Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-11-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 novembre 1861 01 novembre 1861
Description : 1861/11/01 (A6,N129). 1861/11/01 (A6,N129).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032825
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
338 L'ISTHME DE SUEZ,
traver les communications et de ralentir un instant
l'affluence des travailleurs.
Malheureusement l'inondation a eu des conséquen-
ces plus graves dans la basse Egypte ; elle a noyé
des moissons ; elle a submergé des villages ; elle a
enfin entraîné à sa suite les calamités inséparables
des sinistres de cette espèce.
Toutefois, il ne faudrait pas se livrer aux exagé-
rations. Ce n'est point à beaucoup près la première
fois que l'Egypte se trouve soumise à cette épreuve.
Le Nil, qui est sa richesse, a aussi ses jours malheu-
reux. Quelquefois son niveau est loin d'atteindre
toutes les terres cultivées, et alors les récoltes souf-
frent dans la mesure de l'insuffisance de l'inondation ;
quelquefois, gonflé par les pluies équatoriales, le
fleuve monte, franchit ses bornes et cause d'inévita-
bles dommages; c'est ce qui arrive en ce moment.
Mais il ne faut en accuser ni le gouvernement ni les
hommes ; c'est un de ces mouvements de la nature
contre lesquels toute la prévoyance humaine est im-
puissante ; toutefois l'Egypte se relève toujours plus
féconde et plus productive de ces sortes de catastro-
phes, et le Nil lui-même jusque dans ses excès a
encore ses dédommagements. C'est ainsi que par
l'exubérance de ses eaux, il aura cette année porté
la fertilité sur des terres arides qui ajouteront l'an-
née prochaine aux richesses de la moisson.
Les renseignements qui nous parviennent ne sont
encore ni assez sûrs ni assez détaillés pour que nous
puissions dire quelle est l'étendue des pertes et la
gravité des malheurs éprouvés ; mais nous en savons
assez déjà pour croire que les premiers rapports ont
grandement participé des premières impressions de
consternation ou d'effroi. Le Nil, d'après nos dernières
nouvelles, baissait avec une grande rapidité, et dès à
présent on a le droit de croire que, sauf les faits ac-
complis, le mal est arrivé à son terme.
Parmi les incidents les plus regrettables de l'inon-
dation, nous avons à mentionner les ravages exercés
sur le chemin de fer d'Alexandrie à Suez et sur
l'embranchement de Benah à Zagazig ; sur ces deux
lignes, une grande partie des terrassements ont été
enlevés; les communications sont interrompues en-
tre Suez et Alexandrie ; on craint que malgré toute
l'activité possible, les réparations n'exigent un in-
tervalle de plus d'un mois. Le vice-roi a ordonné
ces réparations, et à l'heure qu'il est les travailleurs
doivent être à l'œuvre. L'Angleterre s'inforruera-t-
elle si ces ouvriers qui vont rétablir ses communica-
tions avec l'Inde appartiennent au travail libre ou
au travail forcé, et montrera-t-elle dans cette cir-
constance les scrupules qu'elle a déployés à propos
du canal de Suez avec si peu de fondement, comme
le prouve une nouvelle déclaration que nous publions
plus loin?
Faisons remarquer que ce n'est point la première
fois que l'Angleterre se voit intercepter par des con-
jonctures semblables, sa route la plus directe avec
ses possessions indiennes. Il semble que les éléments
eux-mêmes conspirent à lui démontrer l'urgence et
la nécessité de s'ouvrir enfin une route maritime à
travers l'Egypte qui puisse à jamais la préserver de
ces contre-temps et puisse porter sans rompre charge
ses vaisseaux de Calcutta et de Bombay à South-
ampton et à Liverpool.
Tout nous autorise à penser au surplus que l'op-
position anglaise a aujourd'hui entièrement dés-
armé.
Pour conclure sur ces tristes détails, nous répétons
que l'isthme et ses travaux sont restés complétement
en dehors des ravages du débordement. Les terres de
l'Ouadée présentent même toutes les apparences d'une
magnifique récolte, et nous ajoutons que dans ces cir-
constances pénibles, les salaires offerts aux travail-
leurs dans l'exécution du canal seront un bienfait et
une ressource bien opportune pour les populations
laborieuses victimes du fléau.
Cependant la popularité des travaux de l'isthme et
de l'œuvre elle-même grandit tous les jours dans
l'opinion musulmane. Nous avons publié en son temps
la lettre par laquelle le shérif de la Mecque, le chef spi-
rituel de l'islamisme, après le sultan, a témoigné toutes
ses sympathies à l'entreprise de la réunion des deux
mers. Nous avons à signaler aujourd'hui un autre
témoignage du même genre. La mosquée d'Omar à
Jérusalem est, après la Mecque et Médine, le sanc-
tuaire le plus vénéré par la foi musulmane. Le saint
pèlerinage lui-même n'est pas complet s'il n'a été
suivi d'une visite faite à la mosquée d'Omar. Or,
l'iman de ce temple, Osman-Mohammed-Effendi vient
d'adresser spontanément aux populations syriennes
une proclamation dans laquelle, en exprimant toute
son admiration et toute l'ardeur de ses vœux pour
l'entreprise de M. Ferdinand de Lesseps, il les presse
avec chaleur de porter à l'œuvre leur concours et l'as-
sistance de leurs bras. Dégageant la pensée de ce
manifeste des formules orientales qui l'enveloppent,
nous nous contenterons d'en extraire la substance
dans les phrases suivantes :
« 0 gens! venez, et allons trouver Lesseps, aidons
» le dans son projet de canalisation ; prenons la pio-
» che et soyons à ses ordres.
» Écoutez, mes frères, les paroles de ses envoyés,
» car elles sont justes et pleines de sagesse.
» N'écoutez point les parole des envieux et des mé-
» chants qui peuvent vous détourner de vos inspira-
» tions.
» Suivez Lesseps et méprisez les ennemis de sa
» noble entreprise.
traver les communications et de ralentir un instant
l'affluence des travailleurs.
Malheureusement l'inondation a eu des conséquen-
ces plus graves dans la basse Egypte ; elle a noyé
des moissons ; elle a submergé des villages ; elle a
enfin entraîné à sa suite les calamités inséparables
des sinistres de cette espèce.
Toutefois, il ne faudrait pas se livrer aux exagé-
rations. Ce n'est point à beaucoup près la première
fois que l'Egypte se trouve soumise à cette épreuve.
Le Nil, qui est sa richesse, a aussi ses jours malheu-
reux. Quelquefois son niveau est loin d'atteindre
toutes les terres cultivées, et alors les récoltes souf-
frent dans la mesure de l'insuffisance de l'inondation ;
quelquefois, gonflé par les pluies équatoriales, le
fleuve monte, franchit ses bornes et cause d'inévita-
bles dommages; c'est ce qui arrive en ce moment.
Mais il ne faut en accuser ni le gouvernement ni les
hommes ; c'est un de ces mouvements de la nature
contre lesquels toute la prévoyance humaine est im-
puissante ; toutefois l'Egypte se relève toujours plus
féconde et plus productive de ces sortes de catastro-
phes, et le Nil lui-même jusque dans ses excès a
encore ses dédommagements. C'est ainsi que par
l'exubérance de ses eaux, il aura cette année porté
la fertilité sur des terres arides qui ajouteront l'an-
née prochaine aux richesses de la moisson.
Les renseignements qui nous parviennent ne sont
encore ni assez sûrs ni assez détaillés pour que nous
puissions dire quelle est l'étendue des pertes et la
gravité des malheurs éprouvés ; mais nous en savons
assez déjà pour croire que les premiers rapports ont
grandement participé des premières impressions de
consternation ou d'effroi. Le Nil, d'après nos dernières
nouvelles, baissait avec une grande rapidité, et dès à
présent on a le droit de croire que, sauf les faits ac-
complis, le mal est arrivé à son terme.
Parmi les incidents les plus regrettables de l'inon-
dation, nous avons à mentionner les ravages exercés
sur le chemin de fer d'Alexandrie à Suez et sur
l'embranchement de Benah à Zagazig ; sur ces deux
lignes, une grande partie des terrassements ont été
enlevés; les communications sont interrompues en-
tre Suez et Alexandrie ; on craint que malgré toute
l'activité possible, les réparations n'exigent un in-
tervalle de plus d'un mois. Le vice-roi a ordonné
ces réparations, et à l'heure qu'il est les travailleurs
doivent être à l'œuvre. L'Angleterre s'inforruera-t-
elle si ces ouvriers qui vont rétablir ses communica-
tions avec l'Inde appartiennent au travail libre ou
au travail forcé, et montrera-t-elle dans cette cir-
constance les scrupules qu'elle a déployés à propos
du canal de Suez avec si peu de fondement, comme
le prouve une nouvelle déclaration que nous publions
plus loin?
Faisons remarquer que ce n'est point la première
fois que l'Angleterre se voit intercepter par des con-
jonctures semblables, sa route la plus directe avec
ses possessions indiennes. Il semble que les éléments
eux-mêmes conspirent à lui démontrer l'urgence et
la nécessité de s'ouvrir enfin une route maritime à
travers l'Egypte qui puisse à jamais la préserver de
ces contre-temps et puisse porter sans rompre charge
ses vaisseaux de Calcutta et de Bombay à South-
ampton et à Liverpool.
Tout nous autorise à penser au surplus que l'op-
position anglaise a aujourd'hui entièrement dés-
armé.
Pour conclure sur ces tristes détails, nous répétons
que l'isthme et ses travaux sont restés complétement
en dehors des ravages du débordement. Les terres de
l'Ouadée présentent même toutes les apparences d'une
magnifique récolte, et nous ajoutons que dans ces cir-
constances pénibles, les salaires offerts aux travail-
leurs dans l'exécution du canal seront un bienfait et
une ressource bien opportune pour les populations
laborieuses victimes du fléau.
Cependant la popularité des travaux de l'isthme et
de l'œuvre elle-même grandit tous les jours dans
l'opinion musulmane. Nous avons publié en son temps
la lettre par laquelle le shérif de la Mecque, le chef spi-
rituel de l'islamisme, après le sultan, a témoigné toutes
ses sympathies à l'entreprise de la réunion des deux
mers. Nous avons à signaler aujourd'hui un autre
témoignage du même genre. La mosquée d'Omar à
Jérusalem est, après la Mecque et Médine, le sanc-
tuaire le plus vénéré par la foi musulmane. Le saint
pèlerinage lui-même n'est pas complet s'il n'a été
suivi d'une visite faite à la mosquée d'Omar. Or,
l'iman de ce temple, Osman-Mohammed-Effendi vient
d'adresser spontanément aux populations syriennes
une proclamation dans laquelle, en exprimant toute
son admiration et toute l'ardeur de ses vœux pour
l'entreprise de M. Ferdinand de Lesseps, il les presse
avec chaleur de porter à l'œuvre leur concours et l'as-
sistance de leurs bras. Dégageant la pensée de ce
manifeste des formules orientales qui l'enveloppent,
nous nous contenterons d'en extraire la substance
dans les phrases suivantes :
« 0 gens! venez, et allons trouver Lesseps, aidons
» le dans son projet de canalisation ; prenons la pio-
» che et soyons à ses ordres.
» Écoutez, mes frères, les paroles de ses envoyés,
» car elles sont justes et pleines de sagesse.
» N'écoutez point les parole des envieux et des mé-
» chants qui peuvent vous détourner de vos inspira-
» tions.
» Suivez Lesseps et méprisez les ennemis de sa
» noble entreprise.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.92%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.92%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k62032825/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k62032825/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k62032825/f2.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k62032825
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k62032825