Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-11-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 novembre 1861 15 novembre 1861
Description : 1861/11/15 (A6,N130). 1861/11/15 (A6,N130).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203283k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
m L'ISTHME DE SUE2,
orthodoxes d'Amérique. Manchester a bien des repro-
ches à se faire dans cette question, et c'est grandement
sa faute si dans les temps passés il n'a pas encouragé
les cultures concurrentes qui l'auraient rendu indépen-
dant d'une classe unique de producteurs.
» Mais prenons les choses comme elles sont ; il
n'y a pas de raison de se décourager quoique il y ait
toute raison de changer de système et de déployer une
intelligente activité pour utiliser les opportunités qui
se présentent. A une heure assez tardive, les filateurs
commencent enfin à se remuer.. Nous avons devant
nous un rapport d'un de leurs agents qui est aux In-
des, recueillant des informations sur la production or-
dinaire du coton dans le pays. Ce rapport est de
M. G. R. Heywood et il est adressé au vice-prési-
dent de la Cotton Supply Association. Nous aurions désiré
peut-être qu'il fût plus sobre sur la physionomie du
pays, sur les inconvénients du voyage et qu'il le fût
moins sur le coton ; nous lui aurions même permis de
laisser à l'écart quelques-unes de ses opinions sur les
difficultés d'art des chemins de fer pour lesquels
M. Heywood n'est pas probablement une excellente au-
torité; car s'il avait bien voulu ne point mêler son
peu de grains de blé à une montagne de paille hachée,
nous aurions pu lui donner une entière publicité. Son
rapport contient toutefois quelques données propres à
nous faire connaître la quantité de coton déjà venue
dans la partie de la présidence de Bombay qu'il a visi-
tée, et pouvant expliquer pourquoi cette, partie de
Hude, après avoir fourni à ses nécessités intérieures,
ne peut très-énergiquement concourir à- notre approvi-
sionnement. M. Heywood s'est assuré par les autorités
de la province qu'il n'y a pas moins de 290,676 broches
et 3,705 métiers soit en œuvre, soit en préparation à
Bombay. Ces chiffres révèlent une fabrication de coton
que Manchester, dans sa situation présente, peut regar-
der avec quelque envie et aussi une puissance de pro-
duction qui n'a pas atteint ses limites sous le faible
stimulant des prix indiens. Lorsque nous demandons
pourquoi ces vastes champs de coton n'ont pas fourni
un large excédant aux marchés anglais, on nous ré
pond par deux faits dont chacun serait une explication
suffisante. D'abord il y a eu les refus fanatiques de
Manchester qui ne voulait pas sortir de sa routine et
examiner les échantillons qui ne venaient pas d'Amé-
rique ; ensuite les champs de coton de l'Inde sont sans
communication avec la côte, et il n'y a pas dans le pays
d'acheteurs européens de coton comprenant la langue
ou les habitudes des cultivateurs.
« Barsi, écrit M. Heywood, est la plus grande station
» à coton sur toute la ligne du chemin de fer que
» j'ai parcourue, et une grande quantité de coton y
» est amenée de divers lieux qui sont à 300 et à
» 400 milles de distance. » Il continue : « Il est
» très-remarquable qu'il n'y ait pas de route à par-
* tir des villages qui donnent leurs noms, sur cette
w ligne, à diverses stations à coton, quoique ces villa-
» ges soient à 2 ou 3 milles des stations. »
« Le coton ne coûte pas cher et est abondant partout
où. il est recueilli, mais Manchester n'est pas raisonnable
s'il espère l'obtenir à bon marché après un trajet de
300 milles par terre à travers des pays sans routes,
De plus il semble que le coton, comme beaucoup d'autres
produits de l'Inde, n'est cultivé qu'au moyen d'un sys-
tème d'avances faites aux paysans. « L'indigène, dit
» M. Heywood, emploie un agent qui emploie un cour-
» tier qui achète la graine des marchands indiens ayant
» acheté aux paysans leurs moissons moyennant un
» système d'avances. Ces marchands indigènes ont des
Il villages entiers sous leur main, et ils s'arrangent
Dentre eux pour fixer le prix du marché! « Ce n'est
pas là évidemment une marche économique d'affaires
pour un acheteur, et c'est une grande difficulté pour la
concurrence indienne avec l'Amérique. Nous craignons
que ce vicieux système d'avances si profondément en-
raciné dans l'Inde ne suscite des difficultés plus sérieuses
que M. Heywood ne l'imagine ; mais le remède à coup
sûr est celui qu'il propose. Il dit: » Le seul remède que
,, je puisse apercevoir pour ce mal est que les Européens
» apprennent le langage du pays, .se rendent directe-
» ment aux villages et offrent aux paysans un meilleur,
» prix que le marchand indigène. Une fois cet exemple
» donné par un village et les paysans reconnaissant
» que les Européens tiennent leurs obligations, tous les
» autres l'imiteraient promptement; car j'aperçois que
» lorsque les Européens sont justes envers les naturels
» ils sont préférés aux négociants indigènes qui, dans
» la majorité des cas, volent et trompent les classes pla-
x cées au-dessoas d'eux. »
« M. Heywood évidemment connaît peu l'Inde et ne
se doute pas des difficultés sérieuses qu'on rencontre en
traitant avec les Indous ; il n'a pas eu le temps d'ap-
précier les complications provenant des habitudes des
naturels qui ne se mettent jamais à l'œuvre avant
d'avoir reçu la plus grande part du prix de leur
travail, et sans avoir hypothéqué le reste de leur ré-
munération à quelque usurier du pays. Il n'aperçoit que
vaguement les inconvénients attachés au système des
tenanciers ; il n'a pas eu le temps de mesurer l'incerti-
tude jetée dans les spéculations commerciales par l'in-
tervention quelquefois peu sage des personnes offi-
cielles, par l'absence de bonnes cours de justice et par
le manque d'une police digne de confiance. Ce sont là
des questions dont il sentira la valeur plus tard s'il en
vient à trafiquer d'une façon pratique avec ces produc-
teurs de coton.
» Mais en tout cas voici deux grands faits que tout
homme, traversant le pays en chemin de fer ou en li-
tière, peut aisément voir et comprendre. Le premier
c'est qu'il y a dans les Indes autant de coton qu'on en
demandera ; le second c'est que si Manchester en man-
que il n'a qu'à envoyer dans ces contrées pour l'acheter
et l'enlever. Ce ne sont point là des difficultés impos-
sibles à surmonter pour obtenir un approvisionnement
de coton, et si, comme en ce moment ce semble assez
vraisemblable, la guerre civile dure encore deux ans
en Amérique et y cause la suspension ou la ruine de
la culture cotonnière, Manchester sera bien forcé d'en
venir à prendre cette peine. Nous pensons qu'il vaudrait
mieux commencer dès à pré sent. »
orthodoxes d'Amérique. Manchester a bien des repro-
ches à se faire dans cette question, et c'est grandement
sa faute si dans les temps passés il n'a pas encouragé
les cultures concurrentes qui l'auraient rendu indépen-
dant d'une classe unique de producteurs.
» Mais prenons les choses comme elles sont ; il
n'y a pas de raison de se décourager quoique il y ait
toute raison de changer de système et de déployer une
intelligente activité pour utiliser les opportunités qui
se présentent. A une heure assez tardive, les filateurs
commencent enfin à se remuer.. Nous avons devant
nous un rapport d'un de leurs agents qui est aux In-
des, recueillant des informations sur la production or-
dinaire du coton dans le pays. Ce rapport est de
M. G. R. Heywood et il est adressé au vice-prési-
dent de la Cotton Supply Association. Nous aurions désiré
peut-être qu'il fût plus sobre sur la physionomie du
pays, sur les inconvénients du voyage et qu'il le fût
moins sur le coton ; nous lui aurions même permis de
laisser à l'écart quelques-unes de ses opinions sur les
difficultés d'art des chemins de fer pour lesquels
M. Heywood n'est pas probablement une excellente au-
torité; car s'il avait bien voulu ne point mêler son
peu de grains de blé à une montagne de paille hachée,
nous aurions pu lui donner une entière publicité. Son
rapport contient toutefois quelques données propres à
nous faire connaître la quantité de coton déjà venue
dans la partie de la présidence de Bombay qu'il a visi-
tée, et pouvant expliquer pourquoi cette, partie de
Hude, après avoir fourni à ses nécessités intérieures,
ne peut très-énergiquement concourir à- notre approvi-
sionnement. M. Heywood s'est assuré par les autorités
de la province qu'il n'y a pas moins de 290,676 broches
et 3,705 métiers soit en œuvre, soit en préparation à
Bombay. Ces chiffres révèlent une fabrication de coton
que Manchester, dans sa situation présente, peut regar-
der avec quelque envie et aussi une puissance de pro-
duction qui n'a pas atteint ses limites sous le faible
stimulant des prix indiens. Lorsque nous demandons
pourquoi ces vastes champs de coton n'ont pas fourni
un large excédant aux marchés anglais, on nous ré
pond par deux faits dont chacun serait une explication
suffisante. D'abord il y a eu les refus fanatiques de
Manchester qui ne voulait pas sortir de sa routine et
examiner les échantillons qui ne venaient pas d'Amé-
rique ; ensuite les champs de coton de l'Inde sont sans
communication avec la côte, et il n'y a pas dans le pays
d'acheteurs européens de coton comprenant la langue
ou les habitudes des cultivateurs.
« Barsi, écrit M. Heywood, est la plus grande station
» à coton sur toute la ligne du chemin de fer que
» j'ai parcourue, et une grande quantité de coton y
» est amenée de divers lieux qui sont à 300 et à
» 400 milles de distance. » Il continue : « Il est
» très-remarquable qu'il n'y ait pas de route à par-
* tir des villages qui donnent leurs noms, sur cette
w ligne, à diverses stations à coton, quoique ces villa-
» ges soient à 2 ou 3 milles des stations. »
« Le coton ne coûte pas cher et est abondant partout
où. il est recueilli, mais Manchester n'est pas raisonnable
s'il espère l'obtenir à bon marché après un trajet de
300 milles par terre à travers des pays sans routes,
De plus il semble que le coton, comme beaucoup d'autres
produits de l'Inde, n'est cultivé qu'au moyen d'un sys-
tème d'avances faites aux paysans. « L'indigène, dit
» M. Heywood, emploie un agent qui emploie un cour-
» tier qui achète la graine des marchands indiens ayant
» acheté aux paysans leurs moissons moyennant un
» système d'avances. Ces marchands indigènes ont des
Il villages entiers sous leur main, et ils s'arrangent
Dentre eux pour fixer le prix du marché! « Ce n'est
pas là évidemment une marche économique d'affaires
pour un acheteur, et c'est une grande difficulté pour la
concurrence indienne avec l'Amérique. Nous craignons
que ce vicieux système d'avances si profondément en-
raciné dans l'Inde ne suscite des difficultés plus sérieuses
que M. Heywood ne l'imagine ; mais le remède à coup
sûr est celui qu'il propose. Il dit: » Le seul remède que
,, je puisse apercevoir pour ce mal est que les Européens
» apprennent le langage du pays, .se rendent directe-
» ment aux villages et offrent aux paysans un meilleur,
» prix que le marchand indigène. Une fois cet exemple
» donné par un village et les paysans reconnaissant
» que les Européens tiennent leurs obligations, tous les
» autres l'imiteraient promptement; car j'aperçois que
» lorsque les Européens sont justes envers les naturels
» ils sont préférés aux négociants indigènes qui, dans
» la majorité des cas, volent et trompent les classes pla-
x cées au-dessoas d'eux. »
« M. Heywood évidemment connaît peu l'Inde et ne
se doute pas des difficultés sérieuses qu'on rencontre en
traitant avec les Indous ; il n'a pas eu le temps d'ap-
précier les complications provenant des habitudes des
naturels qui ne se mettent jamais à l'œuvre avant
d'avoir reçu la plus grande part du prix de leur
travail, et sans avoir hypothéqué le reste de leur ré-
munération à quelque usurier du pays. Il n'aperçoit que
vaguement les inconvénients attachés au système des
tenanciers ; il n'a pas eu le temps de mesurer l'incerti-
tude jetée dans les spéculations commerciales par l'in-
tervention quelquefois peu sage des personnes offi-
cielles, par l'absence de bonnes cours de justice et par
le manque d'une police digne de confiance. Ce sont là
des questions dont il sentira la valeur plus tard s'il en
vient à trafiquer d'une façon pratique avec ces produc-
teurs de coton.
» Mais en tout cas voici deux grands faits que tout
homme, traversant le pays en chemin de fer ou en li-
tière, peut aisément voir et comprendre. Le premier
c'est qu'il y a dans les Indes autant de coton qu'on en
demandera ; le second c'est que si Manchester en man-
que il n'a qu'à envoyer dans ces contrées pour l'acheter
et l'enlever. Ce ne sont point là des difficultés impos-
sibles à surmonter pour obtenir un approvisionnement
de coton, et si, comme en ce moment ce semble assez
vraisemblable, la guerre civile dure encore deux ans
en Amérique et y cause la suspension ou la ruine de
la culture cotonnière, Manchester sera bien forcé d'en
venir à prendre cette peine. Nous pensons qu'il vaudrait
mieux commencer dès à pré sent. »
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