera pour
son entreprise, c'est, quand les travaux seront termi-
nés, sur ce qui restera du capital, où encore il ne sera
favorisé que du quarante pour cent, tandis que la Com-
pagnie aura le soixante. Si jusque-là, pour terminer
les travaux, il a besoin de passer le capital, il devra y
suppléer par son propre cautionnement. Du reste, on
procède à son égard d'une manière qui suppose de
l'ignorance dans les faits. Les uns lui reprochent de lé-
siner sur la dépense, et les autres d'en faire trop. Les
premiers, qui savent bien qu'il n'aura de paiement que
sur ce qui restera du capital, après dépenses faites, l'ac-
cusent de lésiner pour laisser plus de capital à partager.
Les autres, qui croient qu'il y a le cinq pour cent sur
toutes les dépenses quelconques, l'accusent de les mul-
tiplier sans raison pour avoir du cinq pour cent à pré-
lever en plus grande quantité. C'est, on le voit, une
contradiction qui s'inspire, sans doute, d'une certaine
malveillance; mais aussi, par là même qu'elle est une
contradiction, elle prouve qu'on ne dit pas la vérité à
son sujet, et elle le venge. Ce qu'il y a de certain, c'est
que le bénéfice qu'on lui suppose vouloir faire par le cinq
pour cent sur toutes les dépenses, est destructif du qua-
rante pour cent qu'il doit avoir, pour paiement, sur celui
qui restera du capital, après les travaux terminés. S'il
fait beaucoup de dépenses inutiles, il aura, il est vrai, du
cinq pour cent en plus grande quantité; mais, ces dé-
penses inutiles dilapidant aussi le capital à pure perte,
il aura moins de capital à partager plus tard ; et dans
cette supposition, il y a pour lui une perte véritable. Tous
cela implique contradiction. Et convenientia testimonia non
erant. Je veux dire que la position que, au point de vue des
objections, on prend plaisir, à lui faire, le disculpe et le jus-
tifie, sans même qu'il ait besoin d'ouvrir la bouche poursa
défense. Une objection d'un autre genre suppose aussi
peut-être dans son fond une malveillance plus marquée,
bien que ceux qui la répètent en soient innocents volon-
tiers. La malveillance est de l'injustice ; et faire de l'in-
justice dans le cas qui nous occupe, c'est attester malgré
soi que ce grand caual était à faire, qu'il est en bonne
voie, et qu'il obtiendra son résultat. On dit donc qu'il
y a des visiteurs qui reviennent du parcours, mécontents,
prévenus contre l'œuvre, et l'on prend acte de leurs im-
pressions ; que d'autres, il est vrai, reviennent contents
et satisfaits, mais qu'ils se sont bornés, ajoute-t-on, à
parcourir et à voir, qu'ils n'ont pas étudié, et on annule
ainsi leur témoignage. Mais les premiers n'ont pas plus
vu ni plus étudié que les seconds ; seulement, partan 11
prévenus, avec volonté de revenir mécontents, ils vont
sur place chercher des griefs; et sur un théâtre aussi
vaste que celui de l'isthme, il est impossible de ne pas
rencontrer dans le détail quelque chose qui y prête:
une lenteur qui se laissera remarquer dans telle opéra-
tion au moment où vous passez, une machine qui craque
et qui devra suspendre momentanément son office, une
berge qui aura perdu de sa consistance dans tel ou tel
endroit, ce qui n'est qu'un détail ; une plainte que fera
un mécontent, un désillusionné qui cependant touche
régulièrement sa paie, etc. ; toutes choses qni sont inhé-
rentes à la désinvolture de l'opération et qui ne peuvent
rien contre elle. « Des Anglais même y sont allés, dit-
» on, et ils en sont revenus mécontents et prévenus ;
» parmi eux, entre autres, il y avait un rédacteur du
» Times. »
» Et qu'est-ce cela prouve? Rien du tout, sinon, peut-
être, selon moi, que c'est une œuvre française. « Par
» le fait cependant, ajoute-t-on, aucun homme digne de
» foi et d'estime n'est encore venu étudier la question
» surplace! » C'est .it-dire qu'il ne faudra estimer homme
grave et capable dans la question que celui qui, après
le parcours fait, niera l'œuvre, la jugera impossible
ou mal menée ; ou qu'il ne faudra apprécier la capacité
d'un homme, dans la question, que par l'opposition
qu'il lui fera sur place ou ailleurs. Des objections sem-
blables se détruisent d'elles-mêmes. Est-ce que M. de
Lesseps, depuis sept ans qu'il médite ou exécute son
projet, ne l'a pas fait étudier, n'a pas amené sur place
des hommes spéciaux, n'a pas été heureux d'en voir
venir suivant les circonstances, n'a pas sollicité sou-
vent et fait nommer des commissions exprès et dans
ce but avoué? M. Hardon se serait il chargé d'une en-
treprise de cette nature sans s'être assuré par les plus
minutieux détails de toute la possibilité des opérations
et de la réussite ? Enfin n'y a-t-il pas journellement ici
et là, dans l'isthme, depuis trois ans consécutifs, des
ingénieurs des ponts et chaussées, les plus capables,
demandés par la Compagnie, accordés par leur propre
institution, concédés par le gouvernement, et dont l'ac-
ceptation seule, la présence et la persévérance attestent
l'étude des difficultés et leur solution évidente ? Ce qu'il
y a au moins de bon, c'est qu'on ne pense pas à
mettre en avant comme objections les difficultés parti-
culières provenant de la nature du pays, du climat, de
l'éloignement, etc., etc., et, en serait-on tenté, on ne l'o-
serait pas, sans doute, car ce serait bien se faire blâ-
mer, puisqu'on a connu ces difficultés à l'avance, puis -
qu'on les a acceptées et qu'on a bien voulu les subir
pour les supporter ou les dominer par la patience. Mais,
quoi qu'il en soit, et surtout si on voulait les faire, la
Providence a voulu, ce semble, tenir au besoin une
réponse toute prête : c'est que sur quatre-vingt mille
fellahs qui sont passés par le travail du désert pendant
ces six derniers mois, trois seulement sont morts, et
encore de maladie ordinaire ; c'est que sur tous les
Européens venus dans le désert depuis trois ans, quatre
cas seulement de mortalité ordinaire ont eu lieu qui
puissent être comptés comme tels, et dix autres, plus
ou moins, de mortalité accidentelle et exceptionnelle,
L'ISTHME DE SUEZ,
moin ce sel qui s'y trouve en couches si épaisses. Par
conséquent, il n'y a pas plus à craindre pour l'avenir
qu'il n'y en a eu par le passé. L'entreprise ne dévorera pas
du tout la Compagnie. Toute la dépense est faite ou à peu
près pour le matériel nécessaire au percement du canal.
Cependant l'on n'est pas arrivé au quart même du ca-
pital. Le canal sera donc achevé que le capital ne sera
pas absorbé. Et puis, il n'est pas vrai que M. Hardon
ait le cinq pour cent de toutes les dépenses. C'est une
erreur qui a pris cours par un malentendu. Il a le cinq
pour cent comme architecte, et il fallait bien un ar-
chitecte, sur toutes le3 maisons, ou constructions, ou
maçonneries que la compagnie lui fait faire. Voilà tout.
Et il n'a là-dessus que le cinq pour cent ; mais sur le
reste, il n'a rien. Tout le paiement qu'il touchera pour
son entreprise, c'est, quand les travaux seront termi-
nés, sur ce qui restera du capital, où encore il ne sera
favorisé que du quarante pour cent, tandis que la Com-
pagnie aura le soixante. Si jusque-là, pour terminer
les travaux, il a besoin de passer le capital, il devra y
suppléer par son propre cautionnement. Du reste, on
procède à son égard d'une manière qui suppose de
l'ignorance dans les faits. Les uns lui reprochent de lé-
siner sur la dépense, et les autres d'en faire trop. Les
premiers, qui savent bien qu'il n'aura de paiement que
sur ce qui restera du capital, après dépenses faites, l'ac-
cusent de lésiner pour laisser plus de capital à partager.
Les autres, qui croient qu'il y a le cinq pour cent sur
toutes les dépenses quelconques, l'accusent de les mul-
tiplier sans raison pour avoir du cinq pour cent à pré-
lever en plus grande quantité. C'est, on le voit, une
contradiction qui s'inspire, sans doute, d'une certaine
malveillance; mais aussi, par là même qu'elle est une
contradiction, elle prouve qu'on ne dit pas la vérité à
son sujet, et elle le venge. Ce qu'il y a de certain, c'est
que le bénéfice qu'on lui suppose vouloir faire par le cinq
pour cent sur toutes les dépenses, est destructif du qua-
rante pour cent qu'il doit avoir, pour paiement, sur celui
qui restera du capital, après les travaux terminés. S'il
fait beaucoup de dépenses inutiles, il aura, il est vrai, du
cinq pour cent en plus grande quantité; mais, ces dé-
penses inutiles dilapidant aussi le capital à pure perte,
il aura moins de capital à partager plus tard ; et dans
cette supposition, il y a pour lui une perte véritable. Tous
cela implique contradiction. Et convenientia testimonia non
erant. Je veux dire que la position que, au point de vue des
objections, on prend plaisir, à lui faire, le disculpe et le jus-
tifie, sans même qu'il ait besoin d'ouvrir la bouche poursa
défense. Une objection d'un autre genre suppose aussi
peut-être dans son fond une malveillance plus marquée,
bien que ceux qui la répètent en soient innocents volon-
tiers. La malveillance est de l'injustice ; et faire de l'in-
justice dans le cas qui nous occupe, c'est attester malgré
soi que ce grand caual était à faire, qu'il est en bonne
voie, et qu'il obtiendra son résultat. On dit donc qu'il
y a des visiteurs qui reviennent du parcours, mécontents,
prévenus contre l'œuvre, et l'on prend acte de leurs im-
pressions ; que d'autres, il est vrai, reviennent contents
et satisfaits, mais qu'ils se sont bornés, ajoute-t-on, à
parcourir et à voir, qu'ils n'ont pas étudié, et on annule
ainsi leur témoignage. Mais les premiers n'ont pas plus
vu ni plus étudié que les seconds ; seulement, partan 11
prévenus, avec volonté de revenir mécontents, ils vont
sur place chercher des griefs; et sur un théâtre aussi
vaste que celui de l'isthme, il est impossible de ne pas
rencontrer dans le détail quelque chose qui y prête:
une lenteur qui se laissera remarquer dans telle opéra-
tion au moment où vous passez, une machine qui craque
et qui devra suspendre momentanément son office, une
berge qui aura perdu de sa consistance dans tel ou tel
endroit, ce qui n'est qu'un détail ; une plainte que fera
un mécontent, un désillusionné qui cependant touche
régulièrement sa paie, etc. ; toutes choses qni sont inhé-
rentes à la désinvolture de l'opération et qui ne peuvent
rien contre elle. « Des Anglais même y sont allés, dit-
» on, et ils en sont revenus mécontents et prévenus ;
» parmi eux, entre autres, il y avait un rédacteur du
» Times. »
» Et qu'est-ce cela prouve? Rien du tout, sinon, peut-
être, selon moi, que c'est une œuvre française. « Par
» le fait cependant, ajoute-t-on, aucun homme digne de
» foi et d'estime n'est encore venu étudier la question
» surplace! » C'est .it-dire qu'il ne faudra estimer homme
grave et capable dans la question que celui qui, après
le parcours fait, niera l'œuvre, la jugera impossible
ou mal menée ; ou qu'il ne faudra apprécier la capacité
d'un homme, dans la question, que par l'opposition
qu'il lui fera sur place ou ailleurs. Des objections sem-
blables se détruisent d'elles-mêmes. Est-ce que M. de
Lesseps, depuis sept ans qu'il médite ou exécute son
projet, ne l'a pas fait étudier, n'a pas amené sur place
des hommes spéciaux, n'a pas été heureux d'en voir
venir suivant les circonstances, n'a pas sollicité sou-
vent et fait nommer des commissions exprès et dans
ce but avoué? M. Hardon se serait il chargé d'une en-
treprise de cette nature sans s'être assuré par les plus
minutieux détails de toute la possibilité des opérations
et de la réussite ? Enfin n'y a-t-il pas journellement ici
et là, dans l'isthme, depuis trois ans consécutifs, des
ingénieurs des ponts et chaussées, les plus capables,
demandés par la Compagnie, accordés par leur propre
institution, concédés par le gouvernement, et dont l'ac-
ceptation seule, la présence et la persévérance attestent
l'étude des difficultés et leur solution évidente ? Ce qu'il
y a au moins de bon, c'est qu'on ne pense pas à
mettre en avant comme objections les difficultés parti-
culières provenant de la nature du pays, du climat, de
l'éloignement, etc., etc., et, en serait-on tenté, on ne l'o-
serait pas, sans doute, car ce serait bien se faire blâ-
mer, puisqu'on a connu ces difficultés à l'avance, puis -
qu'on les a acceptées et qu'on a bien voulu les subir
pour les supporter ou les dominer par la patience. Mais,
quoi qu'il en soit, et surtout si on voulait les faire, la
Providence a voulu, ce semble, tenir au besoin une
réponse toute prête : c'est que sur quatre-vingt mille
fellahs qui sont passés par le travail du désert pendant
ces six derniers mois, trois seulement sont morts, et
encore de maladie ordinaire ; c'est que sur tous les
Européens venus dans le désert depuis trois ans, quatre
cas seulement de mortalité ordinaire ont eu lieu qui
puissent être comptés comme tels, et dix autres, plus
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