Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 septembre 1861 15 septembre 1861
Description : 1861/09/15 (A6,N126). 1861/09/15 (A6,N126).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203279p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 291
et, dans notre route, nous avons constamment rencom
tré des ouvriers occupés.
» J'ai examiné, avec une attention particulière, les
effets de notre passage sur les rives. Le sol relevé ne
s'abaisse pas comme on le croit généralement, mais il
est parfaitement ferme, bien que l'eau batte violem-
ment contre les bords. Pendant notre rapide passage,
qui s'est fait avec un vent favorable, je fis remarquer
à mes compagnons que pas un seul morceau de terre
ne se détachait des rives. Voilà un fait qui confirme ce
qui a été cent fois établi, mais rarement cru. Cepen-
dant je ne connais pas d'entreprise qui ait eu à lutter
contre d'aussi] grands obstacles que celle du canal de
Suez.
» Quels que soient les moyens employés dans les
travaux de l'État en Egypte, une chose est certaine,
c'est que, pour ceux du canal, on n'a eu recours à au-
cune peine corporelle. Je puis certifier que tous les
hommes sont libéralement payés ; le travail n'est en
aucune façon pénible, et le salaire que les ouvriers re-
çoivent surpasse celui auquel ils étaient accoutumés.
M. Colquhoun a eu pleinement raison d'affirmer que ces
travaux doivent être favorables à la population arabe,
et ils le seront incontestablement.
» Il est une autre erreur que je désirerais voir recti-
fiée. On dit que, sous prétexte de faire un canal, les
Français avaient l'intention de coloniser l'Egypte. Cette
idée n'a pu être accueillie que par ceux qui n'ont pas
visité les lieux, car la nature du climat rend évidente
l'absurdité de cette opinion. Tout ce que nous avons
vu prouve l'intention de bonne foi de faire un canal ;
et les Arabes et les Syriens que j'ai vus à l'œuvre sont
seuls propres à coloniser ces contrées du globe, très-
intéressantes à la vérité, mais excessivement chaudes.
» J'ai l'honneur, etc ,
» DANIEL A. LANGE. »
LA HOUILLE ET LE COTON.
Deux questions doivent plus que jamais attirer du
côté de l'isthme de Suez toute la sollicitude des gou-
vernements civilisés, toute l'attention du monde in-
dustriel et principalement de l'Angleterre. Ces deux
questions sont celle de la houille et celle du coton.
Il est impossible de se dissimuler la puissance de
l'élan qui pousse de nos jours l'Occident sur l'Orient.
Les vastes marchés de l'Asie, composés de 800 millions
d'âmes, riches des produits naturels les plus abon-
dants et les plus variés sont désormais le nouveau
but dont la civilisation et le commerce se pro-
posent l'entière et pacifique conquête. La naviga-
tion à voiles ne correspond plus aux besoins de notre
siècle, elle est trop distancée par la vapeur, les che-
mins de fer, les télégraphes électriques : elle est au-
jourd'hui dans nos moyens de locomotion ce qu'étaient
les coches dans la locomotion de nos pères ; mais
comme nous l'avons souvent dit, la navigation à va-
peur entre l'Europe et l'Asie est inaccessible au com-
merce, et la navigation h vapeur ou a la voile combi-
née a rec son auxiliaire, l'hélice, pourra seule nous
ouvrir dans toute son efficacité l'exploitation des
mers asiatiques. Mais, pour cette révolution, le bon
marché, au moins relatif, de la houille e^t un élément
indispensable, et la houille sera toujours chère pour
la navigation de l'Europe avec l'Asie, tant qu'il fau-
dra péniblement l'expédier par de pesantes embar-
cations autour du cap de Bonne-Espérance et jusqu'au
fond du golfe de Suez, en descendant toute la mer
Rouge. C'est surtout pour l'Angleterre, ayant dans
les Indes les plus vastes relations, que cette situation
est déplorable. Elle renchérit considérablement le
transport de ses voyageurs, de ses malles, de ses
plus précieuses marchandises transitant par l'Egypte,
et il est difficile de comprendre comment elle n'a pas
senti les bénéfices de toute espèce qu'elle retirerait
pour le développement de son commerce oriental
d'une diminution de moitié, au moins, et peut-être des
deux tiers dans le prix du charbon destiné à porter
ses bateaux à vapeur jusqu'aux extrémités du monde.
Or c'est évidemment le résultat infaillible que pro-
duirait l'ouverture du canal des deux mers. Tandis
que la houille est à Port-Saïd à 30 francs la tonne,
elle est de l'autre côté de l'isthme, à Suez, à 150 ki-
lomètres plus loin, à 80, 100 et même, nous dit-on, à
120 francs la tonne. Que les deux mers communi-
quent ensemble et nécessairement le prix du charbon
à Suez se rapprochera du prix du charbon sur la
côte opposée, avec la simple addition des frais de
passage sur le canal.
Ajoutons que le transport est une des principales
dépenses qui pèsent sur le prix de la houille, et que
les navires qui partent en général pour l'Asie, à en-
tière ou à demi charge, ne manqueront point d'utiliser
leur voyage en complétant leurs chargements avec des
houilles, et par cela même en abaissant sensiblement
le prix du transport à Suez, lorsqu'ils pourront tra-
verser le canal, puisque ce transport ne sera qu'une
simple addition à leur bénéfice. On doit donc s'at-
tendre que le percement de l'isthme aura pour
effet d'accumuler à Suez des approvisionnements de
charbon impossibles par toute autre voie, et dont
le bon marché développera probablement dans une
mesure indéfinie ce mouvement de la navigation à
vapeur qui a si supérieurement raison des distances
et des vents contraires.
Pour le coton la question est inverse. Tandis que
la houille mise à la portée de la vapeur ouvrirait
aux pavillons commerciaux la vaste carrière des mers
orientales, le canal de Suez offrirait, à l'Angleterre
comme à l'Europe, un secours d'une grande valeur
contre la crise industrielle qui les menace. Il n'y a
plus à se faire illusion ; la guerre déplorable qui vient
d'éclater aux États Unis rend pour longtemps ce
marché du coton fermé aux nécessités des manufac-
et, dans notre route, nous avons constamment rencom
tré des ouvriers occupés.
» J'ai examiné, avec une attention particulière, les
effets de notre passage sur les rives. Le sol relevé ne
s'abaisse pas comme on le croit généralement, mais il
est parfaitement ferme, bien que l'eau batte violem-
ment contre les bords. Pendant notre rapide passage,
qui s'est fait avec un vent favorable, je fis remarquer
à mes compagnons que pas un seul morceau de terre
ne se détachait des rives. Voilà un fait qui confirme ce
qui a été cent fois établi, mais rarement cru. Cepen-
dant je ne connais pas d'entreprise qui ait eu à lutter
contre d'aussi] grands obstacles que celle du canal de
Suez.
» Quels que soient les moyens employés dans les
travaux de l'État en Egypte, une chose est certaine,
c'est que, pour ceux du canal, on n'a eu recours à au-
cune peine corporelle. Je puis certifier que tous les
hommes sont libéralement payés ; le travail n'est en
aucune façon pénible, et le salaire que les ouvriers re-
çoivent surpasse celui auquel ils étaient accoutumés.
M. Colquhoun a eu pleinement raison d'affirmer que ces
travaux doivent être favorables à la population arabe,
et ils le seront incontestablement.
» Il est une autre erreur que je désirerais voir recti-
fiée. On dit que, sous prétexte de faire un canal, les
Français avaient l'intention de coloniser l'Egypte. Cette
idée n'a pu être accueillie que par ceux qui n'ont pas
visité les lieux, car la nature du climat rend évidente
l'absurdité de cette opinion. Tout ce que nous avons
vu prouve l'intention de bonne foi de faire un canal ;
et les Arabes et les Syriens que j'ai vus à l'œuvre sont
seuls propres à coloniser ces contrées du globe, très-
intéressantes à la vérité, mais excessivement chaudes.
» J'ai l'honneur, etc ,
» DANIEL A. LANGE. »
LA HOUILLE ET LE COTON.
Deux questions doivent plus que jamais attirer du
côté de l'isthme de Suez toute la sollicitude des gou-
vernements civilisés, toute l'attention du monde in-
dustriel et principalement de l'Angleterre. Ces deux
questions sont celle de la houille et celle du coton.
Il est impossible de se dissimuler la puissance de
l'élan qui pousse de nos jours l'Occident sur l'Orient.
Les vastes marchés de l'Asie, composés de 800 millions
d'âmes, riches des produits naturels les plus abon-
dants et les plus variés sont désormais le nouveau
but dont la civilisation et le commerce se pro-
posent l'entière et pacifique conquête. La naviga-
tion à voiles ne correspond plus aux besoins de notre
siècle, elle est trop distancée par la vapeur, les che-
mins de fer, les télégraphes électriques : elle est au-
jourd'hui dans nos moyens de locomotion ce qu'étaient
les coches dans la locomotion de nos pères ; mais
comme nous l'avons souvent dit, la navigation à va-
peur entre l'Europe et l'Asie est inaccessible au com-
merce, et la navigation h vapeur ou a la voile combi-
née a rec son auxiliaire, l'hélice, pourra seule nous
ouvrir dans toute son efficacité l'exploitation des
mers asiatiques. Mais, pour cette révolution, le bon
marché, au moins relatif, de la houille e^t un élément
indispensable, et la houille sera toujours chère pour
la navigation de l'Europe avec l'Asie, tant qu'il fau-
dra péniblement l'expédier par de pesantes embar-
cations autour du cap de Bonne-Espérance et jusqu'au
fond du golfe de Suez, en descendant toute la mer
Rouge. C'est surtout pour l'Angleterre, ayant dans
les Indes les plus vastes relations, que cette situation
est déplorable. Elle renchérit considérablement le
transport de ses voyageurs, de ses malles, de ses
plus précieuses marchandises transitant par l'Egypte,
et il est difficile de comprendre comment elle n'a pas
senti les bénéfices de toute espèce qu'elle retirerait
pour le développement de son commerce oriental
d'une diminution de moitié, au moins, et peut-être des
deux tiers dans le prix du charbon destiné à porter
ses bateaux à vapeur jusqu'aux extrémités du monde.
Or c'est évidemment le résultat infaillible que pro-
duirait l'ouverture du canal des deux mers. Tandis
que la houille est à Port-Saïd à 30 francs la tonne,
elle est de l'autre côté de l'isthme, à Suez, à 150 ki-
lomètres plus loin, à 80, 100 et même, nous dit-on, à
120 francs la tonne. Que les deux mers communi-
quent ensemble et nécessairement le prix du charbon
à Suez se rapprochera du prix du charbon sur la
côte opposée, avec la simple addition des frais de
passage sur le canal.
Ajoutons que le transport est une des principales
dépenses qui pèsent sur le prix de la houille, et que
les navires qui partent en général pour l'Asie, à en-
tière ou à demi charge, ne manqueront point d'utiliser
leur voyage en complétant leurs chargements avec des
houilles, et par cela même en abaissant sensiblement
le prix du transport à Suez, lorsqu'ils pourront tra-
verser le canal, puisque ce transport ne sera qu'une
simple addition à leur bénéfice. On doit donc s'at-
tendre que le percement de l'isthme aura pour
effet d'accumuler à Suez des approvisionnements de
charbon impossibles par toute autre voie, et dont
le bon marché développera probablement dans une
mesure indéfinie ce mouvement de la navigation à
vapeur qui a si supérieurement raison des distances
et des vents contraires.
Pour le coton la question est inverse. Tandis que
la houille mise à la portée de la vapeur ouvrirait
aux pavillons commerciaux la vaste carrière des mers
orientales, le canal de Suez offrirait, à l'Angleterre
comme à l'Europe, un secours d'une grande valeur
contre la crise industrielle qui les menace. Il n'y a
plus à se faire illusion ; la guerre déplorable qui vient
d'éclater aux États Unis rend pour longtemps ce
marché du coton fermé aux nécessités des manufac-
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