Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 février 1862 01 février 1862
Description : 1862/02/01 (A7,N135). 1862/02/01 (A7,N135).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032892
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
4i_ L'ISTHME DE SUEZ,
ceux qu'elles subissent. Les personnes qui ont la
même opinon que moi sur notre position dans l'Inde
ne peuvent considérer les progrès de la France au midi,
ni ceux de la Russie au nord, avec dédain ou indiffé-
rence. La question n'est pas de celles dont on peut
rire ou hausser les épaules. Il ne faudrait pas écarter
cet examen en faisant allusion aux difficultés de la
question des serfs en Russie ou aux embarras finan-
ciers de l'empereur des Français. Les faits sont patents
et non ignorés. Ils nous apprennent que les Français se
sont dernièrement établis dans la mer Rouge et dans
la Cochinchine , et que les Russes ont étendu leurs
possessions en Asie jusqu'à la mer Pacifique d'un côté,
et jusqu'aux portes de la Chine et de l'Inde de l'autre.
Il n'y a pas de puissance indigène sur tout le continent
asiatique capable de lutter contre la Russie. Elle
marche comme si elle avait chaussé les bottes de sept
lieues, absorbant tantôt une tribu, tantôt une nation.
» La politique de la Russie dans l'Orient est le pen-
dant exact de sa politique à l'égard de la Turquie. Mais
le malade turc a des médecins pour le soigner à l'heure
de la nécessité, tandis que les nations malades et ef-
féminées de l'Asie n'ont aucun appui semblable. Là, le
malade doit subir toutes les misères de sa situation
abandonnée ; il doit succomber presque sans lutte de-
vant la puissance colossale qui, comme une avalanche,
brise et engloutit tout ce qui se trouve sur le chemin
de sa course rapide et irrésistible. Aussi longtemps que
nous serons en paix avec le monde, aussi longtemps
que nous conserverons notre armée anglaise sur son
pied actuel, les difficultés et les dangers de notre situa-
tion dans l'Inde ne seront pas si évidents ; mais pour
quelle période pouvons-nous compter sur cette condition
des affaires ? L'horizon politique de l'Europe n'est-il pas
obscurci par un nuage qui peut crever à tout instant?
Est-il raisonnable d'espérer que l'Angleterre pourra
éviter de prendre part, quelle que soit sa répugnance,
à une prochaine guerre européenne, même en suppo-
sant que le but n'en soit pas son humiliation? Or, je
prédis que dans la première guerre où l'Angleterre sera
engagée, elle trouvera dans son empire indien une
source sérieuse d'anxiété, sinon de faiblesse effective,
entouré qu'il sera par des ennemis puissants, trop heu-
reux de profiter de la perfidie proverbiale des Asiatiques
et de l'impopularité notoire de notre suprématie.
» UN HABITANT DU PUNDJAB. »
LE PORT DE CHARLESTON
Et les précédents de l'Angleterre.
La résistance qu'elle a si longtemps et si malheu-
reusement opposée au percement de l'isthme de
Suez devient de plus en plus embarrassante pour
la politique anglaise. C'est là contre elle un argu-
ment qui ne cesse de revenir toutes les fois qu'elle
veut rappeler aux autres peuples les principes de
la liberté commerciale ou ceux de la liberté mari-
time. Elle a porté par cette circonstance à son crédit
libéral un coup dont elle se relèvera difficilement,
et veut-elle invoquer les maximes du droit universel
et les intérêts de la communauté des peuples, aus-
sitôt des voix ironiques ou défiantes s'élèvent qui
lui répondent ou la réfutent par ce seul mot : Et
l'isthme de Suez ? C'est encore ce que vient de faire
le Moniteur industriel, à propos d'un incident de la
guerre d'Amérique, dont on s'est montré fort ému
de l'autre côté du détroit. Nous reproduisons l'ar-
ticle que ce journal a publié sous le titre placé en
tête de ces courtes observations, parce que nous ne
cesserons de souhaiter que les Anglais connaissent
bien tout ce que leur vaut d'impopularité et de dé-
considération sur le continent, cette opposition que
ne partage pas la grande majorité de l'opinion
britannique, mais qu'elle subit avec une regrettable
résignation. J. MOZIGIN.
« Il est évident que cette partie influente de la
presse anglaise dont lord Palmerston est l'inspirateur
veut, systématiquement, tenir dans un état de trouble
les relations de l'Europe avec les États du nord de
l'Amérique.
» Après l'affaire du Trent, question anglaise, voici
venir l'affaire du port de Charleston, question amé-
ricaine.
» Les dispositions antipacifiques de lord Palmerston
se sont assez clairement manifestées à propos de l'af-
faire du Trent. Il y a dans toute cette querelle un épi-
sode qui a fait un grand éclat en Angleterre et à Paris.
Il est maintenant assez connu pour que nous puissons
l'exposer très-brièvement. Lord Palmerston a fait Dier
par son organe confidentiel, le Morning Post, l'existence
très-réelle d'une dépêche toute conciliante de M. Se-
wart, ministre des affaires étrangères à Washington,
déclarant que le capitaine Wilkes avait agi proprio
motu, sans instructions de son gouvernement, et que
ce dernier était résolu à traiter la question sur le pied
le plus amical avec la Grande-Bretagne. Cette dépêche
pourtant avait été lue à lord Palmerston et au comte
Russell par M. Adams, ministre des Etats-Unis à Lon-
dres, et le texte en a été dernièrement publié par les
journaux anglais eux-mêmes.
» Ce fait a soulevé un grand scandale de l'autre côté
du détroit. La manœuvre attribuée exclusivement à lord
Palmerston y a été l'objet des attaques les plus véhé -
mentes, et nous pensons qu'à la prochaine réunion du
Parlement elle n'occasionnera pas au noble lord de
médiocres embarras.
» La politique constante de lord Palmerston a été de
détourner l'Angleterre de l'examen de ses affaires inté-
rieures et de ses idées de réforme électorale, en susci-
tant des complications au dehors. Il profite de l'état
critique de l'Amérique pour donner un nouveau déve-
loppement à cette politique, et l'affaire du Trent lui
manquant, à la suite de la modération montrée par le
cabinet de Washington, ses journaux cherchent à
créer un nouveau motif de conflit dans ce qu'ils ap-
pellent la destruction du port de Charleston.
ceux qu'elles subissent. Les personnes qui ont la
même opinon que moi sur notre position dans l'Inde
ne peuvent considérer les progrès de la France au midi,
ni ceux de la Russie au nord, avec dédain ou indiffé-
rence. La question n'est pas de celles dont on peut
rire ou hausser les épaules. Il ne faudrait pas écarter
cet examen en faisant allusion aux difficultés de la
question des serfs en Russie ou aux embarras finan-
ciers de l'empereur des Français. Les faits sont patents
et non ignorés. Ils nous apprennent que les Français se
sont dernièrement établis dans la mer Rouge et dans
la Cochinchine , et que les Russes ont étendu leurs
possessions en Asie jusqu'à la mer Pacifique d'un côté,
et jusqu'aux portes de la Chine et de l'Inde de l'autre.
Il n'y a pas de puissance indigène sur tout le continent
asiatique capable de lutter contre la Russie. Elle
marche comme si elle avait chaussé les bottes de sept
lieues, absorbant tantôt une tribu, tantôt une nation.
» La politique de la Russie dans l'Orient est le pen-
dant exact de sa politique à l'égard de la Turquie. Mais
le malade turc a des médecins pour le soigner à l'heure
de la nécessité, tandis que les nations malades et ef-
féminées de l'Asie n'ont aucun appui semblable. Là, le
malade doit subir toutes les misères de sa situation
abandonnée ; il doit succomber presque sans lutte de-
vant la puissance colossale qui, comme une avalanche,
brise et engloutit tout ce qui se trouve sur le chemin
de sa course rapide et irrésistible. Aussi longtemps que
nous serons en paix avec le monde, aussi longtemps
que nous conserverons notre armée anglaise sur son
pied actuel, les difficultés et les dangers de notre situa-
tion dans l'Inde ne seront pas si évidents ; mais pour
quelle période pouvons-nous compter sur cette condition
des affaires ? L'horizon politique de l'Europe n'est-il pas
obscurci par un nuage qui peut crever à tout instant?
Est-il raisonnable d'espérer que l'Angleterre pourra
éviter de prendre part, quelle que soit sa répugnance,
à une prochaine guerre européenne, même en suppo-
sant que le but n'en soit pas son humiliation? Or, je
prédis que dans la première guerre où l'Angleterre sera
engagée, elle trouvera dans son empire indien une
source sérieuse d'anxiété, sinon de faiblesse effective,
entouré qu'il sera par des ennemis puissants, trop heu-
reux de profiter de la perfidie proverbiale des Asiatiques
et de l'impopularité notoire de notre suprématie.
» UN HABITANT DU PUNDJAB. »
LE PORT DE CHARLESTON
Et les précédents de l'Angleterre.
La résistance qu'elle a si longtemps et si malheu-
reusement opposée au percement de l'isthme de
Suez devient de plus en plus embarrassante pour
la politique anglaise. C'est là contre elle un argu-
ment qui ne cesse de revenir toutes les fois qu'elle
veut rappeler aux autres peuples les principes de
la liberté commerciale ou ceux de la liberté mari-
time. Elle a porté par cette circonstance à son crédit
libéral un coup dont elle se relèvera difficilement,
et veut-elle invoquer les maximes du droit universel
et les intérêts de la communauté des peuples, aus-
sitôt des voix ironiques ou défiantes s'élèvent qui
lui répondent ou la réfutent par ce seul mot : Et
l'isthme de Suez ? C'est encore ce que vient de faire
le Moniteur industriel, à propos d'un incident de la
guerre d'Amérique, dont on s'est montré fort ému
de l'autre côté du détroit. Nous reproduisons l'ar-
ticle que ce journal a publié sous le titre placé en
tête de ces courtes observations, parce que nous ne
cesserons de souhaiter que les Anglais connaissent
bien tout ce que leur vaut d'impopularité et de dé-
considération sur le continent, cette opposition que
ne partage pas la grande majorité de l'opinion
britannique, mais qu'elle subit avec une regrettable
résignation. J. MOZIGIN.
« Il est évident que cette partie influente de la
presse anglaise dont lord Palmerston est l'inspirateur
veut, systématiquement, tenir dans un état de trouble
les relations de l'Europe avec les États du nord de
l'Amérique.
» Après l'affaire du Trent, question anglaise, voici
venir l'affaire du port de Charleston, question amé-
ricaine.
» Les dispositions antipacifiques de lord Palmerston
se sont assez clairement manifestées à propos de l'af-
faire du Trent. Il y a dans toute cette querelle un épi-
sode qui a fait un grand éclat en Angleterre et à Paris.
Il est maintenant assez connu pour que nous puissons
l'exposer très-brièvement. Lord Palmerston a fait Dier
par son organe confidentiel, le Morning Post, l'existence
très-réelle d'une dépêche toute conciliante de M. Se-
wart, ministre des affaires étrangères à Washington,
déclarant que le capitaine Wilkes avait agi proprio
motu, sans instructions de son gouvernement, et que
ce dernier était résolu à traiter la question sur le pied
le plus amical avec la Grande-Bretagne. Cette dépêche
pourtant avait été lue à lord Palmerston et au comte
Russell par M. Adams, ministre des Etats-Unis à Lon-
dres, et le texte en a été dernièrement publié par les
journaux anglais eux-mêmes.
» Ce fait a soulevé un grand scandale de l'autre côté
du détroit. La manœuvre attribuée exclusivement à lord
Palmerston y a été l'objet des attaques les plus véhé -
mentes, et nous pensons qu'à la prochaine réunion du
Parlement elle n'occasionnera pas au noble lord de
médiocres embarras.
» La politique constante de lord Palmerston a été de
détourner l'Angleterre de l'examen de ses affaires inté-
rieures et de ses idées de réforme électorale, en susci-
tant des complications au dehors. Il profite de l'état
critique de l'Amérique pour donner un nouveau déve-
loppement à cette politique, et l'affaire du Trent lui
manquant, à la suite de la modération montrée par le
cabinet de Washington, ses journaux cherchent à
créer un nouveau motif de conflit dans ce qu'ils ap-
pellent la destruction du port de Charleston.
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