Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-11-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 novembre 1861 01 novembre 1861
Description : 1861/11/01 (A6,N129). 1861/11/01 (A6,N129).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032825
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
350 L'ISTHME DE SUEZ,
Permettez-moi d'entrer ici dans quelques détails préa-
lables sur les mœurs de l'huitre perlière. — Ce mol-
lusque n'est point privé de locomotion. Dans les grands
fonds, il arrive parfois que lorsque le plongeur re-
monte à la surface de l'eau pour respirer et qu'il s'é-
lance de nouveau, et au même endroit, au fond de la
mer pour y saisir les huîtres qu'il y a vues un instant
auparavant, il arrive parfois, dis-je, que le plongeur
n'en retrouve plus une seule ; effrayées, elles se sont
empressées, pendant le court instant de répit que leur
a laissé le pêcheur, de se traîner à quelque distance
de là, dans l'espoir d'échapper au triste sort de leurs
malheureuses compagnes.
Les huîtres se trouvent ordinairement réunies par
groupes sur un fond de sable assez uni; leur adhé-
rence y est presque nulle, et le plongeur les saisit alors
sans difficultés; souvent il en prend plusieurs à la fois,
assemblées et attachées entre elles au point de ne pré-
senter qu'un seul bloc. — D'autres fois elles forment,
ainsi réunies, un banc entier, une sorte de récif. Leur
adhérence, dans ce cas, est beaucoup plus forte, et le
plongeur ne parvient à les arracher qu'au moyen d'un
petit levier ou d'une hachette dont il se munit à cet
effet. — Ces dernières circonstances, qui sont assez fré-
quentes dans les eaux du golfe Persique, près des îles
Bahreïn, ne se présentent point dans celles de l'archi-
pel de Dahlac, où l'adhérence des huîtres au fond de la
mer, même réunies en grand nombre entre elles, n'est
jamais considérable.
Lorsque les huîtres sont jeunes et que leur coquille
commence à se former, elles ont, pendant quelques an-
nées, et jusqu'à leur croissance, de la vigueur, de
l'action et du mouvement; mais quand avec l'âge leur
coquille s'épaissit, elles deviennent lourdes et pares-
seuses; alors elles se mettent à la recherche d'endroits
qui leur fournissent une abondante nourriture ; elles
s'y fixent, et, après un certain temps de séjour sans
déplacement, elles adhèrent et s'attachent au fond
qu'elles ont choisi, de telle sorte qu'elles ne s'en déga-
gent plus. — Dans cet état, les huîtres vivent encore
longtemps sans trop souffrir de l'inaction à laquelle
elles sont réduites ; mais. à la longue, cette condition
leur devient funeste. Il arrive alors que, immobiles et
fixées en grand nombre, soit à un rocher, soit sur un
fond uni de la mer, une foule d'autres petites huîtres
ou d'autres animaux à coquille viennent se loger dans
les intervalles qu'elles ont laissé entre elles et dans les
cavités que présente l'extérieur de leur enveloppe, aussi
raboteuse et inégale en dehors qu'elle est polie, égale et
luisante à l'intérieur. L'interposition et la superposition
incessantes de ces parasites finissent par enfermer les
huîtres perlières dans une croûte tellement épaisse
qu'elles y perdent la vie. Sur ce premier banc ainsi
formé, la succession des temps amène petit à petit, par
un travail lent mais continuel, une nouvelle couche
d'huîtres qui, à son tour, disparaît plus tard sous l'ac-
cumulation d'une autre génération de parasites, et ainsi
de suite, jusqu'à ce que cette masse énorme, se conso-
lidant et s'étendant graduellement, forme des bancs
considérables et de véritables rochers uniquement com-
posés de coquillages pétrifiés. Ainsi, telle huître qui,
si elle avait été trouvée par un pêcheur heureux, eût
fait sa fortune par les belles et gosses perles qu'elle
contenait, se trouve enfouie et perdue, avec sa richesse
naturelle, sous cet amas considérable de ses sembla-
bles. Ces différentes adhérences des parasites aux huî-
tres perlières produisent souvent des excroissances si
singulières, des phénomènes tellement étranges, que
parfois on est complétement trompé, et que l'on croit
voir le résultat d'un merveilleux travail madréporique
là où il n'y a que de bizarres ramifications produites
par un entassement conchyliologique.
Bien que ces mœurs et ces habitudes des huîtres
perlières, en général, paraissent être les mêmes que
celles des huîtres de la mer Rouge, il est essentiel de
remarquer cependant que ces dernières ne se réunis-
sent jamais en assez grand nombre pour former des
bancs épais comme dans les eaux du Bahreïn, dans le
golfe Persique. — Comme je me propose de n'exami-
ner ici que la pêche dans l'archipel de Dahlac, je
m'abstiendrai de parler de celle autrement importante
et lucrative qui se fait depuis le détroit d'Ormus jus-
qu'à l'embouchure du Tigre et de l'Euphrate.
L'huître que l'on pêche aux environs de Dahlac est
ordinairement petite, de forme à peu près ronde, et
son diamètre n'a guère plus de 5 à 6 centimètres. —
Toutes celles qui sont pêchées ne sont point pourvues
de perles ; à peine si sur vingt ou trente y en a-t-il une
qui en renferme, et encore d'une espèce relativement
petite appelée semence. — Ce fait porterait à faire
croire que les huîtres ne produisent de véritables perles
que lorsqu'elles atteignent leur plus grande croissance.
Celles qui n'y sont pas encore parvenues emploieraient
toute la surabondance de leur nourriture à former leur
coquille, à lui donner de la consistance et de l'épais-
seur, et ce n'est, parait-il, que lorsqu'elles ont dépassé
cette époque, qui semble être le terme moyen de leur
vie, que les huîtres commencent à former des semences
de perles qui, avec le temps et au moyen de couches
successives de chyle, deviennent de véritables belles
perles, plus ou moins grosses et de formes différentes.
Les indigènes de l'archipel de Dahlac donnent le
nom de belbela à l'huître perlière pêchée dans les eaux
de leurs îles. — Sa chair, qui est blanche, n'est point
mauvaise à manger, tandis que celle de l'huître du
golfe Persique est ordinairement rouge, coriace, très-
glutineuse et n'est absolument pas mangeable. — Ces
indigènes font sécher les chairs des huîtres au soleil,
par lambeaux enfilés dans un fil de sparterie , et s'en
nourrissent une partie de l'année. Selon eux, cette nour-
riture est excellente pour la sauté et donne beaucoup
de vigueur aux membres.
La pêche dure trois mois environ et commence vers
le mois de mai. Elle est libre de toute entrave, de tout
impôt. Chacun des habitants peut s'y livrer en toute li-
berté, et il n'est pas rare de voir parfois des pêcheurs
et des plongeurs de la côte du Yémen venir se joindre
à eux et y pêcher, sans aucun obstacle, pour leur pro-
pre compte.
Permettez-moi d'entrer ici dans quelques détails préa-
lables sur les mœurs de l'huitre perlière. — Ce mol-
lusque n'est point privé de locomotion. Dans les grands
fonds, il arrive parfois que lorsque le plongeur re-
monte à la surface de l'eau pour respirer et qu'il s'é-
lance de nouveau, et au même endroit, au fond de la
mer pour y saisir les huîtres qu'il y a vues un instant
auparavant, il arrive parfois, dis-je, que le plongeur
n'en retrouve plus une seule ; effrayées, elles se sont
empressées, pendant le court instant de répit que leur
a laissé le pêcheur, de se traîner à quelque distance
de là, dans l'espoir d'échapper au triste sort de leurs
malheureuses compagnes.
Les huîtres se trouvent ordinairement réunies par
groupes sur un fond de sable assez uni; leur adhé-
rence y est presque nulle, et le plongeur les saisit alors
sans difficultés; souvent il en prend plusieurs à la fois,
assemblées et attachées entre elles au point de ne pré-
senter qu'un seul bloc. — D'autres fois elles forment,
ainsi réunies, un banc entier, une sorte de récif. Leur
adhérence, dans ce cas, est beaucoup plus forte, et le
plongeur ne parvient à les arracher qu'au moyen d'un
petit levier ou d'une hachette dont il se munit à cet
effet. — Ces dernières circonstances, qui sont assez fré-
quentes dans les eaux du golfe Persique, près des îles
Bahreïn, ne se présentent point dans celles de l'archi-
pel de Dahlac, où l'adhérence des huîtres au fond de la
mer, même réunies en grand nombre entre elles, n'est
jamais considérable.
Lorsque les huîtres sont jeunes et que leur coquille
commence à se former, elles ont, pendant quelques an-
nées, et jusqu'à leur croissance, de la vigueur, de
l'action et du mouvement; mais quand avec l'âge leur
coquille s'épaissit, elles deviennent lourdes et pares-
seuses; alors elles se mettent à la recherche d'endroits
qui leur fournissent une abondante nourriture ; elles
s'y fixent, et, après un certain temps de séjour sans
déplacement, elles adhèrent et s'attachent au fond
qu'elles ont choisi, de telle sorte qu'elles ne s'en déga-
gent plus. — Dans cet état, les huîtres vivent encore
longtemps sans trop souffrir de l'inaction à laquelle
elles sont réduites ; mais. à la longue, cette condition
leur devient funeste. Il arrive alors que, immobiles et
fixées en grand nombre, soit à un rocher, soit sur un
fond uni de la mer, une foule d'autres petites huîtres
ou d'autres animaux à coquille viennent se loger dans
les intervalles qu'elles ont laissé entre elles et dans les
cavités que présente l'extérieur de leur enveloppe, aussi
raboteuse et inégale en dehors qu'elle est polie, égale et
luisante à l'intérieur. L'interposition et la superposition
incessantes de ces parasites finissent par enfermer les
huîtres perlières dans une croûte tellement épaisse
qu'elles y perdent la vie. Sur ce premier banc ainsi
formé, la succession des temps amène petit à petit, par
un travail lent mais continuel, une nouvelle couche
d'huîtres qui, à son tour, disparaît plus tard sous l'ac-
cumulation d'une autre génération de parasites, et ainsi
de suite, jusqu'à ce que cette masse énorme, se conso-
lidant et s'étendant graduellement, forme des bancs
considérables et de véritables rochers uniquement com-
posés de coquillages pétrifiés. Ainsi, telle huître qui,
si elle avait été trouvée par un pêcheur heureux, eût
fait sa fortune par les belles et gosses perles qu'elle
contenait, se trouve enfouie et perdue, avec sa richesse
naturelle, sous cet amas considérable de ses sembla-
bles. Ces différentes adhérences des parasites aux huî-
tres perlières produisent souvent des excroissances si
singulières, des phénomènes tellement étranges, que
parfois on est complétement trompé, et que l'on croit
voir le résultat d'un merveilleux travail madréporique
là où il n'y a que de bizarres ramifications produites
par un entassement conchyliologique.
Bien que ces mœurs et ces habitudes des huîtres
perlières, en général, paraissent être les mêmes que
celles des huîtres de la mer Rouge, il est essentiel de
remarquer cependant que ces dernières ne se réunis-
sent jamais en assez grand nombre pour former des
bancs épais comme dans les eaux du Bahreïn, dans le
golfe Persique. — Comme je me propose de n'exami-
ner ici que la pêche dans l'archipel de Dahlac, je
m'abstiendrai de parler de celle autrement importante
et lucrative qui se fait depuis le détroit d'Ormus jus-
qu'à l'embouchure du Tigre et de l'Euphrate.
L'huître que l'on pêche aux environs de Dahlac est
ordinairement petite, de forme à peu près ronde, et
son diamètre n'a guère plus de 5 à 6 centimètres. —
Toutes celles qui sont pêchées ne sont point pourvues
de perles ; à peine si sur vingt ou trente y en a-t-il une
qui en renferme, et encore d'une espèce relativement
petite appelée semence. — Ce fait porterait à faire
croire que les huîtres ne produisent de véritables perles
que lorsqu'elles atteignent leur plus grande croissance.
Celles qui n'y sont pas encore parvenues emploieraient
toute la surabondance de leur nourriture à former leur
coquille, à lui donner de la consistance et de l'épais-
seur, et ce n'est, parait-il, que lorsqu'elles ont dépassé
cette époque, qui semble être le terme moyen de leur
vie, que les huîtres commencent à former des semences
de perles qui, avec le temps et au moyen de couches
successives de chyle, deviennent de véritables belles
perles, plus ou moins grosses et de formes différentes.
Les indigènes de l'archipel de Dahlac donnent le
nom de belbela à l'huître perlière pêchée dans les eaux
de leurs îles. — Sa chair, qui est blanche, n'est point
mauvaise à manger, tandis que celle de l'huître du
golfe Persique est ordinairement rouge, coriace, très-
glutineuse et n'est absolument pas mangeable. — Ces
indigènes font sécher les chairs des huîtres au soleil,
par lambeaux enfilés dans un fil de sparterie , et s'en
nourrissent une partie de l'année. Selon eux, cette nour-
riture est excellente pour la sauté et donne beaucoup
de vigueur aux membres.
La pêche dure trois mois environ et commence vers
le mois de mai. Elle est libre de toute entrave, de tout
impôt. Chacun des habitants peut s'y livrer en toute li-
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et des plongeurs de la côte du Yémen venir se joindre
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