Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-11-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 novembre 1861 01 novembre 1861
Description : 1861/11/01 (A6,N129). 1861/11/01 (A6,N129).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032825
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. M
par 15° 36' de latitude septentrionale et par 38° 15' en-
viron de longitude orientale.
Trois principales iles forment cet archipel : Dahlac,
d'abord, qui est la plus grande et qui a donné son nom
à tout le groupe, Nora et Nakela. — Elles ne sont ja-
mais visitées par les grands navires qui sillonnent cette
mer, et fort peu de voyageurs, explorant les côtes de
Nubie et d'Abyssinie, s'y sont arrêtés; elles sont con-
séquemment peu connues. -
Comme toutes les îles du golfe Arabique, le sol du
groupe de Dahlac se compose de grès calcaire, et, sur-
tout, de couches madréporiques et" autres dépôts de la
mer. Les hauteurs culminantes de l'tle de Dahlac sem-
blent devoir cependant plus particulièrement leur for-
mation à un ancien soulèvement volcanique. On y
trouve des débris marins à plus de 50 pieds au-dessus
du niveau de la mer.
Les principaux villages de Dahlac sont : Dahlac-el-
Kebir, Dar-Béchit, Dassekou, Tombiba, Debeôlo, Sale-
hit, Senguiba et Djemeholi. — Dahlac possède dans
sa partie ouest un port qui offrirait un excellent mouil-
lage à des navires d'un assez fort tonnage. — Le der-
nier de ces villages, Djemeholi, paraît avoir été, dans
le temps, le centre d'une occupation chretienne de
l'île entière, soit par les Portugais vers le milieu du
XVIe siècle, soit antérieurement par les Abyssins eux-
mêmes. On y voit, en effet, des ruines d'anciennes et
solides constructions, et, entre autres, des restes, en-
core assez bien conservés, d'une église. Le nom de
Kenissa-el-llebira (grande église) que les Arabes don-
nent à ces dernières ruines suffirait à lui seul pour
ehaDger à cet égard le doute en certitude. — Tous
les villages réunis de Dahlac ne représentent pas une
population de plus de 15 à 1,600 âmes.
L'île de Nora et celle de Nakela n'ont, l'une et l'au-
tre, d'autres centres d'habitants que celui qui leur
donne leur nom. La première peut avoir 150 habitants,
et la seconde, 50 ou 60 au plus. Dans l'île de Nora se
trouve la tombe d'un saint personnage très-vénéré des
indigènes, le cheik Abd-el-Ghafar.
Comme vous le voyez, la population totale du
groupe entier de Dahlac est très-peu considérable. Ces
insulaires, tous musulmans, sont de mœurs assez dou-
ces, tranquilles, d'une condition plutôt misérable et ex-
clusivement adonnés aux rudes travaux de là pêche.
Ils obéissent tous à un cheik choisi par eux-mêmes
dans leurs rangs, qui reçoit l'investiture de l'autorité
turque de Massouah, et à qui il paie chaque année, à
titre de redevance pour tout l'archipel, un modique tri-
but de 1,000 thalaris (5,250 francs). Moyennant l'acquit-
tement de cette faible somme, pour la formation de
laquelle chaque famille s'impose une légère cotisation
dans la mesure de ses ressources personnelles, les ha-
bitants vivent, en quelque sorte, indépendants, et, ce
qui est d'un prix inappréciable à leurs yeux, à l'abri
des exactions habituelles des agents du fisc ottoman
dans ces provinces éloignées de l'empire.
Le chef actuel qui commande à toute la population
de l'archipel se nomme cheik Issa-Faradje.
Les habitations des villages sont le plus souvent de
simples cahuttes appelées oucha par. les indigènes; on
remarque pourtant, par-ci par-là, quelques rares de-
meures bâties en pierres, mais n'ayant qu'un rez-de-
� chaussée.
Le village de Djemeholi n'est pas le seul de l'ile de
Dahlac où l'on retrouve des restes d'anciennes cong-
tructions. De nombreuses ruines couvrent l'île pres-
que entière, et attestent sa prospérité passée, au temps
où l'empire d'Abyssinie était fort et puissant, à l'époque.
où il était tout florissant, et, depuis, à l'époque de la
domination persane dans le Yémen et sur le littoral
abyssin., — Je suis persuadé qu'une intelligente explo-
ration de ces ruines et quelques fouilles qu'on pourrait
peut-être y entreprendre, amèneraient des résultats
heureux et très-intéressants au point de vue de l'ar-
chéologie, de l'histoire et de la langue de l'ancien peu-
ple abyssin.
Les habitants de Dahlac possèdent quelques chèvres
et quelques chamelles qui leur fournissent du lait et du
beurre. Les moutons y sont en petit nombre. La gazelle
abonde, dit-on, dans l'intérieur de l'île.
Les tles de l'archipel, qui n'ont, à bien dire, aucune
végétation, n'ont également point de cours d'eau. La
population boit de l'eau des puits, généralement assez
saumâtre, et de celle que les pluies déposent dans des
cavités naturelles du sol. — L'île de Nora est mieux
partagée à cet égard ; car l'eau de ses puits est, dit-on,
excellente.
J'ai dit que ces insulaires vivent exclusivement du
produit de leur pêche. Je vais essayer de vous don-
ner un aperçu, sommaire bien entendu, de chaque
branche de cette unique industrie, et indiquer les
moyens d'exploitation employés par les indigènes.
DE LA PÊCHE DES PERLES.
La perle, vous le savez, est une production animale
qui se forme dans l'intérieur de certains mollusques
acéphales, tels que les huîtres ou arondes perlières, les pa-
telles, les moules et les oreilles de mer, mais plus particu-
lièrement dans les premières ; elle est, à bien dire, la
concrétion résultant de la surabondance de la matière
qui a sprvi à la formation de la nacre de ces coquilles.
— Les Arabes ont, à cet égard, une conviction très-
différente : ils assurent que les huîtres perlières, ayant
un tempérament extrêmement chaud, s'élèvent rapide-
ment sur la surface de la mer dès qu'elles pressentent, par
un merveilleux instinct de la nature, qu'un orage est
sur le point d'éclater dans l'atmosphère, et qu'alors,
entr'ouvrant amoureusement leurs valves frémissantes,
elles y reçoivent une rafraîchissante goutte de pluie
qui, renfermée précieusement dans leur sein, s'y con-
dense lentement et se métamorphose à l'aide du,temps
en belle perle précieuse. Quelque ridicule que soit
cette opinion, il serait impossible d'en dissuader ces
Arabes, tant chez eux leur foi est profonde et aveugle.
On ne manquerait pas d'être traité d'ignorant et de
mécréant si on voulait essayer de leur démontrer leur
grossière erreur,
par 15° 36' de latitude septentrionale et par 38° 15' en-
viron de longitude orientale.
Trois principales iles forment cet archipel : Dahlac,
d'abord, qui est la plus grande et qui a donné son nom
à tout le groupe, Nora et Nakela. — Elles ne sont ja-
mais visitées par les grands navires qui sillonnent cette
mer, et fort peu de voyageurs, explorant les côtes de
Nubie et d'Abyssinie, s'y sont arrêtés; elles sont con-
séquemment peu connues. -
Comme toutes les îles du golfe Arabique, le sol du
groupe de Dahlac se compose de grès calcaire, et, sur-
tout, de couches madréporiques et" autres dépôts de la
mer. Les hauteurs culminantes de l'tle de Dahlac sem-
blent devoir cependant plus particulièrement leur for-
mation à un ancien soulèvement volcanique. On y
trouve des débris marins à plus de 50 pieds au-dessus
du niveau de la mer.
Les principaux villages de Dahlac sont : Dahlac-el-
Kebir, Dar-Béchit, Dassekou, Tombiba, Debeôlo, Sale-
hit, Senguiba et Djemeholi. — Dahlac possède dans
sa partie ouest un port qui offrirait un excellent mouil-
lage à des navires d'un assez fort tonnage. — Le der-
nier de ces villages, Djemeholi, paraît avoir été, dans
le temps, le centre d'une occupation chretienne de
l'île entière, soit par les Portugais vers le milieu du
XVIe siècle, soit antérieurement par les Abyssins eux-
mêmes. On y voit, en effet, des ruines d'anciennes et
solides constructions, et, entre autres, des restes, en-
core assez bien conservés, d'une église. Le nom de
Kenissa-el-llebira (grande église) que les Arabes don-
nent à ces dernières ruines suffirait à lui seul pour
ehaDger à cet égard le doute en certitude. — Tous
les villages réunis de Dahlac ne représentent pas une
population de plus de 15 à 1,600 âmes.
L'île de Nora et celle de Nakela n'ont, l'une et l'au-
tre, d'autres centres d'habitants que celui qui leur
donne leur nom. La première peut avoir 150 habitants,
et la seconde, 50 ou 60 au plus. Dans l'île de Nora se
trouve la tombe d'un saint personnage très-vénéré des
indigènes, le cheik Abd-el-Ghafar.
Comme vous le voyez, la population totale du
groupe entier de Dahlac est très-peu considérable. Ces
insulaires, tous musulmans, sont de mœurs assez dou-
ces, tranquilles, d'une condition plutôt misérable et ex-
clusivement adonnés aux rudes travaux de là pêche.
Ils obéissent tous à un cheik choisi par eux-mêmes
dans leurs rangs, qui reçoit l'investiture de l'autorité
turque de Massouah, et à qui il paie chaque année, à
titre de redevance pour tout l'archipel, un modique tri-
but de 1,000 thalaris (5,250 francs). Moyennant l'acquit-
tement de cette faible somme, pour la formation de
laquelle chaque famille s'impose une légère cotisation
dans la mesure de ses ressources personnelles, les ha-
bitants vivent, en quelque sorte, indépendants, et, ce
qui est d'un prix inappréciable à leurs yeux, à l'abri
des exactions habituelles des agents du fisc ottoman
dans ces provinces éloignées de l'empire.
Le chef actuel qui commande à toute la population
de l'archipel se nomme cheik Issa-Faradje.
Les habitations des villages sont le plus souvent de
simples cahuttes appelées oucha par. les indigènes; on
remarque pourtant, par-ci par-là, quelques rares de-
meures bâties en pierres, mais n'ayant qu'un rez-de-
� chaussée.
Le village de Djemeholi n'est pas le seul de l'ile de
Dahlac où l'on retrouve des restes d'anciennes cong-
tructions. De nombreuses ruines couvrent l'île pres-
que entière, et attestent sa prospérité passée, au temps
où l'empire d'Abyssinie était fort et puissant, à l'époque.
où il était tout florissant, et, depuis, à l'époque de la
domination persane dans le Yémen et sur le littoral
abyssin., — Je suis persuadé qu'une intelligente explo-
ration de ces ruines et quelques fouilles qu'on pourrait
peut-être y entreprendre, amèneraient des résultats
heureux et très-intéressants au point de vue de l'ar-
chéologie, de l'histoire et de la langue de l'ancien peu-
ple abyssin.
Les habitants de Dahlac possèdent quelques chèvres
et quelques chamelles qui leur fournissent du lait et du
beurre. Les moutons y sont en petit nombre. La gazelle
abonde, dit-on, dans l'intérieur de l'île.
Les tles de l'archipel, qui n'ont, à bien dire, aucune
végétation, n'ont également point de cours d'eau. La
population boit de l'eau des puits, généralement assez
saumâtre, et de celle que les pluies déposent dans des
cavités naturelles du sol. — L'île de Nora est mieux
partagée à cet égard ; car l'eau de ses puits est, dit-on,
excellente.
J'ai dit que ces insulaires vivent exclusivement du
produit de leur pêche. Je vais essayer de vous don-
ner un aperçu, sommaire bien entendu, de chaque
branche de cette unique industrie, et indiquer les
moyens d'exploitation employés par les indigènes.
DE LA PÊCHE DES PERLES.
La perle, vous le savez, est une production animale
qui se forme dans l'intérieur de certains mollusques
acéphales, tels que les huîtres ou arondes perlières, les pa-
telles, les moules et les oreilles de mer, mais plus particu-
lièrement dans les premières ; elle est, à bien dire, la
concrétion résultant de la surabondance de la matière
qui a sprvi à la formation de la nacre de ces coquilles.
— Les Arabes ont, à cet égard, une conviction très-
différente : ils assurent que les huîtres perlières, ayant
un tempérament extrêmement chaud, s'élèvent rapide-
ment sur la surface de la mer dès qu'elles pressentent, par
un merveilleux instinct de la nature, qu'un orage est
sur le point d'éclater dans l'atmosphère, et qu'alors,
entr'ouvrant amoureusement leurs valves frémissantes,
elles y reçoivent une rafraîchissante goutte de pluie
qui, renfermée précieusement dans leur sein, s'y con-
dense lentement et se métamorphose à l'aide du,temps
en belle perle précieuse. Quelque ridicule que soit
cette opinion, il serait impossible d'en dissuader ces
Arabes, tant chez eux leur foi est profonde et aveugle.
On ne manquerait pas d'être traité d'ignorant et de
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