Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-10-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 octobre 1861 15 octobre 1861
Description : 1861/10/15 (A6,N128). 1861/10/15 (A6,N128).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203281r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
322 L'ISTHME DE SUEZ,
LA QUESTION DU COTON ET LE CANAL DE SUEZ.
Sous ce titre nous trouvons dans le Daily News une
lettre de M. Lange, que nos lecteurs connaissent bien
par le dévouement qu'il n'a cessé de porter à l'œuvre
du percement de l'isthme. M. Lange est, comme on
le sait, le représentant à Londres de la Compagnie
universelle, et il a toujours persisté à déclarer que s'il
existait une opposition contre ce travail parmi quel-
ques membres du gouvernement, il était loin d'en
être de même dans le sein de l'opinion anglaise.
Il est parfaitement à même d'en juger, car il ser-
vait d'interprète à M. Ferdinand de Lesseps dans
les nombreux meetings qui ont eu à délibérer sur la
question et qui se sont prononcés unanimement en
faveur du projet comme hautement avantageux aux
intérêts du commerce et de l'industrie britanniques.
Depuis cette' époque, M. Lange n'a pas négligé de
se mettre en rapport avec ses compatriotes; il a voulu
les éclairer par plusieurs publications que nous avons
reproduites et entre autres par la relation du voyage
d'inspection qu'il avait fait lui-même dans l'isthme,
en compagnie de M. Colquhoun, consul général d'An-
gleterre en Égypte. Nous n'avons pas à revenir sur
les incidents de cet épisode; nous dirons seulement que
M. Lange persévère plus que jamais à croire que l'exé-
cution du canal est considérée en Angleterre avec des
sentiments de plus en plus favorables, et ces obser-
vations nous sont confirmées par d'autres renseigne-
ments.
En effet les événements devaient se charger de
démontrer combien était imprévoyante et impolitique
a résistance faite à une entreprise dont le résultat était
de rapprocher de moitié les Indes anglaises de la mé-
tropole. Un premier désastre est venu jeter sur cette
vérité les lueurs de ses leçons. L'Inde s'est révoltée;
l'armée indigène a levé presque entière l'étendard de
l'insurrection. Une poignée d'Anglais succombant
sous les attaques du nombre, réclamaient à grands
cris de prompts renforts à la mère-patrie. La route
d'Egypte s'indiquait d'elle-même à la rapide expédi-
tion de ces renforts ; mais le gouvernement anglais
obéissant à des préventions ou à des préjugés, voulut
les envoyer par le détour du cap de Bonne-Espérance.
Ce fut une faute et un danger ; car chaque heure
était précieuse, et tandis que ses vaisseaux de trans.
port traversaient lentement l'océan Atlantique et
doublaient le cap des Tempêtes, l'insurrection s'é-
tendait et gagnait sans cesse du terrain. Malgré ses
répugnances peu raisonnables, le gouvernement bri-
tannique, blâmé et sommé par les orateurs du Parle-
ment, fut obligé de revenir à la route la plus courte
et de démontrer en quelque sorte par lui-même de
quelle utilité était cette route égyptienne pour le
maintien de la puissance britanniqne en Asie.
Ce changement de conduite donna lieu toutefois à
une autre démonstration. Les troupes parties d'An-
gleterre devaient débarquer à Alexandrie, traverser
l'Egypte par terre et se rembarquer à Suez,
où souvent n'étaient pas réunis les navires né-
cessaires pour les porter à leur destination; de là,
des retards, de là un surcroît de dépenses considéra-
ble et enfin tous les inconvénients, tous les embarras
d'un double transbordement. Aucune de ces difficul-
tés ne fût survenue, si l'isthme de Suez avait été
percé; en ce cas, les forces britanniques eussent cin-
glé directement des bords métropolitains à Bombay,
à Madras, à Calcutta. Elles seraient arrivées plus
vite, avec moins de fatigues, avec une beaucoup
plus grande économie; et dès ce moment l'immense
avantage du canal des deux mers pour l'Angleterre
fut matériellement démontré au point de vue mili-
taire et politique.
Malheureusement, les préjugés sont tenaces par
leur nature et ne se rendent point facilement. Une
seconde catastrophe est venue leur donner un nouvel
avertissement. Nous avons exposé les justes alarmes
de l'Angleterre aux éclats de la guerre civile dans
les États-Unis, ses craintes de voir tarir la principale
source où elle puisait les matières premières indis-
pensables à la plus importante de ses industries, ses
sinistres appréhensions réalisées, ses ateliers troublés,
le travail, c'est-à-dire le salaire de ses ouvriers dès
à présent réduit à plus de moitié, et dans un temps
prochain l'épuisement probable et presque certain
de ses approvisionnements de coton. C'est là qu'en est
l'Angleterre en ce moment et les entrepôts de Liver-
pool se vident avec rapidité. C'est l'Inde aujourd'hui
qui est la suprême espérance de l'Angleterre, c'est
sur l'Inde qu'elle jette les yeux pour la préserver
dans l'avenir des calamités dont elle est menacée
dans le présent. Mais, comme nous l'avons fait obser-
ver, l'Inde est toujours à 6,000 lieues des fabriques an-
glaises, et comme le constatait un de ses négociants,
il faut six mois pour qu'un ordre d'achat de coton parti
de Liverpool puisse être exécuté et atteindre ce port.
Dans l'état actuel de la route par l'Égypte, il est
impossible de se prévaloir de cette voie pour amener
le coton en Europe. Cette combinaison n'est réalisable
qu'au moyen de la jonction de la mer Rouge et de la
Méditerranée, et l'utilité du canal de Suez pour l'An-
gleterre, après avoir été constatée au point de vue
politique et militaire par l'événement de l'insurrection
indienne, est aujourd'hui constatée au point de vue
industriel et commercial par l'événement de la guerre
américaine.
Ces considérations ne pouvaient manquer de frap-
per le bons sens et l'esprit pratique de nos voisins.
Ils pouvaient regarder avec un regret plus ou moins
contenu les erreurs de quelques-uns des membres
LA QUESTION DU COTON ET LE CANAL DE SUEZ.
Sous ce titre nous trouvons dans le Daily News une
lettre de M. Lange, que nos lecteurs connaissent bien
par le dévouement qu'il n'a cessé de porter à l'œuvre
du percement de l'isthme. M. Lange est, comme on
le sait, le représentant à Londres de la Compagnie
universelle, et il a toujours persisté à déclarer que s'il
existait une opposition contre ce travail parmi quel-
ques membres du gouvernement, il était loin d'en
être de même dans le sein de l'opinion anglaise.
Il est parfaitement à même d'en juger, car il ser-
vait d'interprète à M. Ferdinand de Lesseps dans
les nombreux meetings qui ont eu à délibérer sur la
question et qui se sont prononcés unanimement en
faveur du projet comme hautement avantageux aux
intérêts du commerce et de l'industrie britanniques.
Depuis cette' époque, M. Lange n'a pas négligé de
se mettre en rapport avec ses compatriotes; il a voulu
les éclairer par plusieurs publications que nous avons
reproduites et entre autres par la relation du voyage
d'inspection qu'il avait fait lui-même dans l'isthme,
en compagnie de M. Colquhoun, consul général d'An-
gleterre en Égypte. Nous n'avons pas à revenir sur
les incidents de cet épisode; nous dirons seulement que
M. Lange persévère plus que jamais à croire que l'exé-
cution du canal est considérée en Angleterre avec des
sentiments de plus en plus favorables, et ces obser-
vations nous sont confirmées par d'autres renseigne-
ments.
En effet les événements devaient se charger de
démontrer combien était imprévoyante et impolitique
a résistance faite à une entreprise dont le résultat était
de rapprocher de moitié les Indes anglaises de la mé-
tropole. Un premier désastre est venu jeter sur cette
vérité les lueurs de ses leçons. L'Inde s'est révoltée;
l'armée indigène a levé presque entière l'étendard de
l'insurrection. Une poignée d'Anglais succombant
sous les attaques du nombre, réclamaient à grands
cris de prompts renforts à la mère-patrie. La route
d'Egypte s'indiquait d'elle-même à la rapide expédi-
tion de ces renforts ; mais le gouvernement anglais
obéissant à des préventions ou à des préjugés, voulut
les envoyer par le détour du cap de Bonne-Espérance.
Ce fut une faute et un danger ; car chaque heure
était précieuse, et tandis que ses vaisseaux de trans.
port traversaient lentement l'océan Atlantique et
doublaient le cap des Tempêtes, l'insurrection s'é-
tendait et gagnait sans cesse du terrain. Malgré ses
répugnances peu raisonnables, le gouvernement bri-
tannique, blâmé et sommé par les orateurs du Parle-
ment, fut obligé de revenir à la route la plus courte
et de démontrer en quelque sorte par lui-même de
quelle utilité était cette route égyptienne pour le
maintien de la puissance britanniqne en Asie.
Ce changement de conduite donna lieu toutefois à
une autre démonstration. Les troupes parties d'An-
gleterre devaient débarquer à Alexandrie, traverser
l'Egypte par terre et se rembarquer à Suez,
où souvent n'étaient pas réunis les navires né-
cessaires pour les porter à leur destination; de là,
des retards, de là un surcroît de dépenses considéra-
ble et enfin tous les inconvénients, tous les embarras
d'un double transbordement. Aucune de ces difficul-
tés ne fût survenue, si l'isthme de Suez avait été
percé; en ce cas, les forces britanniques eussent cin-
glé directement des bords métropolitains à Bombay,
à Madras, à Calcutta. Elles seraient arrivées plus
vite, avec moins de fatigues, avec une beaucoup
plus grande économie; et dès ce moment l'immense
avantage du canal des deux mers pour l'Angleterre
fut matériellement démontré au point de vue mili-
taire et politique.
Malheureusement, les préjugés sont tenaces par
leur nature et ne se rendent point facilement. Une
seconde catastrophe est venue leur donner un nouvel
avertissement. Nous avons exposé les justes alarmes
de l'Angleterre aux éclats de la guerre civile dans
les États-Unis, ses craintes de voir tarir la principale
source où elle puisait les matières premières indis-
pensables à la plus importante de ses industries, ses
sinistres appréhensions réalisées, ses ateliers troublés,
le travail, c'est-à-dire le salaire de ses ouvriers dès
à présent réduit à plus de moitié, et dans un temps
prochain l'épuisement probable et presque certain
de ses approvisionnements de coton. C'est là qu'en est
l'Angleterre en ce moment et les entrepôts de Liver-
pool se vident avec rapidité. C'est l'Inde aujourd'hui
qui est la suprême espérance de l'Angleterre, c'est
sur l'Inde qu'elle jette les yeux pour la préserver
dans l'avenir des calamités dont elle est menacée
dans le présent. Mais, comme nous l'avons fait obser-
ver, l'Inde est toujours à 6,000 lieues des fabriques an-
glaises, et comme le constatait un de ses négociants,
il faut six mois pour qu'un ordre d'achat de coton parti
de Liverpool puisse être exécuté et atteindre ce port.
Dans l'état actuel de la route par l'Égypte, il est
impossible de se prévaloir de cette voie pour amener
le coton en Europe. Cette combinaison n'est réalisable
qu'au moyen de la jonction de la mer Rouge et de la
Méditerranée, et l'utilité du canal de Suez pour l'An-
gleterre, après avoir été constatée au point de vue
politique et militaire par l'événement de l'insurrection
indienne, est aujourd'hui constatée au point de vue
industriel et commercial par l'événement de la guerre
américaine.
Ces considérations ne pouvaient manquer de frap-
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