Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-11-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 novembre 1861 01 novembre 1861
Description : 1861/11/01 (A6,N129). 1861/11/01 (A6,N129).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032825
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
346 L'ISTHME DE SUEZ,
monde, parsemées sans cohésion sur tous les points des
mers. Il présente une surface presque partout vulné-
rable et qu'il est militairement impuissant à défendre
ou à protéger.
» Il domine des populations qui en grande majorité
ne lui sont rien moins qu'affectionnées ; il ne peut cer-
tes pas compter sur l'attachement des Maltais et des
Ioniens ; celui du Canada est que plus problématique ; l'11e
Maurice ne cesse de regretter sa séparation de la France,
et la révolte des Indes nous a dernièrement appris à
quelles seules conditions de terreur et de force l'An-
gleterre peut conserver l'obéissance de ces contrées.
Par ailleurs, la nature de ses institutions militaires
combinées avec les nécessités de son gouvernement
aristocratique la met dans l'impuissance de maintenir
• une armée permanente capable de couvrir celles de ses
possessions coloniales où domine la race anglo-saxonne ;
cela est si vrai que tout récemment une guerre ayant
éclaté dans la Nouvelle-Zélande entre les colons anglais
et les tribus indigènes, la presse de Londres et le gou-
vernement lui-même: ont ;très - nettement signifié aux
colons, réclamant à grands cris des renforts, que l'An-
gleterre ne pouvait point leur en envoyer et qu'ils de-
vaient pourvoir eux-mêmes à leur défense sans trop
compter sur les secours de la mère patrie.
» La faiblesse intime de l'Angleterre [s'est révélée
dans ses conflits avec les États-Unis, dont VEconomist
nous a parlé avec une certaine amertume. Il est très-
vrai que dans ces querelles l'Angleterre a toujours
plié, touj ours cédé, et qu'elle a supporté les agressions
les plus provocantes avec une patience qui n'a pas
d'exemple dans ses annales.
» Un autre événement a également contribué à faire
tomber le prestige dont l'Angleterre vivait depuis 1815,
cet événement c'est la guerre de Crimée, où son armée
et ses flottes, malgré leur incontestable bravoure, n'ont
cependant pas répondu à l'attente du monde.
» Enfin l'Angleterre, sous l'impulsion de l'homme
qui depuis vingt ans est l'incarnation de sa politique
extérieure, au total, ne s'est montrée forte qu'envers les
faibles, en restant timide et circonspecte envers ceux
qui lui résistaient. C'est ainsi qu'elle a tout fait pour
empêcher la guerre d'Italie et qu'elle a fini par la su-
bir ; c'est ainsi qu'elle a poussé les plus vives clameurs
contre l'annexion de la Savoie à la France et qu'elle a
fini par s'y résigner; c'est ainsi qu'elle est allée jusqu'à
faire une démonstration maritime pour prévenir la
guerre entre l'Espagne et le Maroc, et que devant la
ferme volonté du gouvernement de Madrid elle a laissé
l'armée espagnole débarquer à Ceuta, prendre Tétouan,
imposer ses conditions au Maroc. On sait donc aujourd'hui
en Europe que, pour faire céder le gouvernement an-
glais, il ne faut que lui résister ; l'instinct populaire
comprend aussi bien que le discernement des hommes
d'État que le maintien de l'empire britannique repose
sur la paix, et que cet ensemble de pièces mal jointes et
antipathiques entre elles se brisera très-probablement
le jour où une vaste secousse ébranlerait le monde.
» L'Angleterre le comprend et le sent aussi dans son
for intérieur. C'est pour cela peut-être qu'elle accu-
mule si bruyamment autour d'elle ses flottes, ses ca-
nons Armstrong, ses vaisseaux cuirassés; c'est pour cela
peut-être qu'elle fait tant d'éclat de la levée de ses
formidables volontaires. Tout ce tapage pourrait bien
n'être qu'une décoration destinée à cacher encore sa
faiblesse réelle au monde et à lui conserver ce pres-
tige qui est la dernière carte du jeu de lord Palmerston.
» Selon nous, l'Economist est donc loin d'avoir indi-
qué toutes les raisons pour lesquelles l'Angleterre a
cessé d'être crainte. Nous ne pouvons à coup sûr lui en
vouloir de sa discrétion, et nous espérons qu'il ne
nous en voudra pas davantage d'avoir complété son
tableau.
» Mais n'être point craint n'est pas assurément un
motif pour n'être pas aimé. La Belgique, la Hollande,
le Danemark, la-Suède, l'Espagne, etc. ne sont point
craints et ne sont point haïs. Cependant, s'il faut en croire
VEconomist, l'Angleterre est haïe, elle est haïe par l'Euro-
pe, elle est haïe par l'Amérique. Nous ne pouvons certes
point accepter les causes auxquelles il attribue cette hai-
ne : elles seraient puériles. Que la presse anglaise abuse
souvent de ses immunités, qu'elle regarde et traite
avec dédain les peuples qui ne sont pas faits à l'image
de l'Angleterre ; qu'elle ne leur épargne ni les sarcas-
mes, ni les duretés; que même, dans sa justice distri-
butive, elle soit prête à honorer tous les crimes, à exalter
tous les vices qui servent l'Angleterre, tandis qu'elle
n'a que la diffamation et l'injure pour toutes les vertus,
pour tous les patriotismes qui peuvent contrarier ses
vues, ce n'est certes point là ce qui peut avoir créé
cette aversion universelle dont l'Economist se plaint si
tristement. Les raisons de cette aversion sont plus
profondes.
» Il n'est presque point un peuple que l'Angleterre
n'ait humilié dans sa dignité, n'ait amoindri dans sa
puissance. Son empire est composé des dépouilles de
toutes les nations. Elle s'en vante elle-même et, il y a
quelque temps, le Times rappelait avec un orgueil assez
imprudent que cet empire contenait des sujets de tou-
tes les nations et de toutes les langues. L'Angleterre,
en effet, a pris le Canada, l'île Maurice, etc., à la Fran-
ce; elle a pris à l'Espagne Gibraltar; le Cap de Bonne-
Espérance à la Hollande ; à l'Allemagne Héligoland ;
Malte à l'Italie ; Corfou à la Grèce ; Adem et Périm à la
Turquie; nous ne disons rien de ses empiétements
continuels dans les mers asiatiques. Par la nature de sa
politique envahissante, elle est en lutte avec la Russie
sur toute la surface de l'Asie centrale. Il n'est pas, en
un mot, un peuple dans le monde qu'elle n'entende
restreindre ou contenir dans les tendances les plus na-
turelles de son expansion.
» Tout en se disant le champion de la civilisation,
elle la combat partout où elle a un autre initiateur
qu'elle-même. Nous pouvons en citer trois exemples
tout modernes. Elle s'est rangée, jusqu'à la guerre
exclusivement, du côté de la barbarie marocaine contre
l'Espagne. Elle a voulu empêcher et, autant qu'il était
en elle, elle a fait échouer la mission toute d'humanité
de notre expédition de Syrie. Une entreprise d'une
monde, parsemées sans cohésion sur tous les points des
mers. Il présente une surface presque partout vulné-
rable et qu'il est militairement impuissant à défendre
ou à protéger.
» Il domine des populations qui en grande majorité
ne lui sont rien moins qu'affectionnées ; il ne peut cer-
tes pas compter sur l'attachement des Maltais et des
Ioniens ; celui du Canada est que plus problématique ; l'11e
Maurice ne cesse de regretter sa séparation de la France,
et la révolte des Indes nous a dernièrement appris à
quelles seules conditions de terreur et de force l'An-
gleterre peut conserver l'obéissance de ces contrées.
Par ailleurs, la nature de ses institutions militaires
combinées avec les nécessités de son gouvernement
aristocratique la met dans l'impuissance de maintenir
• une armée permanente capable de couvrir celles de ses
possessions coloniales où domine la race anglo-saxonne ;
cela est si vrai que tout récemment une guerre ayant
éclaté dans la Nouvelle-Zélande entre les colons anglais
et les tribus indigènes, la presse de Londres et le gou-
vernement lui-même: ont ;très - nettement signifié aux
colons, réclamant à grands cris des renforts, que l'An-
gleterre ne pouvait point leur en envoyer et qu'ils de-
vaient pourvoir eux-mêmes à leur défense sans trop
compter sur les secours de la mère patrie.
» La faiblesse intime de l'Angleterre [s'est révélée
dans ses conflits avec les États-Unis, dont VEconomist
nous a parlé avec une certaine amertume. Il est très-
vrai que dans ces querelles l'Angleterre a toujours
plié, touj ours cédé, et qu'elle a supporté les agressions
les plus provocantes avec une patience qui n'a pas
d'exemple dans ses annales.
» Un autre événement a également contribué à faire
tomber le prestige dont l'Angleterre vivait depuis 1815,
cet événement c'est la guerre de Crimée, où son armée
et ses flottes, malgré leur incontestable bravoure, n'ont
cependant pas répondu à l'attente du monde.
» Enfin l'Angleterre, sous l'impulsion de l'homme
qui depuis vingt ans est l'incarnation de sa politique
extérieure, au total, ne s'est montrée forte qu'envers les
faibles, en restant timide et circonspecte envers ceux
qui lui résistaient. C'est ainsi qu'elle a tout fait pour
empêcher la guerre d'Italie et qu'elle a fini par la su-
bir ; c'est ainsi qu'elle a poussé les plus vives clameurs
contre l'annexion de la Savoie à la France et qu'elle a
fini par s'y résigner; c'est ainsi qu'elle est allée jusqu'à
faire une démonstration maritime pour prévenir la
guerre entre l'Espagne et le Maroc, et que devant la
ferme volonté du gouvernement de Madrid elle a laissé
l'armée espagnole débarquer à Ceuta, prendre Tétouan,
imposer ses conditions au Maroc. On sait donc aujourd'hui
en Europe que, pour faire céder le gouvernement an-
glais, il ne faut que lui résister ; l'instinct populaire
comprend aussi bien que le discernement des hommes
d'État que le maintien de l'empire britannique repose
sur la paix, et que cet ensemble de pièces mal jointes et
antipathiques entre elles se brisera très-probablement
le jour où une vaste secousse ébranlerait le monde.
» L'Angleterre le comprend et le sent aussi dans son
for intérieur. C'est pour cela peut-être qu'elle accu-
mule si bruyamment autour d'elle ses flottes, ses ca-
nons Armstrong, ses vaisseaux cuirassés; c'est pour cela
peut-être qu'elle fait tant d'éclat de la levée de ses
formidables volontaires. Tout ce tapage pourrait bien
n'être qu'une décoration destinée à cacher encore sa
faiblesse réelle au monde et à lui conserver ce pres-
tige qui est la dernière carte du jeu de lord Palmerston.
» Selon nous, l'Economist est donc loin d'avoir indi-
qué toutes les raisons pour lesquelles l'Angleterre a
cessé d'être crainte. Nous ne pouvons à coup sûr lui en
vouloir de sa discrétion, et nous espérons qu'il ne
nous en voudra pas davantage d'avoir complété son
tableau.
» Mais n'être point craint n'est pas assurément un
motif pour n'être pas aimé. La Belgique, la Hollande,
le Danemark, la-Suède, l'Espagne, etc. ne sont point
craints et ne sont point haïs. Cependant, s'il faut en croire
VEconomist, l'Angleterre est haïe, elle est haïe par l'Euro-
pe, elle est haïe par l'Amérique. Nous ne pouvons certes
point accepter les causes auxquelles il attribue cette hai-
ne : elles seraient puériles. Que la presse anglaise abuse
souvent de ses immunités, qu'elle regarde et traite
avec dédain les peuples qui ne sont pas faits à l'image
de l'Angleterre ; qu'elle ne leur épargne ni les sarcas-
mes, ni les duretés; que même, dans sa justice distri-
butive, elle soit prête à honorer tous les crimes, à exalter
tous les vices qui servent l'Angleterre, tandis qu'elle
n'a que la diffamation et l'injure pour toutes les vertus,
pour tous les patriotismes qui peuvent contrarier ses
vues, ce n'est certes point là ce qui peut avoir créé
cette aversion universelle dont l'Economist se plaint si
tristement. Les raisons de cette aversion sont plus
profondes.
» Il n'est presque point un peuple que l'Angleterre
n'ait humilié dans sa dignité, n'ait amoindri dans sa
puissance. Son empire est composé des dépouilles de
toutes les nations. Elle s'en vante elle-même et, il y a
quelque temps, le Times rappelait avec un orgueil assez
imprudent que cet empire contenait des sujets de tou-
tes les nations et de toutes les langues. L'Angleterre,
en effet, a pris le Canada, l'île Maurice, etc., à la Fran-
ce; elle a pris à l'Espagne Gibraltar; le Cap de Bonne-
Espérance à la Hollande ; à l'Allemagne Héligoland ;
Malte à l'Italie ; Corfou à la Grèce ; Adem et Périm à la
Turquie; nous ne disons rien de ses empiétements
continuels dans les mers asiatiques. Par la nature de sa
politique envahissante, elle est en lutte avec la Russie
sur toute la surface de l'Asie centrale. Il n'est pas, en
un mot, un peuple dans le monde qu'elle n'entende
restreindre ou contenir dans les tendances les plus na-
turelles de son expansion.
» Tout en se disant le champion de la civilisation,
elle la combat partout où elle a un autre initiateur
qu'elle-même. Nous pouvons en citer trois exemples
tout modernes. Elle s'est rangée, jusqu'à la guerre
exclusivement, du côté de la barbarie marocaine contre
l'Espagne. Elle a voulu empêcher et, autant qu'il était
en elle, elle a fait échouer la mission toute d'humanité
de notre expédition de Syrie. Une entreprise d'une
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