Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 octobre 1861 01 octobre 1861
Description : 1861/10/01 (A6,N127). 1861/10/01 (A6,N127).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203280b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 309
obstacles sans nombre, et présentant à l'arrivée des
déchets considérables Le gouvernement indien s'est
déjà préoccupé de cette double position ; il a ordonné
l'inspection et la réparation de ces sentiers de façon à ce
que, dans un temps assez court, les trajets devinssent
moins incommodes. Tout récemment il vient de pu-
blier une ordonnance qui, pour stimuler la culture,
institue des prix considérables en faveur des meilleures
qualités et de l'accroissement dans le produit. Ces prix
se montent à 10,000 roupies (25,000 fr.) par saison,
pour chacune des trois présidences de Calcutta, de
Madras et de Bombay ; enfin, on s'occupe activement
d'achever le réseau des chemins de fer indiens et de
créer tout un système de routes et de canaux qui
permettent au coton d'arriver jusqu'aux ports de mer
à des prix qui le rendent possible à la fabrication
anglaise.
C'est sur ce point qu'ont principalement porté les
communications échangées dans la conférence de
Manchester entre M. Laing et ses interlocuteurs ;
mais, comme nous l'avons fait observer plus d'une
fois, c'est une partie de la question , ce n'est pas
toute la question dans ses relations avec le trans-
port. Parvenu au bord de la mer, chargé de frais
intérieurs qui seront toujours plus considérables que
ceux du coton porté vers les côtes par les fleuves
magnifiques et les innombrables canaux des Etats-
Unis, le coton indien se trouvera à une distance de
l'Angleterre triple encore de celle où est placé le co-
ton américain. Est-il possible que les hommes prati-
ques, délibérant à Manchester, ne se soient point
aperçu de cette énorme différence et ne s'en soient
point préoccupés , ou du moins aient eu l'air de ne
s'en point préoccuper ? Cela est cependant, et nous
ne pouvons l'attribuer qu'à cette sorte de petite cons-
piration du silence dont, dans cette grande affaire,
on semble se faire un système de l'autre côté du dé-
troit envers le canal de Suez. Or l'ouverture de
l'isthme place Bombay, par rapport à l'Angleterre et
au reste de l'Europe, dans des conditions de naviga-
tion et de distance qui facilitent singulièrement la
concurrence avec la Nouvelle-Orléans et New-York,
et cette concurrence nous paraît tout à fait im-
possible tant que le coton indien , après avoir tra-
versé le vaste espace qui le sépare de la mer, aura
encore à faire le tour de l'Afriqu e par le cap de Bonne-
Espérance, et à franchir toute la largeur de l'Atlan-
tique. Nous n'hésitons donc pas à conclure que tous
les efforts de l'Angleterre en vue de son approvision-
nement par les Indes resteront infructueux, ou tout
au moins ne pourront avoir que des résultats incom -
plets et partiels tant que le canal des deux mers
n'aura pas supprimé au profit de l'Inde la moitié de
la distance qui donne à l'Amérique une aussi grande
supériorité au point de vue du transport maritime, et
l'on sait qu'il s'agit ici d'une denrée dont le prix de
revient en fabrique s'aggrave dans une proportion
sensible par le prix du transport.
C'est donc un bonheur pour l'Angleterre que l'op-
position de quelques-uns de ses personnages influents
contre le canal de Suez ait échoué dans ses tenta-
tives, et c'est un malheur pour elle que ces tentatives
aient pu réussir à ralentir quelque temps l'exécution
des travaux. Car aujourd'hui le passage serait livré
à ses navires, et le coton de Bombay ne serait plus
qu'à trois mille et non à six mille lieues des ateliers
de Manchester, triste leçon infligée par la Providence
à ces passions qui croient que la sagesse politique est
dans l'égoïsme ou dans la compression des intérêts
d'autrui, et auxquelles les événements viennent dé.
montrer leur imprévoyance et leur vanité ! Ou l'An-
gleterre s'agite sans raison devant la crise qui la
menace et elle n'a pas besoin du coton de l'Inde, ou
elle a besoin du canal de Suez. Les deux propositions
sont connexes et solidaires l'une de l'autre, et on ne
pourrait comprendre par quel esprit de vertige l'An-
gleterre se refuserait à diminuer de moitié l'espace
qui la sépare du pays dont elle veut faire et dont
elle doit faire la source de l'alimentation de ses ma-
nufactures et du travail de quatre millions d'ouvriers.
Comment donc l'opinion anglaise hésiterait-elle en-
core à hâter de ses vœux et de son influence le prompt
achèvement des travaux du canal ? Dans cette ques-
tion , il faut bien le reconnaître, la pénétration des
hommes commerciaux s'est montrée bien supérieure
à la pénétration des hommes politiques. C'est, en
effet, le cas de rappeler que toutes les grandes cités
industrielles du Royaume-Uni, interrogées par M.Fer-
dinand de Lesseps , ont déclaré dans des meetings
unanimes que le percement de l'isthme de Suez était
hautement avantageux aux intérêts de l'Angleterre.
Les faits viennent aujourd'hui donner la plus puis-
sante des sanctions à ce verdict public, trop longtemps
neutralisé chez nos voisins par des ménagements
gardés envers des préjugés d'un autre âge. Désor-
mais, il n'y va de rien moins que du salut, de rien
moins que de la conservation ou de la ruine de la plus
florissante et de la plus vaste des industries de la
Grande-Bretagne. Ce n'est donc plus sa tolérance, ce
n'est donc plus sa sympathie passive qu'au nom de
ses plus chers intérêts nous demandons à l'Angle-
terre ; c'est son concours actif, énergique, anxieux,
c'est son concours pour que, dans les éventualités qui
se pressent autour d'elle, elle nous aide à lui fournir
l'un des plus puissants instruments propres à l'affran-
chir de ce servage industriel qui, à cette heure, pèse
si amèrement sur elle.
Ces réflexions nous étant, en partie, inspirées par
la réunion de Manchester dont nous avons parlé, nous
croyons devoir re^roluire un article du Morning Post
obstacles sans nombre, et présentant à l'arrivée des
déchets considérables Le gouvernement indien s'est
déjà préoccupé de cette double position ; il a ordonné
l'inspection et la réparation de ces sentiers de façon à ce
que, dans un temps assez court, les trajets devinssent
moins incommodes. Tout récemment il vient de pu-
blier une ordonnance qui, pour stimuler la culture,
institue des prix considérables en faveur des meilleures
qualités et de l'accroissement dans le produit. Ces prix
se montent à 10,000 roupies (25,000 fr.) par saison,
pour chacune des trois présidences de Calcutta, de
Madras et de Bombay ; enfin, on s'occupe activement
d'achever le réseau des chemins de fer indiens et de
créer tout un système de routes et de canaux qui
permettent au coton d'arriver jusqu'aux ports de mer
à des prix qui le rendent possible à la fabrication
anglaise.
C'est sur ce point qu'ont principalement porté les
communications échangées dans la conférence de
Manchester entre M. Laing et ses interlocuteurs ;
mais, comme nous l'avons fait observer plus d'une
fois, c'est une partie de la question , ce n'est pas
toute la question dans ses relations avec le trans-
port. Parvenu au bord de la mer, chargé de frais
intérieurs qui seront toujours plus considérables que
ceux du coton porté vers les côtes par les fleuves
magnifiques et les innombrables canaux des Etats-
Unis, le coton indien se trouvera à une distance de
l'Angleterre triple encore de celle où est placé le co-
ton américain. Est-il possible que les hommes prati-
ques, délibérant à Manchester, ne se soient point
aperçu de cette énorme différence et ne s'en soient
point préoccupés , ou du moins aient eu l'air de ne
s'en point préoccuper ? Cela est cependant, et nous
ne pouvons l'attribuer qu'à cette sorte de petite cons-
piration du silence dont, dans cette grande affaire,
on semble se faire un système de l'autre côté du dé-
troit envers le canal de Suez. Or l'ouverture de
l'isthme place Bombay, par rapport à l'Angleterre et
au reste de l'Europe, dans des conditions de naviga-
tion et de distance qui facilitent singulièrement la
concurrence avec la Nouvelle-Orléans et New-York,
et cette concurrence nous paraît tout à fait im-
possible tant que le coton indien , après avoir tra-
versé le vaste espace qui le sépare de la mer, aura
encore à faire le tour de l'Afriqu e par le cap de Bonne-
Espérance, et à franchir toute la largeur de l'Atlan-
tique. Nous n'hésitons donc pas à conclure que tous
les efforts de l'Angleterre en vue de son approvision-
nement par les Indes resteront infructueux, ou tout
au moins ne pourront avoir que des résultats incom -
plets et partiels tant que le canal des deux mers
n'aura pas supprimé au profit de l'Inde la moitié de
la distance qui donne à l'Amérique une aussi grande
supériorité au point de vue du transport maritime, et
l'on sait qu'il s'agit ici d'une denrée dont le prix de
revient en fabrique s'aggrave dans une proportion
sensible par le prix du transport.
C'est donc un bonheur pour l'Angleterre que l'op-
position de quelques-uns de ses personnages influents
contre le canal de Suez ait échoué dans ses tenta-
tives, et c'est un malheur pour elle que ces tentatives
aient pu réussir à ralentir quelque temps l'exécution
des travaux. Car aujourd'hui le passage serait livré
à ses navires, et le coton de Bombay ne serait plus
qu'à trois mille et non à six mille lieues des ateliers
de Manchester, triste leçon infligée par la Providence
à ces passions qui croient que la sagesse politique est
dans l'égoïsme ou dans la compression des intérêts
d'autrui, et auxquelles les événements viennent dé.
montrer leur imprévoyance et leur vanité ! Ou l'An-
gleterre s'agite sans raison devant la crise qui la
menace et elle n'a pas besoin du coton de l'Inde, ou
elle a besoin du canal de Suez. Les deux propositions
sont connexes et solidaires l'une de l'autre, et on ne
pourrait comprendre par quel esprit de vertige l'An-
gleterre se refuserait à diminuer de moitié l'espace
qui la sépare du pays dont elle veut faire et dont
elle doit faire la source de l'alimentation de ses ma-
nufactures et du travail de quatre millions d'ouvriers.
Comment donc l'opinion anglaise hésiterait-elle en-
core à hâter de ses vœux et de son influence le prompt
achèvement des travaux du canal ? Dans cette ques-
tion , il faut bien le reconnaître, la pénétration des
hommes commerciaux s'est montrée bien supérieure
à la pénétration des hommes politiques. C'est, en
effet, le cas de rappeler que toutes les grandes cités
industrielles du Royaume-Uni, interrogées par M.Fer-
dinand de Lesseps , ont déclaré dans des meetings
unanimes que le percement de l'isthme de Suez était
hautement avantageux aux intérêts de l'Angleterre.
Les faits viennent aujourd'hui donner la plus puis-
sante des sanctions à ce verdict public, trop longtemps
neutralisé chez nos voisins par des ménagements
gardés envers des préjugés d'un autre âge. Désor-
mais, il n'y va de rien moins que du salut, de rien
moins que de la conservation ou de la ruine de la plus
florissante et de la plus vaste des industries de la
Grande-Bretagne. Ce n'est donc plus sa tolérance, ce
n'est donc plus sa sympathie passive qu'au nom de
ses plus chers intérêts nous demandons à l'Angle-
terre ; c'est son concours actif, énergique, anxieux,
c'est son concours pour que, dans les éventualités qui
se pressent autour d'elle, elle nous aide à lui fournir
l'un des plus puissants instruments propres à l'affran-
chir de ce servage industriel qui, à cette heure, pèse
si amèrement sur elle.
Ces réflexions nous étant, en partie, inspirées par
la réunion de Manchester dont nous avons parlé, nous
croyons devoir re^roluire un article du Morning Post
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.93%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.93%.
- Collections numériques similaires Bibliothèques d'Orient Bibliothèques d'Orient /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BbLevt0"Collections de l’École nationale des ponts et chaussées Collections de l’École nationale des ponts et chaussées /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPC000"
- Auteurs similaires Bibliothèques d'Orient Bibliothèques d'Orient /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BbLevt0"Collections de l’École nationale des ponts et chaussées Collections de l’École nationale des ponts et chaussées /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPC000"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 5/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203280b/f5.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203280b/f5.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203280b/f5.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203280b
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203280b
Facebook
Twitter