Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1861 01 décembre 1861
Description : 1861/12/01 (A6,N131). 1861/12/01 (A6,N131).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032840
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 373
rapportent les derniers avis de l'Inde, le gouvernement
se soit déterminé à vendre toutes les terres incultes,
sans conditions, au prix de 5 shillings par acre
(15 francs l'hectare), et qu'il ait permis en même temps
aux tenanciers actuels de racheter leur redevance
foncière ?
» Je présume que le haut fonctionnaire en question
a pris sa retraite, comme beaucoup d'autres « de la
vieille souche » et qu'il s'est éloigné avec dégoût.
» Indépendamment du haut fonctionnaire ci-dessus,
appartenant évidemment à une époque d'un siècle ou
deux antérieure à la dernière moitié du xixe siècle, la
notion paraît communément exister que l'Inde, avec sa
population dense de 150 ou 200,000,000 d'habitants, con-
tient en réalité très-peu de terres incultes, et on argue,
non sans apparence plausible, qu'au milieu d'une popu-
lation aussi surabondante, il n'y a pas de place pour un
plus grand nombre de gens ou pour des « interlo-
pes. D
» D'autres personnes ont un autre argument; elles
s'écrient : l'Inde pour les Indiens, et si l'on tente le
moindre effort de colonisation, le pauvre, l'infortuné,
le doux, le soumis, le sobre Indou, sera chassé de sa
terre. Examinons la valeur de ces objections.
» Le gouvernement ayant résolu delvendre les terres
incultes, la question est : y a-t-il des terres incultes à
vendre ?
» La superficie de l'Inde contient un million un quart
de milles carrés (le mille carré est d'environ 2 1/2
kilomètres carrés) et sa population est de deux cents
millions d'habitanta ou environ 136 individus par mille
carré. L'Angleterre a 400 habitants par mille carré, la
France 290, la Chine 300, la Sardaigne 220, l'Irlande
210, et l'Italie 250. Rappelons-nous qne l'Inde égale en
fertilité les plus belles provinces de la Chine et surpasse
de beaucoup toutes les contrées de l'Europe dans leur
capacité de production, tandis que la quantité d'ali-
ments nécessaires pour entretenir un Indien en santé
est beaucoup moindre que celle qu'exige un Européen ;
d'où il résulte que l'Inde peut nourrir une population
égale à celles de la Chine et de l'Angleterre, et c'est
ce qu'elle fait dans quelques-unes de ses provinces les
mieux cultivées.
» Quant aux terres incultes, ayant inspecté moi-
même le pays depuis le cap Comorin jusqu'à l'Himalaya,
je pense pouvoir affirmer avec sécurité, qu'il n'y a de
bien cultivé qu'une très-petite proportion du terrain, et
que sa plus grande partie ne reçoit qu'une très-pau-
vre culture. En fait ,avec les instruments imparfaits
qu'on y emploie, on peut dire qu'il est à peine cultivé,
ne rendant, grâce uniquement à la fertilité naturelle
du sol, qu'une pauvre moisson de tous les grains que
l'on y sème sans engrais et avec quelques puits ou
canaux d'irrigation dispersés çà et là; on peut dire
qu'une considérable partie de la terre, et peut-être la plus
considérable, est dans un état d'abandon absolu. J'affirme
à la suite de mes observations personnelles, et ce sera
l'impression de tout voyageur traversant ces contrées,
que le pays est sauvage, desséché, en friche, montrant
çà et là quelques cultures comme un oasis dans le dé-
sert; et cela non parce que le sol est pauvre : mais parce
que les habitants sont une race misérable, sans
une étincelle de l'esprit d'entreprise et courbée sous
le joug de la tyrannie depuis des siècles ; la seule
exception se montre là où existe la direction des Eu-
ropéens.
» Une petite bande de terre a été mise en culture
au pied de l'Himalaya, dans le Kumaon. Mais l'es
tendue du terrain cultivable actuellement à l'état de
nature est fort au-dessus des ressources du gouverne-
ment local. Ce terrain est particulièrement bien adapté
à la production du coton.
» En outre, tout le long des rives du Gange, de la
Jumma, de la Ramgunga, de la Larda et autres rivières
plus petites, se trouvent de nombreux espaces parfaite-
ment cultivables et n'ayant aujourd'hui d'habitants que
des tigres, des éléphants et autres animaux sauvages.
» Dans le Kumaon, le Darjeling et le Pundjab, on
rencontre des centaines de milliers d'acres propres à
la culture du thé, et dans le bas Bengale des étendues
non moins considérables propres à la culture du coton.
D'un autre côté, à Madras et sur le Godavery et ailleurs,
se trouvent de vastes terrains cotonniers à l'état de
friches, et les hauteurs de Neilgherry et de Wynand
offrent par milliers d'acres à la production du café les
terres les plus riches et les plus belles du monde.
t Le privilége d'acheter des terres incultes ainsi que
les redevances foncières est pour l'Inde un grand et
précieux bienfait. On ne lui en a jamais accordé un plus
considérable. Il n'est pourtant que l'introduction du
tranchant du coin, et la limite de chaque achat à 3,000
acres est le dernier reste de ce vieux sentiment de
jalousie, de cette peur d'un imperium in imperio qui était
le cauchemar de la défunte compagnie des Indes. Sans
doute les individus peuvent se contenter de 3,000 acres
et même de moins ; mais supposez l'organisation d'une
compagnie pour produire le coton ou entreprendre lar-
gement la culture dans l'Inde du Nord avec le pouvoir
de faire des routes, des chemins de fer américains ou
des canaux d'irrigation, et de louer ensuite ces terres
aux petits fermiers, 3,000 acres, en quelque localité que
ce fût, ne seraient pour elle qu'une pauvre tentation.
Je suppose que comme il n'y a pas de restriction dans
la faculté de vendre les terres à ceux qui veulent les
acheter, le seul moyen pour une compagnie serait de
faire ces achats par l'intermédiaire de cinquante ou
cent individus différents et de se les faire transmettre
ensuite.
» En supposant qu'une compagnie de chemins de fer
voulût demander pour elle la concession d'une certaine
quantité de terres incultes de chaque côté de son che-
min, au lieu de la garantie de 5 0/0 qui lui est donnée
par le gouvernement, garantie qu'on a qualifiée de
chimère et d'illusion, ce qui n'est pas loin de la vé-
rité, puisque les lignes ont coûté au moins 25 0/0 en
sus, leur accorderait-on dans ce but des terres vagues ?
S'il en était ainsi, cela vaudrait infiniment mieux
que le système actuel de garantie, système embarras-
sant et qui offre beaucoup d'objections.
Il y a quelques années un employé de la présidence
de Madras fut chargé d'employer des condamnés à faire
plusieurs routes, et il les exécuta à très-peu de frais pou
rapportent les derniers avis de l'Inde, le gouvernement
se soit déterminé à vendre toutes les terres incultes,
sans conditions, au prix de 5 shillings par acre
(15 francs l'hectare), et qu'il ait permis en même temps
aux tenanciers actuels de racheter leur redevance
foncière ?
» Je présume que le haut fonctionnaire en question
a pris sa retraite, comme beaucoup d'autres « de la
vieille souche » et qu'il s'est éloigné avec dégoût.
» Indépendamment du haut fonctionnaire ci-dessus,
appartenant évidemment à une époque d'un siècle ou
deux antérieure à la dernière moitié du xixe siècle, la
notion paraît communément exister que l'Inde, avec sa
population dense de 150 ou 200,000,000 d'habitants, con-
tient en réalité très-peu de terres incultes, et on argue,
non sans apparence plausible, qu'au milieu d'une popu-
lation aussi surabondante, il n'y a pas de place pour un
plus grand nombre de gens ou pour des « interlo-
pes. D
» D'autres personnes ont un autre argument; elles
s'écrient : l'Inde pour les Indiens, et si l'on tente le
moindre effort de colonisation, le pauvre, l'infortuné,
le doux, le soumis, le sobre Indou, sera chassé de sa
terre. Examinons la valeur de ces objections.
» Le gouvernement ayant résolu delvendre les terres
incultes, la question est : y a-t-il des terres incultes à
vendre ?
» La superficie de l'Inde contient un million un quart
de milles carrés (le mille carré est d'environ 2 1/2
kilomètres carrés) et sa population est de deux cents
millions d'habitanta ou environ 136 individus par mille
carré. L'Angleterre a 400 habitants par mille carré, la
France 290, la Chine 300, la Sardaigne 220, l'Irlande
210, et l'Italie 250. Rappelons-nous qne l'Inde égale en
fertilité les plus belles provinces de la Chine et surpasse
de beaucoup toutes les contrées de l'Europe dans leur
capacité de production, tandis que la quantité d'ali-
ments nécessaires pour entretenir un Indien en santé
est beaucoup moindre que celle qu'exige un Européen ;
d'où il résulte que l'Inde peut nourrir une population
égale à celles de la Chine et de l'Angleterre, et c'est
ce qu'elle fait dans quelques-unes de ses provinces les
mieux cultivées.
» Quant aux terres incultes, ayant inspecté moi-
même le pays depuis le cap Comorin jusqu'à l'Himalaya,
je pense pouvoir affirmer avec sécurité, qu'il n'y a de
bien cultivé qu'une très-petite proportion du terrain, et
que sa plus grande partie ne reçoit qu'une très-pau-
vre culture. En fait ,avec les instruments imparfaits
qu'on y emploie, on peut dire qu'il est à peine cultivé,
ne rendant, grâce uniquement à la fertilité naturelle
du sol, qu'une pauvre moisson de tous les grains que
l'on y sème sans engrais et avec quelques puits ou
canaux d'irrigation dispersés çà et là; on peut dire
qu'une considérable partie de la terre, et peut-être la plus
considérable, est dans un état d'abandon absolu. J'affirme
à la suite de mes observations personnelles, et ce sera
l'impression de tout voyageur traversant ces contrées,
que le pays est sauvage, desséché, en friche, montrant
çà et là quelques cultures comme un oasis dans le dé-
sert; et cela non parce que le sol est pauvre : mais parce
que les habitants sont une race misérable, sans
une étincelle de l'esprit d'entreprise et courbée sous
le joug de la tyrannie depuis des siècles ; la seule
exception se montre là où existe la direction des Eu-
ropéens.
» Une petite bande de terre a été mise en culture
au pied de l'Himalaya, dans le Kumaon. Mais l'es
tendue du terrain cultivable actuellement à l'état de
nature est fort au-dessus des ressources du gouverne-
ment local. Ce terrain est particulièrement bien adapté
à la production du coton.
» En outre, tout le long des rives du Gange, de la
Jumma, de la Ramgunga, de la Larda et autres rivières
plus petites, se trouvent de nombreux espaces parfaite-
ment cultivables et n'ayant aujourd'hui d'habitants que
des tigres, des éléphants et autres animaux sauvages.
» Dans le Kumaon, le Darjeling et le Pundjab, on
rencontre des centaines de milliers d'acres propres à
la culture du thé, et dans le bas Bengale des étendues
non moins considérables propres à la culture du coton.
D'un autre côté, à Madras et sur le Godavery et ailleurs,
se trouvent de vastes terrains cotonniers à l'état de
friches, et les hauteurs de Neilgherry et de Wynand
offrent par milliers d'acres à la production du café les
terres les plus riches et les plus belles du monde.
t Le privilége d'acheter des terres incultes ainsi que
les redevances foncières est pour l'Inde un grand et
précieux bienfait. On ne lui en a jamais accordé un plus
considérable. Il n'est pourtant que l'introduction du
tranchant du coin, et la limite de chaque achat à 3,000
acres est le dernier reste de ce vieux sentiment de
jalousie, de cette peur d'un imperium in imperio qui était
le cauchemar de la défunte compagnie des Indes. Sans
doute les individus peuvent se contenter de 3,000 acres
et même de moins ; mais supposez l'organisation d'une
compagnie pour produire le coton ou entreprendre lar-
gement la culture dans l'Inde du Nord avec le pouvoir
de faire des routes, des chemins de fer américains ou
des canaux d'irrigation, et de louer ensuite ces terres
aux petits fermiers, 3,000 acres, en quelque localité que
ce fût, ne seraient pour elle qu'une pauvre tentation.
Je suppose que comme il n'y a pas de restriction dans
la faculté de vendre les terres à ceux qui veulent les
acheter, le seul moyen pour une compagnie serait de
faire ces achats par l'intermédiaire de cinquante ou
cent individus différents et de se les faire transmettre
ensuite.
» En supposant qu'une compagnie de chemins de fer
voulût demander pour elle la concession d'une certaine
quantité de terres incultes de chaque côté de son che-
min, au lieu de la garantie de 5 0/0 qui lui est donnée
par le gouvernement, garantie qu'on a qualifiée de
chimère et d'illusion, ce qui n'est pas loin de la vé-
rité, puisque les lignes ont coûté au moins 25 0/0 en
sus, leur accorderait-on dans ce but des terres vagues ?
S'il en était ainsi, cela vaudrait infiniment mieux
que le système actuel de garantie, système embarras-
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Il y a quelques années un employé de la présidence
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