Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juillet 1861 15 juillet 1861
Description : 1861/07/15 (A6,N122). 1861/07/15 (A6,N122).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032751
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 2gl
voir si puissamment corroborées par les considéra-
tions suivantes, de notre honorable confrère :
« Dans la séance de la Chambre des communes
du 25, lord John RusselL, répondant à une interpella-
tion de M. Griffith, a déclaré, d'après des informations
transmises par le consul général de la reine à Alexan-
drie, « que M. de Lesseps avait obtenu du pacha d'Egypte
une ordonnance qui lui permettait d'employer par la force
dix mille natifs aux travaux du canal. » Quoique le
chef du Foreing-Office ait ensuite ajouté, il est vrai,
que Kurschid-Pacha avait fait connaître qu'aucun sys-
tème de travail forcé ne se pratiquait en Egypte, et
qu'il n'avait aucune foi aux rapports qui avaient été
faits, toujours est-il que les déclarations de lord John
Russell, déclarations tombées du haut de la tribune,
ont trop d'importance pour que nous ne leur opposions
pas une dénégation formelle.
» Au surplus, et afin d'en unir une fois pour toutes
avec certains journaux anglais et même, comme on
vient de le voir, avec quelques hommes d'État en An-
gleterre qui n'hésitent pas à dire que les ouvriers em-
ployés au canal de Suez ne peuvent qu'être soumis au
travail forcé et que leur condition blesse les premières
lois de l'humanité, nous voulons indiquer sur quelles
bases s'exécutent les travaux qui s'accomplissent dans
l'isthme.
» On peut diviser en deux catégories les huit mille tra-
vailleurs qui se trouvent sur la ligne du canal. D'une part,
près de deux à trois mille d'entre eux forment sur les
chantiers une population flottante qui y séjourne pendant
un temps plus ou moins long et s'y renouvelle inces-
samment ; d'autre part, cinq mille ouvriers concourent
aux travaux sous la direction des chefs de leurs village
(cheiks). Ceux-ci remplissent à leur égard les fonctions
qui, dans nos chantiers en Europe, sont dévolus aux
tâcherons.
D Que le Times se rassure sur le sort de ces ouvriers.
Pour qu'ils prissent part aux travaux, aucune pression
incompatible avec la dignité humaine n'a été exercée
sur eux ; ils n'ont eu à consulter que leur intérêt en
répondant à l'appel que leur adressait une affiche pla-
cardée au mois de mars dernier dans tous les villages
de l'Egypte, et dont voici la traduction :
COMPAGNIE UNIVERSELLE DU CANAL MARITIME DE SUEZ.
Entreprise générale des travaux.
« Art. 1er. Des villages ont été spécialement construits
pour les Arabes sur tout le parcours des travaux.
» Art. 2. Ces villages ont été disposés pour permettre
aux ouvriers arabes d'amener leurs familles.
» Art. 3. Chaque* village possède une mosquée.
» Art. 4. Un canal a été établi pour amener dans tous
les villages Peau du Nil pendant la durée des travaux.
» Art. 5. Les ouvriers arabes travaillent à la tâche,
c'est-à-dire qu'on leur paie le travail effectué par eux
suivant la convention qu'ils ont acceptée. Par ce moyen,
un ouvrier ordinaire peut gagner dans sa journée de
six à huit piastres courantes, et il peut gagner davan-
tage s'il est actif et intelligent.
» Art. 6. Le paiement aura lieu en argent aussitôt que
la tâche sera terminée, après quoi Vouvrier a la liberté.de
-- quitter- les travaux ou de reprendre une nouvelle tâche.
» Art. 1. Toute liberté est laissée. aux ouvriers arabes
pour leur alimentation. Ils pourront toujours acheter
des vivres soit aux magasins de l'entreprise au prixMdu
tarif, soit à tout marchand étranger autorisé venait
dans les campements; en un mot, ils auront la plus
complète liberté de s'approvisionner comme ils l'enten-
dront.
» Les villes les plus rapprochées des travaux sont Bul-
beïs, Zagazig, Mansourah et Damiette.
» Art. 8. Il est expressément défendu à tout Européen,
quel que soit son grade, de maltraiter les ouvriers
arabes.
» L'entrepreneur général des travaux,
» Signé: ALPHONSE HABDON.
» Vu et approuvé :
» Le directeur général des travaux,
» Signé : MOUGEL-BEY. »
» Si ces entrepreneurs ont pu recourir à ce mdde
d'enrôlement volontaire, dont le Times lui-même est forcé
de reconnaître le complet succès, grâces doivent en
être rendues à Mohammed-Saïd, qui, depuis son avène-
ment, a introduit de grandes et généreuses réformes.
C'est parce que ce prince a brisé les liens qui attachaient
les fellahs à la glèbe et les empêchaient de sortir de
leurs villages, qu'ils peuvent aujourd'hui, en pleine
possession de leur liberté, se déplacer à leur gré et re-
chercher, où bon leur semble, un travail volontaire.
» Aux accusations que la presse anglaise fait enten-
dre à ce sujet, aux allégations de lord John Russell,
nous opposerons encore la déclaration suivante, ciui
émane d'une trentaine de cheiks, ayant sous leur direc-
tion près de trois mille cinq cents ouvriers. »
Ici, la Patrie insère la déclaration des cheiks que
nous avons publiée nous-même dans notre dernier
numéro ; après quoi elle reprend :
« Nous ajouterons que les entrepreneurs des travaux
du canal maritime de Suez ne se sont attribués aucun
droit de juridiction sur les ouvriers. Le jugement de
toutes les difficultés qui peuvent surgir est réservé à
l'iman et au cadi installés dans chaque campement par
les soins de la Compagnie.
» En vérité, nous ne voyons rien, dans tout ceci, qui
ressemble à ce que le Times veut bien appeler, dans
sa philanthropie de circonstance, « une variété de la ser-
« vitude des nègres. » Cette organisation, nous le de-
mandons à ce journal, ne diffère-t-elle pas de tous points
du mode de travail employé sous Abbas-Pacha pour
hâler, au gré de l'impatience de l'Angleterre, l'exécution
du chemin de fer qui devait transporter la malle de
l'Inde de Suez à Alexandrie?
» Aujourd'hui, les ouvriers occupés dans les chantiers
de l'isthme travaillent volontairement; ils remportent
dans leurs familles un salaire librement débattu et payé
tous les cinq jours ; ils ne s'engagent d'ailleurs que
pour un temps très-limité, pour un mois au plus. Cette
immense population vit donc sur la ligne du canal, sans
voir si puissamment corroborées par les considéra-
tions suivantes, de notre honorable confrère :
« Dans la séance de la Chambre des communes
du 25, lord John RusselL, répondant à une interpella-
tion de M. Griffith, a déclaré, d'après des informations
transmises par le consul général de la reine à Alexan-
drie, « que M. de Lesseps avait obtenu du pacha d'Egypte
une ordonnance qui lui permettait d'employer par la force
dix mille natifs aux travaux du canal. » Quoique le
chef du Foreing-Office ait ensuite ajouté, il est vrai,
que Kurschid-Pacha avait fait connaître qu'aucun sys-
tème de travail forcé ne se pratiquait en Egypte, et
qu'il n'avait aucune foi aux rapports qui avaient été
faits, toujours est-il que les déclarations de lord John
Russell, déclarations tombées du haut de la tribune,
ont trop d'importance pour que nous ne leur opposions
pas une dénégation formelle.
» Au surplus, et afin d'en unir une fois pour toutes
avec certains journaux anglais et même, comme on
vient de le voir, avec quelques hommes d'État en An-
gleterre qui n'hésitent pas à dire que les ouvriers em-
ployés au canal de Suez ne peuvent qu'être soumis au
travail forcé et que leur condition blesse les premières
lois de l'humanité, nous voulons indiquer sur quelles
bases s'exécutent les travaux qui s'accomplissent dans
l'isthme.
» On peut diviser en deux catégories les huit mille tra-
vailleurs qui se trouvent sur la ligne du canal. D'une part,
près de deux à trois mille d'entre eux forment sur les
chantiers une population flottante qui y séjourne pendant
un temps plus ou moins long et s'y renouvelle inces-
samment ; d'autre part, cinq mille ouvriers concourent
aux travaux sous la direction des chefs de leurs village
(cheiks). Ceux-ci remplissent à leur égard les fonctions
qui, dans nos chantiers en Europe, sont dévolus aux
tâcherons.
D Que le Times se rassure sur le sort de ces ouvriers.
Pour qu'ils prissent part aux travaux, aucune pression
incompatible avec la dignité humaine n'a été exercée
sur eux ; ils n'ont eu à consulter que leur intérêt en
répondant à l'appel que leur adressait une affiche pla-
cardée au mois de mars dernier dans tous les villages
de l'Egypte, et dont voici la traduction :
COMPAGNIE UNIVERSELLE DU CANAL MARITIME DE SUEZ.
Entreprise générale des travaux.
« Art. 1er. Des villages ont été spécialement construits
pour les Arabes sur tout le parcours des travaux.
» Art. 2. Ces villages ont été disposés pour permettre
aux ouvriers arabes d'amener leurs familles.
» Art. 3. Chaque* village possède une mosquée.
» Art. 4. Un canal a été établi pour amener dans tous
les villages Peau du Nil pendant la durée des travaux.
» Art. 5. Les ouvriers arabes travaillent à la tâche,
c'est-à-dire qu'on leur paie le travail effectué par eux
suivant la convention qu'ils ont acceptée. Par ce moyen,
un ouvrier ordinaire peut gagner dans sa journée de
six à huit piastres courantes, et il peut gagner davan-
tage s'il est actif et intelligent.
» Art. 6. Le paiement aura lieu en argent aussitôt que
la tâche sera terminée, après quoi Vouvrier a la liberté.de
-- quitter- les travaux ou de reprendre une nouvelle tâche.
» Art. 1. Toute liberté est laissée. aux ouvriers arabes
pour leur alimentation. Ils pourront toujours acheter
des vivres soit aux magasins de l'entreprise au prixMdu
tarif, soit à tout marchand étranger autorisé venait
dans les campements; en un mot, ils auront la plus
complète liberté de s'approvisionner comme ils l'enten-
dront.
» Les villes les plus rapprochées des travaux sont Bul-
beïs, Zagazig, Mansourah et Damiette.
» Art. 8. Il est expressément défendu à tout Européen,
quel que soit son grade, de maltraiter les ouvriers
arabes.
» L'entrepreneur général des travaux,
» Signé: ALPHONSE HABDON.
» Vu et approuvé :
» Le directeur général des travaux,
» Signé : MOUGEL-BEY. »
» Si ces entrepreneurs ont pu recourir à ce mdde
d'enrôlement volontaire, dont le Times lui-même est forcé
de reconnaître le complet succès, grâces doivent en
être rendues à Mohammed-Saïd, qui, depuis son avène-
ment, a introduit de grandes et généreuses réformes.
C'est parce que ce prince a brisé les liens qui attachaient
les fellahs à la glèbe et les empêchaient de sortir de
leurs villages, qu'ils peuvent aujourd'hui, en pleine
possession de leur liberté, se déplacer à leur gré et re-
chercher, où bon leur semble, un travail volontaire.
» Aux accusations que la presse anglaise fait enten-
dre à ce sujet, aux allégations de lord John Russell,
nous opposerons encore la déclaration suivante, ciui
émane d'une trentaine de cheiks, ayant sous leur direc-
tion près de trois mille cinq cents ouvriers. »
Ici, la Patrie insère la déclaration des cheiks que
nous avons publiée nous-même dans notre dernier
numéro ; après quoi elle reprend :
« Nous ajouterons que les entrepreneurs des travaux
du canal maritime de Suez ne se sont attribués aucun
droit de juridiction sur les ouvriers. Le jugement de
toutes les difficultés qui peuvent surgir est réservé à
l'iman et au cadi installés dans chaque campement par
les soins de la Compagnie.
» En vérité, nous ne voyons rien, dans tout ceci, qui
ressemble à ce que le Times veut bien appeler, dans
sa philanthropie de circonstance, « une variété de la ser-
« vitude des nègres. » Cette organisation, nous le de-
mandons à ce journal, ne diffère-t-elle pas de tous points
du mode de travail employé sous Abbas-Pacha pour
hâler, au gré de l'impatience de l'Angleterre, l'exécution
du chemin de fer qui devait transporter la malle de
l'Inde de Suez à Alexandrie?
» Aujourd'hui, les ouvriers occupés dans les chantiers
de l'isthme travaillent volontairement; ils remportent
dans leurs familles un salaire librement débattu et payé
tous les cinq jours ; ils ne s'engagent d'ailleurs que
pour un temps très-limité, pour un mois au plus. Cette
immense population vit donc sur la ligne du canal, sans
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