Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-11-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 novembre 1861 01 novembre 1861
Description : 1861/11/01 (A6,N129). 1861/11/01 (A6,N129).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032825
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 347
utilité incontestable et universelle a réuni toutes les
sympathies du monde, on voit que nous voulons parler
du percement de l'isthme de Suez ; l'Angleterre seule
lui a opposé tous les obstacles de son influence et de
ses secrètes intrigues. Apôtre de la concurrence,
elle n'a pas craint de donner ce démenti éclatant à ses
propres doctrines ; elle a mis tous ses efforts à fermer
cette route facile au commerce de tous les peuples,
quoique cette route pût lui être plus utile qu'à aucun
autre, sacrifiant ainsi son intérêt au désir de nuire à
autrui, et au besoin de ne point se laisser développer
l'activité commerciale des autres nations. C'est dans
toutes les circonstances qu'éclate cette conduite qui ne
craint pas de renier ses principes toutes les fois qu'elle
doit avoir un intérêt dans cette apostasie.
» Les événements récents nous fournissent aux États-
Unis un quatrième et éclatant exemple de cette façon
d'agir. L'Angleterre s'est fait une sorte de dogme de
l'abolition de l'esclavage. Elle a troublé et persécuté tous
les États pour y parvenir; elle a fait surtout de la con-
servation de ce fléau un criuie à l'Amérique. Depuis
vingt ans tous ses journaux sont remplis des descrip-
tions les plus lamentables sur les calamités qu'entraîne
la conservation de l'esclavage dans certains États de
l'Union. Cependant une guerre civile éclate dans laquelle
le triomphe de l'esclavage est d'un côté et sa défaite
de l'autre. Or, toutes les sympathies et tous les vœux
de l'Angleterre se sont tournés du côté des esclava-
gistes. Par quelle raison? La presse anglaise ne le
dissimule guère. Elle voit dans la victoire des États du
Sud la destruction de cette puissance américaine si
redoutée et qui a fait dévorer tant d'affronts à la poli-
tique anglaise.
» Elle compte, parla constitution de deux gouverne-
ments séparés en Amérique, hostiles l'un à l'autre et
à côté l'un de l'autre, dirigés par les principes les plus
opposés, neutraliser le Nord par le Sud et le Sud par le
Nord. Il en résultera sans doute des guerres sanglantes
et continuelles, des désastres et des ruines, et le mal-
heur de plusieurs millions de membres de la race
humaine. Qu'importe 1 la puissance anglaise pour arri-
ver à ses fins, a besoin que les peuples se divisent et se
déchirent, et puisque le triomphe de l'esclavage est le
moyen de déchirer et de diviser l'Union, l'Angleterre
est aux États Unis pour le triomphe de l'esclavage.
» Or, ne l'oublions point, cette politique est aussi celle
de l'Angleterre sur le continent européen, et tout l'es-
prit en a été concentré dans ces traités de 1815, chef-
d'œuvre et dernier mot de la diplomatie britannique,
et qu'elle ne voit tomber pièce à pièce qu'avec protesta-
tion et douleur. Les traités de 1815, en effet, ne sont
pas autre chose que l'organisation de ce qu'on a appelé
la guerre civile européenne. L'Angleterre, après s'y être
fait la part du lion, s'est isolée dans l'immense empire
qu'elle venait de se tailler, en laissant à l'Europe le
poids de toutes les convulsions que ces traités portaient
nécessairement dans leurs flancs. Si, d'un côté, ils
étaient l'armement permanent de l'Europe contre la
France, l'abaissement systématique de la France, trop
fière pour toujours endurer cette chaîne, de l'autre ils
étaient la constitution des gouvernements européens
* dans les nécessités d'antagonisme et de trouble dont les
conséquences ne tardèrent pas à éclater et ont duré
jusqu'à, nos jours.
» Il n'est pas une nation européenne que l'Angleterre
n'eût laissé se constituer avec un embarras et un danger
dans son sein. Elle voyait avec joie les gouvernements
imprévoyants briser et se distribuer ces nationalités
qui, tôt ou tard, ne pouvaient manquer de faire explo-
sion. Ces explosions survenaient; l'Europe, depuis 1815,
ne cessait d'être agitée par ces ferments ou ces révolu-
tions ; l'Angleterre soufflait le feu, tantôt du côté des
rois, tantôt du côté des peuples; mais dans l'un et
l'autre cas, son assistance, comme dit l'Économist,
restait toute sentimentale et morale, et tandis que l'on
se battait en Europe, l'Angleterre travaillait en paix
et accaparait sans opposition toutes les stations mari-
times. tous les grands marchés de l'Orient à son profit.
» Grâce aux lumières répandues par la presse, grâce
aux efforts de la discussion publique, cette politique
est désormais percée à jour. Les peuples et les gouver-
nements la discernent et l'apprécient, et nous voyons
que c'est surtout dans cette intelligence de l'esprit et
des tendances de la politique anglaise que VEeonomist
devrait aller chercher le secret d'une aversion qui est
trop générale pour tenir aux causes si futiles qu'il lui
attribue.
» Il est encore une autre question qu'il est essentiel
de signaler à l'Economist et qui, suivant nous, ne con-
tribue pas peu au discrédit et à la déconsidération de la
politique extérieure de l'Angleterre. Cette question
n'est rien moins que le principe de l'égalité mari-
time.
» L'Angleterre, en effet, protesterait si une nation
quelconque voulait être, à elle seule, militairement
plus forte que le reste du continent, et elle y verrait
l'oppression de l'Europe et l'anéantissement de l'équili-
bre européen ; mais s'il s'agit de la puissance maritime,
son principe est tout opposé. Elle n'admet pas que les
armées ni de la France, ni de l'Autriche, ni de la
Russie, puissent primer et dominer la terre, mais elle
pose comme principe international que la marine bri-
tannique doit dominer et régner sur la mer. L'Angle-
terre, en un mot, doit entretenir sur mer, d'après ses
théories, plus de forces que toutes les autres nations
ensemble, et si une nation s'avise de vouloir fortifier
ou organiser solidement sa marine, c'est un attentat con-
tre les droits supérieurs et antérieurs de l'Angleterre.
Nous avons vu ce sentiment se manifester chez nos voisins
insulaires lorsque la France a voulu tenter de mettre
sa flotte sur un pied respectable. Nous voyons ce même
sentiment poindre contre l'Allemagne, parce que l'Alle-
magne a laissé voir le désir de posséder une flotte
quelconque. L'Angleterre n'envisage pas avec moins
de déplaisir les efforts que l'Espagne fait dans le même
sens. Elle ne surveille pas avec moins de jalousie les
mouvements des arsenaux russes. Nous croyons fer-
mement que cette affectation à la domination maritime
blesse et irrite comme une insulte les peuples du con-
tinent.
utilité incontestable et universelle a réuni toutes les
sympathies du monde, on voit que nous voulons parler
du percement de l'isthme de Suez ; l'Angleterre seule
lui a opposé tous les obstacles de son influence et de
ses secrètes intrigues. Apôtre de la concurrence,
elle n'a pas craint de donner ce démenti éclatant à ses
propres doctrines ; elle a mis tous ses efforts à fermer
cette route facile au commerce de tous les peuples,
quoique cette route pût lui être plus utile qu'à aucun
autre, sacrifiant ainsi son intérêt au désir de nuire à
autrui, et au besoin de ne point se laisser développer
l'activité commerciale des autres nations. C'est dans
toutes les circonstances qu'éclate cette conduite qui ne
craint pas de renier ses principes toutes les fois qu'elle
doit avoir un intérêt dans cette apostasie.
» Les événements récents nous fournissent aux États-
Unis un quatrième et éclatant exemple de cette façon
d'agir. L'Angleterre s'est fait une sorte de dogme de
l'abolition de l'esclavage. Elle a troublé et persécuté tous
les États pour y parvenir; elle a fait surtout de la con-
servation de ce fléau un criuie à l'Amérique. Depuis
vingt ans tous ses journaux sont remplis des descrip-
tions les plus lamentables sur les calamités qu'entraîne
la conservation de l'esclavage dans certains États de
l'Union. Cependant une guerre civile éclate dans laquelle
le triomphe de l'esclavage est d'un côté et sa défaite
de l'autre. Or, toutes les sympathies et tous les vœux
de l'Angleterre se sont tournés du côté des esclava-
gistes. Par quelle raison? La presse anglaise ne le
dissimule guère. Elle voit dans la victoire des États du
Sud la destruction de cette puissance américaine si
redoutée et qui a fait dévorer tant d'affronts à la poli-
tique anglaise.
» Elle compte, parla constitution de deux gouverne-
ments séparés en Amérique, hostiles l'un à l'autre et
à côté l'un de l'autre, dirigés par les principes les plus
opposés, neutraliser le Nord par le Sud et le Sud par le
Nord. Il en résultera sans doute des guerres sanglantes
et continuelles, des désastres et des ruines, et le mal-
heur de plusieurs millions de membres de la race
humaine. Qu'importe 1 la puissance anglaise pour arri-
ver à ses fins, a besoin que les peuples se divisent et se
déchirent, et puisque le triomphe de l'esclavage est le
moyen de déchirer et de diviser l'Union, l'Angleterre
est aux États Unis pour le triomphe de l'esclavage.
» Or, ne l'oublions point, cette politique est aussi celle
de l'Angleterre sur le continent européen, et tout l'es-
prit en a été concentré dans ces traités de 1815, chef-
d'œuvre et dernier mot de la diplomatie britannique,
et qu'elle ne voit tomber pièce à pièce qu'avec protesta-
tion et douleur. Les traités de 1815, en effet, ne sont
pas autre chose que l'organisation de ce qu'on a appelé
la guerre civile européenne. L'Angleterre, après s'y être
fait la part du lion, s'est isolée dans l'immense empire
qu'elle venait de se tailler, en laissant à l'Europe le
poids de toutes les convulsions que ces traités portaient
nécessairement dans leurs flancs. Si, d'un côté, ils
étaient l'armement permanent de l'Europe contre la
France, l'abaissement systématique de la France, trop
fière pour toujours endurer cette chaîne, de l'autre ils
étaient la constitution des gouvernements européens
* dans les nécessités d'antagonisme et de trouble dont les
conséquences ne tardèrent pas à éclater et ont duré
jusqu'à, nos jours.
» Il n'est pas une nation européenne que l'Angleterre
n'eût laissé se constituer avec un embarras et un danger
dans son sein. Elle voyait avec joie les gouvernements
imprévoyants briser et se distribuer ces nationalités
qui, tôt ou tard, ne pouvaient manquer de faire explo-
sion. Ces explosions survenaient; l'Europe, depuis 1815,
ne cessait d'être agitée par ces ferments ou ces révolu-
tions ; l'Angleterre soufflait le feu, tantôt du côté des
rois, tantôt du côté des peuples; mais dans l'un et
l'autre cas, son assistance, comme dit l'Économist,
restait toute sentimentale et morale, et tandis que l'on
se battait en Europe, l'Angleterre travaillait en paix
et accaparait sans opposition toutes les stations mari-
times. tous les grands marchés de l'Orient à son profit.
» Grâce aux lumières répandues par la presse, grâce
aux efforts de la discussion publique, cette politique
est désormais percée à jour. Les peuples et les gouver-
nements la discernent et l'apprécient, et nous voyons
que c'est surtout dans cette intelligence de l'esprit et
des tendances de la politique anglaise que VEeonomist
devrait aller chercher le secret d'une aversion qui est
trop générale pour tenir aux causes si futiles qu'il lui
attribue.
» Il est encore une autre question qu'il est essentiel
de signaler à l'Economist et qui, suivant nous, ne con-
tribue pas peu au discrédit et à la déconsidération de la
politique extérieure de l'Angleterre. Cette question
n'est rien moins que le principe de l'égalité mari-
time.
» L'Angleterre, en effet, protesterait si une nation
quelconque voulait être, à elle seule, militairement
plus forte que le reste du continent, et elle y verrait
l'oppression de l'Europe et l'anéantissement de l'équili-
bre européen ; mais s'il s'agit de la puissance maritime,
son principe est tout opposé. Elle n'admet pas que les
armées ni de la France, ni de l'Autriche, ni de la
Russie, puissent primer et dominer la terre, mais elle
pose comme principe international que la marine bri-
tannique doit dominer et régner sur la mer. L'Angle-
terre, en un mot, doit entretenir sur mer, d'après ses
théories, plus de forces que toutes les autres nations
ensemble, et si une nation s'avise de vouloir fortifier
ou organiser solidement sa marine, c'est un attentat con-
tre les droits supérieurs et antérieurs de l'Angleterre.
Nous avons vu ce sentiment se manifester chez nos voisins
insulaires lorsque la France a voulu tenter de mettre
sa flotte sur un pied respectable. Nous voyons ce même
sentiment poindre contre l'Allemagne, parce que l'Alle-
magne a laissé voir le désir de posséder une flotte
quelconque. L'Angleterre n'envisage pas avec moins
de déplaisir les efforts que l'Espagne fait dans le même
sens. Elle ne surveille pas avec moins de jalousie les
mouvements des arsenaux russes. Nous croyons fer-
mement que cette affectation à la domination maritime
blesse et irrite comme une insulte les peuples du con-
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