Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 octobre 1861 01 octobre 1861
Description : 1861/10/01 (A6,N127). 1861/10/01 (A6,N127).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203280b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 317
» Puissiez-vous toujours être satisfait au delà de vos
souhaits.
» En date du 29 chabou 1276. — 21 mars 1860.
» L'émir de la très-honorable Mecqu0,
D ABDALLAH (L. S.). »
Première question : Quelles sont les tribus du Nedjed
dont les chevaux ont le plus de réputation? — Réponse:
Les purs chevaux de race se trouvent aujourd'hui plus
particulièrement au sein de la grande tribu de Kah-
than qui occupe la province même du Nedjed, et dont
plusieurs importantes fractions campent plus au loin,
vers le sud.
Deuxième question : Quels sont, parmi les chevaux de
race, ceux qui ont encore plus de réputation que les
autres?— réponse : Les chevaux les plus précieux sont ceux
de Dahem, et les meilleurs, parmi eux, sont ceux ap-
pelés du nom de Daheman-Chahouan. Dahem est le nom
d'une fraction de la tribu de Kahthan. — On cite ce
fait d'une fameuse jument de cette race : dans un jour
de combat, montée par son cavalier qui était revêtu de
son armure de fer et qui, en outre, avait en croupe son
frère d'armes, elle s'élança impétueusement au milieu
de la mêlée, bien que pleine de plusieurs mois et suivie
de sa pouliche âgée de deux ans ; malgré ces fâcheuses
conditions, elle étonna tout le monde par l'intrépidité
et la rapidité de sa course, elle dépassa les meilleurs
coursiers de l'ennemi, et valut à son heureux maître un
riche butin de plus de quatre-vingts chameaux.
Troisième question : Aux yeux des Arabes du Nedjed,
le cheval est-il plus précieux que la jument comme
race et produits à obtenir ou bien est-ce le contraire?
— Quelle est la cause de cette préférence? — Si le pou-
lain hérite plutôt des qualités du père que de celles de
la mère? — Pourquoi les juments se vendent-elles à des
prix plus élevés que les chevaux ? — Réponse : En ce
qui concerne la supériorité comme valeur et race du
cheval ou de la jument, une tradition qui a cours au
sein des Arabes veut que leurs premiers aïeux aient
commencé, tout d'abord, à dompter et à élever deux
juments; dès qu'ils eurent obtenu ce "résultat, ils lais-
sèrent ces juments libres aux pâturages mêlées aux
troupeaux de chevaux sauvages du pays. Or, il arriva
que quelques-uns de ceux-ci saillirent les deux ju-
ments; n'ayant pu connaître quels furent les étalons
qui les fécondèrent, ils décidèrent, d'un commun ac-
cord, que la filiation des produits de leurs haras s'éta-
blirait, à l'avenir, par la mère. Cette décision prévalut
au sein des autres tribus de la contrée et fut toujours
observée. — Quant au prix élevé qu'ont les juments
chez les Arabes, cette plus-value est due, en outre, à
ce que les juments offrent plus de profit que les che-
vaux à l'Arabe qui veut s'en défaire. En effet, les Ara-
bes qui ne vendent ordinairement leur jument qu'à
leurs contributes, mettent à la vente cette condition
expresse que si elle devient pleine et qu'elle donne
naissance à une pouliche, celle-ci appartient de droit
au vendeur; en outre, que l'acheteur devra garder la
pouliche trois jours chez lui et lui laisser téter la mère
pendant un mois entier. Si la jument vendue appartient
à une race de haute réputation, ces conditions formel-
les sont maintenues pour trois de ses portées. — Dans
le cas où la jument vendue vient à mettre bas d'un
poulain, celui-ci appartient à l'acheteur, et le vendeur
attend patiemment la naissance d'une pouliche pour
revendiquer ses droits. — Ces avantages sont précisé-
ment la cause qui fait que les juments se vendent
plus cher que les chevaux. 1
Quatrième question : Combien de temps un bon cheval
de race du Nedjed peut-il marcher sans s'arrêter pour
se reposer, sans tomber de lassitude? — Réponse : Un
bon cheval de race ne tombe jamais de lassitude, il ré-
siste toujours t la marche. Il faut cependant deux con-
ditions pour cela ; qu'il soit parfaitement sain de corps,
et que, de loin en loin, il trouve quelque peu à man-
ger. — Loin de le fatiguer, cet exercice augmente la
rapidité de sa course. C'est justement dans de pareilles
circonstances qu'on reconnaît si le cheval est d'antique
race, si son origine est pure.
Cinquième question : En combien de temps, par exem-
ple, un cheval de race pourra-t-il franchir, sans se fa-
tiguer, une distance qui exigera, pour un cheval ordi-
naire, vingt-quatre heures de bonne marche? - Réponse:
Un bon cheval de véritable race franchira cette dis-
tance en six heures sans se ressentir d'aucune lassi-
tude.
Sixième question : Combien de temps un cheval de race
pourra-t-il marcher sans boire ni manger? — Réponsei
Dans un cas de nécessité majeure , un cheval de racé
pourra marcher jusqu'à trois jours sans rien manger;
mais ces courses forcées répugnent extrêmement aux
Arabes, car ils aiment leurs chevaux plus qu'eux-
mêmes. Ils prennent ordinairement grand soin qu'ils
n'aient ni faim, ni soif. On sait d'ailleurs qu'ils cam*-
pent dans des localités où les pâturages sont plus ou
moins abondants, et où leurs chevaux trouvent tou-
jours aisément à se nourrir. On cite les vers suivants
à l'appui de l'attachement et des soins de l'Arabe pour
son cheval : — « Certes, je ne m'exposerai pas au mé-
pris du monde en vendant ou en louant ma jument,
ma jument de race pure et à qui je ne donne qu'une
nourriture saine et délicate. — Veiller avec un soin
scrupuleux à sa nourriture c'est une impérieuse obliga-
tion pour mci. Et si je la néglige, son pauvre enfant
n'aurait-il pas faim? - Qui ne sait que ma jument
descend d'antiques et nobles ancêtres?. Celui qui
voudra Rassurer de sa lignée reconnaîtra que ses aïeux
étaient de la pure et belle race de Kerâ. »
Septième question : A quel âge monte-t-on les chevaux
au Nedjed, et quels sont les noms qui servent à dési-
gner leurs différents âges? — réponse : En cas de né-
cessité, on commence à monter les chevaux dès l'âge
de dix-huit mois ; mais, ordinairement, ce n'est que
lorsqu'ils ont atteint trois ans, ou, mieux encore, lors-
qu'ils ont accompli leur sixième année. De six à quinze
ans, c'est l'époque où le cheval rend les meilleurs ser-
vices. A partir de l'âge de quinze ans, le cheval entre
dans une période sans cesse décroissante d'utilité. A
un an, le poulain est appelé houli; à deux, djezâ; à
trois, tseni; à quatre, roubdi; à cinq, khoumassi; à six,
» Puissiez-vous toujours être satisfait au delà de vos
souhaits.
» En date du 29 chabou 1276. — 21 mars 1860.
» L'émir de la très-honorable Mecqu0,
D ABDALLAH (L. S.). »
Première question : Quelles sont les tribus du Nedjed
dont les chevaux ont le plus de réputation? — Réponse:
Les purs chevaux de race se trouvent aujourd'hui plus
particulièrement au sein de la grande tribu de Kah-
than qui occupe la province même du Nedjed, et dont
plusieurs importantes fractions campent plus au loin,
vers le sud.
Deuxième question : Quels sont, parmi les chevaux de
race, ceux qui ont encore plus de réputation que les
autres?— réponse : Les chevaux les plus précieux sont ceux
de Dahem, et les meilleurs, parmi eux, sont ceux ap-
pelés du nom de Daheman-Chahouan. Dahem est le nom
d'une fraction de la tribu de Kahthan. — On cite ce
fait d'une fameuse jument de cette race : dans un jour
de combat, montée par son cavalier qui était revêtu de
son armure de fer et qui, en outre, avait en croupe son
frère d'armes, elle s'élança impétueusement au milieu
de la mêlée, bien que pleine de plusieurs mois et suivie
de sa pouliche âgée de deux ans ; malgré ces fâcheuses
conditions, elle étonna tout le monde par l'intrépidité
et la rapidité de sa course, elle dépassa les meilleurs
coursiers de l'ennemi, et valut à son heureux maître un
riche butin de plus de quatre-vingts chameaux.
Troisième question : Aux yeux des Arabes du Nedjed,
le cheval est-il plus précieux que la jument comme
race et produits à obtenir ou bien est-ce le contraire?
— Quelle est la cause de cette préférence? — Si le pou-
lain hérite plutôt des qualités du père que de celles de
la mère? — Pourquoi les juments se vendent-elles à des
prix plus élevés que les chevaux ? — Réponse : En ce
qui concerne la supériorité comme valeur et race du
cheval ou de la jument, une tradition qui a cours au
sein des Arabes veut que leurs premiers aïeux aient
commencé, tout d'abord, à dompter et à élever deux
juments; dès qu'ils eurent obtenu ce "résultat, ils lais-
sèrent ces juments libres aux pâturages mêlées aux
troupeaux de chevaux sauvages du pays. Or, il arriva
que quelques-uns de ceux-ci saillirent les deux ju-
ments; n'ayant pu connaître quels furent les étalons
qui les fécondèrent, ils décidèrent, d'un commun ac-
cord, que la filiation des produits de leurs haras s'éta-
blirait, à l'avenir, par la mère. Cette décision prévalut
au sein des autres tribus de la contrée et fut toujours
observée. — Quant au prix élevé qu'ont les juments
chez les Arabes, cette plus-value est due, en outre, à
ce que les juments offrent plus de profit que les che-
vaux à l'Arabe qui veut s'en défaire. En effet, les Ara-
bes qui ne vendent ordinairement leur jument qu'à
leurs contributes, mettent à la vente cette condition
expresse que si elle devient pleine et qu'elle donne
naissance à une pouliche, celle-ci appartient de droit
au vendeur; en outre, que l'acheteur devra garder la
pouliche trois jours chez lui et lui laisser téter la mère
pendant un mois entier. Si la jument vendue appartient
à une race de haute réputation, ces conditions formel-
les sont maintenues pour trois de ses portées. — Dans
le cas où la jument vendue vient à mettre bas d'un
poulain, celui-ci appartient à l'acheteur, et le vendeur
attend patiemment la naissance d'une pouliche pour
revendiquer ses droits. — Ces avantages sont précisé-
ment la cause qui fait que les juments se vendent
plus cher que les chevaux. 1
Quatrième question : Combien de temps un bon cheval
de race du Nedjed peut-il marcher sans s'arrêter pour
se reposer, sans tomber de lassitude? — Réponse : Un
bon cheval de race ne tombe jamais de lassitude, il ré-
siste toujours t la marche. Il faut cependant deux con-
ditions pour cela ; qu'il soit parfaitement sain de corps,
et que, de loin en loin, il trouve quelque peu à man-
ger. — Loin de le fatiguer, cet exercice augmente la
rapidité de sa course. C'est justement dans de pareilles
circonstances qu'on reconnaît si le cheval est d'antique
race, si son origine est pure.
Cinquième question : En combien de temps, par exem-
ple, un cheval de race pourra-t-il franchir, sans se fa-
tiguer, une distance qui exigera, pour un cheval ordi-
naire, vingt-quatre heures de bonne marche? - Réponse:
Un bon cheval de véritable race franchira cette dis-
tance en six heures sans se ressentir d'aucune lassi-
tude.
Sixième question : Combien de temps un cheval de race
pourra-t-il marcher sans boire ni manger? — Réponsei
Dans un cas de nécessité majeure , un cheval de racé
pourra marcher jusqu'à trois jours sans rien manger;
mais ces courses forcées répugnent extrêmement aux
Arabes, car ils aiment leurs chevaux plus qu'eux-
mêmes. Ils prennent ordinairement grand soin qu'ils
n'aient ni faim, ni soif. On sait d'ailleurs qu'ils cam*-
pent dans des localités où les pâturages sont plus ou
moins abondants, et où leurs chevaux trouvent tou-
jours aisément à se nourrir. On cite les vers suivants
à l'appui de l'attachement et des soins de l'Arabe pour
son cheval : — « Certes, je ne m'exposerai pas au mé-
pris du monde en vendant ou en louant ma jument,
ma jument de race pure et à qui je ne donne qu'une
nourriture saine et délicate. — Veiller avec un soin
scrupuleux à sa nourriture c'est une impérieuse obliga-
tion pour mci. Et si je la néglige, son pauvre enfant
n'aurait-il pas faim? - Qui ne sait que ma jument
descend d'antiques et nobles ancêtres?. Celui qui
voudra Rassurer de sa lignée reconnaîtra que ses aïeux
étaient de la pure et belle race de Kerâ. »
Septième question : A quel âge monte-t-on les chevaux
au Nedjed, et quels sont les noms qui servent à dési-
gner leurs différents âges? — réponse : En cas de né-
cessité, on commence à monter les chevaux dès l'âge
de dix-huit mois ; mais, ordinairement, ce n'est que
lorsqu'ils ont atteint trois ans, ou, mieux encore, lors-
qu'ils ont accompli leur sixième année. De six à quinze
ans, c'est l'époque où le cheval rend les meilleurs ser-
vices. A partir de l'âge de quinze ans, le cheval entre
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