Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-10-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 octobre 1861 15 octobre 1861
Description : 1861/10/15 (A6,N128). 1861/10/15 (A6,N128).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203281r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 333
trouve des plantations que dans les pays extrêmes des
Gallas et du Naréa.
Vous savez que plusieurs versions ont eu cours sur
la découverte, en Arabie, des propriétés du fruit du ca-
féier et sur le premier qui fit emploi de cette graine si
goûtée et si appréciée aujourd'hui dans toutes les par-
ties du monde. — Les uns laissent au hasard le mérite
de la découverte, et prétendent que ce fut un Bédouin
du Yémen qui. en gardant son troupeau de chèvres,
s'aperçut que celles-ci, en mangeant les petites baies
ovoïdes du caféier acquéraient plus d'animation et plus
de légèreté dans leurs mouvements, et qu'ayant com-
muniqué cette observation à ses contributes, ils goû-
tèrent à leur tour de ce fruit, lui trouvèrent une vertu
efficace et en adoptèrent l'usage afin de réveiller les
facultés de l'esprit et l'énergie du corps. — Les autres,
comme le cheik Fakher-ed-Din , Ibn-Bekr , Ibn-Abi-
Yezid-El-Meki, prétendirent que le premier usage du
café était dû à un savant docteur du nom de Ali-Ibn-
Omar-El-Chadeli, qui trouva dans ce fruit des propriétés
de nature à combattre le sommeil et à exciter ses veil-
les ascétiques, et qui en adopta l'usage pour lui et ses
disciples. — D'autres, enfin, en laissent tout l'honneur
à un pieux personnage, sorte de derwiche, du nom
de Djemal-ed-Din-Abou-Abdallah-el-Dabehani, qui ha.
bitait la ville d'Aden. On ajoute que ce dernier, forcé
de passer en Perse pour ses affaires particulières, re-
marqua que les Persans faisaient usage du café, et que
de retour à Aden, ayant observé que le caféier crois-
sait en abondance dans la contrée, et que sa graine
avait la vertu de dissiper le sommeil et l'engourdisse-
ment, et de rendre le corps léger et dispos, il contracta
l'habitude d'en boire une infusion, comme il l'avait vu
faire aux Persans, et que bientôt tous les habitants de
la ville suivirent son exemple.
Quoi qu'il en soit de ces diverses opinions, il demeure
à peu près certain que ce fut vers la moitié du ne siè-
cle de l'hégire (vers 1450 de J.-C.) que l'usage du café
se répandit du Yémen dans le Hedjaz, à la Mecque et
à Médine, et de là en Egypte d'où il ne tarda pas à
être importé dans tout le reste de l'empire ottoman. —
Selon l'auteur arabe que j'ai déjà cité, le café fut bu
pour la première fois au Caire vers l'année 910 de l'é-
gire (1504 de J.-C.), dans une des galeries de la mos-
quée même d'El-Azehar. Plus tard, en 952 (1545), deux
marchands syriens, venus de Damas, en introduisirent
l'usage à Constantinople où ils ouvrirent un établisse-
ment spécial affecté à la vente de cette boisson. Cet
exemple fut bientôt suivi en Europe même ; le café fut
d'abord introduit à Venise, puis à Marseille et enfin à
Paris, en 1657, par le voyageur Thévenot.
Dès son apparition dans les États musulmans, le café,
comme boisson licite ou prohibée au point de vue reli-
gieux, donna lieu à de longues controverses, à une
foule d'ouvrages écrits en sa faveur ou rédigés tout
exprès pour le condamner. Bientôt des querelles, des
rixes sanglantes mêmes éclatèrent entre les deux partis,
entre les caféiophiles et les caféiophobes, qui nécessitèrent
des règlements de police, suivis de près par des prohi-
bitions et des défenses émanées de l'autorité souveraine.
La première ordonnance contre le café et son usage fut
rendue à la Mecque en 917 de l'hégire (1511), par ordre
du sultan d'Égypte. A quelque temps de là, Amurat III
se déclara, à son tour, ouvertement contre cette boisson
et ses consommateurs; Mahomet IV la toléra quelque
temps, pour suivre ensuite l'exemple de son prédéces-
seur, etc., si bien qu'après une série de vicissitudes et
de fortunes diverses, ce ne fut guère que sous le règne
de Soliman le Grand que le café triompha définitive-
ment de ses ennemis et de ses détracteurs. Somme toute,
il en fut du café comme de toutes les causes innocentes
et justes : les oppositions, les défenses, les persécutions,
disons le mot, ne firent que lui acquérir de plus chauds
partisans et affermir son existence et son rôle dans l'é-
conomie domestique. — La spirituelle Mme de Sévigné
en a donc été doublement pour ses frais en écrivant,
dans une de ses charmantes lettres à sa fille cette pro-
phétie qui ne devait point se réaliser: Racine et le café
passeront.
On sait que c'est au Yémen que les colonies sont re-
devables de leurs richesses actuelles en caféiers. Les
Hollandais furent les premiers qui en introduisirent la
culture à Batavia, et le premier caféier planté à la Mar-
tinique provenait du jardin du Roi à Paris, où quelques
pieds, offerts en présent par la Hollande à Louis XIV à
la paix d'Utrecht, avaient parfaitement réussi. — Pour-
quoi ne tenterait-on pas un essai pareil en faveur de
notre belle Algérie, dont le climat et une certaine partie
de son sol ne me semblent point absolument contraires
à l'acclimatation du caféier et au développement de sa
culture? Pour ma part, je crois la chose très-possible et
rien ne serait plus facile que de transporter, à cet effet,
une douzaine de jeunes plantes, par exemple, pour ten-
ter cette épreuve. Le résultat qu'on pourrait atteindre
vaut bien la peine qu'on en fasse l'essai.
Les travaux déjà connus sur le café, sa culture et
ses applications hygiéniques me dispenseront d'entrer
à cet égard dans de grands et inutiles développements.
Je dirai seulement ici, d'après ces mêmes travaux, que
le caféier ou cafier, coffea arabica, est un joli arbrisseau
aux branches flexibles, assez touffues, et dont les feuilles,
qui rappellent un peu celles du laurier ordinaire, quoi-
que plus minces et plus souples, sont d'un vert vif et
terminées en pointes; que ses fleurs sont blanches, res-
semblent à celles du jasmin, poussent par touffes de
cinq à six à la naissance des feuilles et qu'elles ré-
pandent une délicate odeur ; que son fruit, au bout de
quelques semaines, atteint, à peu près, la forme et le
volume de la cornouille ou de la cerise, qu'il est charnu
et qu'à l'intérieur il est formé de deux graines accolées
face à face. — On s'accorde à donner au caféier de 5 à
6 mètres de haut; telle est la hauteur qu'il atteint pro-
babiement dans les colonies; mais au Yémen, on m'af-
firme que dans son plus grand développement il ne s'é-
lève guère à plus de 2m,50.
Dans cette contrée de l'Arabie, le terrain dans lequel
croît le caféier est pierreux. On ne le cultive que dans
les montagnes, sur les versants des collines et jamais
dans les plaines. -
Rien n'égale l'insouciance avec laquelle cette culture
trouve des plantations que dans les pays extrêmes des
Gallas et du Naréa.
Vous savez que plusieurs versions ont eu cours sur
la découverte, en Arabie, des propriétés du fruit du ca-
féier et sur le premier qui fit emploi de cette graine si
goûtée et si appréciée aujourd'hui dans toutes les par-
ties du monde. — Les uns laissent au hasard le mérite
de la découverte, et prétendent que ce fut un Bédouin
du Yémen qui. en gardant son troupeau de chèvres,
s'aperçut que celles-ci, en mangeant les petites baies
ovoïdes du caféier acquéraient plus d'animation et plus
de légèreté dans leurs mouvements, et qu'ayant com-
muniqué cette observation à ses contributes, ils goû-
tèrent à leur tour de ce fruit, lui trouvèrent une vertu
efficace et en adoptèrent l'usage afin de réveiller les
facultés de l'esprit et l'énergie du corps. — Les autres,
comme le cheik Fakher-ed-Din , Ibn-Bekr , Ibn-Abi-
Yezid-El-Meki, prétendirent que le premier usage du
café était dû à un savant docteur du nom de Ali-Ibn-
Omar-El-Chadeli, qui trouva dans ce fruit des propriétés
de nature à combattre le sommeil et à exciter ses veil-
les ascétiques, et qui en adopta l'usage pour lui et ses
disciples. — D'autres, enfin, en laissent tout l'honneur
à un pieux personnage, sorte de derwiche, du nom
de Djemal-ed-Din-Abou-Abdallah-el-Dabehani, qui ha.
bitait la ville d'Aden. On ajoute que ce dernier, forcé
de passer en Perse pour ses affaires particulières, re-
marqua que les Persans faisaient usage du café, et que
de retour à Aden, ayant observé que le caféier crois-
sait en abondance dans la contrée, et que sa graine
avait la vertu de dissiper le sommeil et l'engourdisse-
ment, et de rendre le corps léger et dispos, il contracta
l'habitude d'en boire une infusion, comme il l'avait vu
faire aux Persans, et que bientôt tous les habitants de
la ville suivirent son exemple.
Quoi qu'il en soit de ces diverses opinions, il demeure
à peu près certain que ce fut vers la moitié du ne siè-
cle de l'hégire (vers 1450 de J.-C.) que l'usage du café
se répandit du Yémen dans le Hedjaz, à la Mecque et
à Médine, et de là en Egypte d'où il ne tarda pas à
être importé dans tout le reste de l'empire ottoman. —
Selon l'auteur arabe que j'ai déjà cité, le café fut bu
pour la première fois au Caire vers l'année 910 de l'é-
gire (1504 de J.-C.), dans une des galeries de la mos-
quée même d'El-Azehar. Plus tard, en 952 (1545), deux
marchands syriens, venus de Damas, en introduisirent
l'usage à Constantinople où ils ouvrirent un établisse-
ment spécial affecté à la vente de cette boisson. Cet
exemple fut bientôt suivi en Europe même ; le café fut
d'abord introduit à Venise, puis à Marseille et enfin à
Paris, en 1657, par le voyageur Thévenot.
Dès son apparition dans les États musulmans, le café,
comme boisson licite ou prohibée au point de vue reli-
gieux, donna lieu à de longues controverses, à une
foule d'ouvrages écrits en sa faveur ou rédigés tout
exprès pour le condamner. Bientôt des querelles, des
rixes sanglantes mêmes éclatèrent entre les deux partis,
entre les caféiophiles et les caféiophobes, qui nécessitèrent
des règlements de police, suivis de près par des prohi-
bitions et des défenses émanées de l'autorité souveraine.
La première ordonnance contre le café et son usage fut
rendue à la Mecque en 917 de l'hégire (1511), par ordre
du sultan d'Égypte. A quelque temps de là, Amurat III
se déclara, à son tour, ouvertement contre cette boisson
et ses consommateurs; Mahomet IV la toléra quelque
temps, pour suivre ensuite l'exemple de son prédéces-
seur, etc., si bien qu'après une série de vicissitudes et
de fortunes diverses, ce ne fut guère que sous le règne
de Soliman le Grand que le café triompha définitive-
ment de ses ennemis et de ses détracteurs. Somme toute,
il en fut du café comme de toutes les causes innocentes
et justes : les oppositions, les défenses, les persécutions,
disons le mot, ne firent que lui acquérir de plus chauds
partisans et affermir son existence et son rôle dans l'é-
conomie domestique. — La spirituelle Mme de Sévigné
en a donc été doublement pour ses frais en écrivant,
dans une de ses charmantes lettres à sa fille cette pro-
phétie qui ne devait point se réaliser: Racine et le café
passeront.
On sait que c'est au Yémen que les colonies sont re-
devables de leurs richesses actuelles en caféiers. Les
Hollandais furent les premiers qui en introduisirent la
culture à Batavia, et le premier caféier planté à la Mar-
tinique provenait du jardin du Roi à Paris, où quelques
pieds, offerts en présent par la Hollande à Louis XIV à
la paix d'Utrecht, avaient parfaitement réussi. — Pour-
quoi ne tenterait-on pas un essai pareil en faveur de
notre belle Algérie, dont le climat et une certaine partie
de son sol ne me semblent point absolument contraires
à l'acclimatation du caféier et au développement de sa
culture? Pour ma part, je crois la chose très-possible et
rien ne serait plus facile que de transporter, à cet effet,
une douzaine de jeunes plantes, par exemple, pour ten-
ter cette épreuve. Le résultat qu'on pourrait atteindre
vaut bien la peine qu'on en fasse l'essai.
Les travaux déjà connus sur le café, sa culture et
ses applications hygiéniques me dispenseront d'entrer
à cet égard dans de grands et inutiles développements.
Je dirai seulement ici, d'après ces mêmes travaux, que
le caféier ou cafier, coffea arabica, est un joli arbrisseau
aux branches flexibles, assez touffues, et dont les feuilles,
qui rappellent un peu celles du laurier ordinaire, quoi-
que plus minces et plus souples, sont d'un vert vif et
terminées en pointes; que ses fleurs sont blanches, res-
semblent à celles du jasmin, poussent par touffes de
cinq à six à la naissance des feuilles et qu'elles ré-
pandent une délicate odeur ; que son fruit, au bout de
quelques semaines, atteint, à peu près, la forme et le
volume de la cornouille ou de la cerise, qu'il est charnu
et qu'à l'intérieur il est formé de deux graines accolées
face à face. — On s'accorde à donner au caféier de 5 à
6 mètres de haut; telle est la hauteur qu'il atteint pro-
babiement dans les colonies; mais au Yémen, on m'af-
firme que dans son plus grand développement il ne s'é-
lève guère à plus de 2m,50.
Dans cette contrée de l'Arabie, le terrain dans lequel
croît le caféier est pierreux. On ne le cultive que dans
les montagnes, sur les versants des collines et jamais
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