Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-10-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 octobre 1861 15 octobre 1861
Description : 1861/10/15 (A6,N128). 1861/10/15 (A6,N128).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203281r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. c329
ses agents, qui devraient être des hommes d'une haute
intégrité, découvrirait promptement tous les vices aux-
quels j'ai fait allusion et d'autres encore, et si ces agents
étaient convenablement secondés par une direction effi-
cace, ils amèneraient en peu d'années une grande et
bienfaisante révolution dans l'agriculture et le trafic en
coton de l'Égypte.
» Personne ne peut traverser les vastes régions cul-
tivées de l'Égypte sans être frappé de la fertilité et des
exubérantes facultés productives du sol. On peut dire
que l'Égypte n'est qu'une seul ferme et qu'on pourrait
facilement en faire un vaste jardin, en rendant en même
temps son peuple riche et son trésor inépuisable.
» Avant de terminer cette esquisse imparfaite d'une
tournée des plus intéressantes, je me permets d'assurer
à Votre Altesse que le docteur Forbes qui m'accompa-
gnait, et moi-même, ressentons vivement l'obligation
que nous vous avons pour nous avoir accordé tant de
facilités dans l'accomplissement de notre voyage, non-
o seulement par le chemin de fer, mais encore en plaçant
à notre disposition un des bateaux à vapeur de Votre
Altes-e sur le Nil.
» Je dois aussi déclarer que Soliman-Effendi, chargé
par Votre Altesse de nous accompagner dans notre
tournée, nous a prêté toute l'assistance possible dans
la poursuite de notre mission et qu'il n'a rien épargné
pour nous faire jouir de l'hospitalité de Votre Altesse.
» J'ai aussi à vous exprimer les plus vifs remerciments
de la Cotton supply Association aussi bien que ceux de
l'industrie cotonnière du Royaume-Uni, pour l'atten-
tion que vous avez accordée au sujet de leur mémoire,
ainsi que pour la bonté personnelle que vous avez
montrée au docteur Forbes et à moi.
« J'ai l'honneur d'être de Votre Altesse le très-obéis-
sant serviteur,
» G.-R. HAYWOOD. »
LETTRES SUR LE HEDJAZ.
(v* LETTBE.)
(Suite. — Voir les n" des 15 mars, 15 avril, 15 juillet
et l'f octobre.)
« Nous préférons, me disait mon Nedjedi, la jument au
cheval, parce que la première a sur le second le double
et triple avantage de nous fournir une source de ri-
chesse par ses produits, et d'être plus intelligente et
plus alerte à la guerre. — Nos juments, quand elles se
vendent, et nous les vendons bien rarement, atteignent
fréquemment les prix de2 à 3,000 thalaris (1). Le grand
chérif Ibn-Aoun en acheta une vers la fin de son gouver-
nement, à un Arabe de la tribu de Kahthan, moyen-
nant la somme de 3,100 thalaris; mais, je le répète,
l'Arabe se décide difficilement à vendre une bonne ju.
ment réputée pour sa race et la rapidité de sa course.
Il serait perdu de réputation parmi ses contributes si
pour un peu d'or il avait le triste courage d'échanger
(1) 12 à 18,000 francs,
un pareil trésor. Voici une anecdote qui vient à l'appui
de ce que j'avance : lorsque les Egyptiens firent la
conquête du Hedjaz, Ibrahim-Pacha, parvenu à Derrec-
jéh, capitale des Wahabis dans le Nedjed, voulut acheter
d'un Arabe une jument blanche d'une haute réputation,
de vieille et noble souche ; son propriétaire ne voulut
point y consentir, quelque magnifiques que furent les
offres qu'il lui fit. Le désir de posséder cette belle bête
fut aussi ardent d'une part que la résistance à la céder
fut opiniâtre de l'autre. A la fin, ce que ne put faire la
persuasion, l'abus de la force l'obtint; le pacha s'em-
para de la jument contre la volonté de son propriétaire,
malgré ses oppositions, ses refus, ses prières mêmes, et
il lui fit compter 7,000 thalaris, dernière somme offerte
par lui. L'Arabe se tut. A quelque temps de là le pacha
leva son camp et se disposa à rentrer dans le Hedjaz. La
nuit même, l'Arabe quitte secrètement sa tente, pénètre
dans le campement du pacha, parvient, sans en être em-
pêché, jusqu'à la tente près de laquelle était attachée sa
belle jument qui, de son côté, l'ayant flairédeloin, hennit
de joie en se sentant si près de lui. L'Arabe s'arrête,
écoute si le hennissement de la noble bête n'a donné
l'éveil à personne ; puis rassuré par la continuation du
silence qui se fait autour de lui, il avance encore tout
tremblant d'émotion, s'approche de la jument, la caresse
doucement de la main, l'embrasse tendrement sur les
yeux, la considère un instant avec une poignante dou-
leur au cœur; puis enfin, éperdu par le désespoir, il tire
précipitammentlson poignard caché sous son âbaya et,
d'une main sûre, il le plonge tout entier dans la poitrine
de sa chère Nedjema. Tout son corps frémit; ses yeux
ruisselants de larmes fixent leurs regards sur ceux de
la noble bête, qui s'affaisse sur elle-même et.. rend sans
bruit le dernier soupir. Le sublime sacrifice était ac-
compli. L'Arabe, qui sent que sa raison va lui échapper,
s'élance comme un fou, prend sa course, regagne sa
tente sans être vu, place en croupe sur son dromadaire
sa femme et son fils, et s'enfonce dans le désert, fuyant
la vengeance du pacha. Le lendemain, au jour, un mes-
sager se présente devant Ibrahim, lui remet un papier
plié, et dépose à ses pieds une lourde sacoche tissée en
poil de chameau ; le papier contenait ces mots : « J'ai
repris mon bien dont l'abus de la force a seul pu te
rendre maître, et je te rends ce que je n'ai pu accepter
et ce que je ne puis garder, — le prix de ta lâcheté. »
— La sacoche contenait les 7,000 thalaris. 4
» Chez nous, poursuit le Nedjedi, nous donnons tou-
jours à boire à nos chevaux, et au moins une fois par
jour, du lait trait de nos meilleures chamelles. Leur
nourriture habituelle c'est la datte ; rarement nous leur
donnons de l'orge. Le bercim (trèfle), frais ou sec, ,com-
plète l'alimentation. — Nous ne les ferrons presque ja-
mais, et quand nous le faisons ce n'est guère que des
deux pieds de devant. — Le cheval fait partie de notre
famille ; c'est l'hôte le mieux soigné de la tente ; tout
le monde s'en occupe à l'envi et rivalise de soin
pour lui, le maître, la femme, les enfants, l'esclave. —
Si l'Arabe part pour une expédition lointaine monté
sur sa vaillante jument, c'est à elle et non à lui que
s'adressent les vœux et les souhaits de la famille ; si
après le combat elle revient seule au campement de la
ses agents, qui devraient être des hommes d'une haute
intégrité, découvrirait promptement tous les vices aux-
quels j'ai fait allusion et d'autres encore, et si ces agents
étaient convenablement secondés par une direction effi-
cace, ils amèneraient en peu d'années une grande et
bienfaisante révolution dans l'agriculture et le trafic en
coton de l'Égypte.
» Personne ne peut traverser les vastes régions cul-
tivées de l'Égypte sans être frappé de la fertilité et des
exubérantes facultés productives du sol. On peut dire
que l'Égypte n'est qu'une seul ferme et qu'on pourrait
facilement en faire un vaste jardin, en rendant en même
temps son peuple riche et son trésor inépuisable.
» Avant de terminer cette esquisse imparfaite d'une
tournée des plus intéressantes, je me permets d'assurer
à Votre Altesse que le docteur Forbes qui m'accompa-
gnait, et moi-même, ressentons vivement l'obligation
que nous vous avons pour nous avoir accordé tant de
facilités dans l'accomplissement de notre voyage, non-
o seulement par le chemin de fer, mais encore en plaçant
à notre disposition un des bateaux à vapeur de Votre
Altes-e sur le Nil.
» Je dois aussi déclarer que Soliman-Effendi, chargé
par Votre Altesse de nous accompagner dans notre
tournée, nous a prêté toute l'assistance possible dans
la poursuite de notre mission et qu'il n'a rien épargné
pour nous faire jouir de l'hospitalité de Votre Altesse.
» J'ai aussi à vous exprimer les plus vifs remerciments
de la Cotton supply Association aussi bien que ceux de
l'industrie cotonnière du Royaume-Uni, pour l'atten-
tion que vous avez accordée au sujet de leur mémoire,
ainsi que pour la bonté personnelle que vous avez
montrée au docteur Forbes et à moi.
« J'ai l'honneur d'être de Votre Altesse le très-obéis-
sant serviteur,
» G.-R. HAYWOOD. »
LETTRES SUR LE HEDJAZ.
(v* LETTBE.)
(Suite. — Voir les n" des 15 mars, 15 avril, 15 juillet
et l'f octobre.)
« Nous préférons, me disait mon Nedjedi, la jument au
cheval, parce que la première a sur le second le double
et triple avantage de nous fournir une source de ri-
chesse par ses produits, et d'être plus intelligente et
plus alerte à la guerre. — Nos juments, quand elles se
vendent, et nous les vendons bien rarement, atteignent
fréquemment les prix de2 à 3,000 thalaris (1). Le grand
chérif Ibn-Aoun en acheta une vers la fin de son gouver-
nement, à un Arabe de la tribu de Kahthan, moyen-
nant la somme de 3,100 thalaris; mais, je le répète,
l'Arabe se décide difficilement à vendre une bonne ju.
ment réputée pour sa race et la rapidité de sa course.
Il serait perdu de réputation parmi ses contributes si
pour un peu d'or il avait le triste courage d'échanger
(1) 12 à 18,000 francs,
un pareil trésor. Voici une anecdote qui vient à l'appui
de ce que j'avance : lorsque les Egyptiens firent la
conquête du Hedjaz, Ibrahim-Pacha, parvenu à Derrec-
jéh, capitale des Wahabis dans le Nedjed, voulut acheter
d'un Arabe une jument blanche d'une haute réputation,
de vieille et noble souche ; son propriétaire ne voulut
point y consentir, quelque magnifiques que furent les
offres qu'il lui fit. Le désir de posséder cette belle bête
fut aussi ardent d'une part que la résistance à la céder
fut opiniâtre de l'autre. A la fin, ce que ne put faire la
persuasion, l'abus de la force l'obtint; le pacha s'em-
para de la jument contre la volonté de son propriétaire,
malgré ses oppositions, ses refus, ses prières mêmes, et
il lui fit compter 7,000 thalaris, dernière somme offerte
par lui. L'Arabe se tut. A quelque temps de là le pacha
leva son camp et se disposa à rentrer dans le Hedjaz. La
nuit même, l'Arabe quitte secrètement sa tente, pénètre
dans le campement du pacha, parvient, sans en être em-
pêché, jusqu'à la tente près de laquelle était attachée sa
belle jument qui, de son côté, l'ayant flairédeloin, hennit
de joie en se sentant si près de lui. L'Arabe s'arrête,
écoute si le hennissement de la noble bête n'a donné
l'éveil à personne ; puis rassuré par la continuation du
silence qui se fait autour de lui, il avance encore tout
tremblant d'émotion, s'approche de la jument, la caresse
doucement de la main, l'embrasse tendrement sur les
yeux, la considère un instant avec une poignante dou-
leur au cœur; puis enfin, éperdu par le désespoir, il tire
précipitammentlson poignard caché sous son âbaya et,
d'une main sûre, il le plonge tout entier dans la poitrine
de sa chère Nedjema. Tout son corps frémit; ses yeux
ruisselants de larmes fixent leurs regards sur ceux de
la noble bête, qui s'affaisse sur elle-même et.. rend sans
bruit le dernier soupir. Le sublime sacrifice était ac-
compli. L'Arabe, qui sent que sa raison va lui échapper,
s'élance comme un fou, prend sa course, regagne sa
tente sans être vu, place en croupe sur son dromadaire
sa femme et son fils, et s'enfonce dans le désert, fuyant
la vengeance du pacha. Le lendemain, au jour, un mes-
sager se présente devant Ibrahim, lui remet un papier
plié, et dépose à ses pieds une lourde sacoche tissée en
poil de chameau ; le papier contenait ces mots : « J'ai
repris mon bien dont l'abus de la force a seul pu te
rendre maître, et je te rends ce que je n'ai pu accepter
et ce que je ne puis garder, — le prix de ta lâcheté. »
— La sacoche contenait les 7,000 thalaris. 4
» Chez nous, poursuit le Nedjedi, nous donnons tou-
jours à boire à nos chevaux, et au moins une fois par
jour, du lait trait de nos meilleures chamelles. Leur
nourriture habituelle c'est la datte ; rarement nous leur
donnons de l'orge. Le bercim (trèfle), frais ou sec, ,com-
plète l'alimentation. — Nous ne les ferrons presque ja-
mais, et quand nous le faisons ce n'est guère que des
deux pieds de devant. — Le cheval fait partie de notre
famille ; c'est l'hôte le mieux soigné de la tente ; tout
le monde s'en occupe à l'envi et rivalise de soin
pour lui, le maître, la femme, les enfants, l'esclave. —
Si l'Arabe part pour une expédition lointaine monté
sur sa vaillante jument, c'est à elle et non à lui que
s'adressent les vœux et les souhaits de la famille ; si
après le combat elle revient seule au campement de la
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