Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-10-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 octobre 1861 15 octobre 1861
Description : 1861/10/15 (A6,N128). 1861/10/15 (A6,N128).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203281r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
332 L'ISTHME DE SUEZ,
son trot est l'allure accélérée du loup, son galop, la
course du jeune renard. Son corps est large; sa queue
épaisse, quand on le regarde par derrière, remplit tout
l'intervalle de ses jambes; elle ne touche pas jusqu'à
terre et il ne la porte pas de côté. — Lorsqu'il est
lancé, son dos est dur et uni comme le marbre lisse
sur lequel on écrase la coloquinte ou qui sert à la nou-
velle mariée pour broyer ses parfums. Le sang des
animaux agiles qu'il a gagnés de vitesse, séché sur
son encolure, ressemble à la teinture extraite du henné,
qui déguise la blancheur d'une barbe soigneusement
peignée. (1) »
L'éloge le plus pompeux que l'on puisse faire du
cheval arabe en épuisant les richesses du style orien-
tal, est celui qu'on retrouve dans le recueil des pièces
fugitives de Ghefouri, poëte persan peu connu, mais
dont la muse élégante et féconde peut rivaliser avec
celle de Nizhami et d'Anwari. En voici un petit ex-
trait: « Ce coursier, dit-il, est si fringant qu'on dirait
en le voyant : c'est du vif-argent qui coule dans ses
veines. A la vue de ses formes élégantes et sveltes
l'antilope confuse baisse modestement les yeux; le
belliqueux léopard voudrait échanger contre ses sabots
les griffes redoutables dont il est armé. Semblable à
la terre, toujours en équilibre dans ses mouvements,
non moins rapide que l'eau d'un torrent débordé, il
égale le feu en ardeur et le vent en légèreté. Son front,
ombragé d'une touffe de crins que l'aurore semble
avoir pris plaisir à peigner de sa main délicate, est le
siège de la force. L'audace brille comme un éclair dans
son regard. Ses naseaux sont enflammés. Il a le cou-
rage du lion, la docilité du chien et la force de l'élé-
phant. (2) »
Voici, pour finir, la traduction d'un certificat de no-
blesse de cheval, tel que ceux dont j'ai parlé un peu
plus haut :
« Au nom de Dieu clément et miséricordieux! C'est
de lui que nous attendons toute aide et toute faveur!
Le prophète a dit : « Que mon peuple ne s'assemble
» jamais pour faire l'iniquité. » — Voici l'objet de cet
écrit authentique : « Nous , soussignés , déclarons
mdevant l'être suprême, en jurant par notre sort et par
- » nos ceintures, que le cheval ou la jument (on indique
r * ici sa robe), âgé de., marqué de., ayant. d'âge,
.: » descend d'aïeux nobles et illustres par trois filiations
.» directes et successives; que l'individu est né d'une
» cavale de la race de. et d'un étalon de celle
» de. ; qu'il réunit les qualités de ces bêtes pré-
„ » cieuses dont le prophète a dit : Leur sein est un trésor
( » et leur dos un siège d'honneur. — Appuyés du témoi-
- » gnage de nos prédécesseurs, nous répétons que le
- a cheval ou la jument en question est d'une origine
* aussi pure que le lait; nous affirmons, de plus, en
» faisant le même serment que ci-dessus, que l'animal
est renommé pour sa vitesse et son habitude à sup-
r (1) Extrait de la traduction de M. Caussin de Perceval : Essai
Sur l'histoire des [Arabes, t. II, p. 330 et 331.
(2) Extrait des manuscrits de mon père qui a longtemps exercé
des fonetiont diplomatique* et consulaires en Perse et en Syrie.
» porter la fatigue et la soif. — En foi de quoi nous
» avons dressé le présent certificat d'après ce que
» nous avons vu et appris par nous-mêmes ; Dieu étant
» d'ailleurs en toute chose, le meilleur des témoins. »
Suivent les cachets des déclarants.
Au dire de. quelques chérifs que j'ai consultés à cet
effet, le Nedjed, à beaucoup près, n'est point aussi ri-
che en chevaux que la Syrie et la Mésopotamie. Cette
opinion est confirmée par Burckhardt qui, en 1812, es-
timait, lui aussi, les ressources chevalines des tribus
campées dans les plaines fertiles de la Syrie ou sur les
rives de l'Euphrate et du Tigre, beaucoup plus consi-
dérables que celles possédées par les Arabes des hauts
plateaux de la péninsule arabique. Selon ce voyageur,
si véridique encore dans tout ce qu'il dit, les seules
tribus des Anézé, sur les frontières de Syrie, et de
Mantefit, sur les bords de l'Euphrate, entre Bagdad et
Bassora, étaient réputées, de son temps, pour posséder
chacune de 8 à 10,000 chevaux. On peut juger par là
du reste. Burckhardt pensait que les provinces du Ned-
jed, le pays de Chambas et de Kassim compris, ne
possédaient point, à son époque, tout réuni, plus de
10,000 chevaux; c'est là, encore aujourd'hui, l'opinion
de certains indigènes, gens parfaitement compétents.
— Les chevaux possédés par les tribus du Hedjaz et du
Yémen, l'Assyr et le Sanâ compris, sont relativement
moins nombreux que dans les provinces du centre de
la Péninsule, et d'une pureté de race d'ailleurs infé-
rieure. J'estime que le long du littoral de la mer
Rouge, et dans une profondeur de 30 à 35 lieues dans
l'intérieur des terres, on ne compte guère plus de
4,000 à 4,500 chevaux.
Pardonnez-moi, mon cher ami, la longueur de tous
ces détails en faveur de ma bonne intention. Tout in-
complets qu'ils soient, j'ai cru vous être agréable en
vous envoyant ces renseignements sur une question
que vous-même, si vous vous en souvenez, m'avez en-
gagé à étudier sur les lieux.
Puisque le cadre de cette lettre me laisse encore un ;
peu d'espace, laissez-moi vous dire quelques mots du i
café du Yémen, généralement connu sous le nom de
café de Mokha, si réputé pour sa belle et supérieure
qualité ; aussi bien, il n'est guère possible de parler de
cette contrée de la péninsule arabique sans le citer
tout au moins. — Je serai malheureusement forcé
d'être concis ; car, malgré ma proximité et mes recher-
ches, je n'ai pu obtenir des gens mêmes des localités
les plus riches en caféiers, que de rares et incomplets
renseignements. Je vous les mande tels que je les ai
reçus, sans oser en garantir la parfaite exactitude.
Le caféier est, dit-on, originaire de l'Abyssinie d'où
il aurait été transplanté dans le Yémen. Sans chercher
à discuter ici cette opinion fort plausible d'ailleurs, je
me contenterai d'observer seulement que, dans cette
hypothèse, il faudrait admettre que la transplantation
de cet arbre de l'Afrique en Arabie aurait eu lieu à l'é-
poque de l'éphémère domination des Abyssins dans le
Yémen, c'est-à dire vers la moitié du vne siècle de notre
ère. — Ce serait une erreur de croire, au surplus, que
le caféier est cultivé dans toute l'Abyssinie; on n'en
son trot est l'allure accélérée du loup, son galop, la
course du jeune renard. Son corps est large; sa queue
épaisse, quand on le regarde par derrière, remplit tout
l'intervalle de ses jambes; elle ne touche pas jusqu'à
terre et il ne la porte pas de côté. — Lorsqu'il est
lancé, son dos est dur et uni comme le marbre lisse
sur lequel on écrase la coloquinte ou qui sert à la nou-
velle mariée pour broyer ses parfums. Le sang des
animaux agiles qu'il a gagnés de vitesse, séché sur
son encolure, ressemble à la teinture extraite du henné,
qui déguise la blancheur d'une barbe soigneusement
peignée. (1) »
L'éloge le plus pompeux que l'on puisse faire du
cheval arabe en épuisant les richesses du style orien-
tal, est celui qu'on retrouve dans le recueil des pièces
fugitives de Ghefouri, poëte persan peu connu, mais
dont la muse élégante et féconde peut rivaliser avec
celle de Nizhami et d'Anwari. En voici un petit ex-
trait: « Ce coursier, dit-il, est si fringant qu'on dirait
en le voyant : c'est du vif-argent qui coule dans ses
veines. A la vue de ses formes élégantes et sveltes
l'antilope confuse baisse modestement les yeux; le
belliqueux léopard voudrait échanger contre ses sabots
les griffes redoutables dont il est armé. Semblable à
la terre, toujours en équilibre dans ses mouvements,
non moins rapide que l'eau d'un torrent débordé, il
égale le feu en ardeur et le vent en légèreté. Son front,
ombragé d'une touffe de crins que l'aurore semble
avoir pris plaisir à peigner de sa main délicate, est le
siège de la force. L'audace brille comme un éclair dans
son regard. Ses naseaux sont enflammés. Il a le cou-
rage du lion, la docilité du chien et la force de l'élé-
phant. (2) »
Voici, pour finir, la traduction d'un certificat de no-
blesse de cheval, tel que ceux dont j'ai parlé un peu
plus haut :
« Au nom de Dieu clément et miséricordieux! C'est
de lui que nous attendons toute aide et toute faveur!
Le prophète a dit : « Que mon peuple ne s'assemble
» jamais pour faire l'iniquité. » — Voici l'objet de cet
écrit authentique : « Nous , soussignés , déclarons
mdevant l'être suprême, en jurant par notre sort et par
- » nos ceintures, que le cheval ou la jument (on indique
r * ici sa robe), âgé de., marqué de., ayant. d'âge,
.: » descend d'aïeux nobles et illustres par trois filiations
.» directes et successives; que l'individu est né d'une
» cavale de la race de. et d'un étalon de celle
» de. ; qu'il réunit les qualités de ces bêtes pré-
„ » cieuses dont le prophète a dit : Leur sein est un trésor
( » et leur dos un siège d'honneur. — Appuyés du témoi-
- » gnage de nos prédécesseurs, nous répétons que le
- a cheval ou la jument en question est d'une origine
* aussi pure que le lait; nous affirmons, de plus, en
» faisant le même serment que ci-dessus, que l'animal
est renommé pour sa vitesse et son habitude à sup-
r (1) Extrait de la traduction de M. Caussin de Perceval : Essai
Sur l'histoire des [Arabes, t. II, p. 330 et 331.
(2) Extrait des manuscrits de mon père qui a longtemps exercé
des fonetiont diplomatique* et consulaires en Perse et en Syrie.
» porter la fatigue et la soif. — En foi de quoi nous
» avons dressé le présent certificat d'après ce que
» nous avons vu et appris par nous-mêmes ; Dieu étant
» d'ailleurs en toute chose, le meilleur des témoins. »
Suivent les cachets des déclarants.
Au dire de. quelques chérifs que j'ai consultés à cet
effet, le Nedjed, à beaucoup près, n'est point aussi ri-
che en chevaux que la Syrie et la Mésopotamie. Cette
opinion est confirmée par Burckhardt qui, en 1812, es-
timait, lui aussi, les ressources chevalines des tribus
campées dans les plaines fertiles de la Syrie ou sur les
rives de l'Euphrate et du Tigre, beaucoup plus consi-
dérables que celles possédées par les Arabes des hauts
plateaux de la péninsule arabique. Selon ce voyageur,
si véridique encore dans tout ce qu'il dit, les seules
tribus des Anézé, sur les frontières de Syrie, et de
Mantefit, sur les bords de l'Euphrate, entre Bagdad et
Bassora, étaient réputées, de son temps, pour posséder
chacune de 8 à 10,000 chevaux. On peut juger par là
du reste. Burckhardt pensait que les provinces du Ned-
jed, le pays de Chambas et de Kassim compris, ne
possédaient point, à son époque, tout réuni, plus de
10,000 chevaux; c'est là, encore aujourd'hui, l'opinion
de certains indigènes, gens parfaitement compétents.
— Les chevaux possédés par les tribus du Hedjaz et du
Yémen, l'Assyr et le Sanâ compris, sont relativement
moins nombreux que dans les provinces du centre de
la Péninsule, et d'une pureté de race d'ailleurs infé-
rieure. J'estime que le long du littoral de la mer
Rouge, et dans une profondeur de 30 à 35 lieues dans
l'intérieur des terres, on ne compte guère plus de
4,000 à 4,500 chevaux.
Pardonnez-moi, mon cher ami, la longueur de tous
ces détails en faveur de ma bonne intention. Tout in-
complets qu'ils soient, j'ai cru vous être agréable en
vous envoyant ces renseignements sur une question
que vous-même, si vous vous en souvenez, m'avez en-
gagé à étudier sur les lieux.
Puisque le cadre de cette lettre me laisse encore un ;
peu d'espace, laissez-moi vous dire quelques mots du i
café du Yémen, généralement connu sous le nom de
café de Mokha, si réputé pour sa belle et supérieure
qualité ; aussi bien, il n'est guère possible de parler de
cette contrée de la péninsule arabique sans le citer
tout au moins. — Je serai malheureusement forcé
d'être concis ; car, malgré ma proximité et mes recher-
ches, je n'ai pu obtenir des gens mêmes des localités
les plus riches en caféiers, que de rares et incomplets
renseignements. Je vous les mande tels que je les ai
reçus, sans oser en garantir la parfaite exactitude.
Le caféier est, dit-on, originaire de l'Abyssinie d'où
il aurait été transplanté dans le Yémen. Sans chercher
à discuter ici cette opinion fort plausible d'ailleurs, je
me contenterai d'observer seulement que, dans cette
hypothèse, il faudrait admettre que la transplantation
de cet arbre de l'Afrique en Arabie aurait eu lieu à l'é-
poque de l'éphémère domination des Abyssins dans le
Yémen, c'est-à dire vers la moitié du vne siècle de notre
ère. — Ce serait une erreur de croire, au surplus, que
le caféier est cultivé dans toute l'Abyssinie; on n'en
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.81%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.81%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 12/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203281r/f12.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203281r/f12.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203281r/f12.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203281r
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203281r
Facebook
Twitter