Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-11-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 novembre 1861 15 novembre 1861
Description : 1861/11/15 (A6,N130). 1861/11/15 (A6,N130).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203283k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 355
RAPPORT DE Y. COUTURE.
Nous nous félicitons de pouvoir communiquer à
nos lecteurs le rapport da M. Couture, négociant ho-
norable de Bordeaux, l'un des secrétaires du congrès
scientifique, travail que nous leur avons déjà signalé et
auquel le procès-verbal ci-dessus décerne un éloge
bien mérité. Nous n'avons pas besoin de rappeler que
c'est à la suite de ce rapport qu'a été voté à l'una-
nimité le vœu si expressif et si sympathique du con-
grès en faveur du percement de l'isthme de. Suez.
Voici le texte de ce document :
ERNEST DESPLACES.
Rechercher quelle influence devra exercer sur la cl-
vilisation le percement de l'isthme de Suez, et quels
avantages en devront rpnulter pour le commerce
français en général et particulièrement pour la
place de Bordeaux.
Telle est, Messieurs, la question qui se place sous
le n° 53 de votre programme. La résoudre, c'est cons-
tater une fois de plus, après des voix éloquentes et
des autorités non moins compétentes, des résultats
immenses et des avantages considérables sous le tri-
ple rapport moral, intellectuel et matériel. Il est
permis, en effet, de placer le percement de l'isthme
de Suez au rang des œuvres les plus importantes
dont un siècle puisse se glorifier.
,. Il faut reconnaître toutefois que la pensée d'établir
une communication entre la Méditerranée et la mer
Rouge est une idée d'une autre époque. C'est un fait
acquis à l'histoire qu'autrefois il a existé un canal
qui réunissait par le Nil la mer Rouge à la Médi-
terranée. La construction de ce canal remonte, selon
toute probabilité, au règne du roi d'Egypte Nécos,
c'est à-dire plus de six siècles avant J.-C. Les Pto-
lémées, et après eux les Romains entretinrent et
améliorèrent ce canal dont la décadence paraît être
contemporaine de celle de la domination des Romains.
Plus tard, bien que toute navigation y eut cessé vers
le Ixe siècle de notre ère, le sol n'en avait point perdu
entièrement les vestiges, et à l'époque de l'expédi-
tion du général Bonaparte en Egypte, les savants
qui marchaient à la suite du grand homme ont pu
les signaler non loin de Suez, circonstance qui mo-
tiva, dit-on, un ordre du jour de la part de ce der-
nier pour rétablir la communication entre 1 s deux
mers.
Que conclure de ces faits et observations, sinon
qu'alors et à travers le voile obscur des âges de
grands génies avaient entrevu quelques-uns des avan-
tages importants que nous essayons de signaler. Ce
que Bonaparte ne fit point, il appartenait à notre
époque de l'entreprendre sérieusement et de le mener
à fin. Pour apprécier cette entreprise colossale, énu-
mérons-en les résultats heureux. r
Et d'abord, l'isthme de Suez ouvert, Messieurs,
c'est le christianisme rentrant en Asie et jusqu'à un
certain point en Afrique, bannière déployée; le chris-
tianisme c'est l'Évangile, et l'Évangile c'est le der-
nier mot de la civilisation, et la civilisation, enfin,
c'est le développement et le rayonnement de tous les
grands principes moraux que consacrent à la fois la
religion, l'humanité, la liberté et le progrès.
Et si notre civilisation européenne est portée sur
les ailes du commerce, si elle se repose et s'implante
partout où aborderont nos vaisseaux marchands, on
peut, sans être prophète, lui augurer de magnifiques
destinées.
Comme une marée montante, la civilisation ga-
gnera de proche en proche, si bien qu'elle pénètrera
insensiblement dans l'Orient, rivages lointains con-
damnés ce semble à une éternelle immobilité, et
qui renaîtront à une vie nouvelle.
Cela compris, il est aisé de voir, en se plaçant au
point de vue élevé de la morale universelle, quelle
somme d'améliorations doit résulter d'une entreprise
telle que celle du percement de l'isthme de Suez. Et
si cela pouvait rentrer dans mon sujet, j'ajouterais :
en étendant les bienfaits de la nouvelle voie maritime
au delà des limites étroites de notre pays, ce n'est
plus désormais la France seulement, mais c'est l'Eu-
rope entière qui voyage, qui circule, qui commerce,
qui propage ses doctrines, sa portion de lumière e
qui, eu un mot, apporte sa pierre au grand monument
de la civilisation.
Malgré le caractère d'utilité générale du canal de
Suez, canal qui profitera au monde entier, il est évi-
dent pourtant que ses avantages seront,edans une
certaine mesure, proportionnés aux positions topo-
graphiques de divers pays, et partant rejailliront
tout naturellement sur les peuples qui sont assis sur
les bords de la Méditerranée, et notamment sur la
France dont le drapeau se déploie d'un côté, depuis
Port-Vendres jusqu'à Nice, et de l'autre, sur les pla-
ges de l'Algérie.
Quel pays sera donc plus favorisé que le nôtre ? Et
c'est sans doute dans cette situation exceptionnelle-
ment favorable qu'il faut chercher le secret des
sourdes menées ourdies contre l'entreprise du canal
maritime de Suez par ceux que nous trouvons tou-
jours sur le chemin de la France, prêts à entraver
ou à faire avorter ses desseins les plus nobles, ses
projets 1 s plus justes.
Rappellerai-je, en effet, ici les ressources impor-
tantes que nos fabriques et notre industrie trouve-
ront dans les contrées voisines-de la mer Rouge, de
l'Arabie et sur les côtes occidentales d'Afrique Dirai-je
encore l'influence de la nouvelle voie maritime sur la
destinée de tant de pays abandonnés par la grande
navigation, pays qui bientôt seront mis en communi-
RAPPORT DE Y. COUTURE.
Nous nous félicitons de pouvoir communiquer à
nos lecteurs le rapport da M. Couture, négociant ho-
norable de Bordeaux, l'un des secrétaires du congrès
scientifique, travail que nous leur avons déjà signalé et
auquel le procès-verbal ci-dessus décerne un éloge
bien mérité. Nous n'avons pas besoin de rappeler que
c'est à la suite de ce rapport qu'a été voté à l'una-
nimité le vœu si expressif et si sympathique du con-
grès en faveur du percement de l'isthme de. Suez.
Voici le texte de ce document :
ERNEST DESPLACES.
Rechercher quelle influence devra exercer sur la cl-
vilisation le percement de l'isthme de Suez, et quels
avantages en devront rpnulter pour le commerce
français en général et particulièrement pour la
place de Bordeaux.
Telle est, Messieurs, la question qui se place sous
le n° 53 de votre programme. La résoudre, c'est cons-
tater une fois de plus, après des voix éloquentes et
des autorités non moins compétentes, des résultats
immenses et des avantages considérables sous le tri-
ple rapport moral, intellectuel et matériel. Il est
permis, en effet, de placer le percement de l'isthme
de Suez au rang des œuvres les plus importantes
dont un siècle puisse se glorifier.
,. Il faut reconnaître toutefois que la pensée d'établir
une communication entre la Méditerranée et la mer
Rouge est une idée d'une autre époque. C'est un fait
acquis à l'histoire qu'autrefois il a existé un canal
qui réunissait par le Nil la mer Rouge à la Médi-
terranée. La construction de ce canal remonte, selon
toute probabilité, au règne du roi d'Egypte Nécos,
c'est à-dire plus de six siècles avant J.-C. Les Pto-
lémées, et après eux les Romains entretinrent et
améliorèrent ce canal dont la décadence paraît être
contemporaine de celle de la domination des Romains.
Plus tard, bien que toute navigation y eut cessé vers
le Ixe siècle de notre ère, le sol n'en avait point perdu
entièrement les vestiges, et à l'époque de l'expédi-
tion du général Bonaparte en Egypte, les savants
qui marchaient à la suite du grand homme ont pu
les signaler non loin de Suez, circonstance qui mo-
tiva, dit-on, un ordre du jour de la part de ce der-
nier pour rétablir la communication entre 1 s deux
mers.
Que conclure de ces faits et observations, sinon
qu'alors et à travers le voile obscur des âges de
grands génies avaient entrevu quelques-uns des avan-
tages importants que nous essayons de signaler. Ce
que Bonaparte ne fit point, il appartenait à notre
époque de l'entreprendre sérieusement et de le mener
à fin. Pour apprécier cette entreprise colossale, énu-
mérons-en les résultats heureux. r
Et d'abord, l'isthme de Suez ouvert, Messieurs,
c'est le christianisme rentrant en Asie et jusqu'à un
certain point en Afrique, bannière déployée; le chris-
tianisme c'est l'Évangile, et l'Évangile c'est le der-
nier mot de la civilisation, et la civilisation, enfin,
c'est le développement et le rayonnement de tous les
grands principes moraux que consacrent à la fois la
religion, l'humanité, la liberté et le progrès.
Et si notre civilisation européenne est portée sur
les ailes du commerce, si elle se repose et s'implante
partout où aborderont nos vaisseaux marchands, on
peut, sans être prophète, lui augurer de magnifiques
destinées.
Comme une marée montante, la civilisation ga-
gnera de proche en proche, si bien qu'elle pénètrera
insensiblement dans l'Orient, rivages lointains con-
damnés ce semble à une éternelle immobilité, et
qui renaîtront à une vie nouvelle.
Cela compris, il est aisé de voir, en se plaçant au
point de vue élevé de la morale universelle, quelle
somme d'améliorations doit résulter d'une entreprise
telle que celle du percement de l'isthme de Suez. Et
si cela pouvait rentrer dans mon sujet, j'ajouterais :
en étendant les bienfaits de la nouvelle voie maritime
au delà des limites étroites de notre pays, ce n'est
plus désormais la France seulement, mais c'est l'Eu-
rope entière qui voyage, qui circule, qui commerce,
qui propage ses doctrines, sa portion de lumière e
qui, eu un mot, apporte sa pierre au grand monument
de la civilisation.
Malgré le caractère d'utilité générale du canal de
Suez, canal qui profitera au monde entier, il est évi-
dent pourtant que ses avantages seront,edans une
certaine mesure, proportionnés aux positions topo-
graphiques de divers pays, et partant rejailliront
tout naturellement sur les peuples qui sont assis sur
les bords de la Méditerranée, et notamment sur la
France dont le drapeau se déploie d'un côté, depuis
Port-Vendres jusqu'à Nice, et de l'autre, sur les pla-
ges de l'Algérie.
Quel pays sera donc plus favorisé que le nôtre ? Et
c'est sans doute dans cette situation exceptionnelle-
ment favorable qu'il faut chercher le secret des
sourdes menées ourdies contre l'entreprise du canal
maritime de Suez par ceux que nous trouvons tou-
jours sur le chemin de la France, prêts à entraver
ou à faire avorter ses desseins les plus nobles, ses
projets 1 s plus justes.
Rappellerai-je, en effet, ici les ressources impor-
tantes que nos fabriques et notre industrie trouve-
ront dans les contrées voisines-de la mer Rouge, de
l'Arabie et sur les côtes occidentales d'Afrique Dirai-je
encore l'influence de la nouvelle voie maritime sur la
destinée de tant de pays abandonnés par la grande
navigation, pays qui bientôt seront mis en communi-
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