Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 octobre 1861 01 octobre 1861
Description : 1861/10/01 (A6,N127). 1861/10/01 (A6,N127).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203280b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 315
passa en Grèce, était connu depuis longtemps sur les
rives du Nil. Les événements racontés par ces écrits
grecs, concordant avec ceux reproduits par cette mys-
térieuse écriture figurée par des animaux sculptés en
relief ou en creux, et qui sont les caractères d'une lan-
gue jadis à l'usage des prêtres seuls, dévoilent mutuel-
lement leur authenticité et se prouvent et se complè-
tent les uns par les autres; en outre, l'âge des monu-
ments se confirme par l'époque des dynasties, et cela
réciproquement à cause des inscriptions. Donc, un
nouveau jour va naître, qui fera de l'Égyptologie une
• science aussi vraie que curieuse, établissant en défini-
tive que le culte n'y était qu'une longue allégorie as-
tronomique; mais arrêtons-nous ici!
» On construit au Caire, sur les bords du Nil, un mu-
sée spécial, dont l'architecture est empruntée à celle du
beau temple d'Edfou, afin que l'édifice s'harmonise avec
les merveilles d'un autre âge qu'il doit contenir.
» Nous avons parlé d'une double résurrection de l'E-
gypte; elle ressuscite en effet dans sa vie matérielle,
elle se manifeste aussi dans l'explication de son culte
et de ses usages, et des cérémonies publiques et pri-
vées, c'est-à-dire dans sa vie morale.
» En secouant la poussière des siècles qui cachait la
vie des Pharaons, en dévoilant les mystères dont s'en-
veloppait le sacerdoce, et montrant à nos regards sur-
pris le luxe et les mœurs des citoyens dans ces temps
reculés, le grand homme, le sage qui règne sur deux
mers a rendu à l'histoire un service sans exemple, car
aucun roi n'a accompli de telles choses sur une aussi
vaste surface. Mais là ne s'arrêtent pas sa sollicitude et
ses bienfaits ; car si le protecteur des arts veut re-
constituer son vieux pays pour le bonheur des anti-
quaires, il a encore plus à cœur de régénérer le nou-
veau dans l'intérêt de son peuple. Animé de ce cons-
tant et magnanime désir, il réveille le commerce par
les voies ferrées, l'agriculture par les canaux, l'indus-
trie par les fabriques et les manufactures, et le tout
ensemble par la vapeur qui siffle sur le fleuve et l'élec-
tricité qui court sur les fils. Puis il complète ces mer-
veilles par une œuvre de la plus surprenante grandeur :
la nature avait séparé les mondes, il veut qu'on les
réunisse ; une barrière divisait les mers, un bosphore va
les souder à jamais. Et c'est alors que le monde, ravi
de tels prodiges, proclamera Mohammed Saïd le bien-
faiteur du genre humain.
» HENRI MolMER. »
LETTRES SUR LE HEDJAZ.
(IV* lettre.)
(Suite. — Voir les n" des 15 mars, 15 avril et 15 juillet.)
J'ai dit que la forme des barques affecte celle d'une
carcasse d'oie. La partie extérieure de la quille n'a
guère plus d'un demi-pied de haut, et l'élancement est
tellement considérable que l'étrave a souvent plus de
la moitié de la quille. — Les membrures sont fort rap-
prochées , mais faibles, souvent mal ajustées et mal
équarries. Celles de l'avant, plus faibles encore et plus
rapprochées entre elles, sont fixées sur l'étrave.
Les bordages sont en bois des Indes très-dur, mais
ils sont courts et ont peu d'épaisseur; ils sont cloués
sur les membrures avec des clous fabriqués dans le
pays avec du fer de mauvaise qualité et dont les têtes
dépassent et font saillie au dehors. A l'intérieur, plu-
sieurs baux concourent à la liaison de la coque du na-
vire. ,..�
Le calfatage se fait avec du coton, et, parfois aussi,
avec de l'étoupe provenant des filaments du cocotier ou
même du dattier. Le calfatage fini, on passe sur tout
le bordage une couche répétée de goudron. La partie
immergée du navire est enduite d'une composition de
suif, de savon et de plâtre, appelée dans le pays noura,
qui souvent atteint une épaisseur de 5 à 10 millimètres.
Cet enduit est bien inférieur à celui employé pour nos
navires, et entre autres désavantages, il a celui de
n'adhérer que d'une manière imparfaite au bois.
La hauteur moyenne des barques au-dessus de la
flottaison et sur lest, est de 4 pieds environ à l'avant;
elle est du double pour les grandes barques. Vers le
milieu, cette hauteur diminue un peu pour s'élever à
l'arrière, la chambre comprise, à 8 pieds environ pour
les saïas et les sambouks, et à 12 ou 15 pour les bag-
helas.
Souvent, en cours de voyage, pour garantir la car-
gaison des coups de mer, on installe le long du bord
un faux bastingage de 2 ou 3 pieds de haut, en nattes
ou en toile.
Les bordages et les câbles sont en filaments de dat-
tier et de cocotier, rarement en chanvre, et viennent
des Indes. La voilure est en coton, d'une étoffe légère
et de mauvaise fabrication; les lés n'ont guère plus de
25 centimètres de large, sont mal cousus, et presque
jamais la couture n'est rabattue. Pour l'ancrage, les
barques ne se servent que de grappins à deux ou trois
branches que l'équipage dérâpe à la main, sans guin-
deau ni treuil.
L'équipage est nombreux ; rarement il est de moins
de quinze hommes, et souvent il atteint le chiure de
trente. Le plus ordinairement, il se compose d'esclaves
appartenant aux propriétaires de la barque, au nombre
desquels figurent deux farad ias-sakouni ou timoniers. Le
commandement se partage entre un rouban et un nak-
houda. Le premier a la direction du navire à la mer, et
il en est en même temps le pilote ; le second est chargé
seulement du chargement et du déchargement de la
cargaison.
L'équipage est nourri par le propriétaire de la bar-
que. La cuisine se fait en commun sur une caisse rem-
plie de terre et placée à l'avant de la barque. Cette
nourriture se compose presque uniformément de riz ou
de blé concassé mêlé à des lentilles, le tout cuit au
beurre. Le pain se fait à bord, et on le cuit en l'appli-
quant contre les parois d'une grande jarre chauffée en
guise de four. L'eau est embarquée dans des caisses en
bois ou dans des jarres, mais en si petite quantité
qu'on est obligé d'en renouveler l'approvisionnement
tous les trois ou quatre jours, à l'atterrissage du soir.
C'est ici le lieu de dire que jamais une barque ne na-
vigue de nuit dans la mer Rouge, si ce n'est pour tra-
verser d'une rive à l'autre. Dans les voyages le long
passa en Grèce, était connu depuis longtemps sur les
rives du Nil. Les événements racontés par ces écrits
grecs, concordant avec ceux reproduits par cette mys-
térieuse écriture figurée par des animaux sculptés en
relief ou en creux, et qui sont les caractères d'une lan-
gue jadis à l'usage des prêtres seuls, dévoilent mutuel-
lement leur authenticité et se prouvent et se complè-
tent les uns par les autres; en outre, l'âge des monu-
ments se confirme par l'époque des dynasties, et cela
réciproquement à cause des inscriptions. Donc, un
nouveau jour va naître, qui fera de l'Égyptologie une
• science aussi vraie que curieuse, établissant en défini-
tive que le culte n'y était qu'une longue allégorie as-
tronomique; mais arrêtons-nous ici!
» On construit au Caire, sur les bords du Nil, un mu-
sée spécial, dont l'architecture est empruntée à celle du
beau temple d'Edfou, afin que l'édifice s'harmonise avec
les merveilles d'un autre âge qu'il doit contenir.
» Nous avons parlé d'une double résurrection de l'E-
gypte; elle ressuscite en effet dans sa vie matérielle,
elle se manifeste aussi dans l'explication de son culte
et de ses usages, et des cérémonies publiques et pri-
vées, c'est-à-dire dans sa vie morale.
» En secouant la poussière des siècles qui cachait la
vie des Pharaons, en dévoilant les mystères dont s'en-
veloppait le sacerdoce, et montrant à nos regards sur-
pris le luxe et les mœurs des citoyens dans ces temps
reculés, le grand homme, le sage qui règne sur deux
mers a rendu à l'histoire un service sans exemple, car
aucun roi n'a accompli de telles choses sur une aussi
vaste surface. Mais là ne s'arrêtent pas sa sollicitude et
ses bienfaits ; car si le protecteur des arts veut re-
constituer son vieux pays pour le bonheur des anti-
quaires, il a encore plus à cœur de régénérer le nou-
veau dans l'intérêt de son peuple. Animé de ce cons-
tant et magnanime désir, il réveille le commerce par
les voies ferrées, l'agriculture par les canaux, l'indus-
trie par les fabriques et les manufactures, et le tout
ensemble par la vapeur qui siffle sur le fleuve et l'élec-
tricité qui court sur les fils. Puis il complète ces mer-
veilles par une œuvre de la plus surprenante grandeur :
la nature avait séparé les mondes, il veut qu'on les
réunisse ; une barrière divisait les mers, un bosphore va
les souder à jamais. Et c'est alors que le monde, ravi
de tels prodiges, proclamera Mohammed Saïd le bien-
faiteur du genre humain.
» HENRI MolMER. »
LETTRES SUR LE HEDJAZ.
(IV* lettre.)
(Suite. — Voir les n" des 15 mars, 15 avril et 15 juillet.)
J'ai dit que la forme des barques affecte celle d'une
carcasse d'oie. La partie extérieure de la quille n'a
guère plus d'un demi-pied de haut, et l'élancement est
tellement considérable que l'étrave a souvent plus de
la moitié de la quille. — Les membrures sont fort rap-
prochées , mais faibles, souvent mal ajustées et mal
équarries. Celles de l'avant, plus faibles encore et plus
rapprochées entre elles, sont fixées sur l'étrave.
Les bordages sont en bois des Indes très-dur, mais
ils sont courts et ont peu d'épaisseur; ils sont cloués
sur les membrures avec des clous fabriqués dans le
pays avec du fer de mauvaise qualité et dont les têtes
dépassent et font saillie au dehors. A l'intérieur, plu-
sieurs baux concourent à la liaison de la coque du na-
vire. ,..�
Le calfatage se fait avec du coton, et, parfois aussi,
avec de l'étoupe provenant des filaments du cocotier ou
même du dattier. Le calfatage fini, on passe sur tout
le bordage une couche répétée de goudron. La partie
immergée du navire est enduite d'une composition de
suif, de savon et de plâtre, appelée dans le pays noura,
qui souvent atteint une épaisseur de 5 à 10 millimètres.
Cet enduit est bien inférieur à celui employé pour nos
navires, et entre autres désavantages, il a celui de
n'adhérer que d'une manière imparfaite au bois.
La hauteur moyenne des barques au-dessus de la
flottaison et sur lest, est de 4 pieds environ à l'avant;
elle est du double pour les grandes barques. Vers le
milieu, cette hauteur diminue un peu pour s'élever à
l'arrière, la chambre comprise, à 8 pieds environ pour
les saïas et les sambouks, et à 12 ou 15 pour les bag-
helas.
Souvent, en cours de voyage, pour garantir la car-
gaison des coups de mer, on installe le long du bord
un faux bastingage de 2 ou 3 pieds de haut, en nattes
ou en toile.
Les bordages et les câbles sont en filaments de dat-
tier et de cocotier, rarement en chanvre, et viennent
des Indes. La voilure est en coton, d'une étoffe légère
et de mauvaise fabrication; les lés n'ont guère plus de
25 centimètres de large, sont mal cousus, et presque
jamais la couture n'est rabattue. Pour l'ancrage, les
barques ne se servent que de grappins à deux ou trois
branches que l'équipage dérâpe à la main, sans guin-
deau ni treuil.
L'équipage est nombreux ; rarement il est de moins
de quinze hommes, et souvent il atteint le chiure de
trente. Le plus ordinairement, il se compose d'esclaves
appartenant aux propriétaires de la barque, au nombre
desquels figurent deux farad ias-sakouni ou timoniers. Le
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il en est en même temps le pilote ; le second est chargé
seulement du chargement et du déchargement de la
cargaison.
L'équipage est nourri par le propriétaire de la bar-
que. La cuisine se fait en commun sur une caisse rem-
plie de terre et placée à l'avant de la barque. Cette
nourriture se compose presque uniformément de riz ou
de blé concassé mêlé à des lentilles, le tout cuit au
beurre. Le pain se fait à bord, et on le cuit en l'appli-
quant contre les parois d'une grande jarre chauffée en
guise de four. L'eau est embarquée dans des caisses en
bois ou dans des jarres, mais en si petite quantité
qu'on est obligé d'en renouveler l'approvisionnement
tous les trois ou quatre jours, à l'atterrissage du soir.
C'est ici le lieu de dire que jamais une barque ne na-
vigue de nuit dans la mer Rouge, si ce n'est pour tra-
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