Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-11-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 novembre 1861 01 novembre 1861
Description : 1861/11/01 (A6,N129). 1861/11/01 (A6,N129).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032825
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
Il- JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 345
quelles ils comptaient pour faire vibrer la jalouse fi-
bre anglaise. Toui co bruit, toute cette polémique ont
disparu devant deux motifs qui ont fait taire l'opposi-
tion britannique.
» L'Inde est la base de la puissance anglaise, une
base qui pourrait crouler et entraîner par conséquent la
ruine du disproportionné édifice qu'elle supporte. La
base est étroite et s'appuie sur un terrain mouvant.
Une formidable insurrection a déjà coûté à la métro-
pole anglaise bien du sang et bien des livres ster
ling; au moment d'un danger qui peut encore se re-
produire, l'Angleterre s'estimera heureuse d'avoir à sa
disposition le moyen de faire arriver promptement sur
les lieux menacés des forces nombreuses. Cette consi-
dération a tempéré la répugnance que le canal inspi-
rait à lord Palmerston, qui, au fond, aime son pays.
» Mais la guerre des Etats-Unis a achevé de rallier au
canal de Suez tous les opposants anglais. En ce mo-
ment, le coton est le sujet des craintes et des terreurs
formidables de l'Angleterre ; si faute de coton, les mé-
tiers s'arrêtaient, leur silence serait suivi des éclats
d'une tempête populaire; Manchester, Liverpool, se
pavoiseraient de deuil; il faut donc essayer de conjurer
cet avenir si orageux ; aussi, s'occupe-t-on de faire de
l'Inde britannique la grande productrice de la plante qui
assure la prospérité manufacturière de l'Angleterre ; et
comme le manufacturier anglais calcule, il sait bien
que le coton qui lui viendra par la mer Rouge lui
coûtera moins que s'il lui arrive par le cap de Bonne-
Espérance. Le Roi Coton, King-Coton, a donc converti
tout le monde, en Angleterre, au projet de M. de Les-
seps.
» Si l'Inde, devenue la grande productrice du coton,
n'était pas rapprochée des ports anglais, si elle était
toujours à 6,000 lieues de l'Angleterre, tandis que New-
York n'est qu'à 2,000 lieues de Liverpool, la concur-
rence indienne serait écrasée par l'Amérique sur les
marchés européens ; et quand même cette concurrence
pourrait être moins formidable, resterait toujours la
question du meilleur marché. Or, le coton qui n'a que
2,000 lieues à parcourir coûterait toujours moins que
celui auquel il faudrait faire faire 6,000 lieues pour at-
teindre les marchés anglais. Des associations se sont
formées en Angleterre pour obtenir de l'Inde d'immen-
ses récoltes de coton. A quoi aboutiraient ces efforts,
si la distance entre l'Inde et la Grande-Bretagne était
toujours la même? Ces considérations puissantes ont eu
le résultat qu'on devait espérer du bon sens pratique
de nos voisins; le percement de l'isthme égyptien se lie
maintenant dans les pensées et les désirs de tous en An-
gleterre, à l'exportation du coton de l'Inde et à l'ap-
provisionnement des fabriques anglaises par la pro-
duction de ce pays. Les raisons de jalousie, d'exclusi-
visme commercial, de monopole oriental, de dignité
pour la Porte, d'influence française sur les rives du Nil,
sont mises de côté, maintenant qu'il s'agit d'intérêts
réels et que le coton a pris l'œuvre de M. de Lesseps
sous son puissant patronage.
» L. MÉRY. »
L'AVERSION CONTRE L'ANGLETERRE.
Sous ce titre, le Moniteur industriel publie sur l'état
de l'opinion du continent dans ses rapports avee l'An-
gleterre des considérations que nous croyons devoir
soumettre à nos lecteurs en lui en laissant la paternité
et la responsabilité. Nous les reproduisons surtout pour
que les Anglais éclairés aux mains desquels elles
tomberont, puissent apprécier le danger qu'aurait
pour leur pays une politique trop exclusive, et en
même temps le mal profond que lui a fait dans le
sentiment de l'Europe l'opposition de son gouverne-
ment à l'entreprise si universellement utile du per-
cement de l'isthme de Suez. Il est remarquable en
effet que toutes les fois que vient en discussion
l'égoïsme dont est accusée l'Angleterre, la résistance
de son cabinet à l'œuvre du canal des deux mers est
invoquée comme une des preuves les plus flagrantes
et les plus convaincantes de cet égoïsme. C'est encore
ce que vient de faire le journal que nous allons citer.
il nous semble qu'il serait temps pour l'Angleterre de
prouver qu'elle a été mal jugée en passant du point
où elle est aujourd'hui, c'est à-dire du consentement
tacite, à l'approbation franche et au concours public.
Il est bien entendu que ce concours auquel nous l'invi-
tons est purement moral puisqu'il n'est pas besoin de
son concours financier. Après ces réserves nous lais-
sons parler le Moniteur industriel.
FLECRY.
« VÉconomiste comme on l'a vu dans notre dernier nu-
méro, avoue que l'Angleterre n'est ni aimée, ni crainte
dans le monde. C'est un aveu qui a dû lui coûter et
qui est assez nouveau sous la plume des écrivains an-
glais.
» Nous leur avions, au contraire, entendu dire jus-
qu'ici que la puissance britannique était le rempart de
l'indépendance de l'Europe, la sauvegarde de la liberté
des peuples, et, certes, dans ces prétentions, il n'y avait
rien qui fût de nature à la faire haïr ou mépriser.
» Toute cette vieille thèse est aujourd'hui boulever-
sée par les aveux de l'Economist. Il constate, en effet,
que la politique extérieure de l'Angleterre consiste à
s'enfermer dans son égoïsme insulaire., que les gouver-
nements n'ont rien à en attendre en cas de guerre ou
de révolution, et que les peuples n'ont pas davantage à
en espérer en cas de révolution.
» Est-ce là toutefois la seule cause de la décadence
de l'influence anglaise sur le continent de l'Europe et
en Amérique ? Nous ne le pensons point, et nous croyons
que cette décadence tient à des circonstances plus sub-
stantielles, plus générales et plus profondes.
» Si on jette les yeux sur la constitution de l'empire
britannique, on aperçoit sans peine qu'il est formé
d'une façon toute violente et tout artificielle. Les di-
verses parties en sont dispersées à tous les coins du
quelles ils comptaient pour faire vibrer la jalouse fi-
bre anglaise. Toui co bruit, toute cette polémique ont
disparu devant deux motifs qui ont fait taire l'opposi-
tion britannique.
» L'Inde est la base de la puissance anglaise, une
base qui pourrait crouler et entraîner par conséquent la
ruine du disproportionné édifice qu'elle supporte. La
base est étroite et s'appuie sur un terrain mouvant.
Une formidable insurrection a déjà coûté à la métro-
pole anglaise bien du sang et bien des livres ster
ling; au moment d'un danger qui peut encore se re-
produire, l'Angleterre s'estimera heureuse d'avoir à sa
disposition le moyen de faire arriver promptement sur
les lieux menacés des forces nombreuses. Cette consi-
dération a tempéré la répugnance que le canal inspi-
rait à lord Palmerston, qui, au fond, aime son pays.
» Mais la guerre des Etats-Unis a achevé de rallier au
canal de Suez tous les opposants anglais. En ce mo-
ment, le coton est le sujet des craintes et des terreurs
formidables de l'Angleterre ; si faute de coton, les mé-
tiers s'arrêtaient, leur silence serait suivi des éclats
d'une tempête populaire; Manchester, Liverpool, se
pavoiseraient de deuil; il faut donc essayer de conjurer
cet avenir si orageux ; aussi, s'occupe-t-on de faire de
l'Inde britannique la grande productrice de la plante qui
assure la prospérité manufacturière de l'Angleterre ; et
comme le manufacturier anglais calcule, il sait bien
que le coton qui lui viendra par la mer Rouge lui
coûtera moins que s'il lui arrive par le cap de Bonne-
Espérance. Le Roi Coton, King-Coton, a donc converti
tout le monde, en Angleterre, au projet de M. de Les-
seps.
» Si l'Inde, devenue la grande productrice du coton,
n'était pas rapprochée des ports anglais, si elle était
toujours à 6,000 lieues de l'Angleterre, tandis que New-
York n'est qu'à 2,000 lieues de Liverpool, la concur-
rence indienne serait écrasée par l'Amérique sur les
marchés européens ; et quand même cette concurrence
pourrait être moins formidable, resterait toujours la
question du meilleur marché. Or, le coton qui n'a que
2,000 lieues à parcourir coûterait toujours moins que
celui auquel il faudrait faire faire 6,000 lieues pour at-
teindre les marchés anglais. Des associations se sont
formées en Angleterre pour obtenir de l'Inde d'immen-
ses récoltes de coton. A quoi aboutiraient ces efforts,
si la distance entre l'Inde et la Grande-Bretagne était
toujours la même? Ces considérations puissantes ont eu
le résultat qu'on devait espérer du bon sens pratique
de nos voisins; le percement de l'isthme égyptien se lie
maintenant dans les pensées et les désirs de tous en An-
gleterre, à l'exportation du coton de l'Inde et à l'ap-
provisionnement des fabriques anglaises par la pro-
duction de ce pays. Les raisons de jalousie, d'exclusi-
visme commercial, de monopole oriental, de dignité
pour la Porte, d'influence française sur les rives du Nil,
sont mises de côté, maintenant qu'il s'agit d'intérêts
réels et que le coton a pris l'œuvre de M. de Lesseps
sous son puissant patronage.
» L. MÉRY. »
L'AVERSION CONTRE L'ANGLETERRE.
Sous ce titre, le Moniteur industriel publie sur l'état
de l'opinion du continent dans ses rapports avee l'An-
gleterre des considérations que nous croyons devoir
soumettre à nos lecteurs en lui en laissant la paternité
et la responsabilité. Nous les reproduisons surtout pour
que les Anglais éclairés aux mains desquels elles
tomberont, puissent apprécier le danger qu'aurait
pour leur pays une politique trop exclusive, et en
même temps le mal profond que lui a fait dans le
sentiment de l'Europe l'opposition de son gouverne-
ment à l'entreprise si universellement utile du per-
cement de l'isthme de Suez. Il est remarquable en
effet que toutes les fois que vient en discussion
l'égoïsme dont est accusée l'Angleterre, la résistance
de son cabinet à l'œuvre du canal des deux mers est
invoquée comme une des preuves les plus flagrantes
et les plus convaincantes de cet égoïsme. C'est encore
ce que vient de faire le journal que nous allons citer.
il nous semble qu'il serait temps pour l'Angleterre de
prouver qu'elle a été mal jugée en passant du point
où elle est aujourd'hui, c'est à-dire du consentement
tacite, à l'approbation franche et au concours public.
Il est bien entendu que ce concours auquel nous l'invi-
tons est purement moral puisqu'il n'est pas besoin de
son concours financier. Après ces réserves nous lais-
sons parler le Moniteur industriel.
FLECRY.
« VÉconomiste comme on l'a vu dans notre dernier nu-
méro, avoue que l'Angleterre n'est ni aimée, ni crainte
dans le monde. C'est un aveu qui a dû lui coûter et
qui est assez nouveau sous la plume des écrivains an-
glais.
» Nous leur avions, au contraire, entendu dire jus-
qu'ici que la puissance britannique était le rempart de
l'indépendance de l'Europe, la sauvegarde de la liberté
des peuples, et, certes, dans ces prétentions, il n'y avait
rien qui fût de nature à la faire haïr ou mépriser.
» Toute cette vieille thèse est aujourd'hui boulever-
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que la politique extérieure de l'Angleterre consiste à
s'enfermer dans son égoïsme insulaire., que les gouver-
nements n'ont rien à en attendre en cas de guerre ou
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» Est-ce là toutefois la seule cause de la décadence
de l'influence anglaise sur le continent de l'Europe et
en Amérique ? Nous ne le pensons point, et nous croyons
que cette décadence tient à des circonstances plus sub-
stantielles, plus générales et plus profondes.
» Si on jette les yeux sur la constitution de l'empire
britannique, on aperçoit sans peine qu'il est formé
d'une façon toute violente et tout artificielle. Les di-
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