Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-11-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 novembre 1861 15 novembre 1861
Description : 1861/11/15 (A6,N130). 1861/11/15 (A6,N130).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203283k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 361
commerce et de la civilisation, il est désormais et il
deviendra de plus en plus l'une des conditions spé-
ciales de la prospérité de l'Angleterre.
ERNEST DESPLACES.
L'AVENIR DU COTON INDIEN.
Le Times, comme l'unanimité de ses confrères bri-
tanniques, continue à s'occuper anxieusement de la
question du coton, et le 7 de ce mois il contenait un
nouvel article sur ce sujet si grave et si essentiel
pour son pays. Nous le reproduisons d'abord parce
qu'il renferme sur la culture de cette plante et
les mœurs des cultivateurs indous des détails qui,
dans notre opinion, doivent intéresser nos lecteurs, et
ensuite parce qu'il démontre qu'au total c'est sur les
Indes que la Grande-Bretagne doit compter si elle
veut ou doit se passer du coton américain. Il est bien
entendu que nous ne prenons aucune part aux cri-
tiques un peu amères qu'il adresse à M. Heywood
que nous croyons un homme capable et distingué.
Nous n'entendons pas davantage nous faire juge de
la justesse des reproches qu'il adresse aux manufac-
turiers anglais pour s'être laissé surprendre par les
événements d'Amérique. Mais le Times a-t-il lui-
même le droit de se montrer si sévère et n'imite-t-il
pas un peu la conduite qu'il blâme en autrui? Il veut
faire de l'empire indien le grand pourvoyeur de l'An-
gleterre ; il prévoit que la guerre sera longue aux
États-Unis et qu'il faut prendre un parti vigoureux
pour que l'industrie anglaise puisse s'affranchir de
leur dépendance. Nous l'avons démontré et nous ne
cesserons de le répéter : sans le canal de Suez la con-
currence entre les deux cotons est impossible, et ce-
pendant le Times s'abstient de toucher à cette ques-
tion avec un scrupule que nous ne comprenons plus.
Il y viendra sans doute ; c'est la nécessité des
choses. Qui veut sa fin veut les moyens, et le Times
est trop intelligent pour ne point savoir qu'une abré-
viation de 3,000 lieues entre l'Angleterre et l'Inde
est le moyen de sa fin. Mais quelle impulsion ne
pourrait-il point donner à la rapide et prochaine exé-
cution de ce travail s'il voulait bien dire à l'Angle-
terre ce qu'au fond il doit penser maintenant; si au
lieu d'un silence susceptible d'interprétations diffé-
rentes, il appelait franchement son pays à prêter
son concours moral et politique à une œuvre dont
l'achèvement lui serait si utile ! Si l'indolence dont il
accuse les fabricants de Manchester est blâmable dans
le passé, son manque de prévoyance et de décision à
l'égard du canal de Suez vaut-il mieux dans le pré-
sent et vaudra-t-il mieux dans l'avenir ?
Il nous reste à citer l'article qui nous a inspiré ces
courtes réflexions :
FLECRY.
« L'homme que les livres ou les voyages ont familia-
risé avec les grands traits de la nature sur le globe,
doit trouver étrange que Manchester tremble dans ses
souliers et que Liverpool soit livré à une fièvre d'exci-
tation par suite de la non-arrivée de quelques charge-
ments de coton. Cela peut lui sembler au premier as-
pect comme si les habitants de Douvres poussaient des
cris de désespoir à chaque marée descendante et décla-
raient qu'ils ne verront plus d'eau dans leur port. Il
sait par la production du coton dans le monde, que
tout ce que Liverpool en pourrait acheter et Manchester
en consommer serait à la somme totale comme une
paille prise dans une meule de blé; il sait que partout
où se trouve un soleil chaud, un sol fertile et le désir
de produire du coton, on voit fleurir et mûrir cette
plante dans de vastes plaines et de larges espaces où
le soleil en se levant et en se couchant ne montre guère
que du coton. En Chine il y a près de deux cents
millions d'êtres humains qui sont tous vêtus de coton ;
dans les Indes cent cinquante millions d'individus sont
vêtus de la même façon, quand ils sont vêtus ; sur la
surface du globe avec son milliard d'habitants, il
n'y en pas cent millions dans les vêtements des-
quels le coton n'entre comme matière principale. Las
sols de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique limitent
leurs productions seulement à la demande de leurs cul-
tivateurs ; le produit actuel est incommensurable et la
capacité de production est sans bornes; il n'est donc
pas raisonnable de supposer qu'avec de l'argent à notre
disposition et la volonté d'acheter, nous soyons privés
de la quantité comparativement petite qui nous manque,
tandis que le reste du monde file, tisse et s'habille de
ses calicots ou les échange.
» Mais nous sommes délicats dans nos exigences. De
tout le produit du monde entier il n'y a qu'une seule
sorte particulière de coton qui nous convienne ; nous
voulons avoir exactement cette sorte que nos machines
actuelles travaillent aisément ; nous voulons avoir la
qualité spéciale que nos ouvriers préfèrent. Comme
question de préférence cela est assez raisonnable ; mais
comme exigence obstinée c'est à peine soutenable. Cela
ressemble à cette grande dame difficile qui pleurait et
mourait de faim devant une table bien garnie parce
qu'elle avait l'agréable fantaisie de vouloir qu'on lui
servît un phénix.
» Nous ne pouvons pour le moment obtenir le morceau
spécial que nous désirons; le coton Sea-Island et lon-
gue soie de Géorgie est hors de notre atteinte, absolu-
ment comme la lune : il n'est possible ni de l'acheter,
ni de l'emballer, ni de l'amener à la côte, ni de l'em-
barquer ; nous l'aurons quelque jour à notre prix, mais,
pour l'heure, il faut nous résigner à nous en passer ; la
seule conduite raisonnable est de chercher comment
nous le remplacerons. Peut-être aurions-nous mieux
fait de nous appliquer à résoudre le problème il y a
quelques années et de diriger nos manufactures de
façon à les approvisionner en nous adressant aux divers
pays producteurs de coton dans le monde; mais c'est
ce que nous n'avons pas fait. Des échantillons de coton
de la Jamaïque ont été vainement offerts à Manchester,
dans ces dernières années, à un prix qui aujourd'hui est
double ; il fut refusé par pure indifférence ou mauvaies
volonté de l'essayer quoiqu'il fût égal aux qualités
commerce et de la civilisation, il est désormais et il
deviendra de plus en plus l'une des conditions spé-
ciales de la prospérité de l'Angleterre.
ERNEST DESPLACES.
L'AVENIR DU COTON INDIEN.
Le Times, comme l'unanimité de ses confrères bri-
tanniques, continue à s'occuper anxieusement de la
question du coton, et le 7 de ce mois il contenait un
nouvel article sur ce sujet si grave et si essentiel
pour son pays. Nous le reproduisons d'abord parce
qu'il renferme sur la culture de cette plante et
les mœurs des cultivateurs indous des détails qui,
dans notre opinion, doivent intéresser nos lecteurs, et
ensuite parce qu'il démontre qu'au total c'est sur les
Indes que la Grande-Bretagne doit compter si elle
veut ou doit se passer du coton américain. Il est bien
entendu que nous ne prenons aucune part aux cri-
tiques un peu amères qu'il adresse à M. Heywood
que nous croyons un homme capable et distingué.
Nous n'entendons pas davantage nous faire juge de
la justesse des reproches qu'il adresse aux manufac-
turiers anglais pour s'être laissé surprendre par les
événements d'Amérique. Mais le Times a-t-il lui-
même le droit de se montrer si sévère et n'imite-t-il
pas un peu la conduite qu'il blâme en autrui? Il veut
faire de l'empire indien le grand pourvoyeur de l'An-
gleterre ; il prévoit que la guerre sera longue aux
États-Unis et qu'il faut prendre un parti vigoureux
pour que l'industrie anglaise puisse s'affranchir de
leur dépendance. Nous l'avons démontré et nous ne
cesserons de le répéter : sans le canal de Suez la con-
currence entre les deux cotons est impossible, et ce-
pendant le Times s'abstient de toucher à cette ques-
tion avec un scrupule que nous ne comprenons plus.
Il y viendra sans doute ; c'est la nécessité des
choses. Qui veut sa fin veut les moyens, et le Times
est trop intelligent pour ne point savoir qu'une abré-
viation de 3,000 lieues entre l'Angleterre et l'Inde
est le moyen de sa fin. Mais quelle impulsion ne
pourrait-il point donner à la rapide et prochaine exé-
cution de ce travail s'il voulait bien dire à l'Angle-
terre ce qu'au fond il doit penser maintenant; si au
lieu d'un silence susceptible d'interprétations diffé-
rentes, il appelait franchement son pays à prêter
son concours moral et politique à une œuvre dont
l'achèvement lui serait si utile ! Si l'indolence dont il
accuse les fabricants de Manchester est blâmable dans
le passé, son manque de prévoyance et de décision à
l'égard du canal de Suez vaut-il mieux dans le pré-
sent et vaudra-t-il mieux dans l'avenir ?
Il nous reste à citer l'article qui nous a inspiré ces
courtes réflexions :
FLECRY.
« L'homme que les livres ou les voyages ont familia-
risé avec les grands traits de la nature sur le globe,
doit trouver étrange que Manchester tremble dans ses
souliers et que Liverpool soit livré à une fièvre d'exci-
tation par suite de la non-arrivée de quelques charge-
ments de coton. Cela peut lui sembler au premier as-
pect comme si les habitants de Douvres poussaient des
cris de désespoir à chaque marée descendante et décla-
raient qu'ils ne verront plus d'eau dans leur port. Il
sait par la production du coton dans le monde, que
tout ce que Liverpool en pourrait acheter et Manchester
en consommer serait à la somme totale comme une
paille prise dans une meule de blé; il sait que partout
où se trouve un soleil chaud, un sol fertile et le désir
de produire du coton, on voit fleurir et mûrir cette
plante dans de vastes plaines et de larges espaces où
le soleil en se levant et en se couchant ne montre guère
que du coton. En Chine il y a près de deux cents
millions d'êtres humains qui sont tous vêtus de coton ;
dans les Indes cent cinquante millions d'individus sont
vêtus de la même façon, quand ils sont vêtus ; sur la
surface du globe avec son milliard d'habitants, il
n'y en pas cent millions dans les vêtements des-
quels le coton n'entre comme matière principale. Las
sols de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique limitent
leurs productions seulement à la demande de leurs cul-
tivateurs ; le produit actuel est incommensurable et la
capacité de production est sans bornes; il n'est donc
pas raisonnable de supposer qu'avec de l'argent à notre
disposition et la volonté d'acheter, nous soyons privés
de la quantité comparativement petite qui nous manque,
tandis que le reste du monde file, tisse et s'habille de
ses calicots ou les échange.
» Mais nous sommes délicats dans nos exigences. De
tout le produit du monde entier il n'y a qu'une seule
sorte particulière de coton qui nous convienne ; nous
voulons avoir exactement cette sorte que nos machines
actuelles travaillent aisément ; nous voulons avoir la
qualité spéciale que nos ouvriers préfèrent. Comme
question de préférence cela est assez raisonnable ; mais
comme exigence obstinée c'est à peine soutenable. Cela
ressemble à cette grande dame difficile qui pleurait et
mourait de faim devant une table bien garnie parce
qu'elle avait l'agréable fantaisie de vouloir qu'on lui
servît un phénix.
» Nous ne pouvons pour le moment obtenir le morceau
spécial que nous désirons; le coton Sea-Island et lon-
gue soie de Géorgie est hors de notre atteinte, absolu-
ment comme la lune : il n'est possible ni de l'acheter,
ni de l'emballer, ni de l'amener à la côte, ni de l'em-
barquer ; nous l'aurons quelque jour à notre prix, mais,
pour l'heure, il faut nous résigner à nous en passer ; la
seule conduite raisonnable est de chercher comment
nous le remplacerons. Peut-être aurions-nous mieux
fait de nous appliquer à résoudre le problème il y a
quelques années et de diriger nos manufactures de
façon à les approvisionner en nous adressant aux divers
pays producteurs de coton dans le monde; mais c'est
ce que nous n'avons pas fait. Des échantillons de coton
de la Jamaïque ont été vainement offerts à Manchester,
dans ces dernières années, à un prix qui aujourd'hui est
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