Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 octobre 1861 01 octobre 1861
Description : 1861/10/01 (A6,N127). 1861/10/01 (A6,N127).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203280b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
308 L'ISTHME DE SUEZ,
terribles combats. Il n'y a aucune chance d'un ar-
mistice entre les deux parties. »
Eu présence de ces avis et des faits qui sg suc-
cèdent, l'opinion anglaise a donc été contrainte de
renoncer à ses espérances qu'un compromis entre
les combattants viendrait bientôt rouvrir les commu-
nications avec les producteurs de coton. Dès lors,
il a fallu recourir aux moyens héroïques pour pro-
longer la durée des approvisionnements existants. Les
manufacturiers anglais ont résolu de restreindre le
travail de leurs ateliers ; les uns ont annoncé qu'ils
ne travailleraient plus que quatre jours par semaine,
d'autres trois jours, d'autres deux jours et demi, sans
préjudice de la fermeture ultérieure et possible de
leurs fabriques pendant une et deux semaines ; d'au-
tres encore ont dès à présent décidé d'arrêter leur
production. Il faut donc s'attendre en Angleterre à
un hiver pénible pour les classes laborieuses.
Mais ces mesures douloureuses ne sont pourtant
encore qu'un palliatif et non un remède à la situa-
tion, si elle persévère. En supposant que, au prix de
cruelles souffrances, elles puissent jusqu'à la fin de
l'hiver préserver le Lancashire d'un chômage presque
général, et c'est certainement la plus grande conces-
sion qu'on puisse faire, qu'arrivera t-il si la guerre
civile des États-Unis se prolonge pendant l'été, se
prolonge pendant un an, pendant deux ans? Ce n'est
malheureusement que trop dans les possibilités et
même dans les probabilités. Les Anglais, il est vrai,
espèrent que le blocus ne pourra être maintenu avec
assez de rigidité pour interdire à un certain nombre
de cargaisons de passer à travers ses mailles, et ils
comptent pour cela sur les bénéfices que, en cas de
succès, ces tentatives offriront aux navigateurs aven-
tureux et hardis. En lui-même le calcul est juste ; mais
il n'est pas moins susceptible d'un grand nombre
d'objections. La première, c'est que les États du Sud,
par un calcul politique, sage ou non, ont manifesté
l'intention de ne point embarquer leurs cotons pour
l'Europe, en même temps que les États du Nord s'atta-
chem à leur interdire lepassage.jLa difficulté serait en-
core accrue si le Nord, comme on l'annonce, se prépa-
rait et réussissait à s'emparer des ports de mer du
Sud, comme il a déjà pris possession d'un des points
maritimes les plus essentiels sur les côtes de la Ca-
roline du Nord. De plus, si les États planteurs sont
envahis par les troupes fédérales, les séparatistes ai-
meront mieux, et ils en ont déjà exprimé le ferme
propos, mettre le feu à leurs cotons que de les aban-
donner à leurs antagonistes. Jusqu'où, dans les vi-
cissitudes de la guerre, pourra s'étendre cette destruc-
tion? Et enfin, qu'adviendrait-il de la culture du
coton lui-même si le conflit amenait soit une éman-
cipation décrétée par le congrès, soit une révolte de
la population esclave ?
L'Angleterre donc peut difficilement se dissimuler
aujourd'hui que la matière première la plus précieuse
à son industrie est sur le point de lui manquer pres-
que à coup sûr pour le présent, et qu'elle encourt les
plus terribles chances du même péril pour l'avenir.
Elle le prévoyait, il y a quelques années, dans les
lointaines perspectives ; les temps se sont rapprochés
et le fléau frappe en ce moment à sa porte. Elle com-
prend, par conséquent, qu'elle ne peut assurer les
besoins de son travail qu'en sollicitant et excitant,
sur toutes les parties du globe accessibles à cette cul-
ture, la production du coton. Dans ce but, elle a
constitué des sociétés, elle a organisé toute une pro-
pagande. Nous racontions encore dernièrement les
propositions faites au gouvernement égyptien parles
délégués des industriels de Manchester; mais au
total c'est vers les Indes orientales que l'Angleterre
tout entière fixe ses regards comme destinées à lui
remplacer la production américaine. Le ministère
anglais seconde ce mouvement le plus énergiquement
qu'il peut. La députation de Manchester, assistée d'un
agent officiel, parcourt en ce moment la Péninsule
pour étudier les solutions possibles du problème de
l'approvisionnement en coton de l'Angleterre par
l'Inde. Nous avons déjà cité des actes du gouverne-
ment de Calcutta tendant à créer à ces projets d'ap-
provisionnement des facilités très-nécessaires. Mais
dans ses inquiétudes, Manchester ne cesse de stimu-
ler l'action gouvernementale, et le chancelier de l'é-
chiquier de l'Inde, M. Laing, se trouvant accidentel-
lement en Angleterre, la Chambre de commerce et
l'association cotonnière de Manchester l'ont invité à
se rendre en cette ville pour y prendre part à une
conférence sur cette grosse et urgente question.
Deux inconvénients entravent l'introduction du
coton indien sur une large échelle dans la consom-
mation des fabriques britanniques. Le premier se
trouve dans la négligence apportée à sa culture, et
surtout à la manière de le préparer et de le nettoyer
après la récolte. Ces deux défauts en font une qua-
lité inférieure, incapable de lutter avec les produits
des Etats-Unis. C'est un vice auquel, dans une grande
mesure, il sera possible de remédier par de meilleures
méthodes de culture et des machines perfectionnées.
Le second inconvénient est beaucoup plus sérieux:
il est dans les difficultés et le haut prix des trans-
ports. Ces transports eux-mêmes peuvent se parta-
ger en deux ordres distincts : le transport du lieu de
production au lieu d'embarquement et le transport
du lieu d'embarquement au lieu de fabrication, c'est-
à-dire en Angleterre. Les contrées qui produisent
plus spécialement le coton sont très-éloignées de la
mer; elles n'ont ni routes, ni voies navigables, et,
comme nous l'avons dit dans nos précédents numé-
ros, les cotons voyagent par des sentiers presque im-
praticables sur des chars à bœufs, rencontrant des
terribles combats. Il n'y a aucune chance d'un ar-
mistice entre les deux parties. »
Eu présence de ces avis et des faits qui sg suc-
cèdent, l'opinion anglaise a donc été contrainte de
renoncer à ses espérances qu'un compromis entre
les combattants viendrait bientôt rouvrir les commu-
nications avec les producteurs de coton. Dès lors,
il a fallu recourir aux moyens héroïques pour pro-
longer la durée des approvisionnements existants. Les
manufacturiers anglais ont résolu de restreindre le
travail de leurs ateliers ; les uns ont annoncé qu'ils
ne travailleraient plus que quatre jours par semaine,
d'autres trois jours, d'autres deux jours et demi, sans
préjudice de la fermeture ultérieure et possible de
leurs fabriques pendant une et deux semaines ; d'au-
tres encore ont dès à présent décidé d'arrêter leur
production. Il faut donc s'attendre en Angleterre à
un hiver pénible pour les classes laborieuses.
Mais ces mesures douloureuses ne sont pourtant
encore qu'un palliatif et non un remède à la situa-
tion, si elle persévère. En supposant que, au prix de
cruelles souffrances, elles puissent jusqu'à la fin de
l'hiver préserver le Lancashire d'un chômage presque
général, et c'est certainement la plus grande conces-
sion qu'on puisse faire, qu'arrivera t-il si la guerre
civile des États-Unis se prolonge pendant l'été, se
prolonge pendant un an, pendant deux ans? Ce n'est
malheureusement que trop dans les possibilités et
même dans les probabilités. Les Anglais, il est vrai,
espèrent que le blocus ne pourra être maintenu avec
assez de rigidité pour interdire à un certain nombre
de cargaisons de passer à travers ses mailles, et ils
comptent pour cela sur les bénéfices que, en cas de
succès, ces tentatives offriront aux navigateurs aven-
tureux et hardis. En lui-même le calcul est juste ; mais
il n'est pas moins susceptible d'un grand nombre
d'objections. La première, c'est que les États du Sud,
par un calcul politique, sage ou non, ont manifesté
l'intention de ne point embarquer leurs cotons pour
l'Europe, en même temps que les États du Nord s'atta-
chem à leur interdire lepassage.jLa difficulté serait en-
core accrue si le Nord, comme on l'annonce, se prépa-
rait et réussissait à s'emparer des ports de mer du
Sud, comme il a déjà pris possession d'un des points
maritimes les plus essentiels sur les côtes de la Ca-
roline du Nord. De plus, si les États planteurs sont
envahis par les troupes fédérales, les séparatistes ai-
meront mieux, et ils en ont déjà exprimé le ferme
propos, mettre le feu à leurs cotons que de les aban-
donner à leurs antagonistes. Jusqu'où, dans les vi-
cissitudes de la guerre, pourra s'étendre cette destruc-
tion? Et enfin, qu'adviendrait-il de la culture du
coton lui-même si le conflit amenait soit une éman-
cipation décrétée par le congrès, soit une révolte de
la population esclave ?
L'Angleterre donc peut difficilement se dissimuler
aujourd'hui que la matière première la plus précieuse
à son industrie est sur le point de lui manquer pres-
que à coup sûr pour le présent, et qu'elle encourt les
plus terribles chances du même péril pour l'avenir.
Elle le prévoyait, il y a quelques années, dans les
lointaines perspectives ; les temps se sont rapprochés
et le fléau frappe en ce moment à sa porte. Elle com-
prend, par conséquent, qu'elle ne peut assurer les
besoins de son travail qu'en sollicitant et excitant,
sur toutes les parties du globe accessibles à cette cul-
ture, la production du coton. Dans ce but, elle a
constitué des sociétés, elle a organisé toute une pro-
pagande. Nous racontions encore dernièrement les
propositions faites au gouvernement égyptien parles
délégués des industriels de Manchester; mais au
total c'est vers les Indes orientales que l'Angleterre
tout entière fixe ses regards comme destinées à lui
remplacer la production américaine. Le ministère
anglais seconde ce mouvement le plus énergiquement
qu'il peut. La députation de Manchester, assistée d'un
agent officiel, parcourt en ce moment la Péninsule
pour étudier les solutions possibles du problème de
l'approvisionnement en coton de l'Angleterre par
l'Inde. Nous avons déjà cité des actes du gouverne-
ment de Calcutta tendant à créer à ces projets d'ap-
provisionnement des facilités très-nécessaires. Mais
dans ses inquiétudes, Manchester ne cesse de stimu-
ler l'action gouvernementale, et le chancelier de l'é-
chiquier de l'Inde, M. Laing, se trouvant accidentel-
lement en Angleterre, la Chambre de commerce et
l'association cotonnière de Manchester l'ont invité à
se rendre en cette ville pour y prendre part à une
conférence sur cette grosse et urgente question.
Deux inconvénients entravent l'introduction du
coton indien sur une large échelle dans la consom-
mation des fabriques britanniques. Le premier se
trouve dans la négligence apportée à sa culture, et
surtout à la manière de le préparer et de le nettoyer
après la récolte. Ces deux défauts en font une qua-
lité inférieure, incapable de lutter avec les produits
des Etats-Unis. C'est un vice auquel, dans une grande
mesure, il sera possible de remédier par de meilleures
méthodes de culture et des machines perfectionnées.
Le second inconvénient est beaucoup plus sérieux:
il est dans les difficultés et le haut prix des trans-
ports. Ces transports eux-mêmes peuvent se parta-
ger en deux ordres distincts : le transport du lieu de
production au lieu d'embarquement et le transport
du lieu d'embarquement au lieu de fabrication, c'est-
à-dire en Angleterre. Les contrées qui produisent
plus spécialement le coton sont très-éloignées de la
mer; elles n'ont ni routes, ni voies navigables, et,
comme nous l'avons dit dans nos précédents numé-
ros, les cotons voyagent par des sentiers presque im-
praticables sur des chars à bœufs, rencontrant des
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