Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1861 01 août 1861
Description : 1861/08/01 (A6,N123). 1861/08/01 (A6,N123).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203276f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 247
ouvriers du canal, traduisant avec la droiture de leur
instinct sa démarche et ses sympathies par ce;-
mots : l'union resserrée de l'Angleterre et de la
France. C'était vrai et le tact populaire s'élevait ici
jusqu'à l'intelligence de l'homme d'État : la justice,
c'est la paix; l'injustice et le sacrifice de l'intérêt de
tous les peuples à l'aveugle égoïsme d'un seul, c'est
la guerre.
L'opinion de M. Colquhoun est-elle la pensée ac-
tuelle du cabinet? Nous ne savons et c'est encore
peut-être beaucoup moins important qu'il ne semble.
Quelle est en effet la situation désormais? Deux
fonctionnaires investis de la confiance de leur gou-
vernement et de la considération publique sont allés
vérifier par eux-mêmes ce qu'il y avait de faux, ce
qu'il y avait de vrai dans les accusations portées con-
tre le percement de l'isthme de Suez. Ils ont reconnu
les erreurs, ils ont redressé les préjugés. Ils disent aux
nations, ils disent à leurs concitoyens que l'Angle-
terre s'est trompée ou a été trompée; ils disent dans
leur conscience à leur gouvernement et à leur pays,
ce qu'il ont vu et comment ils ont vu, ce qu'ils ont
jugé et pourquoi ils ont ainsi jugé. Comment le gou-
vernement anglais pourrait-il récuser ces jurés de
son choix, sans compromettre lui-même toute sa mo-
ralité aux yeux du monde, et sans montrer à décou-
vert qu'il est guidé par les plus tristes et les plus
insoutenables mobiles?
Ce n'est point là ce que nous pensons : selon nous,
le percement de l'isthme de Suez a toujours été pour
l'Angleterre un grand intérêt politique et commer-
cial; il devient aujourd'hui pour elle une nécessité
industrielle. Sans le canal, le coton de l'Inde est à
6,000 lieues de Manchester; avec le canal il n'en
est plus qu'à 3,000 lieues. La nécessité, dit-on, est
mère de l'industrie, elle est mère aussi du discerne-
ment et du bon sens; et quand le gouvernement
anglais aperçoit que le coton américain menace de
manquer à ses manufactures, le moment est venu
d'ouvrir toutes les voies qui doivent conduire le coton
indien avec le plus d'économie et de rapidité possibles
vers ses populations frémissantes.
Si ce n'est pas tout le secret, c'est au moins selon
nous une bonne partie du secret du voyage de
M. Colquhoun.
ERNEST DESPLACES.
LETTRE DE M. LANGE.
Nous recevons communication d'une lettre que vient
d'adresser M. Lange, à son arrivée à Londres, au
président de la Compagnie universelle. Quoique ce
récit contienne forcément des faits déjà consignés
dans notre chronique, nous croyons que nos lecteurs
nous sauront gré de recueillir et de leur soumettre
cet honorable témoignage qui certainement aura
aussi son retentissement en Angleterre.
A M.. Ferdinand de Lesseps, président-fondateur de
la Compagnie universelle du canal maritime de Suez.
Monsieur le Président,
De retour à Londres depuis hier, je sens dès mon
arrivée le besoin de vous retracer rapidement et sans
autre prétention que celle d'une entière sincérité, les
impressions qu'a laissées dans mon esprit l'intéres-
sante tournée que je viens d'achever en si honorable
compagnie dans l'isthme de Suez.
Je ne parlerai que de ce que j'ai vu, je ne porte
rai témoignage que de ce que j'ai observé par moi-
même.
Je vous demande d'abord à exprimer par votre in-
termédiaire mes sincères remercîments aux chefs et
employés des travaux du canal, pour l'accueil bien-
veillant que je n'ai cessé de recevoir de leur part.
Chacun d'eux a mis le plus grand empressement à
me fournir tous les renseignements que j'ai pu dési-
rer. Ils l'ont fait avec une cordialité sans réserve,
dont je garde un affectueux souvenir, et ce n'est pas
sans regrets que j'ai quitté des lieux où j'ai pu nouer
des relations si parfaites avec tant de personnes dis-
tinguées par leur capacité et leur dévouement. Un
sentiment plus élevé que celui qui règne ordinaire-
ment dans les opérations industrielles semble inspirer
ces coopérateurs de l'œuvre destinée à ouvrir une
nouvelle route aux nations. Il ne s'arrête pas aux
chefs, il est tout aussi vivant dans les ouvriers eu-
ropéens, et il a pénétré même parmi les ouvriers in-
digènes. Ils sentent qu'ils s'emploient à la réalisation
d'une grande chose ; soldats du travail, ils ont aussi
l'orgueil et l'amour de leur drapeau. On comprend
facilement à quel niveau ces dispositions entretien-
nent le moral, et ce symptôme, que j'ai eu si sou-
vent l'occasion d'observer, a été pour moi l'un des
signes les plus frappants de la puissance de l'entre-
prise
Ayant sous les yeux les derniers rapports publiés
par certains de nos journaux sur la situation du ca-
nal de Suez, ayant acquis personnellement la certi-
tude matérielle ou qu'ils ont ignoré complètement
la vérité, ou qu'ils ont agi avec le parti pris d'en
étouffer la connaissance dans leur pays, je crois que
mon devoir m'oblige à déclarer hautement qu'une
grande injustice a été commise et que ces rapports ne
sont pas vrais. Cette déclaration me coûte ; il est certes
pénible dans une discussion publique de cette espèce
d'avoir à se trouver en opposition aussi directe avec
des compatriotes, mais je me suis rendu dans l'isthme
avec le but de me convaincre, de contrôler, de véri-
fier les assertions contraires, de rapporter fidèlement,
en dehors de toute considération de nationalité
comme d'amitié personnelle, le résultat de mon exa-
men , et cet examen est en contradiction avec tous
ouvriers du canal, traduisant avec la droiture de leur
instinct sa démarche et ses sympathies par ce;-
mots : l'union resserrée de l'Angleterre et de la
France. C'était vrai et le tact populaire s'élevait ici
jusqu'à l'intelligence de l'homme d'État : la justice,
c'est la paix; l'injustice et le sacrifice de l'intérêt de
tous les peuples à l'aveugle égoïsme d'un seul, c'est
la guerre.
L'opinion de M. Colquhoun est-elle la pensée ac-
tuelle du cabinet? Nous ne savons et c'est encore
peut-être beaucoup moins important qu'il ne semble.
Quelle est en effet la situation désormais? Deux
fonctionnaires investis de la confiance de leur gou-
vernement et de la considération publique sont allés
vérifier par eux-mêmes ce qu'il y avait de faux, ce
qu'il y avait de vrai dans les accusations portées con-
tre le percement de l'isthme de Suez. Ils ont reconnu
les erreurs, ils ont redressé les préjugés. Ils disent aux
nations, ils disent à leurs concitoyens que l'Angle-
terre s'est trompée ou a été trompée; ils disent dans
leur conscience à leur gouvernement et à leur pays,
ce qu'il ont vu et comment ils ont vu, ce qu'ils ont
jugé et pourquoi ils ont ainsi jugé. Comment le gou-
vernement anglais pourrait-il récuser ces jurés de
son choix, sans compromettre lui-même toute sa mo-
ralité aux yeux du monde, et sans montrer à décou-
vert qu'il est guidé par les plus tristes et les plus
insoutenables mobiles?
Ce n'est point là ce que nous pensons : selon nous,
le percement de l'isthme de Suez a toujours été pour
l'Angleterre un grand intérêt politique et commer-
cial; il devient aujourd'hui pour elle une nécessité
industrielle. Sans le canal, le coton de l'Inde est à
6,000 lieues de Manchester; avec le canal il n'en
est plus qu'à 3,000 lieues. La nécessité, dit-on, est
mère de l'industrie, elle est mère aussi du discerne-
ment et du bon sens; et quand le gouvernement
anglais aperçoit que le coton américain menace de
manquer à ses manufactures, le moment est venu
d'ouvrir toutes les voies qui doivent conduire le coton
indien avec le plus d'économie et de rapidité possibles
vers ses populations frémissantes.
Si ce n'est pas tout le secret, c'est au moins selon
nous une bonne partie du secret du voyage de
M. Colquhoun.
ERNEST DESPLACES.
LETTRE DE M. LANGE.
Nous recevons communication d'une lettre que vient
d'adresser M. Lange, à son arrivée à Londres, au
président de la Compagnie universelle. Quoique ce
récit contienne forcément des faits déjà consignés
dans notre chronique, nous croyons que nos lecteurs
nous sauront gré de recueillir et de leur soumettre
cet honorable témoignage qui certainement aura
aussi son retentissement en Angleterre.
A M.. Ferdinand de Lesseps, président-fondateur de
la Compagnie universelle du canal maritime de Suez.
Monsieur le Président,
De retour à Londres depuis hier, je sens dès mon
arrivée le besoin de vous retracer rapidement et sans
autre prétention que celle d'une entière sincérité, les
impressions qu'a laissées dans mon esprit l'intéres-
sante tournée que je viens d'achever en si honorable
compagnie dans l'isthme de Suez.
Je ne parlerai que de ce que j'ai vu, je ne porte
rai témoignage que de ce que j'ai observé par moi-
même.
Je vous demande d'abord à exprimer par votre in-
termédiaire mes sincères remercîments aux chefs et
employés des travaux du canal, pour l'accueil bien-
veillant que je n'ai cessé de recevoir de leur part.
Chacun d'eux a mis le plus grand empressement à
me fournir tous les renseignements que j'ai pu dési-
rer. Ils l'ont fait avec une cordialité sans réserve,
dont je garde un affectueux souvenir, et ce n'est pas
sans regrets que j'ai quitté des lieux où j'ai pu nouer
des relations si parfaites avec tant de personnes dis-
tinguées par leur capacité et leur dévouement. Un
sentiment plus élevé que celui qui règne ordinaire-
ment dans les opérations industrielles semble inspirer
ces coopérateurs de l'œuvre destinée à ouvrir une
nouvelle route aux nations. Il ne s'arrête pas aux
chefs, il est tout aussi vivant dans les ouvriers eu-
ropéens, et il a pénétré même parmi les ouvriers in-
digènes. Ils sentent qu'ils s'emploient à la réalisation
d'une grande chose ; soldats du travail, ils ont aussi
l'orgueil et l'amour de leur drapeau. On comprend
facilement à quel niveau ces dispositions entretien-
nent le moral, et ce symptôme, que j'ai eu si sou-
vent l'occasion d'observer, a été pour moi l'un des
signes les plus frappants de la puissance de l'entre-
prise
Ayant sous les yeux les derniers rapports publiés
par certains de nos journaux sur la situation du ca-
nal de Suez, ayant acquis personnellement la certi-
tude matérielle ou qu'ils ont ignoré complètement
la vérité, ou qu'ils ont agi avec le parti pris d'en
étouffer la connaissance dans leur pays, je crois que
mon devoir m'oblige à déclarer hautement qu'une
grande injustice a été commise et que ces rapports ne
sont pas vrais. Cette déclaration me coûte ; il est certes
pénible dans une discussion publique de cette espèce
d'avoir à se trouver en opposition aussi directe avec
des compatriotes, mais je me suis rendu dans l'isthme
avec le but de me convaincre, de contrôler, de véri-
fier les assertions contraires, de rapporter fidèlement,
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