Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1862 15 mars 1862
Description : 1862/03/15 (A7,N138). 1862/03/15 (A7,N138).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203292j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.
91
mers, ni avec tous ces empêchements relatifs dont
le Mississipi lui-même n'est pas exempt dans son im-
mensité.
» Nos possessions cochinchinoises actuelles forment
un delta entouré de cours d'eau profonds et navigables
presque sur tous les points pour les navires du plus
fort tonnage, lesquels peuvent s'amarrer partout à quai
pour prendre chargement. C'est par la Nouvelle-Orléans
que s'écoulent presque tous les produits des États de
l'union américaine du Sud et, quel que soit le mode
adopté, il n'est pas discutable que les frais de transport
pour arriver à cet entrepôt doivent influer sur les prix
de la matière première : en Cochinchine, rien de pareil
à redouter, ou tout au moins dans des proportions
bien moindres, par conséquent il y aurait économie
dans les transactions.
» 2° Au point de vue de la culture, l'émigration chi-
noise fournira abondamment à l'agriculture, à défaut
des bras indigènes, toutes les forces qui lui seront né-
cessaires et à un taux tellement bas que la concurrence
sous ce rapport ne saurait être redoutée, l'esclavage
lui-même étant impuissant à offrir un bon marché pa-
reil à celui que l'on trouverait en faisant appel à l'émi-
gration locale. Les prix demandés et accordés aujour-
d'hui par tête de cultivateur chinois sont tellement mi-
nimes que les colons anglais et américains ont adopté
le mot trivials pour le définir. 11 ne faut pas négliger
non plus de remarquer que les travailleurs ainsi recru-
tés ne changent presque pas de pays, qu'il n'y a pas
par suite à se préoccuper de la question d'acclimatation,
et que le recrutement en est indéterminé dans une
masse aussi compacte de population que celle qui en-
combre l'empire du milieu.
» Reste la question du prix du coton sur les lieux de
production même (et sur les marchés locaux); ici les
chiffres sont exacts et peuvent servir de points de départ
à des calculs rigoureux.
Les 6,000 piculs de coton brut vendus l'année der-
nière (1860) à Saïgon l'ont été à raison de 18 ligatures
le picul ou à, 2 cents 1/8 environ la livre avoir-du-poids.
Le déchet constaté après un complet moulinage s'est
élevé de 30 à 50 0/0, ce qui l'a élevé au prix de 6 cents
environ la livre avoir-du-poids ou 8 dollars le picul.
Dans ce grossier état, cette matière, dont la qualité est
fort estimée en Chine, y trouve un écoulement facile à
raison de 16 dollars le picul, et les meilleurs juges sur
la matière la classent, ainsi que je l'ai dit plus haut,
avec le Good Midling upland de la Nouvelle-Orléans, qui,
à cette heure, se vend plus de 25 dollars le picul à Li-
verpool. ,.
» Est-ce trop s'exagérer les avantages inhérents à un
état de paix régulier, à une sécurité relative garantie
aux travailleurs, à une culture perfectionnée, à un sys-
tème d'exploitation sainement dirigé, et à la substitu-
tion des machines au travail grossier actuel, que d'ad-
mettre que le prix de 8 dollars le picul, donné l'année
dernière à Saïgon, sera promptement ramené à 4 dollars ?
Bien des gens pensent le contraire avec une grande
autorité, et l'on est forcé de convenir que le coton exporté
après une préparation intelligente et débarrassé de
toutes ses graines qui compromettent en ce moment
sa qualité, sera plus prisé encore sur les lieux où il de-
vra être mis en œuvre.
» Voilà à peu près les aperçus généraux que j'ai cru
devoir vous soumettre. Bien des maisons puissantes de
Hong-Kong seraient disposées, j'en suis convaincu, à se
lancer dans cette voie et à mettre d'importants capitaux
au service de cette industrie ; peu d'entre elles parais-
sent jusqu'à présent avoir entrevu cet horizon ; une
seule a, je le sais, expédié sur les lieux un représen-
tant dont le passé industriel lui garantit la haute ca-
pacité cotonnière. J'ai su que, sur les renseignements
fournis par ce correspondant, la maison dont il repré-
sente les intérêts a déjà commandé aux États-Unis les
machines nécessaires pour vanner le coton, le mouli-
ner et le comprimer en balles, et qu'elle a fait, sinon
publiquement, au moins très-activement, un appel aux
capitaux en Angleterre, de manière à être prête à pro-
fiter du premier moment. »
L'EUROPE EN CHINE.
On lit dans le Moniteur de l'armée
« Shang-Haï, 15 janvier 1862.
» Mon cher ami, je me souviens qu'à notre premier
débarquement à Sang-Haï, voici tantôt deux ans, la
ville était en émoi, et que nous rencontrâmes le cor-
tége du taotaï, qui est le mandarin gouverneur de la
province. Ce personnage venait supplier le général
Montauban de lui accorder aide et protection contre les
rebelles qui s'étaient emparés de San-Tchéou-Fou (la
ville des délices). En rentrant cette fois dans la capi-
tale du Kiang-Nan, après notre prodigieuse et féerique
campagne de Pékin, nous retrouvons la même situa-
tion, car les rebelles viennent de prendre Ning-Po et
d'y commettre des horreurs de tous genres. Ils menacent
la ville que nous habitons, et ravagent en ce moment
les environs.
» L'aspect du pays offre l'image du chaos politique
le plus complet, et cependant quel dommage ! que de
ressources, que de richesses dans toutes ces contrées
que nous avons parcourues ! Shang-Haï en particulier
offre un tableau des plus saisissants et des plus ex-
traordinaires : c'est une arène où toutes les civilisa-
tions se sont donné rendez-vous, et prennent d'autant
plus de vigueur et d'essor, qu'elles concentrent. dans
un étroit espace toutes les ressources et toute l'intel-
ligence de l'Europe.
» La ville de Shang-Haï comprend un nombre indé-
terminé de cités particulières ; on en compte quatre
principales : la cité française, la cité américaine, la
cité anglaise, toutes les trois greffées en quelque sorte
aux branches de l'immense cité chinoise, qui fait la
quatrième. Dans cette dernière, il ne faut pas chercher
la magnificence des monuments; les rues et les mai-
sons sont assez malpropres ; les pagodes y sont peu re-
marquables ; la seule chose vraiment belle et curieuse
qu'on y voyait avant notre passage, c'est-à-dire avant
que nos troupes y fussent casernées, c'est le jardin à
91
mers, ni avec tous ces empêchements relatifs dont
le Mississipi lui-même n'est pas exempt dans son im-
mensité.
» Nos possessions cochinchinoises actuelles forment
un delta entouré de cours d'eau profonds et navigables
presque sur tous les points pour les navires du plus
fort tonnage, lesquels peuvent s'amarrer partout à quai
pour prendre chargement. C'est par la Nouvelle-Orléans
que s'écoulent presque tous les produits des États de
l'union américaine du Sud et, quel que soit le mode
adopté, il n'est pas discutable que les frais de transport
pour arriver à cet entrepôt doivent influer sur les prix
de la matière première : en Cochinchine, rien de pareil
à redouter, ou tout au moins dans des proportions
bien moindres, par conséquent il y aurait économie
dans les transactions.
» 2° Au point de vue de la culture, l'émigration chi-
noise fournira abondamment à l'agriculture, à défaut
des bras indigènes, toutes les forces qui lui seront né-
cessaires et à un taux tellement bas que la concurrence
sous ce rapport ne saurait être redoutée, l'esclavage
lui-même étant impuissant à offrir un bon marché pa-
reil à celui que l'on trouverait en faisant appel à l'émi-
gration locale. Les prix demandés et accordés aujour-
d'hui par tête de cultivateur chinois sont tellement mi-
nimes que les colons anglais et américains ont adopté
le mot trivials pour le définir. 11 ne faut pas négliger
non plus de remarquer que les travailleurs ainsi recru-
tés ne changent presque pas de pays, qu'il n'y a pas
par suite à se préoccuper de la question d'acclimatation,
et que le recrutement en est indéterminé dans une
masse aussi compacte de population que celle qui en-
combre l'empire du milieu.
» Reste la question du prix du coton sur les lieux de
production même (et sur les marchés locaux); ici les
chiffres sont exacts et peuvent servir de points de départ
à des calculs rigoureux.
Les 6,000 piculs de coton brut vendus l'année der-
nière (1860) à Saïgon l'ont été à raison de 18 ligatures
le picul ou à, 2 cents 1/8 environ la livre avoir-du-poids.
Le déchet constaté après un complet moulinage s'est
élevé de 30 à 50 0/0, ce qui l'a élevé au prix de 6 cents
environ la livre avoir-du-poids ou 8 dollars le picul.
Dans ce grossier état, cette matière, dont la qualité est
fort estimée en Chine, y trouve un écoulement facile à
raison de 16 dollars le picul, et les meilleurs juges sur
la matière la classent, ainsi que je l'ai dit plus haut,
avec le Good Midling upland de la Nouvelle-Orléans, qui,
à cette heure, se vend plus de 25 dollars le picul à Li-
verpool. ,.
» Est-ce trop s'exagérer les avantages inhérents à un
état de paix régulier, à une sécurité relative garantie
aux travailleurs, à une culture perfectionnée, à un sys-
tème d'exploitation sainement dirigé, et à la substitu-
tion des machines au travail grossier actuel, que d'ad-
mettre que le prix de 8 dollars le picul, donné l'année
dernière à Saïgon, sera promptement ramené à 4 dollars ?
Bien des gens pensent le contraire avec une grande
autorité, et l'on est forcé de convenir que le coton exporté
après une préparation intelligente et débarrassé de
toutes ses graines qui compromettent en ce moment
sa qualité, sera plus prisé encore sur les lieux où il de-
vra être mis en œuvre.
» Voilà à peu près les aperçus généraux que j'ai cru
devoir vous soumettre. Bien des maisons puissantes de
Hong-Kong seraient disposées, j'en suis convaincu, à se
lancer dans cette voie et à mettre d'importants capitaux
au service de cette industrie ; peu d'entre elles parais-
sent jusqu'à présent avoir entrevu cet horizon ; une
seule a, je le sais, expédié sur les lieux un représen-
tant dont le passé industriel lui garantit la haute ca-
pacité cotonnière. J'ai su que, sur les renseignements
fournis par ce correspondant, la maison dont il repré-
sente les intérêts a déjà commandé aux États-Unis les
machines nécessaires pour vanner le coton, le mouli-
ner et le comprimer en balles, et qu'elle a fait, sinon
publiquement, au moins très-activement, un appel aux
capitaux en Angleterre, de manière à être prête à pro-
fiter du premier moment. »
L'EUROPE EN CHINE.
On lit dans le Moniteur de l'armée
« Shang-Haï, 15 janvier 1862.
» Mon cher ami, je me souviens qu'à notre premier
débarquement à Sang-Haï, voici tantôt deux ans, la
ville était en émoi, et que nous rencontrâmes le cor-
tége du taotaï, qui est le mandarin gouverneur de la
province. Ce personnage venait supplier le général
Montauban de lui accorder aide et protection contre les
rebelles qui s'étaient emparés de San-Tchéou-Fou (la
ville des délices). En rentrant cette fois dans la capi-
tale du Kiang-Nan, après notre prodigieuse et féerique
campagne de Pékin, nous retrouvons la même situa-
tion, car les rebelles viennent de prendre Ning-Po et
d'y commettre des horreurs de tous genres. Ils menacent
la ville que nous habitons, et ravagent en ce moment
les environs.
» L'aspect du pays offre l'image du chaos politique
le plus complet, et cependant quel dommage ! que de
ressources, que de richesses dans toutes ces contrées
que nous avons parcourues ! Shang-Haï en particulier
offre un tableau des plus saisissants et des plus ex-
traordinaires : c'est une arène où toutes les civilisa-
tions se sont donné rendez-vous, et prennent d'autant
plus de vigueur et d'essor, qu'elles concentrent. dans
un étroit espace toutes les ressources et toute l'intel-
ligence de l'Europe.
» La ville de Shang-Haï comprend un nombre indé-
terminé de cités particulières ; on en compte quatre
principales : la cité française, la cité américaine, la
cité anglaise, toutes les trois greffées en quelque sorte
aux branches de l'immense cité chinoise, qui fait la
quatrième. Dans cette dernière, il ne faut pas chercher
la magnificence des monuments; les rues et les mai-
sons sont assez malpropres ; les pagodes y sont peu re-
marquables ; la seule chose vraiment belle et curieuse
qu'on y voyait avant notre passage, c'est-à-dire avant
que nos troupes y fussent casernées, c'est le jardin à
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 11/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203292j/f11.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203292j/f11.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203292j/f11.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203292j
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203292j
Facebook
Twitter