Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1861 01 août 1861
Description : 1861/08/01 (A6,N123). 1861/08/01 (A6,N123).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203276f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
250 L'ISTHME DE SUEZ,
qu'ailleurs le travail doive être affranchi de toute es-
pèce de discipline? Les mœurs orientales se prêtent-
elles à toutes les aspirations des théories européen-
nes? Le gouvernement égyptien doit-il abandonner
le travail de ses populations aux simples règles du
laisser-faire? Serait-il prudent de hasarder sans res-
triction à la merci des convenances ou des impré-
voyances individuelles si communes en Orient, l'en-
tretien, par exemple, de ces canaux d'irrigation qui
sillonnent l'Egypte et qui sont à la fois les instru-
ments et les nécessités de sa fertilité? Qu'y devien-
draient la culture du blé, la production du coton
plus indispensable que jamais aux besoins industriels?
Que deviendrait la richesse de l'Egypte et que de-
viendrait même ce chemin de fer d'Alexandrie à Suez
si précieux aux communications et aux intérêts de
l'Angleterre, sinon un monument de plus gisant
dans le désert, pour attester les conséquences d'une
fausse philanthropie n'aboutissant qu'à mettre les
ruines et la stérilité à la place de l'abondance. Les
esprits sages savent partout faire la part des mœurs
et des habitudes, et pour moi je regarderais comme
un grand malheur pour l'Egypte la prohibition de
toute influence de son gouvernement dans la forma-
tion de ces grands corps de travailleurs qui ont rendu
ce pays à la civilisation et à la prospérité.
De Ferdane à Timsali, j'ai vu avec intérêt établis
et fonctionnant les divers appareils mis en usage
pour le déblai des terres. Nou^ avons pu juger par
nous-mêmes de l'utilité de ces systèmes ingénieux, la
brouette à la corde, la brouette volante, le plan in-
cliné, etc., et nous avons pu apprécier l'impulsion
qu'ils donnent à la rapidité du travail.
Au seuil d'El-Guitr, une réception improvisée nous
était préparée : devant la véranda de la maison prin-
cipale était érigée une élégante décoration. Le soir
le chantier était illuminé ; c'était une véritable fête.
Je n'ai pas à vous retracer les circonstances de cette
réception dont le récit a déjà paru dans les jour-
naux, et à laquelle notre consul général M. Colqu-
houn a si bien correspondu par les paroles sympa-
thiques et généreuses qui ont produit une si heureuse
impression sur tous ceux qui les ont entendues. Je
ne puis que vous confirmer l'exactitude du compte
rendu qui en a été publié. M. Colquhoun a formulé
son opinion d'une manière si franche et si loyale,
qu'il a électrisé son auditoire, et je le crois, le sou-
venir qu'il a laissé dans tous ces cœurs ne s'effacera
pas aisément. Sans s'avancer plus qu'il n'apparte-
nait à sa haute position de le faire, il a rendu à ces
persévérants et courageux travailleurs la justice que
lui commandait sa conscience, le témoignage des faits
accomplis dont le spectacle venait de passer sous
ses yeux. Il a éclairé son pays ; il a rendu à deux
peuples faits pour s'estimer et s'entr'aider un véri-
table service ; il a jeté entre eux une nouvelle et fé-
coude semence d'union, et pendant qu'il parlait il
était facile de lire sur les visages l'enthousiasme ému
dont était pénétré ce groupe qui l'entourait, formé
d'hommes de toutes les conditions et de toutes les
nationalités. C'est avec un vif plaisir que j'ai recueilli
ces sentiments sur les physionomies mâles des ou-
vriers européens, remarquables par leur expression
d'intelligence et de résolution. Il n'est pas d'obstacles
qu'on ne puisse surmonter avec de pareils collabora-
teurs; le succès est écrit sur leurs traits éner-
g-iques ; une entente parfaite règne entre eux ; cha-
cun semble animé de la même pensée : la volonté de
réussir. Plusieurs familles européennes ont ici une
très-bonne installation ; l'ordre et la concorde rè-
gnent partout ; j'ai visité les hôpitaux, ils étaient
vides comme à Port-Saïd, comme dans toutes les
stations que j'ai traversées. Et l'insalubrité de l'is-
thme, la mortalité qui devait accompagner l'exécu-
tion du canal, doivent être encore rangées au nom-
bre de ces fantômes qui disparaissent dès l'instant
qu'on les confronte avec la réalité.
Après cette journée mémorable et qui, je le crois,
restera dans l'histoire du canal de Suez , nous
nous sommes mis en route pour Maxama, et après
avoir admiré la magnifique position du lac Timsah,
nous avons trouvé partout des traces d'anciennes
cultures. Nous avons fait une halte près du lac Maxa-
ma tout enveloppé de verdure. Nous nous sommes
arrêtés à El-Kebir pour y passer la nuit dans une
maison que nous avait préparée l'hospitalité du vice-
roi.
Le 4 juillet nous partions à l'aurore pour Zagazig
en continuant à suivre la ligne des travaux du ca-
nal d'eau douce qui marchaient avec la plus satis-
faisante activité. Quatre heures après nous étions à ■
la station du chemin de fer, où j'ai quitté avec re- ;
gret mon excellent dromadaire pour monter dans un î
convoi spécial qui nous attendait par les ordres du j
vice-roi. Partis à 3 heures de Zagazig, nous étions
le soir à Alexandrie en bonne santé, très satisfaits
de notre voyage et n'ayant pour ma part à tirer de
tout ce que j'ai vu que les conclusions les plus con-
fiantes de la prochaine réalisation de l'union des ¡..
deux mers.
DANIEL-A. LANGE,
Membre de la Société royale de Géographie. m 1.
A LA GAZETTE D'AUGSBOORG.
Nous pensions depuis 1858 avoir terminé nos que-
relles avec la Gazette d'Augsbourg. A cette époque et
au moment de la souscription, son correspondant
parisien se montra très - ardent et très-impuissant
pour la faire avorter. Il est remarquable qu aujour-
qu'ailleurs le travail doive être affranchi de toute es-
pèce de discipline? Les mœurs orientales se prêtent-
elles à toutes les aspirations des théories européen-
nes? Le gouvernement égyptien doit-il abandonner
le travail de ses populations aux simples règles du
laisser-faire? Serait-il prudent de hasarder sans res-
triction à la merci des convenances ou des impré-
voyances individuelles si communes en Orient, l'en-
tretien, par exemple, de ces canaux d'irrigation qui
sillonnent l'Egypte et qui sont à la fois les instru-
ments et les nécessités de sa fertilité? Qu'y devien-
draient la culture du blé, la production du coton
plus indispensable que jamais aux besoins industriels?
Que deviendrait la richesse de l'Egypte et que de-
viendrait même ce chemin de fer d'Alexandrie à Suez
si précieux aux communications et aux intérêts de
l'Angleterre, sinon un monument de plus gisant
dans le désert, pour attester les conséquences d'une
fausse philanthropie n'aboutissant qu'à mettre les
ruines et la stérilité à la place de l'abondance. Les
esprits sages savent partout faire la part des mœurs
et des habitudes, et pour moi je regarderais comme
un grand malheur pour l'Egypte la prohibition de
toute influence de son gouvernement dans la forma-
tion de ces grands corps de travailleurs qui ont rendu
ce pays à la civilisation et à la prospérité.
De Ferdane à Timsali, j'ai vu avec intérêt établis
et fonctionnant les divers appareils mis en usage
pour le déblai des terres. Nou^ avons pu juger par
nous-mêmes de l'utilité de ces systèmes ingénieux, la
brouette à la corde, la brouette volante, le plan in-
cliné, etc., et nous avons pu apprécier l'impulsion
qu'ils donnent à la rapidité du travail.
Au seuil d'El-Guitr, une réception improvisée nous
était préparée : devant la véranda de la maison prin-
cipale était érigée une élégante décoration. Le soir
le chantier était illuminé ; c'était une véritable fête.
Je n'ai pas à vous retracer les circonstances de cette
réception dont le récit a déjà paru dans les jour-
naux, et à laquelle notre consul général M. Colqu-
houn a si bien correspondu par les paroles sympa-
thiques et généreuses qui ont produit une si heureuse
impression sur tous ceux qui les ont entendues. Je
ne puis que vous confirmer l'exactitude du compte
rendu qui en a été publié. M. Colquhoun a formulé
son opinion d'une manière si franche et si loyale,
qu'il a électrisé son auditoire, et je le crois, le sou-
venir qu'il a laissé dans tous ces cœurs ne s'effacera
pas aisément. Sans s'avancer plus qu'il n'apparte-
nait à sa haute position de le faire, il a rendu à ces
persévérants et courageux travailleurs la justice que
lui commandait sa conscience, le témoignage des faits
accomplis dont le spectacle venait de passer sous
ses yeux. Il a éclairé son pays ; il a rendu à deux
peuples faits pour s'estimer et s'entr'aider un véri-
table service ; il a jeté entre eux une nouvelle et fé-
coude semence d'union, et pendant qu'il parlait il
était facile de lire sur les visages l'enthousiasme ému
dont était pénétré ce groupe qui l'entourait, formé
d'hommes de toutes les conditions et de toutes les
nationalités. C'est avec un vif plaisir que j'ai recueilli
ces sentiments sur les physionomies mâles des ou-
vriers européens, remarquables par leur expression
d'intelligence et de résolution. Il n'est pas d'obstacles
qu'on ne puisse surmonter avec de pareils collabora-
teurs; le succès est écrit sur leurs traits éner-
g-iques ; une entente parfaite règne entre eux ; cha-
cun semble animé de la même pensée : la volonté de
réussir. Plusieurs familles européennes ont ici une
très-bonne installation ; l'ordre et la concorde rè-
gnent partout ; j'ai visité les hôpitaux, ils étaient
vides comme à Port-Saïd, comme dans toutes les
stations que j'ai traversées. Et l'insalubrité de l'is-
thme, la mortalité qui devait accompagner l'exécu-
tion du canal, doivent être encore rangées au nom-
bre de ces fantômes qui disparaissent dès l'instant
qu'on les confronte avec la réalité.
Après cette journée mémorable et qui, je le crois,
restera dans l'histoire du canal de Suez , nous
nous sommes mis en route pour Maxama, et après
avoir admiré la magnifique position du lac Timsah,
nous avons trouvé partout des traces d'anciennes
cultures. Nous avons fait une halte près du lac Maxa-
ma tout enveloppé de verdure. Nous nous sommes
arrêtés à El-Kebir pour y passer la nuit dans une
maison que nous avait préparée l'hospitalité du vice-
roi.
Le 4 juillet nous partions à l'aurore pour Zagazig
en continuant à suivre la ligne des travaux du ca-
nal d'eau douce qui marchaient avec la plus satis-
faisante activité. Quatre heures après nous étions à ■
la station du chemin de fer, où j'ai quitté avec re- ;
gret mon excellent dromadaire pour monter dans un î
convoi spécial qui nous attendait par les ordres du j
vice-roi. Partis à 3 heures de Zagazig, nous étions
le soir à Alexandrie en bonne santé, très satisfaits
de notre voyage et n'ayant pour ma part à tirer de
tout ce que j'ai vu que les conclusions les plus con-
fiantes de la prochaine réalisation de l'union des ¡..
deux mers.
DANIEL-A. LANGE,
Membre de la Société royale de Géographie. m 1.
A LA GAZETTE D'AUGSBOORG.
Nous pensions depuis 1858 avoir terminé nos que-
relles avec la Gazette d'Augsbourg. A cette époque et
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