Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 septembre 1861 15 septembre 1861
Description : 1861/09/15 (A6,N126). 1861/09/15 (A6,N126).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203279p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
292 L'ISTHME DE SUEZ,
tures européennes. On s'est longtemps bercé de chi-
mères en Angleterre, mais aujourd'hui la réalité ter-
rible apparaît dans tout son jour, et voici comment,
sur ce sujet, s'exprimait récemment le Times :
« Parmi toutes les éventualités que l'on a pu imagi-
ner, dit la feuille anglaise, personne n'avait jamais
songé à celle qui se présente aujourd'hui. Nous nous
représentions la possibilité d'une mauvaise saison, d'une
récolte détruite par la nielle ou par la tempête, d'une
insurrection servile ou d'autres événements qui n'auraient
pas laissé aux Américains de coton à nous envoyer.
» Mais ce que nous ne nous étions jamais figuré comme
possible, c'était que les Américains, ayant fait naître
une belle récolte de coton et l'ayant emmagasinée,
pussent se résoudre à la garder, afin d'influer sur la
politique des gouvernements européens, ou que même,
ayant le désir de l'exporter, ils pussent en être empêchés
par les croiseurs de leurs nation. à,
A ces tristesses légitimes, l'Opinion nationale oppo-
sait ces justes réflexions :
< En effet, la récolte du coton est mûre, prête à être
livrée ; et l'industrie anglaise est réduite à attendre les
arrivages de l'Inde, qui sont considérables sans doute,
mais d'une qualité bien inférieure.
» Nos voisins se préoccupent donc de chercher les
moyens d'échapper au joug d'un aussi redoutable mo-
nopole. Mais ces moyens, où les trouver? Et c'est ainsi
que les peuples les plus entichés d'individualisme sont
bien forcés, un jour ou l'autre, de reconnaître la grande
loi de solidarité qui relie toutes les nations. »
Ce n'est pas tout. Quel sera le sort de la culture
du coton en Amérique ? Quelle sera l'issue de cette
guerre qui porte dans son sein la conservation ou
la destruction de l'esclavage, c'est-à-dire la con-
servation ou la destruction de la culture du coton
dans le sud américain ? Nous l'ignorons, mais à coup
sûr, la guerre apportera de longues perturbations
dans la production des États confédérés. L'Angleterre
le sait ; l'Angleterre s'y attend ; c'est pourquoi elle
s'adresse à tous les coins du monde pour obtenir l'ap-
provisionnement indispensable qui va lui manquer,
et qu'elle sent elle-même ne pouvoir pendant une
longue période ne lui venir que des Indes.
Sans doute le coton des Indes ne remplace qu'in-
suffisamment le coton américain dans son usage
manufacturier ; mais il faudra bien s'en contenter,
puisqu'il n'y en a pas d'autre, et il faudra bien y
adapter les procédés de la fabrication. Toutefois,
d'après les observations que publient dans les jour-
naux anglais les manufacturiers les plus pratiques
de la Grande-Bretagne , ils sont arrêtés par une
crainte très-grave. Voici entre autres l'appréhension
qu'exprime un de ces fabricants dans une lettre pu-
bliée dans le Times du 10 septembre :
« Jusqu'ici le coton américain a figuré pour 85 0/0
dans la consommation, et le jour où l'expédition serait
reprise par les États séparatistes, leur coton serait de
nouveau employé à l'exclusion presque entière des au*
tres espèces. Par conséquent comment les négociants
prudents pourraient-ils se décider à demander à Bom-
bay du coton à des prix excessifs sachant, comme
ils le savent, que c'est une question de six mois, et que
les filateurs qu'ils approvisionneraient seraient les
premiers à leur rire au nez s'ils éprouvaient les pertes
effroyables qu'ils encourraient par la reprise des affai-
res avec l'Amérique. Non, si nous devons importer
du coton, il doit l'être ou par des spéculateurs extra-
vagants ou pur les filateurs eux-mêmes. Car les profits
possibles ne sont pas du tout proportionnés aux risques
de pertes. »
Ce raisonnement, sans contredit, nous semble très-
sérieux. Quelle est pourtant sa principale base ? c'est
l'objection qu'une expédition de coton des Indes en
Angleterre est « une opération de six mois, » et nous
trouvons dans une autre lettre cette autre considé-
ration que les hauts prix du coton dans l'Inde seront
encore rendus plus sensibles par les hauts prix du
transport. Rappelons ici que ces dangers nous les
avons tous signalés. Nous avons dit à l'Angleterre
que si pendant six ans elle n'eût pas laissé arrêter,
par l'opposition de son gouvernement, l'exécution du
canal de Suez, elle serait aujourd'hui à trente ou
quarante jours de l'Inde, et nun à trois ou quatre
mois. Nous lui avons dit encore qu'il n'était pas
logique que lorsque dans cette situation formidable
elle pouvait trouver dans un avenir prochain, par
l'ouverture de l'isthme, une grande rapidité et une
grande économie pour l'arrivage de ses cotons in-
diens, elle sacrifiât des intérêts aussi vitaux, des
besoins aussi impérieux à des préjugés ou des préoc-
cupations qu'elle est presque obligée de se cacher à
elle-même. Mais les temps sont venus, la voix de la
fatalité a parlé un langage qui a su se faire enten-
dre. Aujourd'hui plus que jamais le percement de
l'isthme de Suez est la bonne fortune de l'Angleterre.
Il l'est parce qu'il ouvre les plus vastes perspectives
d'exportation à son industrie privée du grand dé-
bouché américain; il l'est parce que son approvision-
nement régulier et assuré de coton indien, sa seule
ressource p-jur longtemps, n'est pas possible à des con-
ditions raisonnables et manufacturièrement pratiquées
tant que Bombay sera à 6,000 lieues de Liverpool.
ERNEST DESPLACES.
NOUVEAU TÉMOIGNAGE DE SYMPATHIE
Au canal des deux mers.
Marseille a eu le malheur de perdre, il y a
quelque temps, son vénérable évêque, Mgr Mazenod,
dont l'intelligence avait rapidement compris les
avantages moraux aussi bien que matériels du per-
cement de rythme de Suez. Si nous sommes bien
informés, Mgr Mazenod était un des actionnaires de
la Compagnie universelle ; il avait voulu faire à la
Compagnie l'honneur de s'associer à son œuvre de
civilisation et de progrès, et ce n'est pas le seul
témoignage de sympathie qu'il lui ait accordé.
tures européennes. On s'est longtemps bercé de chi-
mères en Angleterre, mais aujourd'hui la réalité ter-
rible apparaît dans tout son jour, et voici comment,
sur ce sujet, s'exprimait récemment le Times :
« Parmi toutes les éventualités que l'on a pu imagi-
ner, dit la feuille anglaise, personne n'avait jamais
songé à celle qui se présente aujourd'hui. Nous nous
représentions la possibilité d'une mauvaise saison, d'une
récolte détruite par la nielle ou par la tempête, d'une
insurrection servile ou d'autres événements qui n'auraient
pas laissé aux Américains de coton à nous envoyer.
» Mais ce que nous ne nous étions jamais figuré comme
possible, c'était que les Américains, ayant fait naître
une belle récolte de coton et l'ayant emmagasinée,
pussent se résoudre à la garder, afin d'influer sur la
politique des gouvernements européens, ou que même,
ayant le désir de l'exporter, ils pussent en être empêchés
par les croiseurs de leurs nation. à,
A ces tristesses légitimes, l'Opinion nationale oppo-
sait ces justes réflexions :
< En effet, la récolte du coton est mûre, prête à être
livrée ; et l'industrie anglaise est réduite à attendre les
arrivages de l'Inde, qui sont considérables sans doute,
mais d'une qualité bien inférieure.
» Nos voisins se préoccupent donc de chercher les
moyens d'échapper au joug d'un aussi redoutable mo-
nopole. Mais ces moyens, où les trouver? Et c'est ainsi
que les peuples les plus entichés d'individualisme sont
bien forcés, un jour ou l'autre, de reconnaître la grande
loi de solidarité qui relie toutes les nations. »
Ce n'est pas tout. Quel sera le sort de la culture
du coton en Amérique ? Quelle sera l'issue de cette
guerre qui porte dans son sein la conservation ou
la destruction de l'esclavage, c'est-à-dire la con-
servation ou la destruction de la culture du coton
dans le sud américain ? Nous l'ignorons, mais à coup
sûr, la guerre apportera de longues perturbations
dans la production des États confédérés. L'Angleterre
le sait ; l'Angleterre s'y attend ; c'est pourquoi elle
s'adresse à tous les coins du monde pour obtenir l'ap-
provisionnement indispensable qui va lui manquer,
et qu'elle sent elle-même ne pouvoir pendant une
longue période ne lui venir que des Indes.
Sans doute le coton des Indes ne remplace qu'in-
suffisamment le coton américain dans son usage
manufacturier ; mais il faudra bien s'en contenter,
puisqu'il n'y en a pas d'autre, et il faudra bien y
adapter les procédés de la fabrication. Toutefois,
d'après les observations que publient dans les jour-
naux anglais les manufacturiers les plus pratiques
de la Grande-Bretagne , ils sont arrêtés par une
crainte très-grave. Voici entre autres l'appréhension
qu'exprime un de ces fabricants dans une lettre pu-
bliée dans le Times du 10 septembre :
« Jusqu'ici le coton américain a figuré pour 85 0/0
dans la consommation, et le jour où l'expédition serait
reprise par les États séparatistes, leur coton serait de
nouveau employé à l'exclusion presque entière des au*
tres espèces. Par conséquent comment les négociants
prudents pourraient-ils se décider à demander à Bom-
bay du coton à des prix excessifs sachant, comme
ils le savent, que c'est une question de six mois, et que
les filateurs qu'ils approvisionneraient seraient les
premiers à leur rire au nez s'ils éprouvaient les pertes
effroyables qu'ils encourraient par la reprise des affai-
res avec l'Amérique. Non, si nous devons importer
du coton, il doit l'être ou par des spéculateurs extra-
vagants ou pur les filateurs eux-mêmes. Car les profits
possibles ne sont pas du tout proportionnés aux risques
de pertes. »
Ce raisonnement, sans contredit, nous semble très-
sérieux. Quelle est pourtant sa principale base ? c'est
l'objection qu'une expédition de coton des Indes en
Angleterre est « une opération de six mois, » et nous
trouvons dans une autre lettre cette autre considé-
ration que les hauts prix du coton dans l'Inde seront
encore rendus plus sensibles par les hauts prix du
transport. Rappelons ici que ces dangers nous les
avons tous signalés. Nous avons dit à l'Angleterre
que si pendant six ans elle n'eût pas laissé arrêter,
par l'opposition de son gouvernement, l'exécution du
canal de Suez, elle serait aujourd'hui à trente ou
quarante jours de l'Inde, et nun à trois ou quatre
mois. Nous lui avons dit encore qu'il n'était pas
logique que lorsque dans cette situation formidable
elle pouvait trouver dans un avenir prochain, par
l'ouverture de l'isthme, une grande rapidité et une
grande économie pour l'arrivage de ses cotons in-
diens, elle sacrifiât des intérêts aussi vitaux, des
besoins aussi impérieux à des préjugés ou des préoc-
cupations qu'elle est presque obligée de se cacher à
elle-même. Mais les temps sont venus, la voix de la
fatalité a parlé un langage qui a su se faire enten-
dre. Aujourd'hui plus que jamais le percement de
l'isthme de Suez est la bonne fortune de l'Angleterre.
Il l'est parce qu'il ouvre les plus vastes perspectives
d'exportation à son industrie privée du grand dé-
bouché américain; il l'est parce que son approvision-
nement régulier et assuré de coton indien, sa seule
ressource p-jur longtemps, n'est pas possible à des con-
ditions raisonnables et manufacturièrement pratiquées
tant que Bombay sera à 6,000 lieues de Liverpool.
ERNEST DESPLACES.
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Au canal des deux mers.
Marseille a eu le malheur de perdre, il y a
quelque temps, son vénérable évêque, Mgr Mazenod,
dont l'intelligence avait rapidement compris les
avantages moraux aussi bien que matériels du per-
cement de rythme de Suez. Si nous sommes bien
informés, Mgr Mazenod était un des actionnaires de
la Compagnie universelle ; il avait voulu faire à la
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