Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juillet 1861 15 juillet 1861
Description : 1861/07/15 (A6,N122). 1861/07/15 (A6,N122).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032751
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 233
môme de la Compagnie qui perdrait à la fois tous ses
droits et tous ses avantages, qui liguerait contre elle
le monde tout entier, si son entreprise pouvait perdre
un instant son large caractère d'utilité et de jouis-
sance universelle ; et cependant le Times, en tête des
journaux anglais, ne cesse de crier que l'entreprise est
une entreprise française, exclusivement française,
imaginée pour satisfaire l'ambition. de la France et
seconder des projets de conquête, quand cette entre-
prise a obtenu le concours de tous les gouvernements
de l'Europe, quand elle était l'une des plus chères
pensées du prince de Metternich, qui certes n'était pas
un complice de la France ni un ennemi de la puis-
sance anglaise. Nous avons beau dire, nous avons
beau protester, nous avons beau montrer et détailler
les faits, le Times depuis le premier jour, le Times
hier, le Times aujourd'hui, et le Times demain, a ré-
pété, répète et répétera que le canal est une entre-
prise qui n'est que française et qui ne représente qu'un
intérêt français.
De même, pour allumer les passions britanniques
il fallait impliquer dans cette question le gouverne-
ment de la France qui, au contraire y a montré une
réserve bien peu imitée par le gouvernement anglais.
M. de Lesseps n'a donc plus été qu'un agent du gouver-
nement français conspirant à la fois contre le sultan
et contre le vice-roi d'Egypte. M. de Lesseps, pour
toute l'Europe, est une âme chevaleresque, désinté-
ressée, dévouée à un grand but ; tout son passé ré-
pond de son présent; on l'a transformé en un fai-
seur de dupes en France, en un vampire du trésor
en Egypte. Encore tout récemment l'honnête et
consciencieux correspondant du Morning Post écri-
vait qu'à Alexandrie on regardait l'entreprise
comme n'étant « rien de plus qu'un coup monté sur
une grande échelle pour mettre à l'amende si l'oc-
casion s'en présente la facilité du vice-roi, » et ce
connaisseur ajoutait, « comme à l'ordinaire le vice-
roi sera dupé par son ami. »
Quels sentiments ont donc ces gens-là et dans quel
milieu vivent-ils pour ne supposer à autrui que de si
ignobles mobiles ?
Par ailleurs la contradiction ne leur coûte rien. Ont-
ils besoin, pour la thèse du jour, d'agir sur la poli-
tique par l'avancement des travaux? Les travaux
marchent avec une rapidité effrayante. Ont-ils besoin
pour la thèse du lendemain d'alarmer les actionnai-
res et de jeter la division dans leur sein ? Il n'y a plus
de travaux, rien n'est fait, tout est mort dans l'isthme;
ils réclament au nom de l'Angleterre, il leur faut le
.canal, ils veulent le canal, et si on ne le leur donne
point c'est une sorte de vol dont on se rend coupable.
Malheureusement ces méthodes de la calomnie ne
s'arrêtent point là ; de bas en haut elles remontent
jusqu'aux régions supérieures : c'est ainsi qu'en pleine
assemblée générale M. de Lesseps a dû faire rougir
lord Palmerston des excès de sa parole protégés par
l'irresponsabilité de l'âge et du pouvoir; c'est ainsi
encore qu'à la Chambre des lords un noble pair est
descendu jusqu'à se faire l'organe d'une odieuse dif-
famation en qualifiant puhliquement; solennellement
la Compagnie du canal de Suez de compagnie en
banqueroute.
Or, nous avons encore à nonsaffiiger de trouver
dans un journal, the Press, qui passe pour l'organe
avoué de lord Derby et de M. Disraeli, un article re-
produisant avec aggravation toutes les misères qui
traînent dans les feuilles les plus hostiles au canal.
Citons-le d'abord, nous le discuterons rapidement
ensuite.
» Les Français sont les seuls successeurs véritables
de l'enseigne Pistol (personnage fanfaron et poltron d'un
des drames de Shakspeare) ; le monde est leur huître
et ils veulent l'ouvrir avec leur épée. Sans doutel 18
trouvent quelquefois prudent d'y employer des outils
moins dangereux, mais s'ils échouent, ils ont sous la
main leur épée toujours prête pour revenir a la charge.
M. de Lesseps, comme représentant du Pharaon fran-
çais, travaille en ce moment à ouvrir le mollusque
égyptien avec la pioche et la pelle. Mais si les canons
rayés et les baïonnettes étaient nécessaires pour com-
pléter l'entreprise, nous pouvons rester certains qu'ils
viendraient à leur tour, s'ils pouvaient être mis en
œuvre avec quelque chance d'impunité. En même temps
M. de Lesseps, comme le pacificateur de la race hu-
maine, fait appel à l'Europe en faveur de sa spéculation ;
la jonction de la mer Rouge et de la Méditerranée, lors-
qu'elle sera réalisée, ne sera, nous dit-on, que le pro-
longement physique du grand lien moral et mystérieux
qui, par la rencontre de ces eaux, doit unir en une seule
fraternité les nations de l'O-'ient et de l'Occident. De
plus, l'oeuvre est si encourageante qu'au milieu des
corruptions de notre temps, et du millenium qui nous
est promis, les seuls obst; cles à surmonter ne sont que
quelques milles de marais, de rochers et de sable, et
M. de Lesseps fait de son mieux pour en venir à bout.
Il a dépensé plus de 900,000 liv. st., environ un huitième
du capital de la Compagnie et environ un sixième de
la somme qu'il a récemment déclarée devoir être le
maximum requis pour la complète exécution de son
grand projet. Comment cet argent s'en est-il allé, c'est
sur quoi M. de Lesseps est sans doute parfaitement en
mesure d'éclairer les membres de la Compagnie du ca-
nal de Suez. Il y a un article toutefois qui, nous nous
l'imaginons, ne doit pas figurer largement dans la dé-
pense ; nous voulons parler du déboursé pour le -travail
manuel. Une autorité très-digne de foi affirme positive-
ment que M. de Lesseps a induit le vice-roi d'Egypte à
employer une grande quantité d'indigènes par travail
forcé à la construction du canal. On porie ce nombre
jusqu'à plusieurs milliers. Ces hommes sont pris par
bandes, dit-on, dans les villages où leurs moissons mû-
rissent et où leur présence sur leurs petits lots de terre
cultivée est indispensable pour leur assurer leur nour-
riture de l'année prochaine. N'étant point soutenues dans
môme de la Compagnie qui perdrait à la fois tous ses
droits et tous ses avantages, qui liguerait contre elle
le monde tout entier, si son entreprise pouvait perdre
un instant son large caractère d'utilité et de jouis-
sance universelle ; et cependant le Times, en tête des
journaux anglais, ne cesse de crier que l'entreprise est
une entreprise française, exclusivement française,
imaginée pour satisfaire l'ambition. de la France et
seconder des projets de conquête, quand cette entre-
prise a obtenu le concours de tous les gouvernements
de l'Europe, quand elle était l'une des plus chères
pensées du prince de Metternich, qui certes n'était pas
un complice de la France ni un ennemi de la puis-
sance anglaise. Nous avons beau dire, nous avons
beau protester, nous avons beau montrer et détailler
les faits, le Times depuis le premier jour, le Times
hier, le Times aujourd'hui, et le Times demain, a ré-
pété, répète et répétera que le canal est une entre-
prise qui n'est que française et qui ne représente qu'un
intérêt français.
De même, pour allumer les passions britanniques
il fallait impliquer dans cette question le gouverne-
ment de la France qui, au contraire y a montré une
réserve bien peu imitée par le gouvernement anglais.
M. de Lesseps n'a donc plus été qu'un agent du gouver-
nement français conspirant à la fois contre le sultan
et contre le vice-roi d'Egypte. M. de Lesseps, pour
toute l'Europe, est une âme chevaleresque, désinté-
ressée, dévouée à un grand but ; tout son passé ré-
pond de son présent; on l'a transformé en un fai-
seur de dupes en France, en un vampire du trésor
en Egypte. Encore tout récemment l'honnête et
consciencieux correspondant du Morning Post écri-
vait qu'à Alexandrie on regardait l'entreprise
comme n'étant « rien de plus qu'un coup monté sur
une grande échelle pour mettre à l'amende si l'oc-
casion s'en présente la facilité du vice-roi, » et ce
connaisseur ajoutait, « comme à l'ordinaire le vice-
roi sera dupé par son ami. »
Quels sentiments ont donc ces gens-là et dans quel
milieu vivent-ils pour ne supposer à autrui que de si
ignobles mobiles ?
Par ailleurs la contradiction ne leur coûte rien. Ont-
ils besoin, pour la thèse du jour, d'agir sur la poli-
tique par l'avancement des travaux? Les travaux
marchent avec une rapidité effrayante. Ont-ils besoin
pour la thèse du lendemain d'alarmer les actionnai-
res et de jeter la division dans leur sein ? Il n'y a plus
de travaux, rien n'est fait, tout est mort dans l'isthme;
ils réclament au nom de l'Angleterre, il leur faut le
.canal, ils veulent le canal, et si on ne le leur donne
point c'est une sorte de vol dont on se rend coupable.
Malheureusement ces méthodes de la calomnie ne
s'arrêtent point là ; de bas en haut elles remontent
jusqu'aux régions supérieures : c'est ainsi qu'en pleine
assemblée générale M. de Lesseps a dû faire rougir
lord Palmerston des excès de sa parole protégés par
l'irresponsabilité de l'âge et du pouvoir; c'est ainsi
encore qu'à la Chambre des lords un noble pair est
descendu jusqu'à se faire l'organe d'une odieuse dif-
famation en qualifiant puhliquement; solennellement
la Compagnie du canal de Suez de compagnie en
banqueroute.
Or, nous avons encore à nonsaffiiger de trouver
dans un journal, the Press, qui passe pour l'organe
avoué de lord Derby et de M. Disraeli, un article re-
produisant avec aggravation toutes les misères qui
traînent dans les feuilles les plus hostiles au canal.
Citons-le d'abord, nous le discuterons rapidement
ensuite.
» Les Français sont les seuls successeurs véritables
de l'enseigne Pistol (personnage fanfaron et poltron d'un
des drames de Shakspeare) ; le monde est leur huître
et ils veulent l'ouvrir avec leur épée. Sans doutel 18
trouvent quelquefois prudent d'y employer des outils
moins dangereux, mais s'ils échouent, ils ont sous la
main leur épée toujours prête pour revenir a la charge.
M. de Lesseps, comme représentant du Pharaon fran-
çais, travaille en ce moment à ouvrir le mollusque
égyptien avec la pioche et la pelle. Mais si les canons
rayés et les baïonnettes étaient nécessaires pour com-
pléter l'entreprise, nous pouvons rester certains qu'ils
viendraient à leur tour, s'ils pouvaient être mis en
œuvre avec quelque chance d'impunité. En même temps
M. de Lesseps, comme le pacificateur de la race hu-
maine, fait appel à l'Europe en faveur de sa spéculation ;
la jonction de la mer Rouge et de la Méditerranée, lors-
qu'elle sera réalisée, ne sera, nous dit-on, que le pro-
longement physique du grand lien moral et mystérieux
qui, par la rencontre de ces eaux, doit unir en une seule
fraternité les nations de l'O-'ient et de l'Occident. De
plus, l'oeuvre est si encourageante qu'au milieu des
corruptions de notre temps, et du millenium qui nous
est promis, les seuls obst; cles à surmonter ne sont que
quelques milles de marais, de rochers et de sable, et
M. de Lesseps fait de son mieux pour en venir à bout.
Il a dépensé plus de 900,000 liv. st., environ un huitième
du capital de la Compagnie et environ un sixième de
la somme qu'il a récemment déclarée devoir être le
maximum requis pour la complète exécution de son
grand projet. Comment cet argent s'en est-il allé, c'est
sur quoi M. de Lesseps est sans doute parfaitement en
mesure d'éclairer les membres de la Compagnie du ca-
nal de Suez. Il y a un article toutefois qui, nous nous
l'imaginons, ne doit pas figurer largement dans la dé-
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manuel. Une autorité très-digne de foi affirme positive-
ment que M. de Lesseps a induit le vice-roi d'Egypte à
employer une grande quantité d'indigènes par travail
forcé à la construction du canal. On porie ce nombre
jusqu'à plusieurs milliers. Ces hommes sont pris par
bandes, dit-on, dans les villages où leurs moissons mû-
rissent et où leur présence sur leurs petits lots de terre
cultivée est indispensable pour leur assurer leur nour-
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