Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-10-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 octobre 1861 15 octobre 1861
Description : 1861/10/15 (A6,N128). 1861/10/15 (A6,N128).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203281r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
; 330 L'ISTHME DE SUEZ,
tribu, on la fête encore et on ne pleure presque pas
l'intrépide cavalier qui a péri dans la mêlée, car son
- fils ou son plus proche parent est là pour le rempla-
cer, pour le venger au besoin. Avec le commandement
de la famille il hérite des armes et de la jument du
chef. Si, au contraire, c'est la jument qui est prise ou
tuée dans la bataille, et si le cavalier revient seul et
triste à la tribu, tous les habitants de la tente poussent
des cris déchirants, de lugubres lamentations, pleurent
la belle et intrépide cavale, et gardent le deuil pen-
dant plus d'un mois.
» L'Arabe du Nedjed ne se sert point de selle. C'est
à peine si parfois il prend le soin de placer sur le dos
de son cheval un lambeau de tapis plié en quatre et
fixé par une lanière. — Pour bride il ne se sert que
d'une muserolle ou d'un licol; parfois c'est une sorte
de bridon formé d'un morceau de bois dur et arrondi,
long de huit travers de doigt, et qui, fixé à deux
montants en cordes ou en lanières , est placé dans la
bouche.- Le cheval ou la jument bien dressés, obéit à
la voix de son cavalier, & la pression de ses genoux et
à l'action de la main qui tantôt s'appuie doucement à
droite et tantôt à gauche de l'encolure, selon que le
cavalier veut diriger sa course dans l'une ou l'autre de
ces directions.
> Si dans la course au galop le cavalier laisse tom-
ber sa lance à terre, il la ressaisit sans cesser de cou-
rir. Pour cela faire, sans même se tenir de la main à
la crinière, il se penche du côté où la lance est tombée
et la ramasse au moment où, par une habile évolu-
tion, elle se trouve à sa portée; seulement, dans ce cas,
la jument bien dressée et qui suit la pression et le
mouvement du cavalier, se prête admirablement à lui
faciliter sa tâche en inclinant elle-même tout son corps
du côté ou penche son maître ; jamais, alors, sa course
ne se ralentit, et, dût elle revenir au même endroit et
recommencer plusieurs fois cet exercice, jamais ses
r jarrets d'acier ne fléchissent.
» Une jument ou un cheval bien dressés ne laissent
jamais ou presque jamais le corps de leur cavalier
étendu, blessé ou sans vie sur le champ de bataille.
Après la mêlée ou même pendant la mêlée, ils par-
courent au galop le théâtre du combat, flairent les
corps étendus à leurs pieds, reconnaissent celui de leur
� maître, le saisissent par les vêtements avec les dents,
l'enlèvent ou le traînent et le ramènent triomphale-
ment à la tente.
» La généalogie et la pureté de race de nos juments
et de nos chevaux s'établissent par la notoriété publi-
que, et souvent sont constatées au moyen d'actes spé-
ciaux et authentiques. Nous conservons religieusement
dans nos tribus la tradition de ces généalogies, et la
pureté de la race de nos chevaux nous ennoblit en
quelque sorte nous-mêmes. Telle tribu, par exemple,
serait à peine connue si elle n'avait acquis une renom-
mée particulière par la beauté et la bonté tradition-
nelles de ses chevaux.
» Je ne saurais dire ce qu'un cheval ou une jument
de race peuvent fournir de course soutenue : c'est in-
croyable 1 Ils ne se lassent jamais. Les courses mémo-"
rables de Dahiss et autres, à l'époque de la gentilité
arabe, celles qui eurent lieu dans les premières années
de l'hégire, sous les yeux même de notre prophète béni,
sont trop connues pour que je vous les rappelle. Par la
tradition, le souvenir en est encore vivace dans les tri-
bus de nos contrées, et ce souvenir ne fait qu'entrete-
nir chez nous la passion que nous avons pour les che-
vaux rapides à la course. On raconte le trait suivant
comme preuve du juste sentiment d'amour-propre que
l'Arabe ressent à cause de son coursier : un voleur
émérite vola un jour à un chef arabe sa jument chérie
que nulle autre n'égalait pour la rapidité de son élan;
du moins son heureux maitre le croyait-il ainsi. Dix
minutes après, celui-ci averti du vol, saute sur une
autre jument de sa tribu et se met à la poursuite du
ravisseur. 11 l'aperçoit bientôt, fuyant dans la plaine,
et il sent en même temps à la course effrénée de sa
monture qu'il va bientôt l'atteindre. Sa joie est ex-
trême ; mais aussitôt une idée poignante le saisit au
cœur et lui fait monter le rouge au front. L'amour-
propre, l'orgueil da la tente se réveillent soudain en lui
et fait taire son propre intérêt : « Si j'atteins le voleur,
» s'était il dit, la réputation de ma belle jument, de ma
» noble Tayara est à jamais entachée, puisque son ra-
» visseur avait dix minutes d'avance sur moi, et qu'a-
» vec une autre cavale j'aurai pu fournir une course
» plus rapide que la sienne!. ), Le démon de l'amour-
propre l'emporta sur le sentiment .'de la propriété , et
criant au voleur qui fuyait devant lui, mais qui ne sa-
vait point exciter à la course la jument qu'il montait :
« Maladroit ! fils d'une impudique ! hâte-toi si tu veux
» m'échapper; pince donc l'oreille droite de la fière
» Tayara et tu seras loin de mon atteinte ! » Ainsi fit
le voleur, et la fougueuse cavale bondit d'un nouvel
élan comme la gazelle effrayée et poursuivie ; elle part
rapide comme un trait, elle fend l'air, et bientôt elle
est hors de toute atteinte possible.
» Nous ne saurions entourer de trop de soins la ju-
ment qui va mettre bas. — Au moment solennel, on
tient la jument droite sur ses jambes, et c'est dans
cette position, debout, qu'a lieu la parturition. A cet
effet, on tient tendu derrière elle, et sans qu'il touche
le sol, un tapis sur lequel on reçoit le petit. — Aussi-
tôt le maître le saisit, lui étire les membres, lui enfonce
le poing dans les narines et les lui élargit, après quoi,
il y souffle fortement dedans. Ceci fait, on perce les
deux oreilles d'un petit trou à la partie inférieure, et
en y passant un cordonnet en cuir ou en laine, on
ramène et attache les deux oreilles sur le devant et
au-dessus du front, de telle sorte que les deux bouts se
rejoignent. — Pendant trois jours, et une fois par jour,
le matin, on fait subir le traitement suivant au pou-
lain ou à la pouliche : on lui prend la queue qu'on re-
lève et qu'on force à se rabattre presque horizonta-
lement sur le dos ; cette première opération faite,
l'homme appliquant le train de derrière de l'animal
contre sa poitrine, étend ses bras, croise ses mains sur
son poitrail et par un Ihger effort de progressive at-
traction il ramène sur lui tout le corps du poulain ou
tribu, on la fête encore et on ne pleure presque pas
l'intrépide cavalier qui a péri dans la mêlée, car son
- fils ou son plus proche parent est là pour le rempla-
cer, pour le venger au besoin. Avec le commandement
de la famille il hérite des armes et de la jument du
chef. Si, au contraire, c'est la jument qui est prise ou
tuée dans la bataille, et si le cavalier revient seul et
triste à la tribu, tous les habitants de la tente poussent
des cris déchirants, de lugubres lamentations, pleurent
la belle et intrépide cavale, et gardent le deuil pen-
dant plus d'un mois.
» L'Arabe du Nedjed ne se sert point de selle. C'est
à peine si parfois il prend le soin de placer sur le dos
de son cheval un lambeau de tapis plié en quatre et
fixé par une lanière. — Pour bride il ne se sert que
d'une muserolle ou d'un licol; parfois c'est une sorte
de bridon formé d'un morceau de bois dur et arrondi,
long de huit travers de doigt, et qui, fixé à deux
montants en cordes ou en lanières , est placé dans la
bouche.- Le cheval ou la jument bien dressés, obéit à
la voix de son cavalier, & la pression de ses genoux et
à l'action de la main qui tantôt s'appuie doucement à
droite et tantôt à gauche de l'encolure, selon que le
cavalier veut diriger sa course dans l'une ou l'autre de
ces directions.
> Si dans la course au galop le cavalier laisse tom-
ber sa lance à terre, il la ressaisit sans cesser de cou-
rir. Pour cela faire, sans même se tenir de la main à
la crinière, il se penche du côté où la lance est tombée
et la ramasse au moment où, par une habile évolu-
tion, elle se trouve à sa portée; seulement, dans ce cas,
la jument bien dressée et qui suit la pression et le
mouvement du cavalier, se prête admirablement à lui
faciliter sa tâche en inclinant elle-même tout son corps
du côté ou penche son maître ; jamais, alors, sa course
ne se ralentit, et, dût elle revenir au même endroit et
recommencer plusieurs fois cet exercice, jamais ses
r jarrets d'acier ne fléchissent.
» Une jument ou un cheval bien dressés ne laissent
jamais ou presque jamais le corps de leur cavalier
étendu, blessé ou sans vie sur le champ de bataille.
Après la mêlée ou même pendant la mêlée, ils par-
courent au galop le théâtre du combat, flairent les
corps étendus à leurs pieds, reconnaissent celui de leur
� maître, le saisissent par les vêtements avec les dents,
l'enlèvent ou le traînent et le ramènent triomphale-
ment à la tente.
» La généalogie et la pureté de race de nos juments
et de nos chevaux s'établissent par la notoriété publi-
que, et souvent sont constatées au moyen d'actes spé-
ciaux et authentiques. Nous conservons religieusement
dans nos tribus la tradition de ces généalogies, et la
pureté de la race de nos chevaux nous ennoblit en
quelque sorte nous-mêmes. Telle tribu, par exemple,
serait à peine connue si elle n'avait acquis une renom-
mée particulière par la beauté et la bonté tradition-
nelles de ses chevaux.
» Je ne saurais dire ce qu'un cheval ou une jument
de race peuvent fournir de course soutenue : c'est in-
croyable 1 Ils ne se lassent jamais. Les courses mémo-"
rables de Dahiss et autres, à l'époque de la gentilité
arabe, celles qui eurent lieu dans les premières années
de l'hégire, sous les yeux même de notre prophète béni,
sont trop connues pour que je vous les rappelle. Par la
tradition, le souvenir en est encore vivace dans les tri-
bus de nos contrées, et ce souvenir ne fait qu'entrete-
nir chez nous la passion que nous avons pour les che-
vaux rapides à la course. On raconte le trait suivant
comme preuve du juste sentiment d'amour-propre que
l'Arabe ressent à cause de son coursier : un voleur
émérite vola un jour à un chef arabe sa jument chérie
que nulle autre n'égalait pour la rapidité de son élan;
du moins son heureux maitre le croyait-il ainsi. Dix
minutes après, celui-ci averti du vol, saute sur une
autre jument de sa tribu et se met à la poursuite du
ravisseur. 11 l'aperçoit bientôt, fuyant dans la plaine,
et il sent en même temps à la course effrénée de sa
monture qu'il va bientôt l'atteindre. Sa joie est ex-
trême ; mais aussitôt une idée poignante le saisit au
cœur et lui fait monter le rouge au front. L'amour-
propre, l'orgueil da la tente se réveillent soudain en lui
et fait taire son propre intérêt : « Si j'atteins le voleur,
» s'était il dit, la réputation de ma belle jument, de ma
» noble Tayara est à jamais entachée, puisque son ra-
» visseur avait dix minutes d'avance sur moi, et qu'a-
» vec une autre cavale j'aurai pu fournir une course
» plus rapide que la sienne!. ), Le démon de l'amour-
propre l'emporta sur le sentiment .'de la propriété , et
criant au voleur qui fuyait devant lui, mais qui ne sa-
vait point exciter à la course la jument qu'il montait :
« Maladroit ! fils d'une impudique ! hâte-toi si tu veux
» m'échapper; pince donc l'oreille droite de la fière
» Tayara et tu seras loin de mon atteinte ! » Ainsi fit
le voleur, et la fougueuse cavale bondit d'un nouvel
élan comme la gazelle effrayée et poursuivie ; elle part
rapide comme un trait, elle fend l'air, et bientôt elle
est hors de toute atteinte possible.
» Nous ne saurions entourer de trop de soins la ju-
ment qui va mettre bas. — Au moment solennel, on
tient la jument droite sur ses jambes, et c'est dans
cette position, debout, qu'a lieu la parturition. A cet
effet, on tient tendu derrière elle, et sans qu'il touche
le sol, un tapis sur lequel on reçoit le petit. — Aussi-
tôt le maître le saisit, lui étire les membres, lui enfonce
le poing dans les narines et les lui élargit, après quoi,
il y souffle fortement dedans. Ceci fait, on perce les
deux oreilles d'un petit trou à la partie inférieure, et
en y passant un cordonnet en cuir ou en laine, on
ramène et attache les deux oreilles sur le devant et
au-dessus du front, de telle sorte que les deux bouts se
rejoignent. — Pendant trois jours, et une fois par jour,
le matin, on fait subir le traitement suivant au pou-
lain ou à la pouliche : on lui prend la queue qu'on re-
lève et qu'on force à se rabattre presque horizonta-
lement sur le dos ; cette première opération faite,
l'homme appliquant le train de derrière de l'animal
contre sa poitrine, étend ses bras, croise ses mains sur
son poitrail et par un Ihger effort de progressive at-
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