Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 avril 1862 01 avril 1862
Description : 1862/04/01 (A7,N139). 1862/04/01 (A7,N139).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203293z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
106 L'ISTHME DE SUEZ,
L'eau, la grande difficulté, n'en est désormais plus une,
et par la suite j'aurai à vous parler plus en détail du
canal d'eau du Nil, appelé canal d'eau douce.
» Ce canal étant achevé jusqu'au lac Timsah, on a
pratiqué une toute petite rigole qui porte l'eau douce
jusqu'au seuil d'El-Guisr, centre actuel des travaux.
Après en avoir visité toute la ligne, j'ai vu tous les ate-
liers ; c'est, dans de moindres proportions, une répétition
de ce qu'on trouve à Port-Saïd, moins la fonderie ; mais
ici il y a en plus un parc de bestiaux avec environ
mille chameaux appartenant à l'entreprise, et à la Com -
pagnie.
» El-Guisr est vraiment une ville, et même une jolie
petite ville. Elle a une grande place, des rues bien
alignées, des maisons en pierres, une église catho-
lique en pierres, et, un peu plus loin, une grande mos-
quée également en pierres. La ville a un aspect tout à
fait européen. Il y a une société artistique que j'ai vi-
sitée, et je remarquai qu'on y a rassemblé des antiquités
qu'on a trouvées dans les fouilles. La plus grande partie
des maisons sont construites avec la pierre qu'on a en-
levée en creusant le canal, et qui est en même temps
propre à faire la chaux.
» 1er mars. — A 8 heures, je montai en voiture pour
aller, toujours avec l'ingénieur M. Larousse, visiter le
chantier no 6, qui se trouve à vingt minutes de distance
du seuil d'El-Guisr, et où, comme je vous l'ai déjà dit,
il y avait six mille à six mille cinq cents hommes du
Saïd qui travaillaient en bon ordre et avec une grande
activité (toujours pour la raison que je vous ai donnée
hier). Là, le terrain est également favorable, parce que
c'est de la craie durcie. Le chantier n° 6 touche au lac
Timsah, lac qui doit servir de port intérieur au canal.
» Au fond du lac doit être bâtie la ville de Timsah,
qui d'un côté regardera le canal d'eau douce, et de
l'autre le canal d'eau salée des deux mers. C'est sur
une élévation très-bien située qu'on bâtit un kiosque pour
S. A. le vice-roi. La pierre qui a servi à cette construc-
tion provient des déblais du canal. La position de cet
édifice sera très-belle ; il dominera la ville et le port de
Timsah, le grand canal et le canal d'eau douce. C'est là
que je pris congé de M. Larousse.
» Cet ingénieur m'a assuré qu'à son avis toutes les
difficultés les plus sérieuses peuvent être considérées
comme vaincues, à condition que les éléments actuels,
c'est-à-dire les hommes pour creuser, et les fonds avec
lesquels on aura le matériel de dragues, ne feront pas
défaut.
» Le problème n'est plus, selon lui, qu'une question
de chiffres ; l'on peut déjà calculer l'époque à laquelle
le canal sera totalement fini; et c'est une opinion à
laquelle je me range.
» En prenant congé de M. Larousse, je montai en voi-
ture : — les voitures usitées dans l'isthme sont à quatre
roues, attelées souvent de dromadaires ; — l'attelage de
la mienne était ce jour-là de trois mulets.
» Du kiosque de Son Altesse au canal d'eau douce,
j'employai moins de trois quarts d'heures. Arrivé au
canal, je trouvai la barque de M. de Lesseps, qu'il avait
eu l'obligeance de mettre à ma disposition. Je tiens à
vous en faire la description, afin de vous faire con-
naître qu'on ne gaspille pas l'argent en luxe. C'était
tout bonnement une de ces barques du Nil qui trans-
portent les blés à Alexandrie. On avait fait à l'arrière
une toute petite chambre en planches de sapin; au-
dedans, tout l'ameublement consistait en un matelas
pour s'asseoir et un fanal arabe pour s'éclairer ; deux
de nous occupèrent le matelas, et le troisième s'assit
sur nos malles. Je suivis le canal d'eau douce jusqu'à
Maxama.
» Parti à 10 heures du lac Timsah, je m'arrêtai un
moment entre Timsah et Maxama pour voir Rhamsès,
c'est-à-dire les ruines de cette ville, où l'on me montra
un grand bloc de granit qui représente les trois figu
res de Rhamsès, ainsi que des murs d'enceinte mis à
découvert récemment.
» A 3 heures et demie j'arrivai à Maxama, station
près le lac de ce nom. Précédemment, on avait dû faire
une rigole aboutissant du lac à Bir-Abou-Ballah ; elle
sert actuellement de canal d'irrigation. La Compagnie
a dû exécuter elle-même en entier ce canal de Timsah à
Maxama, et elle l'a même fort bien exécuté. Il est large
de 15 à 30 mètres, avec assez d'eau pour pouvoir effec-
tuer toute espèce de transport. De Gassasin à Zagazig, on
voyage sur un canal que feu Mehemet-Ali-Pacha avait
fait exécuter lui-même.
» A 6 heures, nous sommes arrivés à Gassasin.
Quoique depuis Maxama on aperçoive déjà des terres
au lieu de sable la véritable Ouadée ne commence qu'à
Gassasin. C'est là qu'on entre dans la propriété que la
Compagnie a achetée à S. A. le vice-roi, et dont le chef-
lieu avec château se trouve à Tel-el-Kebir, où je suis
arrivé à Il heures du soir. J'ai passé la nuit dans le
château qui sert à l'administration de la propriété.
« Le 2 mars. — Accompagné par le régisseur, M. Gui-
chard, j'ai visité le jardin et une petite partie de la
propriété, afin d'avoir une idée de ces terrains que l'on
m'assure être très-bons et susceptibles de toutes sortes
de culture, particulièrement de celle du coton et du
mûrier. La propriété achetée est d'environ 21,000 fed-
dans, soit 9,000 hectares. Le produit de l'an passé a
été de 126,000 francs, et le régisseur espère porter ce
résultat à 200,000 francs en quatre ou cinq années. En
outre, en attirant des populations comme l'avait fait
Mehemet-Ali, on pourrait, en peu d'années, rendre
cultivables les terres jusqu'au lac Maxama. Je suis
parti à 8 heures et demie (toujours dans la barque de
M. de Lesseps), et je suis arrivé à 3 heures à Zagazig.
» Zagazig est un gros village placé sur un des grands
embranchements du Nil, et de là l'on peut à son gré
aller au Caire, soit par eau, soit par terre, c'est-à-dire,
comme je l'ai fait, en prenant le chemin de fer pour
Benha, et de Benha au Caire.
» De ce que je viens de vous écrire vous pouvez faci-
lement conclure que la Compagnie de l'isthme de Suez
a déjà fait beaucoup, particulièrement si l'on considère
qu'elle a dû combattre une violente opposition, et
qu'elle a dû surmonter des difficultés énormes. Du
reste, si elle continue à avoir les fellahs nécessaires
pour le travail sans fixer une date (parce que, comme je
l'ai déjà dit, je ne suis pas compétent, n'étant pas ingé-
nieur), je crois sincèrement que le -canal est faisable.
L'eau, la grande difficulté, n'en est désormais plus une,
et par la suite j'aurai à vous parler plus en détail du
canal d'eau du Nil, appelé canal d'eau douce.
» Ce canal étant achevé jusqu'au lac Timsah, on a
pratiqué une toute petite rigole qui porte l'eau douce
jusqu'au seuil d'El-Guisr, centre actuel des travaux.
Après en avoir visité toute la ligne, j'ai vu tous les ate-
liers ; c'est, dans de moindres proportions, une répétition
de ce qu'on trouve à Port-Saïd, moins la fonderie ; mais
ici il y a en plus un parc de bestiaux avec environ
mille chameaux appartenant à l'entreprise, et à la Com -
pagnie.
» El-Guisr est vraiment une ville, et même une jolie
petite ville. Elle a une grande place, des rues bien
alignées, des maisons en pierres, une église catho-
lique en pierres, et, un peu plus loin, une grande mos-
quée également en pierres. La ville a un aspect tout à
fait européen. Il y a une société artistique que j'ai vi-
sitée, et je remarquai qu'on y a rassemblé des antiquités
qu'on a trouvées dans les fouilles. La plus grande partie
des maisons sont construites avec la pierre qu'on a en-
levée en creusant le canal, et qui est en même temps
propre à faire la chaux.
» 1er mars. — A 8 heures, je montai en voiture pour
aller, toujours avec l'ingénieur M. Larousse, visiter le
chantier no 6, qui se trouve à vingt minutes de distance
du seuil d'El-Guisr, et où, comme je vous l'ai déjà dit,
il y avait six mille à six mille cinq cents hommes du
Saïd qui travaillaient en bon ordre et avec une grande
activité (toujours pour la raison que je vous ai donnée
hier). Là, le terrain est également favorable, parce que
c'est de la craie durcie. Le chantier n° 6 touche au lac
Timsah, lac qui doit servir de port intérieur au canal.
» Au fond du lac doit être bâtie la ville de Timsah,
qui d'un côté regardera le canal d'eau douce, et de
l'autre le canal d'eau salée des deux mers. C'est sur
une élévation très-bien située qu'on bâtit un kiosque pour
S. A. le vice-roi. La pierre qui a servi à cette construc-
tion provient des déblais du canal. La position de cet
édifice sera très-belle ; il dominera la ville et le port de
Timsah, le grand canal et le canal d'eau douce. C'est là
que je pris congé de M. Larousse.
» Cet ingénieur m'a assuré qu'à son avis toutes les
difficultés les plus sérieuses peuvent être considérées
comme vaincues, à condition que les éléments actuels,
c'est-à-dire les hommes pour creuser, et les fonds avec
lesquels on aura le matériel de dragues, ne feront pas
défaut.
» Le problème n'est plus, selon lui, qu'une question
de chiffres ; l'on peut déjà calculer l'époque à laquelle
le canal sera totalement fini; et c'est une opinion à
laquelle je me range.
» En prenant congé de M. Larousse, je montai en voi-
ture : — les voitures usitées dans l'isthme sont à quatre
roues, attelées souvent de dromadaires ; — l'attelage de
la mienne était ce jour-là de trois mulets.
» Du kiosque de Son Altesse au canal d'eau douce,
j'employai moins de trois quarts d'heures. Arrivé au
canal, je trouvai la barque de M. de Lesseps, qu'il avait
eu l'obligeance de mettre à ma disposition. Je tiens à
vous en faire la description, afin de vous faire con-
naître qu'on ne gaspille pas l'argent en luxe. C'était
tout bonnement une de ces barques du Nil qui trans-
portent les blés à Alexandrie. On avait fait à l'arrière
une toute petite chambre en planches de sapin; au-
dedans, tout l'ameublement consistait en un matelas
pour s'asseoir et un fanal arabe pour s'éclairer ; deux
de nous occupèrent le matelas, et le troisième s'assit
sur nos malles. Je suivis le canal d'eau douce jusqu'à
Maxama.
» Parti à 10 heures du lac Timsah, je m'arrêtai un
moment entre Timsah et Maxama pour voir Rhamsès,
c'est-à-dire les ruines de cette ville, où l'on me montra
un grand bloc de granit qui représente les trois figu
res de Rhamsès, ainsi que des murs d'enceinte mis à
découvert récemment.
» A 3 heures et demie j'arrivai à Maxama, station
près le lac de ce nom. Précédemment, on avait dû faire
une rigole aboutissant du lac à Bir-Abou-Ballah ; elle
sert actuellement de canal d'irrigation. La Compagnie
a dû exécuter elle-même en entier ce canal de Timsah à
Maxama, et elle l'a même fort bien exécuté. Il est large
de 15 à 30 mètres, avec assez d'eau pour pouvoir effec-
tuer toute espèce de transport. De Gassasin à Zagazig, on
voyage sur un canal que feu Mehemet-Ali-Pacha avait
fait exécuter lui-même.
» A 6 heures, nous sommes arrivés à Gassasin.
Quoique depuis Maxama on aperçoive déjà des terres
au lieu de sable la véritable Ouadée ne commence qu'à
Gassasin. C'est là qu'on entre dans la propriété que la
Compagnie a achetée à S. A. le vice-roi, et dont le chef-
lieu avec château se trouve à Tel-el-Kebir, où je suis
arrivé à Il heures du soir. J'ai passé la nuit dans le
château qui sert à l'administration de la propriété.
« Le 2 mars. — Accompagné par le régisseur, M. Gui-
chard, j'ai visité le jardin et une petite partie de la
propriété, afin d'avoir une idée de ces terrains que l'on
m'assure être très-bons et susceptibles de toutes sortes
de culture, particulièrement de celle du coton et du
mûrier. La propriété achetée est d'environ 21,000 fed-
dans, soit 9,000 hectares. Le produit de l'an passé a
été de 126,000 francs, et le régisseur espère porter ce
résultat à 200,000 francs en quatre ou cinq années. En
outre, en attirant des populations comme l'avait fait
Mehemet-Ali, on pourrait, en peu d'années, rendre
cultivables les terres jusqu'au lac Maxama. Je suis
parti à 8 heures et demie (toujours dans la barque de
M. de Lesseps), et je suis arrivé à 3 heures à Zagazig.
» Zagazig est un gros village placé sur un des grands
embranchements du Nil, et de là l'on peut à son gré
aller au Caire, soit par eau, soit par terre, c'est-à-dire,
comme je l'ai fait, en prenant le chemin de fer pour
Benha, et de Benha au Caire.
» De ce que je viens de vous écrire vous pouvez faci-
lement conclure que la Compagnie de l'isthme de Suez
a déjà fait beaucoup, particulièrement si l'on considère
qu'elle a dû combattre une violente opposition, et
qu'elle a dû surmonter des difficultés énormes. Du
reste, si elle continue à avoir les fellahs nécessaires
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l'ai déjà dit, je ne suis pas compétent, n'étant pas ingé-
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