Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 septembre 1861 15 septembre 1861
Description : 1861/09/15 (A6,N126). 1861/09/15 (A6,N126).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203279p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
298 L'ISTHME DE SUEZ,
aux vastes conceptions, doué, en outre, de la mâle
persévérance qui les nourrit et du rude courage qui
les défend. C'est homme, c'est Ferdinand de Lesseps.
Grâce à lui, grâce à l'infatigable énergie de cette
volonté de fer, agissant sous la chaude protection du
souverain éclairé qui ressuscite et continue la majes-
tueuse splendeur de l'antique Égypte, la barrière
s'écroulera, et le génie de l'homme aura réparé les
maux causés par une révolution du globe. Cette tête
puissante a des bras dignes d'elle. Recevez donc ici,
courageux exécuteurs de l'œuvre, le tribut de re-
connaissance qui vous est dû. C'est le directeur gé-
néral Mougel-Bey imprimant aux travaux une mar-
che prompte et sûre, fruit de ses longues méditations
et de son profond savoir. C'est le corps des ingé-
nieurs développant sur tout le parcours une habileté
de conception et un mouvement d'ensemble qui sur-
prend même les hommes de l'art ; c'est enfin l'admi-
rable intelligence de l'entrepreneur général Hardon,
heureux lui aussi d'attacher son nom à cette glo-
rieuse, productive et philanthropique entreprise. Le
grand canal sera donc bientôt ouvert à trois conti-
nents; et pendant que cette vivifiante artère répan-
dra ses bienfaits sur l'humanité en général, elle de-
viendra largement rémunératrice pour la Compagnie
en particulier; et à cet avantage du succès qu'il
aura de commun avec d'autres entreprises privilé-
giées de la fortune, mais exposées au danger de la
concurrence, le nouveau bosphore joindra le mérite
inappréciable de se trouver complètement à l'abri de
toute rivalité sérieuse ; car de même qu'en morale il
n'y a pas de droit contre le droit, de même en in-
dustrie et dans l'espèce il ne pourra être creusé un
canal contre le canal.
HENRI MOINIER,
Actionnaire du canal de Suez.
LE JAPON ET LE JAPONAIS.
Nous empruntons au Moniteur la traduction de la
notice véritablement intéressante de la Revue d'Edim-
bourg, qui a inspiré l'article ci-dessus :
« Il y a quelque temps, les vigies de San-Francisco
signalaient une escadre à vapeur portant un pavillon
inconnu : c'était l'escadre japonaise. Elle apportait aux
Etats-Unis une mission diplomatique envoyée par le
tycoon (empereur laïque), et, bien qu'un officier amé-
ricain eût été placé à bord pour aider les marins japo-
nais dans le voyage, ils avaient su diriger seuls leurs
navires à vapeur, et la traversée ne dura que trente
jours, en y comprenant une relâche à Honolulu. Puis
quand l'équipage japonais, après avoir accompli sa mis-
sion, ramena non moins heureusement les envoyés de
l'empereur dans leur pays natal, ces hardis navigateurs
furent accueillis par leurs compatriotes avec une curio-
sité aussi vive que Colomb ou Vasco de Gama au re-
tour de leurs héroïques expéditions. On les entourait,
on leur faisait raconter les merveilles qu'ils avaient
vues ; on se disputait leurs grandes bottes californien-
nes et leurs paletots de toile goudronnée : on s'empres-
sait de les copier et de prendre modèle sur tous les
objets rapportés de ce voyage de découvertes.
Ce sont ces indices, quand on veut juger du Japon,
qu'il faut recueillir avec joie. En moins de cinq ans ,
une race orientale, isolée, plus isolée que toute autre,
s'est familiarisée avec la vapeur, est venue chercher
en Hollande des ingénieurs et des constructeurs , a
acheté des steamers européens, les dirige maintenant
avec des équipages nationaux, et fabrique elle-même
ses machines. Elle a adopté la télégraphie électrique,
établi des chemins de fer, et, quand le chargé d'aflaires
français, débarqué dans l'automne de 1859, peu de mois
après l'ouverture des ports à la suite du traité de com-
merce, annonça que , parmi les présents envoyés par
• l'Empereur, se trouvait une pièce de canon, les Japonais
s'empressèrent de demander si elle était rayée.
Merveille, à coup sûr, dans l'Orient, dans cet Orient
mystique, immobile, obstiné, au milieu duquel l'idée
étrangère, le progrès étranger, circulent sans pénétrer,
qui ne veut rien de l'Européen, du barbare, pas même
le bien, et se tient serré autour de ses pagodes, à l'om-
bre épaisse de ses antiques superstitions ; au milieu de
tous ces morts, le Japon est vivant ; il écoute, il cher-
che , il comprend, il imite surtout. Cette dernière fa-
culté est poussée jusqu'à des puissances extraordinaires.
On en cite cent exemples. Les consuls étrangers ar-
rivent avec leur suite ; ils achètent des chevaux et les
harnachent à la mode européenne. Peu de mois après,
tous les ind gènes à leur service ne se servent plus que
de harnachements semblables , au lieu des antiques
étriers de paille en usage dans le pays. Bientôt même
le sellier refuse l'ouvrage qu'on lui offre, disant que
tout son temps est absorbé à fabriquer des selles à l'an-
glaise pour la noblesse japonaise.
On examine ces selles ; elles sont aussi exactement
copiées que par la main du meilleur ouvrier de Bond
street. Il en est ainsi de tout ce qu'on leur confie :
éperons, mors, bracelets, stéréoscopes même. Un mem-
bre d'une légation donne à un ouvrier japonais une
serrure de sûreté à complications pour la poser dans
un nécessaire; deux jours après, Sabbie, c'était le nom
de l'artisan, rapporte l'ouvrage fait et bien fait, et ce
n'est qu'en examinant la clef avec soin qu'on s'aperçoit
que clef et serrure ont été changées et qu'on a sous les
yeux des fac-similé exacts et fonctionnant parfaitement.
Le Japonais avait gardé les originaux pour modèles.
On n'a pas encore pu mettre en défaut cette adresse
qui tient du proJige : les indigènes ont été jusqu'à
fabriquer des verres pour des lampes Carcel et des clo-
ches à melons, en se guidant sur de simples morceaux
de ces objets , recueillis dans les habitations euro-
péennes.
Tels sont l'esprit de ce peuple, sa dextérité, son goût
du progrès, ses aptitudes à l'assimilation. A ces titres,
il offre un intérêt spécial dans l'extrême Orient ; mais
ce serait une grave erreur de croire que ce soit là autre
chose que des symptômes d'intelligence et de caractère
nationaux ; il est permis de constater ces dispositions
aux vastes conceptions, doué, en outre, de la mâle
persévérance qui les nourrit et du rude courage qui
les défend. C'est homme, c'est Ferdinand de Lesseps.
Grâce à lui, grâce à l'infatigable énergie de cette
volonté de fer, agissant sous la chaude protection du
souverain éclairé qui ressuscite et continue la majes-
tueuse splendeur de l'antique Égypte, la barrière
s'écroulera, et le génie de l'homme aura réparé les
maux causés par une révolution du globe. Cette tête
puissante a des bras dignes d'elle. Recevez donc ici,
courageux exécuteurs de l'œuvre, le tribut de re-
connaissance qui vous est dû. C'est le directeur gé-
néral Mougel-Bey imprimant aux travaux une mar-
che prompte et sûre, fruit de ses longues méditations
et de son profond savoir. C'est le corps des ingé-
nieurs développant sur tout le parcours une habileté
de conception et un mouvement d'ensemble qui sur-
prend même les hommes de l'art ; c'est enfin l'admi-
rable intelligence de l'entrepreneur général Hardon,
heureux lui aussi d'attacher son nom à cette glo-
rieuse, productive et philanthropique entreprise. Le
grand canal sera donc bientôt ouvert à trois conti-
nents; et pendant que cette vivifiante artère répan-
dra ses bienfaits sur l'humanité en général, elle de-
viendra largement rémunératrice pour la Compagnie
en particulier; et à cet avantage du succès qu'il
aura de commun avec d'autres entreprises privilé-
giées de la fortune, mais exposées au danger de la
concurrence, le nouveau bosphore joindra le mérite
inappréciable de se trouver complètement à l'abri de
toute rivalité sérieuse ; car de même qu'en morale il
n'y a pas de droit contre le droit, de même en in-
dustrie et dans l'espèce il ne pourra être creusé un
canal contre le canal.
HENRI MOINIER,
Actionnaire du canal de Suez.
LE JAPON ET LE JAPONAIS.
Nous empruntons au Moniteur la traduction de la
notice véritablement intéressante de la Revue d'Edim-
bourg, qui a inspiré l'article ci-dessus :
« Il y a quelque temps, les vigies de San-Francisco
signalaient une escadre à vapeur portant un pavillon
inconnu : c'était l'escadre japonaise. Elle apportait aux
Etats-Unis une mission diplomatique envoyée par le
tycoon (empereur laïque), et, bien qu'un officier amé-
ricain eût été placé à bord pour aider les marins japo-
nais dans le voyage, ils avaient su diriger seuls leurs
navires à vapeur, et la traversée ne dura que trente
jours, en y comprenant une relâche à Honolulu. Puis
quand l'équipage japonais, après avoir accompli sa mis-
sion, ramena non moins heureusement les envoyés de
l'empereur dans leur pays natal, ces hardis navigateurs
furent accueillis par leurs compatriotes avec une curio-
sité aussi vive que Colomb ou Vasco de Gama au re-
tour de leurs héroïques expéditions. On les entourait,
on leur faisait raconter les merveilles qu'ils avaient
vues ; on se disputait leurs grandes bottes californien-
nes et leurs paletots de toile goudronnée : on s'empres-
sait de les copier et de prendre modèle sur tous les
objets rapportés de ce voyage de découvertes.
Ce sont ces indices, quand on veut juger du Japon,
qu'il faut recueillir avec joie. En moins de cinq ans ,
une race orientale, isolée, plus isolée que toute autre,
s'est familiarisée avec la vapeur, est venue chercher
en Hollande des ingénieurs et des constructeurs , a
acheté des steamers européens, les dirige maintenant
avec des équipages nationaux, et fabrique elle-même
ses machines. Elle a adopté la télégraphie électrique,
établi des chemins de fer, et, quand le chargé d'aflaires
français, débarqué dans l'automne de 1859, peu de mois
après l'ouverture des ports à la suite du traité de com-
merce, annonça que , parmi les présents envoyés par
• l'Empereur, se trouvait une pièce de canon, les Japonais
s'empressèrent de demander si elle était rayée.
Merveille, à coup sûr, dans l'Orient, dans cet Orient
mystique, immobile, obstiné, au milieu duquel l'idée
étrangère, le progrès étranger, circulent sans pénétrer,
qui ne veut rien de l'Européen, du barbare, pas même
le bien, et se tient serré autour de ses pagodes, à l'om-
bre épaisse de ses antiques superstitions ; au milieu de
tous ces morts, le Japon est vivant ; il écoute, il cher-
che , il comprend, il imite surtout. Cette dernière fa-
culté est poussée jusqu'à des puissances extraordinaires.
On en cite cent exemples. Les consuls étrangers ar-
rivent avec leur suite ; ils achètent des chevaux et les
harnachent à la mode européenne. Peu de mois après,
tous les ind gènes à leur service ne se servent plus que
de harnachements semblables , au lieu des antiques
étriers de paille en usage dans le pays. Bientôt même
le sellier refuse l'ouvrage qu'on lui offre, disant que
tout son temps est absorbé à fabriquer des selles à l'an-
glaise pour la noblesse japonaise.
On examine ces selles ; elles sont aussi exactement
copiées que par la main du meilleur ouvrier de Bond
street. Il en est ainsi de tout ce qu'on leur confie :
éperons, mors, bracelets, stéréoscopes même. Un mem-
bre d'une légation donne à un ouvrier japonais une
serrure de sûreté à complications pour la poser dans
un nécessaire; deux jours après, Sabbie, c'était le nom
de l'artisan, rapporte l'ouvrage fait et bien fait, et ce
n'est qu'en examinant la clef avec soin qu'on s'aperçoit
que clef et serrure ont été changées et qu'on a sous les
yeux des fac-similé exacts et fonctionnant parfaitement.
Le Japonais avait gardé les originaux pour modèles.
On n'a pas encore pu mettre en défaut cette adresse
qui tient du proJige : les indigènes ont été jusqu'à
fabriquer des verres pour des lampes Carcel et des clo-
ches à melons, en se guidant sur de simples morceaux
de ces objets , recueillis dans les habitations euro-
péennes.
Tels sont l'esprit de ce peuple, sa dextérité, son goût
du progrès, ses aptitudes à l'assimilation. A ces titres,
il offre un intérêt spécial dans l'extrême Orient ; mais
ce serait une grave erreur de croire que ce soit là autre
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