Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1861 01 août 1861
Description : 1861/08/01 (A6,N123). 1861/08/01 (A6,N123).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203276f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
244 L'ISTHME DE SUEZ,
ders et Lange, voulant juger par eux-mêmes de la
nature du travail exécuté par les Arabes, ont mis la
main à la brouette, et en ont bravement poussé une jus-
qu'au sommet de la berge, et nous regardions avec
joie - comme un heureux augure cette coopération
symbolique de l'Angleterre à l'exécution du canal.
» De Ferdane, nous avons monté graduellement le
plateau doucement incliné du seuil, et nous sommes
arrivés vers midi au campement central d'El-Guisr.
Nous descendions de voiture devant une veranda im-
provisée, soutenue par des palmiers et décorée de
verdure. Le campement était en fête ; les dames en
toilette saluaient l'arrivée des consuls ; c'était une vé-
ritable réception. Après le déjeuner et quelques ins-
tants d'un repos nécessaire, nous montâmes tous à
cheval ou sur des dromadaires,et nous nous dirigeâmes
vers le terrain des travaux. Tout fut minutieusement
inspecté; Ie^ appareils dont j'ai déjà parlé furent l'ob-
jet d'une nouvelle observation. Nous suivîmes lente-
ment le tracé jusqu'aux bords du lacTimsah.La vue de
ce beau bassin, la magnificence de la position qui le
domine, l'aspect de ces berges à pic déjà mordues par
la tranchée, l'examen du puits creusé sur le plateau
jusqu'au niveau de la mer, et dont les parois fermes
et solides prouvaient assez que le terrain du seuil n'est
pas formé de sables mobiles, achevèrent-ils d'arrêter
les convictions de M. le consul général ? C'est ce que
je ne peux dire. Dans tous les cas, cette journée de-
vait avoir un grand dénoûment.
» Au retour, nous avons traversé le village arabe,
le marché libre, où les provisions de toute sorte étaient
étalées exactement comme dans les villages du centre
de l'Egypte. Nous avons visité le magasin général,
pourvu de tous les objets nécessaires aux besoins de
cette population mélangée, avec une intelligence et
un soin remarqués notamment par M. le consul Saun-
ders; la scierie mécanique, l'atelier de réparation, le
château d'eau ; aucun détail, en un mot, ne fut né-
gligé. On apercevait à la nature sérieuse et attentive
de leur examen que MM. les consuls étaient animés
par un sentiment plus grave que celui de la simple
curiosité.
Jusque-là, néanmoins, ils n'avaient laissé percer au-
cune opinion précisée ; nous ne nous en étonnions pas ;
nous concevions cette réserve et nous la respections.
Sans doute, ils avaient montré pendant ces trois
jours de la bienveillance, de l'intérêt et même de
l'approbation ; mais fallait-il s'exagérer la portée de
cette courtoisie dans de véritables gentlemen ?
» A la suite de cette tournée qui n'avait pas duré
moins de trois ou quatre heures, nous nous asseyions
à un banquet que partageaient avec nous les chefs
et les principaux employés de la Compagnie et de
l'entreprise générale. La réunion était des plus cor-
diales ; on s'entretenait de ce q'on avait vu : les deux
consuls semblaient contents. M. Colquhoun,tantôt
sérieux et tantôt souriant, animait la conversation par
ses réflexions sympathiques ; il causait du canal,
s'informait de la salubrité du climat, de la vie qu'on
menait au désert, des premières épreuves subies. Le
dessert venait d'être servi. Tout à coup M. Colquhoun
se lève, et s'adresse en ces termes aux ingénieurs et
aux employés réunis autour de lui :
« Messieurs, je vous remercie de l'accueil bien-
» veillant que vous m'avez fait : je suis venu visiter,
» et j'ai admiré les travaux que vous avez entrepris.
» Je viens de parcourir tous vos chantiers, et je suis
? encore sous l'impression de ce que j'ai vu. J'ai ad-
» miré votre courage; j'ai été frappé de l'union, de
» l'entente et de l'ordre qui régnent dans les travaux;
» de votre organisation qui vous a fait triompher de
» tous les obstacles qui se sont présentés. Je ne doute
» nullement, d'après ce que j'ai vu, que si des obs-
» tacles plus grands venaient à surgir, il ne vous fût
» facile d'en triompher encore, guidés par votre illus-
» tre chef. J'espère que des difficultés d'un autre
» genre ne se présenteront plus; dans le siècle où
<( nous vivons, il serait aisé, je pense, de les faire
» disparaître. Je m'associe de tout mon cœur à votre
» œuvre, et j'en suivrai avec bonheur le développe-
» ment. Je vous remercie de l'accueil cordial et franc
» que vous m'avez fait; je bois au succès de votre
» entreprise et ne doute nullement de sa réussite.
» Merci, Messieurs, merci ! »
» L'émotion produite par cette allocution fut si
profonde qu'elle fut suivie d'un instant de silence,
bientôt interrompu par une explosion d'applaudisse-
ments. M. Voisin, en sa qualité d'ingénieur en chef
des travaux, répondit à M. Colquhoun, et porta en
son honneur un toast couvert d'acclamations. M. Lange,
se levant ensuite, dit qu'aux paroles si généreuses de
M. le consul général d'Angleterre, il pouvait ajouter
avoir souvent constaté que le peuple anglais, bien
loin d'être opposé au canal, le désirait au contraire
dans l'intérêt de son commerce; que sa surprise
avait été aussi grande qu'agréable à l'aspect de ce
qu'il venait de voir, et qu'il ne concevait aucun doute
sur le succès complet de l'entreprise.
Cependant on vint avertir l'agent supérieur de la
Compagnie que les ouvriers européens, réunis devant
la maison, désiraient présenter à M. Colquhoun et à
ses compagnons de voyage leurs félicitations et leurs
remercîments, et lui offrir une pièce de vers que venait
d'improviser leur chef, M. Thuilier, pour célébrer
sa bienvenue. M. Colquhoun accéda gracieusement à
ce désir. Accompagné de ses convives, il se rendit
sous la veranda ingénieusement décorée et illuminée.
Les ouvriers se formèrent en cercle, et le poëte-ou-
vrier lui récita sec vers, qui, après avoir exprimé la
foi de tous dans le succès, leur dévouement à l'avenir
de l'œuvre, rendaient à M. Colquhoun cet hommage
personnel :
ders et Lange, voulant juger par eux-mêmes de la
nature du travail exécuté par les Arabes, ont mis la
main à la brouette, et en ont bravement poussé une jus-
qu'au sommet de la berge, et nous regardions avec
joie - comme un heureux augure cette coopération
symbolique de l'Angleterre à l'exécution du canal.
» De Ferdane, nous avons monté graduellement le
plateau doucement incliné du seuil, et nous sommes
arrivés vers midi au campement central d'El-Guisr.
Nous descendions de voiture devant une veranda im-
provisée, soutenue par des palmiers et décorée de
verdure. Le campement était en fête ; les dames en
toilette saluaient l'arrivée des consuls ; c'était une vé-
ritable réception. Après le déjeuner et quelques ins-
tants d'un repos nécessaire, nous montâmes tous à
cheval ou sur des dromadaires,et nous nous dirigeâmes
vers le terrain des travaux. Tout fut minutieusement
inspecté; Ie^ appareils dont j'ai déjà parlé furent l'ob-
jet d'une nouvelle observation. Nous suivîmes lente-
ment le tracé jusqu'aux bords du lacTimsah.La vue de
ce beau bassin, la magnificence de la position qui le
domine, l'aspect de ces berges à pic déjà mordues par
la tranchée, l'examen du puits creusé sur le plateau
jusqu'au niveau de la mer, et dont les parois fermes
et solides prouvaient assez que le terrain du seuil n'est
pas formé de sables mobiles, achevèrent-ils d'arrêter
les convictions de M. le consul général ? C'est ce que
je ne peux dire. Dans tous les cas, cette journée de-
vait avoir un grand dénoûment.
» Au retour, nous avons traversé le village arabe,
le marché libre, où les provisions de toute sorte étaient
étalées exactement comme dans les villages du centre
de l'Egypte. Nous avons visité le magasin général,
pourvu de tous les objets nécessaires aux besoins de
cette population mélangée, avec une intelligence et
un soin remarqués notamment par M. le consul Saun-
ders; la scierie mécanique, l'atelier de réparation, le
château d'eau ; aucun détail, en un mot, ne fut né-
gligé. On apercevait à la nature sérieuse et attentive
de leur examen que MM. les consuls étaient animés
par un sentiment plus grave que celui de la simple
curiosité.
Jusque-là, néanmoins, ils n'avaient laissé percer au-
cune opinion précisée ; nous ne nous en étonnions pas ;
nous concevions cette réserve et nous la respections.
Sans doute, ils avaient montré pendant ces trois
jours de la bienveillance, de l'intérêt et même de
l'approbation ; mais fallait-il s'exagérer la portée de
cette courtoisie dans de véritables gentlemen ?
» A la suite de cette tournée qui n'avait pas duré
moins de trois ou quatre heures, nous nous asseyions
à un banquet que partageaient avec nous les chefs
et les principaux employés de la Compagnie et de
l'entreprise générale. La réunion était des plus cor-
diales ; on s'entretenait de ce q'on avait vu : les deux
consuls semblaient contents. M. Colquhoun,tantôt
sérieux et tantôt souriant, animait la conversation par
ses réflexions sympathiques ; il causait du canal,
s'informait de la salubrité du climat, de la vie qu'on
menait au désert, des premières épreuves subies. Le
dessert venait d'être servi. Tout à coup M. Colquhoun
se lève, et s'adresse en ces termes aux ingénieurs et
aux employés réunis autour de lui :
« Messieurs, je vous remercie de l'accueil bien-
» veillant que vous m'avez fait : je suis venu visiter,
» et j'ai admiré les travaux que vous avez entrepris.
» Je viens de parcourir tous vos chantiers, et je suis
? encore sous l'impression de ce que j'ai vu. J'ai ad-
» miré votre courage; j'ai été frappé de l'union, de
» l'entente et de l'ordre qui régnent dans les travaux;
» de votre organisation qui vous a fait triompher de
» tous les obstacles qui se sont présentés. Je ne doute
» nullement, d'après ce que j'ai vu, que si des obs-
» tacles plus grands venaient à surgir, il ne vous fût
» facile d'en triompher encore, guidés par votre illus-
» tre chef. J'espère que des difficultés d'un autre
» genre ne se présenteront plus; dans le siècle où
<( nous vivons, il serait aisé, je pense, de les faire
» disparaître. Je m'associe de tout mon cœur à votre
» œuvre, et j'en suivrai avec bonheur le développe-
» ment. Je vous remercie de l'accueil cordial et franc
» que vous m'avez fait; je bois au succès de votre
» entreprise et ne doute nullement de sa réussite.
» Merci, Messieurs, merci ! »
» L'émotion produite par cette allocution fut si
profonde qu'elle fut suivie d'un instant de silence,
bientôt interrompu par une explosion d'applaudisse-
ments. M. Voisin, en sa qualité d'ingénieur en chef
des travaux, répondit à M. Colquhoun, et porta en
son honneur un toast couvert d'acclamations. M. Lange,
se levant ensuite, dit qu'aux paroles si généreuses de
M. le consul général d'Angleterre, il pouvait ajouter
avoir souvent constaté que le peuple anglais, bien
loin d'être opposé au canal, le désirait au contraire
dans l'intérêt de son commerce; que sa surprise
avait été aussi grande qu'agréable à l'aspect de ce
qu'il venait de voir, et qu'il ne concevait aucun doute
sur le succès complet de l'entreprise.
Cependant on vint avertir l'agent supérieur de la
Compagnie que les ouvriers européens, réunis devant
la maison, désiraient présenter à M. Colquhoun et à
ses compagnons de voyage leurs félicitations et leurs
remercîments, et lui offrir une pièce de vers que venait
d'improviser leur chef, M. Thuilier, pour célébrer
sa bienvenue. M. Colquhoun accéda gracieusement à
ce désir. Accompagné de ses convives, il se rendit
sous la veranda ingénieusement décorée et illuminée.
Les ouvriers se formèrent en cercle, et le poëte-ou-
vrier lui récita sec vers, qui, après avoir exprimé la
foi de tous dans le succès, leur dévouement à l'avenir
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