Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1862 15 mars 1862
Description : 1862/03/15 (A7,N138). 1862/03/15 (A7,N138).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203292j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
90
L'ISTHME DE SUEZ,
glaise, et aucune de nos possessions ne peut nous
fournir cette matière première si précieuse pour
notre industrie. D'après le récit qu'on va lire, la Co-
chinchine nous offrirait un remède à cet état de
choses. Le coton annamite aurait des qualités qui le
rendraient capable de lutter avec celui de la Nouvelle-
Orléans. C'est là un fait qui nous semble mériter l'at-
tention du gouvernement et du public, et qui, s'il
venait à se vérifier, ajouterait encore à l'urgence de
l'exécution du canal des deux mers pour la France
et pour l'Europe. Nous croyons donc devoir recueillir
et soumettre à nos lecteurs les renseignements sui-
vants sur les produits de la Cochinchine, et particu-
lièrement sur la culture du coton dans ce pays.
On écrit de Hong-Kong* à la Revue maritime et
coloniale :
FLEURY.
« La presque totalité du commerce de l'An-nam a été
jusqu'à ce jour absorbée par Siam, les colonies euro-
péennes de l'archipel indien et la Chine ; cette dernière
surtout peut être considérée comme la pourvoyeuse de
l'immense majorité des objets usuels nécessaires au
peuple cochinchinois, qui a du reste les mêmes habi-
tudes, un costume identique et des goûts qui ne diffè-
rent pas de ceux de ses propres habitants.
D C'est en étudiant les articles échangés contre les
productions de la Cochinchine, que mon attention a
été éveillée sur le rôle minime que joue le coton dans
ces transactions, alors que cette plante croit spontané-
ment dans notre nouvelle posses-ion ; je devais natu-
rellement déduire tout d'abord de cette observation,
que l'indifférence avec laquelle on la traitait tenait à
l'infériorité relative de sa qualité.
» La population indigène de la basse Cochinchine
comme celle de tout l'An-nam, indolente, très-misé-
rable, écrasée par l'arbitraire absolu qui l'opprime,
décimée par la guerre, sans sécurité ni garantie, occu-
pant à peine une fraction du pays, a abandonné à
l'activité chinoise tout ce qui est du ressort de l'indus-
trie pour se livrer à peu près uniquement à la pêche
et à la cueillette des produits naturels. Il était fort
difficile, dans ces conditions, d'obtenir des renseigne-
ments exacts sur l'état normal de l'agriculture locale
et sur l'importance qu'elle pourrait acquérir en spécu-
lant sur un état à venir de paix et de tranquillité. En
effet, le prix des diverses matières, subissant le contre-
coup de la situation, doit tout au moins s'exagérer
aujourd'hui en entrant dans le commerce ; cependant,
tout en ne laissant rien à l'imprévu, et en faisant une
large part aux graves inconvénients qui viennent d'être
exposés et aux difficultés que l'on rencontre pour
obtenir des renseignements auprès d'une population
peu habituée aux relations avec des étrangers, qu'elle
tient en méfiance et avec lesquels elle n'ose se mettre
en rapport qu'avec' la plus grande circonspection, je
n'en suis pas moins arrivé, d'une manière aussi exacte
que possible, aux conclusions suivantes :
» Le coton de la Cochinchine est de l'espèce appelée
dans le commerce courte-soie (uplands green seed coton) ;
il rivalise à ce moment même, c'est-à-dire dans les
plus mauvaises conditions de culture et de préparation
première, avec celui de la Nouvelle Orléans, avec lequel
on le classe ; il est doux, soyeux, fin au toucher, d'un
beau blanc mat et beurré, et ses fils sont très-longs dans
leur variété.
» Dans le courant de l'année dernière, c'est-à-dire
après deux années de guerre, et alors que les hostilités
à peine suspendues ne devaient pas tarder à reprendre
avec une énergie nouvelle, la basse Cochinchine a
expédié sur des marchés fort éloignés, à travers mille
obstacles sérieux, environ de 10,000 à 15,000 piculs de
coton brut, soit près de 2 millions de livres, et sur
cette quantité, 6,000 piculs ont été vendus à Saïgon
même.
» Comme il a été dit plus haut, les habitants du
pays n'attachent pas d'importance à cette culture; elle
est relativement trop pénible pour eux, et le peu qu'ils
produisent, ou plutôt qu'ils récoltent, ne subit aucune
préparation avant d'être envoyé sur le marché. Les
indigènes se contentent de filer au rouet ce qui leur
est nécessaire pour tisser les toiles, gazes, etc., qui
doivent un jour être consommées dans le pays même
ou être appliquées aux échanges pour certains produits
exceptionnels.
» Les informations multipliées prises auprès des
Annamites constatent que la culture du coton n'est
pas particulière à telle ou telle partie de la province ;
mais que le sol tout entier peut y être appliqué avec
un succès certain. En dehors de ces renseignements
on peut encore asseoir des données exactes sur la con-
figuration du sol, lequel, formé par alluvions, est en-
trecoupé de rivières, de fleuves et de canaux, et par-
tout éminemment arrosable et propre à la production
cotonnière ; de plus, la terre, sèche et sablonneuse sur
plusieurs points, est des plus riches, le climat doux ;
et les gelées qui endommagent, interrompent tout au
moins, et compromettent si souvent la récolte aux
États-Unis, sont en Cochinchine un mythe que l'on ne
retrouve même pas dans la tradition.
» Ce n'est en outre qu'à cinq ou six milles dans
l'intérieur de la basse Cochinchine, c'est-à-dire dans
les endroits élevés, que la culture du cotonnier offre
de magnifiques chances de réussite. C'est encore là
une précieuse condition, puisque les rivières occupent
toutes les parties basses et que ces deux exploitations,
marchant de front, sans se nuire en rien, assureraient
à la nouvelle colonie un merveilleux avenir de deux
produits indispensables dans les deux hémisphères.
Enfin, comme quantité, certains enthousiastes ne veu-
lent pas voir de limites à la production future. Sans
aller si loin, on est autorisé à espérer que, dans un
avenir prochain, elle pourrait suffire au travail d'une
grande partie de nos cinq cents filatures ; ce point est
digne de toute attention.
» Si, en dehors de la valeur intrinsèque du sol, nous
considérons le pays sous le rapport de la convenance
qu'il offre à l'écoulement d'une exploitation particu-
lière importante, nous reconnaîtrons :
» 1° Qu'au point de vue des expéditions, nous n'a-
vons plus à compter ici ni avec des barres à l'embou-
chure des fleuves, ni avec les hautes et les basses
L'ISTHME DE SUEZ,
glaise, et aucune de nos possessions ne peut nous
fournir cette matière première si précieuse pour
notre industrie. D'après le récit qu'on va lire, la Co-
chinchine nous offrirait un remède à cet état de
choses. Le coton annamite aurait des qualités qui le
rendraient capable de lutter avec celui de la Nouvelle-
Orléans. C'est là un fait qui nous semble mériter l'at-
tention du gouvernement et du public, et qui, s'il
venait à se vérifier, ajouterait encore à l'urgence de
l'exécution du canal des deux mers pour la France
et pour l'Europe. Nous croyons donc devoir recueillir
et soumettre à nos lecteurs les renseignements sui-
vants sur les produits de la Cochinchine, et particu-
lièrement sur la culture du coton dans ce pays.
On écrit de Hong-Kong* à la Revue maritime et
coloniale :
FLEURY.
« La presque totalité du commerce de l'An-nam a été
jusqu'à ce jour absorbée par Siam, les colonies euro-
péennes de l'archipel indien et la Chine ; cette dernière
surtout peut être considérée comme la pourvoyeuse de
l'immense majorité des objets usuels nécessaires au
peuple cochinchinois, qui a du reste les mêmes habi-
tudes, un costume identique et des goûts qui ne diffè-
rent pas de ceux de ses propres habitants.
D C'est en étudiant les articles échangés contre les
productions de la Cochinchine, que mon attention a
été éveillée sur le rôle minime que joue le coton dans
ces transactions, alors que cette plante croit spontané-
ment dans notre nouvelle posses-ion ; je devais natu-
rellement déduire tout d'abord de cette observation,
que l'indifférence avec laquelle on la traitait tenait à
l'infériorité relative de sa qualité.
» La population indigène de la basse Cochinchine
comme celle de tout l'An-nam, indolente, très-misé-
rable, écrasée par l'arbitraire absolu qui l'opprime,
décimée par la guerre, sans sécurité ni garantie, occu-
pant à peine une fraction du pays, a abandonné à
l'activité chinoise tout ce qui est du ressort de l'indus-
trie pour se livrer à peu près uniquement à la pêche
et à la cueillette des produits naturels. Il était fort
difficile, dans ces conditions, d'obtenir des renseigne-
ments exacts sur l'état normal de l'agriculture locale
et sur l'importance qu'elle pourrait acquérir en spécu-
lant sur un état à venir de paix et de tranquillité. En
effet, le prix des diverses matières, subissant le contre-
coup de la situation, doit tout au moins s'exagérer
aujourd'hui en entrant dans le commerce ; cependant,
tout en ne laissant rien à l'imprévu, et en faisant une
large part aux graves inconvénients qui viennent d'être
exposés et aux difficultés que l'on rencontre pour
obtenir des renseignements auprès d'une population
peu habituée aux relations avec des étrangers, qu'elle
tient en méfiance et avec lesquels elle n'ose se mettre
en rapport qu'avec' la plus grande circonspection, je
n'en suis pas moins arrivé, d'une manière aussi exacte
que possible, aux conclusions suivantes :
» Le coton de la Cochinchine est de l'espèce appelée
dans le commerce courte-soie (uplands green seed coton) ;
il rivalise à ce moment même, c'est-à-dire dans les
plus mauvaises conditions de culture et de préparation
première, avec celui de la Nouvelle Orléans, avec lequel
on le classe ; il est doux, soyeux, fin au toucher, d'un
beau blanc mat et beurré, et ses fils sont très-longs dans
leur variété.
» Dans le courant de l'année dernière, c'est-à-dire
après deux années de guerre, et alors que les hostilités
à peine suspendues ne devaient pas tarder à reprendre
avec une énergie nouvelle, la basse Cochinchine a
expédié sur des marchés fort éloignés, à travers mille
obstacles sérieux, environ de 10,000 à 15,000 piculs de
coton brut, soit près de 2 millions de livres, et sur
cette quantité, 6,000 piculs ont été vendus à Saïgon
même.
» Comme il a été dit plus haut, les habitants du
pays n'attachent pas d'importance à cette culture; elle
est relativement trop pénible pour eux, et le peu qu'ils
produisent, ou plutôt qu'ils récoltent, ne subit aucune
préparation avant d'être envoyé sur le marché. Les
indigènes se contentent de filer au rouet ce qui leur
est nécessaire pour tisser les toiles, gazes, etc., qui
doivent un jour être consommées dans le pays même
ou être appliquées aux échanges pour certains produits
exceptionnels.
» Les informations multipliées prises auprès des
Annamites constatent que la culture du coton n'est
pas particulière à telle ou telle partie de la province ;
mais que le sol tout entier peut y être appliqué avec
un succès certain. En dehors de ces renseignements
on peut encore asseoir des données exactes sur la con-
figuration du sol, lequel, formé par alluvions, est en-
trecoupé de rivières, de fleuves et de canaux, et par-
tout éminemment arrosable et propre à la production
cotonnière ; de plus, la terre, sèche et sablonneuse sur
plusieurs points, est des plus riches, le climat doux ;
et les gelées qui endommagent, interrompent tout au
moins, et compromettent si souvent la récolte aux
États-Unis, sont en Cochinchine un mythe que l'on ne
retrouve même pas dans la tradition.
» Ce n'est en outre qu'à cinq ou six milles dans
l'intérieur de la basse Cochinchine, c'est-à-dire dans
les endroits élevés, que la culture du cotonnier offre
de magnifiques chances de réussite. C'est encore là
une précieuse condition, puisque les rivières occupent
toutes les parties basses et que ces deux exploitations,
marchant de front, sans se nuire en rien, assureraient
à la nouvelle colonie un merveilleux avenir de deux
produits indispensables dans les deux hémisphères.
Enfin, comme quantité, certains enthousiastes ne veu-
lent pas voir de limites à la production future. Sans
aller si loin, on est autorisé à espérer que, dans un
avenir prochain, elle pourrait suffire au travail d'une
grande partie de nos cinq cents filatures ; ce point est
digne de toute attention.
» Si, en dehors de la valeur intrinsèque du sol, nous
considérons le pays sous le rapport de la convenance
qu'il offre à l'écoulement d'une exploitation particu-
lière importante, nous reconnaîtrons :
» 1° Qu'au point de vue des expéditions, nous n'a-
vons plus à compter ici ni avec des barres à l'embou-
chure des fleuves, ni avec les hautes et les basses
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