Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1861 01 septembre 1861
Description : 1861/09/01 (A6,N125). 1861/09/01 (A6,N125).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032788
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
284 L'ISTHME DE SUEZ,
rifler, par. lui-même, si la présence des travailleurs
indigènes dans les chantiers de l'isthme est volontaire
ou contrainte, comme on l'a dit contre toute vérité ; il
a pu voir aussi si les ingénieurs et les savants de la
commission internationale ont en rien exagéré les fa-
cilités du percement; il a pu voir enfin si le percement
de l'isthme est impossible, comme le prétendait M. Ste-
phenson, sans avoir étudié le terrain de l'isthme, et si
le projet d'un canal maritime entre la Méditerranée et
la mer Rouge est un bubble scheme, comme le dit lord
Palmerston.
» Les journaux de Paris nous font déjà connaître le
résultat de l'excursion de M. l'agent et consul général
d'Angleterre ; nous empruntons à la Patrie le récit sui-
vant. »
Après avoir reproduit ici le récit de la Patrie que
nos lecteurs connaissent déjà, l'écrivain continue
ainsi :
« C'est avec une satisfaction bien sincère que nous
avons reproduit le compte rendu de la Patrie. 11 est per-
mis d'espérer que le rapport de M. Colquhoun à son
gouvernement sera d'un effet heureux sur l'opinion
de lord Palmerston et de ses collègues, et qu'il fera
justice de la dernière objection présentée au parlement
par le noble lord, celle de l'impraticabilité du canal.
» La Porte ne peut que se féliciter de cet heureux
événement. La prudence et.le tact dont elle a fait
preuve, dès le début de cette question, lui créent
une excellente position dans les arrangements inter-
nationaux qui devront réglementer le canal de Suez ;
elle n'a pas eu le mauvais goût de décrier une
œuvre qui avait l'approbation des hommes les plus
éminents de la science ; elle n'a pas eu la déplorable
pensée de diffamer les honorables promoteurs de cette
entreprise civilisatrice; elle ne s'est pas donné la puérile
et vaine satisfaction d'effrayer des actionnaires qui
n'avaient rien à craindre ; elle n'a pas soutenu qu'il
était impossible de faire un canal qui se fait. Son atti-
tude a été bien différente : le sultan Abd-ul-Medjid a
voulu voir M. de Lesseps et s'entretenir avec lui; il lui
a exprimé ses sympathies pour une entreprise utile à
l'empire ottoman. Une lettre du grand-vizir Rechid-Pa-
cha atteste les bienveillantes dispositions de la Sublime
Porte. Le gouvernement impérial n'a voulu juger que
sur des faits. Aujourd'hui les faits sont la : les eaux de
la Méditerranée pénètrent au cœur de l'isthme de Suez.
» La grande pensée des sultans Mourad, Sélim et
Moustafa s'accomplit donc : commencé sous le règne du
sultan Abd-ul-Medjid, le canal maritime de Suez sera
achevé sous le règne du sultan Abd-ul-Aziz ; il éterni-
sera la mémoire des deux souverains sous les auspices
desquels aura été exécutée l'œuvre la plus utile et la
plus gigantesque des temps modernes. »
UN FEUILLETON.
Le feuilleton du Siècle publie sur le canal de Suez
un article dû à la plume d'un de ses plus spirituels
collaborateurs, et que nous nous empressons de re-
produire.
J. MONGIN.
lie canal de Suez.
L'isthme de Suez a le tort, — dont il est en train
de se corriger, — de séparer la Méditerranée de la
mer Rouge, en même temps qu'il unit l'Afrique à
l'Asie.
Si jamais entreprise a ému l'opinion, si jamais le
scepticisme ou le mauvais vouloir ont jeté des bâtons
dans les roues d'une idée, c'a été à propos de la
canalisation de cet isthme, qui n'a que 150 kilo-
mètres, quelque chose comme la distance de
Paris à Orléans, et dont le percement doit raccour-
cir le chemin des Indes de 3,000 lieues sur 6,000.
Il est vrai que cela contrariera peut-être le cap de
Bonne-Espérance, habitué depuis quatre, cents ans
à servir de relais aux bâtiments qui suivent cette
route d'une si déplorable longueur. Mais n'est-ce pas
là la destinée de toutes les choses de ce monde ? Les
chemins de fer ont d'abord contrarié les maîtres de
poste et les aubergistes ; le pont des Arts a contrarié
le Pont-Neuf; le boulevard de Strasbourg a contrarié
la rue Saint-Denis ; la betterave a contrarié la canne ;
M. Biétry a contrarié le cachemire des Indes ; le gaz
a contrarié les réverbères ; les jolies femmes con-
trarient les laides; ce qui n'empêche pas que. tout
cela finisse par s'arranger tant bien que mal.
Le cap de Bonne-Espérance fera autre chose, et
tout sera dit; sans compter que les vins du Cap
lui resteront toujours, ce qui est plus qu'il n'en
faut pour noyer bien des douleurs.
Mon Dieu 1 oui, Galilée n'a pas eu plus de peine
à démolir Ptolémée à coups de Copernic et à démon-
trer que la terre tourne, que n'en a eu M. Ferdinand
de Lesseps à populariser cette idée si simple de ne
faire que 37 lieues là où on avait, depuis quatre
siècles , contracté l'habitude fatigante d'en faire
3,000.
Il se fût agi d'envoyer des pionniers par de là les
nuages et de faire aboutir au rond-point de l'Etoile
un onzième boulevard parti de la lune, que l'on
n'eût pas plus crié à l'impossible, au téméraire,
au Pélion sur Ossa de quelque nouveau Titan voulant
assiéger le ciel et corriger l'œuvre de Dieu.
Nul ne se disait que, dès les temps les plus
reculés, à défaut d'un canal d'une mer à l'autre
que l'état peu avancé de la science ne permettait
pas d'exécuter, il a existé un vaste canal qui
reliait la mer Rouge au Nil. Entrepris par Nécos, fils de
Psammeticus, six cent trente ans avant l'ère chrétienne,
ce canal avait été achevé par Darius , fils d'Hys-
taspe.
Un demi-siècle après Darius, Hérodote déclare
qu'il a navigué sur le canal et qu'il l'a vu en pleine
activité.
Les Ptolémées l'entretinrent et l'améliorèrent.
Strabon, qui voyageait en Egypte cinquante ans
avant Jésus-Christ, vit aussi ce canal chargé de
navires. Trajan et Adrien y firent faire des accrois-
sements considérables. A l'époque de la conquête
musulmane, il avait été abandonné ; mais les
premiers califes le setablirent dans l'intérêt des villes
rifler, par. lui-même, si la présence des travailleurs
indigènes dans les chantiers de l'isthme est volontaire
ou contrainte, comme on l'a dit contre toute vérité ; il
a pu voir aussi si les ingénieurs et les savants de la
commission internationale ont en rien exagéré les fa-
cilités du percement; il a pu voir enfin si le percement
de l'isthme est impossible, comme le prétendait M. Ste-
phenson, sans avoir étudié le terrain de l'isthme, et si
le projet d'un canal maritime entre la Méditerranée et
la mer Rouge est un bubble scheme, comme le dit lord
Palmerston.
» Les journaux de Paris nous font déjà connaître le
résultat de l'excursion de M. l'agent et consul général
d'Angleterre ; nous empruntons à la Patrie le récit sui-
vant. »
Après avoir reproduit ici le récit de la Patrie que
nos lecteurs connaissent déjà, l'écrivain continue
ainsi :
« C'est avec une satisfaction bien sincère que nous
avons reproduit le compte rendu de la Patrie. 11 est per-
mis d'espérer que le rapport de M. Colquhoun à son
gouvernement sera d'un effet heureux sur l'opinion
de lord Palmerston et de ses collègues, et qu'il fera
justice de la dernière objection présentée au parlement
par le noble lord, celle de l'impraticabilité du canal.
» La Porte ne peut que se féliciter de cet heureux
événement. La prudence et.le tact dont elle a fait
preuve, dès le début de cette question, lui créent
une excellente position dans les arrangements inter-
nationaux qui devront réglementer le canal de Suez ;
elle n'a pas eu le mauvais goût de décrier une
œuvre qui avait l'approbation des hommes les plus
éminents de la science ; elle n'a pas eu la déplorable
pensée de diffamer les honorables promoteurs de cette
entreprise civilisatrice; elle ne s'est pas donné la puérile
et vaine satisfaction d'effrayer des actionnaires qui
n'avaient rien à craindre ; elle n'a pas soutenu qu'il
était impossible de faire un canal qui se fait. Son atti-
tude a été bien différente : le sultan Abd-ul-Medjid a
voulu voir M. de Lesseps et s'entretenir avec lui; il lui
a exprimé ses sympathies pour une entreprise utile à
l'empire ottoman. Une lettre du grand-vizir Rechid-Pa-
cha atteste les bienveillantes dispositions de la Sublime
Porte. Le gouvernement impérial n'a voulu juger que
sur des faits. Aujourd'hui les faits sont la : les eaux de
la Méditerranée pénètrent au cœur de l'isthme de Suez.
» La grande pensée des sultans Mourad, Sélim et
Moustafa s'accomplit donc : commencé sous le règne du
sultan Abd-ul-Medjid, le canal maritime de Suez sera
achevé sous le règne du sultan Abd-ul-Aziz ; il éterni-
sera la mémoire des deux souverains sous les auspices
desquels aura été exécutée l'œuvre la plus utile et la
plus gigantesque des temps modernes. »
UN FEUILLETON.
Le feuilleton du Siècle publie sur le canal de Suez
un article dû à la plume d'un de ses plus spirituels
collaborateurs, et que nous nous empressons de re-
produire.
J. MONGIN.
lie canal de Suez.
L'isthme de Suez a le tort, — dont il est en train
de se corriger, — de séparer la Méditerranée de la
mer Rouge, en même temps qu'il unit l'Afrique à
l'Asie.
Si jamais entreprise a ému l'opinion, si jamais le
scepticisme ou le mauvais vouloir ont jeté des bâtons
dans les roues d'une idée, c'a été à propos de la
canalisation de cet isthme, qui n'a que 150 kilo-
mètres, quelque chose comme la distance de
Paris à Orléans, et dont le percement doit raccour-
cir le chemin des Indes de 3,000 lieues sur 6,000.
Il est vrai que cela contrariera peut-être le cap de
Bonne-Espérance, habitué depuis quatre, cents ans
à servir de relais aux bâtiments qui suivent cette
route d'une si déplorable longueur. Mais n'est-ce pas
là la destinée de toutes les choses de ce monde ? Les
chemins de fer ont d'abord contrarié les maîtres de
poste et les aubergistes ; le pont des Arts a contrarié
le Pont-Neuf; le boulevard de Strasbourg a contrarié
la rue Saint-Denis ; la betterave a contrarié la canne ;
M. Biétry a contrarié le cachemire des Indes ; le gaz
a contrarié les réverbères ; les jolies femmes con-
trarient les laides; ce qui n'empêche pas que. tout
cela finisse par s'arranger tant bien que mal.
Le cap de Bonne-Espérance fera autre chose, et
tout sera dit; sans compter que les vins du Cap
lui resteront toujours, ce qui est plus qu'il n'en
faut pour noyer bien des douleurs.
Mon Dieu 1 oui, Galilée n'a pas eu plus de peine
à démolir Ptolémée à coups de Copernic et à démon-
trer que la terre tourne, que n'en a eu M. Ferdinand
de Lesseps à populariser cette idée si simple de ne
faire que 37 lieues là où on avait, depuis quatre
siècles , contracté l'habitude fatigante d'en faire
3,000.
Il se fût agi d'envoyer des pionniers par de là les
nuages et de faire aboutir au rond-point de l'Etoile
un onzième boulevard parti de la lune, que l'on
n'eût pas plus crié à l'impossible, au téméraire,
au Pélion sur Ossa de quelque nouveau Titan voulant
assiéger le ciel et corriger l'œuvre de Dieu.
Nul ne se disait que, dès les temps les plus
reculés, à défaut d'un canal d'une mer à l'autre
que l'état peu avancé de la science ne permettait
pas d'exécuter, il a existé un vaste canal qui
reliait la mer Rouge au Nil. Entrepris par Nécos, fils de
Psammeticus, six cent trente ans avant l'ère chrétienne,
ce canal avait été achevé par Darius , fils d'Hys-
taspe.
Un demi-siècle après Darius, Hérodote déclare
qu'il a navigué sur le canal et qu'il l'a vu en pleine
activité.
Les Ptolémées l'entretinrent et l'améliorèrent.
Strabon, qui voyageait en Egypte cinquante ans
avant Jésus-Christ, vit aussi ce canal chargé de
navires. Trajan et Adrien y firent faire des accrois-
sements considérables. A l'époque de la conquête
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