Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1861 01 août 1861
Description : 1861/08/01 (A6,N123). 1861/08/01 (A6,N123).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203276f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
248 L'ISTHME DE SUEZ,
ces récits par lesquels on égare l'opinion anglaise.
Voici ce que j'ai vu :
En approchant de Port-Saïd, à bord du Monfalout,
j'ai voulu vérifier les sondages à différentes profon-
deurs , et examiner les matières amenées par la
sonde. En comparant ces observations avec celles
que j'ai trouvées consignées dans les descriptions et
les cartes des ingénieurs de la Compagnie, je n'y ai
découvert aucune différence. Au premier abord je
supposais que la quantité des matériaux à réunir et
- à transporter de loin pour construire les deux jetées
devant former l'entrée du port, nécessiterait une
lourde dépense ; mais à mon retour de l'isthme j'ai
visité aux portes d'Alexandrie les carrières de Mex;
j'ai pu mesurer les ressources qu'offrent ces vastes
bancs de pierres, faciles à tailler et durcissant ensuite
comme les pierres de Bath en Angleterre. Quand j'ai
vu les jetées du Mex si promptement exécutées, for-
mant déjà un excellent port pour la flotte des barques
transportant les cargaisons de blocs et de moellons à
Port-Saïd, quand j'ai vu avec quelle économie l'ex-
traction de ces blocs était organisée, je me suis con-
vaincu que pour ce grand travail de jetées la limite
des devis ne serait point dépassée. Ces carrières con-
tiennent une quantité de matériaux d'environ 800,000
mètres cubes, sans même avoir à creuser au-dessous
du niveau de la mer, et lorsque l'établissement de la
rigole de service permettra les communications ré-
gulières entre Port-Saïd et Dgebel-Geneffé, les ingé-
nieurs sont unanimes à affirmer que les frais d'ex-
traction et de transport de la masse de matériaux
fournis par ces carrières, seront encore beaucoup plus
modérés que ceux qu'occasionnent les matériaux tirés
de Mex.
Quoique la mer fût agitée, notre débarquement
à Port-Saïd s'est effectué dans des conditions qui
m'ont surpris, avec une facilité sur laquelle j'étais
loin de compter. Après avoir mis pied à terre, je
pouvais à peine croire à l'exittence de tout ce que
je voyais autour de moi : une véritable ville et un
gigantesque atelier ; habitations, rues, chemins de
fer, chantiers, toute une armée de machines et de
dragues, des montagnes de houille, d'immenses piles
de pièces de bois, auxquelles allaient encore s'ajouter
un énorme radeau de la même espèce venant de Ga-
latz et que nous avions rencontré en mer sur notre
route. Reçus avec une gracieuse hospitalité et ins-
tallés dans l'hâbitation de l'ingénieur en chef,
M. Voisin, nous pouvions de notre balcon jouir du
spectacle animé de la rade, où plusieurs navires
étaient à l'ancre, et entre autres, le bateau à vapeur
le Joseph, mouillé beaucoup plus près de la jetée que
.L , - - - ----r ["----- ,£------ -~ --- ..,----
alout ; les rafraîchissements excellents qui
.1 ,
n^u§*mmit servis nous prouvèrent que dès à pré-
^-séfïi^ortsëaïd n'était pas en arrière des raffinements
civ atioli,
1~~-'t-~~: 'J
Mais mon impatience était grande d'aller inspec-
ter en détail tout cet ensemble que mon œil avait ra-
pidement embrassé, et je devançai l'heure fixée pour
la visite générale. Je trouvai en M. Saunders, notre
excellent consul, un compagnon saisi de la même
curiosité; et, sans nous laisser arrêter par les rayons
d'un soleil de juillet, nous fûmes bientôt sur le som-
met du phare, qui domine au loin la mer et le lido.
C'est de là qu'on peut apprécier la transformation
qu'ont subie ces lieux naguères stériles et désolés.
Les commencements ont dû être rudes ; les premiers
travailleurs ont eu évidemment de grands obstacles
à surmonter : il leur a fallu combattre et vaincre la
nature, et j'éprouvais un sentiment de véritable
peine en pensant que d'autres obstacles créés par la
mauvaise volonté de quelques hommes les avaient
encore aggravés. Nous sommes ensuite montés sur
une drague munie de sa toile sans fin, et nous en
avons examiné l'appareil. La toile était faite de fil
d'aloès et paraissait très-solide. Ce système nous a
paru admirable dans son opération pratique. Nous
avons vu successivement fonctionner plusieurs de ces
dragues, et nous avons ensuite inspecté un atelier
pour le montage et la réparation des machines qui
nous a surpris autant qu'intéressés. Avec de sembla-
bles moyens, la Compagnie ne peut manqner d'obte-
nir de grands résultats.
Je dois mentionner encore l'ordre qui règne dans
les magasins généraux de la Compagnie, leur orga-
nisation et leur distribution. Ce sont des entrepôts
contenant tout ce qui est nécessaire à la consommation
des habitants de la ville ; vivres, provisions, marchan-
dises, vêtements, etc. Chaque article y a son compar-
timent marqué avec la note des quantités déjà vendues
et de celles qui restent à vendre. J'ai moi-même pro-
fité de l'occasion pour effectuer l'achat de quelques
objets qui m'étaient nécessaires, et je me suis assuré
par la vérification des livres qui m'ont été ouverts
avec empressement de l'exactitude et de la régularité
de cette comptabilité compliquée.
Dans ce désert devenu une ville, nous avons ensuite
visité le marché, la mosquée, les maisons des cheiks
bâties sur un plan uniforme ; les habitations des
Européens. Tout y respirait la propreté et la salu-
brité ; je n'ai trouvé à critiquer que quelques localités
où des Grecs ont établi leur demeure : ces espaces
m'ont paru trop restreints; on a, m'a-t-on dit, l'in-
tention de les étendre, et j'admets qu'il est impos-
sible de tout faire à la fois. L'hôpital était vide et
cependant d'une extrême propreté; l'air de santé de
la population ne laissait rien à désirer, tout ce monde
de travailleurs semblait robuste et satisfait. J'ai voulu
voir jusqu'aux cuisines ; j'ai goûté le potage que l'on
préparait pour les ouvriers ; il n'y manquait qu'un
peu plus de sel, défaut facile a corriger à Port-Saïd,
et qui me prouvait que les appareils distillatoires
ces récits par lesquels on égare l'opinion anglaise.
Voici ce que j'ai vu :
En approchant de Port-Saïd, à bord du Monfalout,
j'ai voulu vérifier les sondages à différentes profon-
deurs , et examiner les matières amenées par la
sonde. En comparant ces observations avec celles
que j'ai trouvées consignées dans les descriptions et
les cartes des ingénieurs de la Compagnie, je n'y ai
découvert aucune différence. Au premier abord je
supposais que la quantité des matériaux à réunir et
- à transporter de loin pour construire les deux jetées
devant former l'entrée du port, nécessiterait une
lourde dépense ; mais à mon retour de l'isthme j'ai
visité aux portes d'Alexandrie les carrières de Mex;
j'ai pu mesurer les ressources qu'offrent ces vastes
bancs de pierres, faciles à tailler et durcissant ensuite
comme les pierres de Bath en Angleterre. Quand j'ai
vu les jetées du Mex si promptement exécutées, for-
mant déjà un excellent port pour la flotte des barques
transportant les cargaisons de blocs et de moellons à
Port-Saïd, quand j'ai vu avec quelle économie l'ex-
traction de ces blocs était organisée, je me suis con-
vaincu que pour ce grand travail de jetées la limite
des devis ne serait point dépassée. Ces carrières con-
tiennent une quantité de matériaux d'environ 800,000
mètres cubes, sans même avoir à creuser au-dessous
du niveau de la mer, et lorsque l'établissement de la
rigole de service permettra les communications ré-
gulières entre Port-Saïd et Dgebel-Geneffé, les ingé-
nieurs sont unanimes à affirmer que les frais d'ex-
traction et de transport de la masse de matériaux
fournis par ces carrières, seront encore beaucoup plus
modérés que ceux qu'occasionnent les matériaux tirés
de Mex.
Quoique la mer fût agitée, notre débarquement
à Port-Saïd s'est effectué dans des conditions qui
m'ont surpris, avec une facilité sur laquelle j'étais
loin de compter. Après avoir mis pied à terre, je
pouvais à peine croire à l'exittence de tout ce que
je voyais autour de moi : une véritable ville et un
gigantesque atelier ; habitations, rues, chemins de
fer, chantiers, toute une armée de machines et de
dragues, des montagnes de houille, d'immenses piles
de pièces de bois, auxquelles allaient encore s'ajouter
un énorme radeau de la même espèce venant de Ga-
latz et que nous avions rencontré en mer sur notre
route. Reçus avec une gracieuse hospitalité et ins-
tallés dans l'hâbitation de l'ingénieur en chef,
M. Voisin, nous pouvions de notre balcon jouir du
spectacle animé de la rade, où plusieurs navires
étaient à l'ancre, et entre autres, le bateau à vapeur
le Joseph, mouillé beaucoup plus près de la jetée que
.L , - - - ----r ["----- ,£------ -~ --- ..,----
alout ; les rafraîchissements excellents qui
.1 ,
n^u§*mmit servis nous prouvèrent que dès à pré-
^-séfïi^ortsëaïd n'était pas en arrière des raffinements
civ atioli,
1~~-'t-~~: 'J
Mais mon impatience était grande d'aller inspec-
ter en détail tout cet ensemble que mon œil avait ra-
pidement embrassé, et je devançai l'heure fixée pour
la visite générale. Je trouvai en M. Saunders, notre
excellent consul, un compagnon saisi de la même
curiosité; et, sans nous laisser arrêter par les rayons
d'un soleil de juillet, nous fûmes bientôt sur le som-
met du phare, qui domine au loin la mer et le lido.
C'est de là qu'on peut apprécier la transformation
qu'ont subie ces lieux naguères stériles et désolés.
Les commencements ont dû être rudes ; les premiers
travailleurs ont eu évidemment de grands obstacles
à surmonter : il leur a fallu combattre et vaincre la
nature, et j'éprouvais un sentiment de véritable
peine en pensant que d'autres obstacles créés par la
mauvaise volonté de quelques hommes les avaient
encore aggravés. Nous sommes ensuite montés sur
une drague munie de sa toile sans fin, et nous en
avons examiné l'appareil. La toile était faite de fil
d'aloès et paraissait très-solide. Ce système nous a
paru admirable dans son opération pratique. Nous
avons vu successivement fonctionner plusieurs de ces
dragues, et nous avons ensuite inspecté un atelier
pour le montage et la réparation des machines qui
nous a surpris autant qu'intéressés. Avec de sembla-
bles moyens, la Compagnie ne peut manqner d'obte-
nir de grands résultats.
Je dois mentionner encore l'ordre qui règne dans
les magasins généraux de la Compagnie, leur orga-
nisation et leur distribution. Ce sont des entrepôts
contenant tout ce qui est nécessaire à la consommation
des habitants de la ville ; vivres, provisions, marchan-
dises, vêtements, etc. Chaque article y a son compar-
timent marqué avec la note des quantités déjà vendues
et de celles qui restent à vendre. J'ai moi-même pro-
fité de l'occasion pour effectuer l'achat de quelques
objets qui m'étaient nécessaires, et je me suis assuré
par la vérification des livres qui m'ont été ouverts
avec empressement de l'exactitude et de la régularité
de cette comptabilité compliquée.
Dans ce désert devenu une ville, nous avons ensuite
visité le marché, la mosquée, les maisons des cheiks
bâties sur un plan uniforme ; les habitations des
Européens. Tout y respirait la propreté et la salu-
brité ; je n'ai trouvé à critiquer que quelques localités
où des Grecs ont établi leur demeure : ces espaces
m'ont paru trop restreints; on a, m'a-t-on dit, l'in-
tention de les étendre, et j'admets qu'il est impos-
sible de tout faire à la fois. L'hôpital était vide et
cependant d'une extrême propreté; l'air de santé de
la population ne laissait rien à désirer, tout ce monde
de travailleurs semblait robuste et satisfait. J'ai voulu
voir jusqu'aux cuisines ; j'ai goûté le potage que l'on
préparait pour les ouvriers ; il n'y manquait qu'un
peu plus de sel, défaut facile a corriger à Port-Saïd,
et qui me prouvait que les appareils distillatoires
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.95%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.95%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 7/15
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203276f/f7.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203276f/f7.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203276f/f7.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203276f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203276f
Facebook
Twitter