Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 octobre 1861 01 octobre 1861
Description : 1861/10/01 (A6,N127). 1861/10/01 (A6,N127).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203280b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
312 L'ISTHME DE SUEZ,
» Le premier de ces poissons est le lu-iu, que la chres-
tomatliie du docteur Bridgmann appelle un crcnilabrus.
Quant à moi, je serais tenté de l'appeler le roi des
poissons. On en rencontre ordinairement sur les mar-
chés, et surtout ceux de Hou-Keou ou de Kieou-Kiang,
situés à l'entrée du lac Poyang, dans lequel on le
pêche, des individus du poids de 25 à 60 kilogrammes ;
mais il n'est pas très-rare d'en voir qui pèsent jusqu'à
100 kilogrammes. Il peut avoir 6 à 1 pieds de longueur.
Sa chair est aussi bonne que celle de nos saumons du
Rhin. On le paie 30 sapèques (0 fr. 15 c.) la livre chi-
noise, ou catti (Ok,604).
» Après lui viennent le lieu-iu-wang et le kan-iu, qui
Sont,' le [premier' un silurut, et le second un lenciseus,
d'après la chrestomathie précitée. Ils sont un peu moins
bons que le lo-iu, mais ils ne lui cèdent rien en gros
seur. On les vend le même prix.
» Une autre espèce excellente aussi est le lien-ise-iu,
dont la chrestomathie ni le dictionnaire de de Guignes
ne parlent pas. Son poids ordinaire est de 10 à 20
kilogrammes, mais il peut atteindre jusqu'à 60 kilo-
grammes. Son prix est le même que celui des précé-
dents.
» Le tsa-iu est une espèce également inédite dans les
ouvrages que je viens de citer. On l'appelle ici poisson-
vache, parce qu'il se nourrit d'herbe et que, dès qu'il
a seulement 4 à 5 centimètres de longueur, les pisci-
culteurs ne lui donnent plus que cela à manger, en
ayant soin de hacher cette herbe. Sa chair est très-
nne ; il pèse de 10 à 50 kilogrammes sur les marchés.
On le vend aussi 15 centimes les 0 k. 604.
» On raconte que le roi de la province natale de
Khoung-Fou-tseu (Confucius) (la province de Leu, au-
jourd'hui le Chang-tong), ayant appris qu'il venait de
naître un fils à ce philosophe, lui envoya un de ses
officiers chargé de ses félicitations et de lui porter en
même temps un poisson très-estimé dans le pays, avec
ordre de lui dire qu'il irait s'asseoir en personne au
festin qu'il est d'usage de donner un mois après la
naissance du nouveau-né. Ce présent fut reçu avec tous
les sentiments de reconnaissance qu'il exigeait, et,
pour en perpétuer le souvenir dans la famille, le père
ajouta aux noms de son fils le surnom de Li que portait
l'espèce de poisson qui lui avait été envoyée par son
souverain. (La Chine, Pauttier, etc ) Le li-iu est une
sorte de carpe dont la chair est plus délicate que celle
de la carpe ordinaire. Il peut peser jusqu'à 15 kilo-
grammes. On le vend à raison de 20 à 30 centimes
les 604 grammes. Le li-iu est encore aujourd'hui celui
des poissons que les Chinois estiment le plus ; mais
après avoir goûté des uns et des autres, il est impos-
sible de ne pas attribuer à la circonstance historique
que je viens de rapporter une partie de cette haute
estime.
D Le premier rang appartient au hi-iu ou tsi-iu (cy-
prinus). C'est un poisson qui ne devient pas très-gros
à peine arrive-t-il à 5 ou 6 kilogrammes ; mais aucun
autre ne peut lui être comparable comme finesse et dé-
de hair. On pourrait cependant retrouver dans
daiis. la sole, malgré la différence des mi-
.1 j',\
y lieux oiirfcljàfi vivent, quelques-unes des qualités que
J.. ';"
possède ce poisson. On le vend au même prix que le
li-iu.
» Outre les poissons, le fleuve Bleu nourrit encore
d'autres animaux alimentaires dont les principaux sont
les tortues à carapace molle. La plus estimée est le
ka-iu, qui peut atteindre au poids de 15 kilogrammes.
» Ainsi, quantité, variété, finesse, grosseur, on voit
que les poissons du Kiang ont toutes les qualités ; de
sorte que, sous ce rapport comme sous beaucoup d'au-
tres, c'est bien avec raison que les Chinois sont fiers de
leur fleuve, et qu'ils le considèrent comme le plus beau
et le plus généreux des fleuves.
» Mais jamais les Chinois ne se contentent de ce que
la nature a pu faire pour eux et ne se reposent pares-
seusement en ses prodigalités; jamais non plus la na-
ture ne rencontre d'aides plus intelligents. C'est ainsi
que la population a atteint et qu'elle conserve le
chiffre énorme auquel elle est arrivée aujourd'hui.
» Les poissons sont donc aussi devenus, depuis un
temps immémorial, l'objet d'une industrie très-active
et qui occupe un nombre considérable de familles.
» Je ne parle pas seulement de la pêche des poissons
à laquelle se borne cette industrie dans les grands
fleuves où l'influence de l'homme ne peut avoir aucune
prise, mais surtout de l'éducation à laquelle on les
soumet de la même façon que nos animaux domesti-
ques depuis l'instant où on en a recueilli les œufs et
ensemencé les étangs, etc.
» Voici comment elle se fait dans les lacs et étangs
dépendant du fleuve Bleu, et, par exemple, les grands
lacs du Ton-ting de la province du Honnan, et Po-yang
de celle du Kiang-si :
» Aux derniers jours d'avril, on établit à des dis-
tances quelconques des sortes de barrages qui vont
quelquefois jusqu'au tiers de la largeur du fleuve ou
des rivières. Ces barrages sont faits de pieux que l'on
garnit de branches de bambous avec leurs rameaux.
On place également de petits fagots le long des berges
pour certaines espèces de poissons qui vivent en les
côtoyant. Les poissons déposent leurs œufs sur ces bar-
rages ou ces fascines, ou bien les œufs perdus et que
le courant entraîne s'en trouvent arrêtés. Quelques
jours après, on retire doucement ces branchages et on
les dépouille des œufs dont ils sont garnis. Dans cer-
tains endroits où la circulation des jonques est trop
grande pour permettre l'établissement des barrages, on
s'établit tout simplement, de distance en distance, sur
la largeur du fleuve, avec des barques et des sacs que
l'on plonge dans l'eau dans le sens opposé au courant,
et telle est l'abondance du frai, qu'au bout de peu de
temps la barque est remplie d'une eau chargée
d'œufs.
» Alors les pêcheurs parcourent les campagnes avec
leurs bateaux chargés, et en vendent le contenu à rai-
son de 30 à 50 centimes la livre chinoise (0k,604). Mais
les grands pisciculteurs préfèrent venir eux-mêmes pê-
cher la quantité d'œufs qui leur est nécessaire ou l'ache-
ter sur place, ce qui leur revient souvent moins cher
que de l'acheter aux marchands ambulants qui peu-
vent, en outre, les tromper sur les lieux où les œufs ont
été pris. Les mêmes poissons n'ont pas, en effet, par-
» Le premier de ces poissons est le lu-iu, que la chres-
tomatliie du docteur Bridgmann appelle un crcnilabrus.
Quant à moi, je serais tenté de l'appeler le roi des
poissons. On en rencontre ordinairement sur les mar-
chés, et surtout ceux de Hou-Keou ou de Kieou-Kiang,
situés à l'entrée du lac Poyang, dans lequel on le
pêche, des individus du poids de 25 à 60 kilogrammes ;
mais il n'est pas très-rare d'en voir qui pèsent jusqu'à
100 kilogrammes. Il peut avoir 6 à 1 pieds de longueur.
Sa chair est aussi bonne que celle de nos saumons du
Rhin. On le paie 30 sapèques (0 fr. 15 c.) la livre chi-
noise, ou catti (Ok,604).
» Après lui viennent le lieu-iu-wang et le kan-iu, qui
Sont,' le [premier' un silurut, et le second un lenciseus,
d'après la chrestomathie précitée. Ils sont un peu moins
bons que le lo-iu, mais ils ne lui cèdent rien en gros
seur. On les vend le même prix.
» Une autre espèce excellente aussi est le lien-ise-iu,
dont la chrestomathie ni le dictionnaire de de Guignes
ne parlent pas. Son poids ordinaire est de 10 à 20
kilogrammes, mais il peut atteindre jusqu'à 60 kilo-
grammes. Son prix est le même que celui des précé-
dents.
» Le tsa-iu est une espèce également inédite dans les
ouvrages que je viens de citer. On l'appelle ici poisson-
vache, parce qu'il se nourrit d'herbe et que, dès qu'il
a seulement 4 à 5 centimètres de longueur, les pisci-
culteurs ne lui donnent plus que cela à manger, en
ayant soin de hacher cette herbe. Sa chair est très-
nne ; il pèse de 10 à 50 kilogrammes sur les marchés.
On le vend aussi 15 centimes les 0 k. 604.
» On raconte que le roi de la province natale de
Khoung-Fou-tseu (Confucius) (la province de Leu, au-
jourd'hui le Chang-tong), ayant appris qu'il venait de
naître un fils à ce philosophe, lui envoya un de ses
officiers chargé de ses félicitations et de lui porter en
même temps un poisson très-estimé dans le pays, avec
ordre de lui dire qu'il irait s'asseoir en personne au
festin qu'il est d'usage de donner un mois après la
naissance du nouveau-né. Ce présent fut reçu avec tous
les sentiments de reconnaissance qu'il exigeait, et,
pour en perpétuer le souvenir dans la famille, le père
ajouta aux noms de son fils le surnom de Li que portait
l'espèce de poisson qui lui avait été envoyée par son
souverain. (La Chine, Pauttier, etc ) Le li-iu est une
sorte de carpe dont la chair est plus délicate que celle
de la carpe ordinaire. Il peut peser jusqu'à 15 kilo-
grammes. On le vend à raison de 20 à 30 centimes
les 604 grammes. Le li-iu est encore aujourd'hui celui
des poissons que les Chinois estiment le plus ; mais
après avoir goûté des uns et des autres, il est impos-
sible de ne pas attribuer à la circonstance historique
que je viens de rapporter une partie de cette haute
estime.
D Le premier rang appartient au hi-iu ou tsi-iu (cy-
prinus). C'est un poisson qui ne devient pas très-gros
à peine arrive-t-il à 5 ou 6 kilogrammes ; mais aucun
autre ne peut lui être comparable comme finesse et dé-
de hair. On pourrait cependant retrouver dans
daiis. la sole, malgré la différence des mi-
.1 j',\
y lieux oiirfcljàfi vivent, quelques-unes des qualités que
J.. ';"
possède ce poisson. On le vend au même prix que le
li-iu.
» Outre les poissons, le fleuve Bleu nourrit encore
d'autres animaux alimentaires dont les principaux sont
les tortues à carapace molle. La plus estimée est le
ka-iu, qui peut atteindre au poids de 15 kilogrammes.
» Ainsi, quantité, variété, finesse, grosseur, on voit
que les poissons du Kiang ont toutes les qualités ; de
sorte que, sous ce rapport comme sous beaucoup d'au-
tres, c'est bien avec raison que les Chinois sont fiers de
leur fleuve, et qu'ils le considèrent comme le plus beau
et le plus généreux des fleuves.
» Mais jamais les Chinois ne se contentent de ce que
la nature a pu faire pour eux et ne se reposent pares-
seusement en ses prodigalités; jamais non plus la na-
ture ne rencontre d'aides plus intelligents. C'est ainsi
que la population a atteint et qu'elle conserve le
chiffre énorme auquel elle est arrivée aujourd'hui.
» Les poissons sont donc aussi devenus, depuis un
temps immémorial, l'objet d'une industrie très-active
et qui occupe un nombre considérable de familles.
» Je ne parle pas seulement de la pêche des poissons
à laquelle se borne cette industrie dans les grands
fleuves où l'influence de l'homme ne peut avoir aucune
prise, mais surtout de l'éducation à laquelle on les
soumet de la même façon que nos animaux domesti-
ques depuis l'instant où on en a recueilli les œufs et
ensemencé les étangs, etc.
» Voici comment elle se fait dans les lacs et étangs
dépendant du fleuve Bleu, et, par exemple, les grands
lacs du Ton-ting de la province du Honnan, et Po-yang
de celle du Kiang-si :
» Aux derniers jours d'avril, on établit à des dis-
tances quelconques des sortes de barrages qui vont
quelquefois jusqu'au tiers de la largeur du fleuve ou
des rivières. Ces barrages sont faits de pieux que l'on
garnit de branches de bambous avec leurs rameaux.
On place également de petits fagots le long des berges
pour certaines espèces de poissons qui vivent en les
côtoyant. Les poissons déposent leurs œufs sur ces bar-
rages ou ces fascines, ou bien les œufs perdus et que
le courant entraîne s'en trouvent arrêtés. Quelques
jours après, on retire doucement ces branchages et on
les dépouille des œufs dont ils sont garnis. Dans cer-
tains endroits où la circulation des jonques est trop
grande pour permettre l'établissement des barrages, on
s'établit tout simplement, de distance en distance, sur
la largeur du fleuve, avec des barques et des sacs que
l'on plonge dans l'eau dans le sens opposé au courant,
et telle est l'abondance du frai, qu'au bout de peu de
temps la barque est remplie d'une eau chargée
d'œufs.
» Alors les pêcheurs parcourent les campagnes avec
leurs bateaux chargés, et en vendent le contenu à rai-
son de 30 à 50 centimes la livre chinoise (0k,604). Mais
les grands pisciculteurs préfèrent venir eux-mêmes pê-
cher la quantité d'œufs qui leur est nécessaire ou l'ache-
ter sur place, ce qui leur revient souvent moins cher
que de l'acheter aux marchands ambulants qui peu-
vent, en outre, les tromper sur les lieux où les œufs ont
été pris. Les mêmes poissons n'ont pas, en effet, par-
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