Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-10-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 octobre 1861 15 octobre 1861
Description : 1861/10/15 (A6,N128). 1861/10/15 (A6,N128).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203281r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
, JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 331
de la pouliche, tenu debout de façon à ce que l'épine
dorsale se recourbe et craque même parfois. — Pendant
les quarante premiers jours, le poulain ou la pouli-
che se nourrit uniquement du lait de sa mère. Au bout
de ce temps on ne lui donne plus que du lait frais de
chamelle. Cette seconde période d'alimentation dure
-trois mois, Ce terme écoulé, on flui donne à 'manger,
pendant trois autres.mois, du blé bien nettoyé, trié et
-lavé, et dont a eu soin de laisser égoutter toute l'eau
pendant plusieurs heures, si bien que lorsque le pou-
lain le mange, chaque grain est grossi et s'écrase fa-
cilement en pâte laiteuse. Pour boisson on lui donne
du lait frais de chamelle ou bien encore du petit-lait.
— Au bout de ces trois mois, une quatrième période
-d'alimentation commence. Les femmes de la tente vont
cueillir, touffes, par touffes, du bercim (trèfle), qui croît
dans nos vallées et en rapportent des charges dans les
plis de leur manteau ; on secoue chaque touffe de cette
herbe pour en détacher soigneusement les terres en-
core adhérentes, puis on en forme une première cou-
che que l'on arrose avec de l'eau insufflée par la bou-
che; une deuxième et une troisième couches succèdent
ainsi à la première, et on amène alors le poulain qui
se tfepaît à son aise de cette excellente nutrition. Le
soir on lui donne encore du lait de chamelle à boire,
- et à manger du blé macéré, préparé à l'avance comme
je viens de le dire. Souvent, au lieu de froment, on lui
- donne des dattes délayées dans de l'eau. — Le pou-
lain est près d'atteindre, à ce moment, son onzième
mois, et on ne lui donne plus, dès lors, que la nourri-
ture ordinaire des chevaux. »
Tel est le récit détaillé que m'a fait cet Arabe du
déserta et il prenait un si grand intérêt à me donner
ces renseignements que ses yeux et ses gestes s'ani-
maient Singulièrement à mesure que la conversation
se-prolongeait.
En général les chevaux arabes sont petits de taille,
d'une constitution plutôt délicate, mais exercés aux
fatigues des longues marches, sveltes, vifs et d'une
légèreté surprenante à la course; ayant, d'ailleurs,
c-fort -peu de ventre, de petites oreilles et une queue
1 courte et effilée. Ils sont presque toujours exempts de
difformités apparentes, et si doux, si dociles qu'ils se
laissent pousser et conduire par les femmes et les en-
fants au milieu desquels ils se couchent parfois sous la
même tente.
Les qualités physiques que les Arabes prisent le plus
dans un cheval, sont : le coup long- et arqué, les oreil-
les fines et se touchant presque par leurs bouts, la tête
petite, les yeux gros et pleins de feu, les ganaches dé-
charnées, le museau effilé, les naseaux bien fendus, le
ventre peu évasé, les jambes nerveuses, les paturons
- courts et flexibles, les sabots amples et durs, la poi-
trine large et la croupe haute et arrondie. Toutefois,
pourvu que l'animal réunisse les trois beautés de la
tête, du col et de la croupe, ils le regardent comme
parfait ; ét c'est vce qu'Horace a très-laconiquement ex-
primé dans ce vers :
Pulchrce clunes, breve quod caput, ardua cervix.
On trouve l'éloge du cheval dans une infinité d'ou-
vrages orientaux, à commencer par l'Ancien Testanaen
et le Coran. Je laisse de côté ces deux autorités sacrées
et je vous rappellerai comment certains poëtes s'ex-
primèrent à cet égard.
Le fameux Lebid-ben-Rabiâ (1) a célébré en ces ter-
mes son cheval dans la Moâllaka qui nous'reste 'de lui :
« Alors, dit-il, je le ramène dans la. plaine : il marche
la tête levée, semblable à un palmier dont les branches,
portées sur une haute tige, dérobent leurs fruits à li-
vidité de la main qui veut les cueillir. Je le fais courir
avec autant et plus de vitesse que l'autruche; lorsqu'il
est dans la plus grande chaleur et qu'il vole avec-une
extrême vitesse, la selle s'agite sur les reins; un torrent
d'eau coule sur son poitrail : les sangles sont trempées
de la sueur écumante dont il est couvert ; il lève la
tête et semble vouloir se soustraire à la bride qui mo-
dère son ardeur ; il poursuit sa course avec la rapidité
d'une colombe qui, dévorée par la soif, précipite son
vol vers un ruisseau pour s'y désaltérer. (2) » -
La Moûllaki d'Amr'-El-Kaïss (3) contient cette autre
description du cheval : « Docile au frein, il sait égale-
ment attaquer et éviter, poursuivre et fuir. (C'est de
son cheval dont il parle.) Sa force a. et son impétuosité
sont celles d'un quartier de roc qu'un torrent précipite
du haut d'une montagne. Sa couleur est baie ; la gelle
peut à peine se fixer sur son dos, semblable à la pierre
polie sur laquelle l'onde glisse avec rapidité. 11 est mai-
gre et plein de feu. Lorsqu'il se livre à son ardeur, il
fait entendre à la course un son pareil au bruit de l'eau
qui bouillonne dans une chaudière. Après une longue
carrière il vole encore légèrement, tandis que les meil-
leurs coursiers, épuisés de fatigue, laissent tomber pe-
samment leurs pieds et font lever la poussière, même
sur un terrain ferme battu. Il renverse le jeune homme
dont le poids est trop faible pour lui, et fait flotter au
gré des vents les vêtements du cavalier qui le charge
davantage et sait le manier avec plus d'énergie. Ses
mouvements sont aussi prompts que la rotation du
jouet sur lequel la^main de l'enfant a roulé une ficelle
de plusieurs bouts noués ensemble. Il a -le flanc court
de la gazelle, le jarret sec et nerveux de l'autruche ;
(1) Lebid appartenait à la tribu d'Amr'-Ibn-Sassâa. Il était en-
core dans l'idolâtrie à l'époque de la mission de Mahomet, et em-
brassa l'islamisme quelques années après. Il devint l'un des popu-
laires et premiers poètes de l'Arabie. Né vers l'an 570 de J. C., il
mourut très-âgé, dans le califat de Moœwia, vers l'an 662 tie
J.-C. — Sa Moâllalia a été traduite et publiée en français par
l'illustre M. de Sacy. — On sait que les poëmes connus sous ce
nom sont dus à des poètes du temps de la gentilité arabe. Ces
poëmes ont été ainsi appelés parce que pour en rehausser la gloire
et le mérite ils avaient été attachés ou suspendus (moàllak) à la
porte du saint temple de la Mecque. Les poètes, auteurs de Moâl-
laka, sont au nombre de sept : Zohair, Tarafa, Amr'El-Kaiss,
Amron-Iba-Kaltoum, El-Hareth, Antara et Lebid.
(2) De la traduction de M. le baron Sylvestre de Sacy. « 1
(3) Prince et poëte de la tribu de Kenda dont son père, -Hoàjer,
fut roi. Célèbre autant par ses malheurs que par son talent poéti-
que, Amr'-El-Kaïss était né vers l'an 500 de J. C., dans le Nedjed,
chez les Beni Açad, et mourut en 540 à Ancyre (Angora).
de la pouliche, tenu debout de façon à ce que l'épine
dorsale se recourbe et craque même parfois. — Pendant
les quarante premiers jours, le poulain ou la pouli-
che se nourrit uniquement du lait de sa mère. Au bout
de ce temps on ne lui donne plus que du lait frais de
chamelle. Cette seconde période d'alimentation dure
-trois mois, Ce terme écoulé, on flui donne à 'manger,
pendant trois autres.mois, du blé bien nettoyé, trié et
-lavé, et dont a eu soin de laisser égoutter toute l'eau
pendant plusieurs heures, si bien que lorsque le pou-
lain le mange, chaque grain est grossi et s'écrase fa-
cilement en pâte laiteuse. Pour boisson on lui donne
du lait frais de chamelle ou bien encore du petit-lait.
— Au bout de ces trois mois, une quatrième période
-d'alimentation commence. Les femmes de la tente vont
cueillir, touffes, par touffes, du bercim (trèfle), qui croît
dans nos vallées et en rapportent des charges dans les
plis de leur manteau ; on secoue chaque touffe de cette
herbe pour en détacher soigneusement les terres en-
core adhérentes, puis on en forme une première cou-
che que l'on arrose avec de l'eau insufflée par la bou-
che; une deuxième et une troisième couches succèdent
ainsi à la première, et on amène alors le poulain qui
se tfepaît à son aise de cette excellente nutrition. Le
soir on lui donne encore du lait de chamelle à boire,
- et à manger du blé macéré, préparé à l'avance comme
je viens de le dire. Souvent, au lieu de froment, on lui
- donne des dattes délayées dans de l'eau. — Le pou-
lain est près d'atteindre, à ce moment, son onzième
mois, et on ne lui donne plus, dès lors, que la nourri-
ture ordinaire des chevaux. »
Tel est le récit détaillé que m'a fait cet Arabe du
déserta et il prenait un si grand intérêt à me donner
ces renseignements que ses yeux et ses gestes s'ani-
maient Singulièrement à mesure que la conversation
se-prolongeait.
En général les chevaux arabes sont petits de taille,
d'une constitution plutôt délicate, mais exercés aux
fatigues des longues marches, sveltes, vifs et d'une
légèreté surprenante à la course; ayant, d'ailleurs,
c-fort -peu de ventre, de petites oreilles et une queue
1 courte et effilée. Ils sont presque toujours exempts de
difformités apparentes, et si doux, si dociles qu'ils se
laissent pousser et conduire par les femmes et les en-
fants au milieu desquels ils se couchent parfois sous la
même tente.
Les qualités physiques que les Arabes prisent le plus
dans un cheval, sont : le coup long- et arqué, les oreil-
les fines et se touchant presque par leurs bouts, la tête
petite, les yeux gros et pleins de feu, les ganaches dé-
charnées, le museau effilé, les naseaux bien fendus, le
ventre peu évasé, les jambes nerveuses, les paturons
- courts et flexibles, les sabots amples et durs, la poi-
trine large et la croupe haute et arrondie. Toutefois,
pourvu que l'animal réunisse les trois beautés de la
tête, du col et de la croupe, ils le regardent comme
parfait ; ét c'est vce qu'Horace a très-laconiquement ex-
primé dans ce vers :
Pulchrce clunes, breve quod caput, ardua cervix.
On trouve l'éloge du cheval dans une infinité d'ou-
vrages orientaux, à commencer par l'Ancien Testanaen
et le Coran. Je laisse de côté ces deux autorités sacrées
et je vous rappellerai comment certains poëtes s'ex-
primèrent à cet égard.
Le fameux Lebid-ben-Rabiâ (1) a célébré en ces ter-
mes son cheval dans la Moâllaka qui nous'reste 'de lui :
« Alors, dit-il, je le ramène dans la. plaine : il marche
la tête levée, semblable à un palmier dont les branches,
portées sur une haute tige, dérobent leurs fruits à li-
vidité de la main qui veut les cueillir. Je le fais courir
avec autant et plus de vitesse que l'autruche; lorsqu'il
est dans la plus grande chaleur et qu'il vole avec-une
extrême vitesse, la selle s'agite sur les reins; un torrent
d'eau coule sur son poitrail : les sangles sont trempées
de la sueur écumante dont il est couvert ; il lève la
tête et semble vouloir se soustraire à la bride qui mo-
dère son ardeur ; il poursuit sa course avec la rapidité
d'une colombe qui, dévorée par la soif, précipite son
vol vers un ruisseau pour s'y désaltérer. (2) » -
La Moûllaki d'Amr'-El-Kaïss (3) contient cette autre
description du cheval : « Docile au frein, il sait égale-
ment attaquer et éviter, poursuivre et fuir. (C'est de
son cheval dont il parle.) Sa force a. et son impétuosité
sont celles d'un quartier de roc qu'un torrent précipite
du haut d'une montagne. Sa couleur est baie ; la gelle
peut à peine se fixer sur son dos, semblable à la pierre
polie sur laquelle l'onde glisse avec rapidité. 11 est mai-
gre et plein de feu. Lorsqu'il se livre à son ardeur, il
fait entendre à la course un son pareil au bruit de l'eau
qui bouillonne dans une chaudière. Après une longue
carrière il vole encore légèrement, tandis que les meil-
leurs coursiers, épuisés de fatigue, laissent tomber pe-
samment leurs pieds et font lever la poussière, même
sur un terrain ferme battu. Il renverse le jeune homme
dont le poids est trop faible pour lui, et fait flotter au
gré des vents les vêtements du cavalier qui le charge
davantage et sait le manier avec plus d'énergie. Ses
mouvements sont aussi prompts que la rotation du
jouet sur lequel la^main de l'enfant a roulé une ficelle
de plusieurs bouts noués ensemble. Il a -le flanc court
de la gazelle, le jarret sec et nerveux de l'autruche ;
(1) Lebid appartenait à la tribu d'Amr'-Ibn-Sassâa. Il était en-
core dans l'idolâtrie à l'époque de la mission de Mahomet, et em-
brassa l'islamisme quelques années après. Il devint l'un des popu-
laires et premiers poètes de l'Arabie. Né vers l'an 570 de J. C., il
mourut très-âgé, dans le califat de Moœwia, vers l'an 662 tie
J.-C. — Sa Moâllalia a été traduite et publiée en français par
l'illustre M. de Sacy. — On sait que les poëmes connus sous ce
nom sont dus à des poètes du temps de la gentilité arabe. Ces
poëmes ont été ainsi appelés parce que pour en rehausser la gloire
et le mérite ils avaient été attachés ou suspendus (moàllak) à la
porte du saint temple de la Mecque. Les poètes, auteurs de Moâl-
laka, sont au nombre de sept : Zohair, Tarafa, Amr'El-Kaiss,
Amron-Iba-Kaltoum, El-Hareth, Antara et Lebid.
(2) De la traduction de M. le baron Sylvestre de Sacy. « 1
(3) Prince et poëte de la tribu de Kenda dont son père, -Hoàjer,
fut roi. Célèbre autant par ses malheurs que par son talent poéti-
que, Amr'-El-Kaïss était né vers l'an 500 de J. C., dans le Nedjed,
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