Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1861 01 août 1861
Description : 1861/08/01 (A6,N123). 1861/08/01 (A6,N123).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203276f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 243
Notre correspondance nous a transmis sur cette
inspection la relation suivante à laquelle nous crain-
drions, en lui donnant une autre forme, d'enlever
quelque chose de son mouvement et de sa sponta-
néité.
« Alexandrie, 5 juillet.
» Partis le samedi 29 juin d'Alexandrie à bord du
bateau à vapeur le Monfalout placé par le vice-roi à la
disposition de M. le consul général d'Angleterre et
muni de tout le luxe du plus large confort par la
splendide courtoisie de Son Altesse, nous débarquions
le lendemain dimanche, 30, à Port-Saïd, vers 9 heures
du matin, après une charmante traversée à l'agré-
ment de laquelle MM. les consuls n'avaient pas peu
contribué. Dans la soirée du 29 nous avions dépassé
deux navires à voiles qui se rendaient comme nous
à Port-Saïd. Dans la nuit, vers 3 heures, nous étions
abordés par la chaloupe d'un navire ottoman, nous
envoyant demander l'indication de sa route pour le
même point. Ce navire venait de Constantinople
remorquant un radeau de bois, probablement lesecond
radeau de Galatz attendu tous les jours.
» Au moment où nous jetions l'ancre, six navires à
la voile quittaient la rade et quatre autres y étaient
mouillés. Cette activité maritime parut causer quel-
que étonnement à MM. les consuls d'Angleterre.
Peu de temps après nous voyions entrer deux
autres navires. Cet ensemble donnait à cette plage
une animation qui frappait nos visiteurs anglais et
faisait particulièrement une vive impression sur
M.. Lange ; une exclamation même échappa à
M. Colquhoun quand il vit Port-Saïd se développer
sur le rivage.
» Notre ancre mouillée, nous fûmes abordés par un
canot portant pavillon égyptien et conduisant l'offi-
cier de santé: la patente était en règle; la libre en-
trée nous fut accordée, le débarquement s'opéra très
facilement à l'appontement malgré une mer un peu
houleuse. L'ingénieur en chef des travaux, M. Voisin,
et l'ingénieur divisionnaire de Port-Saïd, M. Laroche
nous attendaient et nous reçurent sur le rivage d'où
ils nous conduisirent à l'habitation qui nous était
destinée.
» Dans l'après-midi tout fut visité : l'immense ma-
tériel, les voies ferrées, la scierie à vapeur, l'atelier
de montage, les dragues, les magasins, le phare, le
village arabe, l'appontement, rien n'échappa à l'exa-
men de MM. Colquhoun etSaunders ; ils ne cachaient
point leur surprise. Le village arabe fixa particulière-
ment leur attention; ils y trouvèrent les ouvriers in-
digènes avec leurs femmes et leurs enfants, un mar-
ché parfaitement fourni, le contentement et la sécu-
rité empreints sur tous les visages.
Après une course de plusieurs heures nous rentrions
au logis en longeant le lido, el le lendemain, 1er juillet,
dès 5 heures du matin, nous cinglions vers Kantara
par la rigole, en compagnie de l'ingénieur en chef,
M. Voisin.
» Des barques à voiles nous portaient et les vents
étaient favorables ; nous marchions bien. Après un
point d'arrêt pour déjeuner à Ras-el-Esch, nous dé-
barquions vers 6 heures du soir à une heure de
Kantara, où nous accueillaient le directeur des travaux
de l'entreprise, M. Feinieux, et M. Cajasus, un de ses
plus intelligents subordonnés, avec des montures qui
nous eurent bientôt conduits au campement.
Cette navigation semblait avoir vivement intéressé
nos hôtes : M. Coiquhoun tenait le gouvernail de la
barque qu'il montait ; il est donc un des premiers na-
vigateurs de ce canal naissant. De distance en distance,
nous rencontrions les ouvriers travaillant aux berges
de la rigole; là, comme à Port-Saïd, M. le consul géné-
ral a pu constater l'entrain et la gaieté de ces hommes.
Cette route d'eau qui déjà le transportait si commo-
dément à 10 lieues dans l'intérieur du désert, sem-
blait ajouter aux impressions qu'il avait reçues de
ce qu'il avait vu à Port-Saïd, et je pense qu'il était
loin de croire l'œuvre si avancée.
» A Kantara, nous avons été surpris par l'appari-
tion d'une splendide comète brillant, dans la pureté
de cette atmosphère orientale, d'un éclat qu'on ne
connaît point en Europe, et qui n'a pas manqué
d'exercer son influence sur l'esprit des Arabes, si
enclins au merveilleux.
» Le lendemain, 2 juillet, à 5 heures, nous mon-
tions dans une voiture attelée de six dromadaires,
car nous allions voyager en voiture dans le désert,
suivis d'une petite caravane de dromadaires et de
chevaux de main. MM. Saunders et Lange ont pré-
féré le dromadaire afin de parcourir plus librement
toute la ligne et d'examiner les travaux. Nous avons
ainsi parcouru les terrains desséchés du lac Ballah
et inspecté les chantiers qui creusent la rigole de
Kantara àFerdame. En nous rapprochant de ce der-
nier point nous avons visité deux des campements
successifs dont l'un contenait sept cents et l'autre cinq
cents ouvriers indigènes, tous, je peux le dire, acti-
vement et joyeusement occupés. La tranchée se creu-
sait soit à la simple brouette, soit avec les appa-
reils Ballan ou les brouettes à la corde, selon l'avan-
cement du travail. Ces messieurs en ont constaté
l'ordre et la régularité; ils ont observé que sur le
terrain étaient distribués de 100 à 100 mètres des ton-
neaux d'eau où les travailleurs puisaient à volonté,
et l'on sait combien l'abondance de l'eau est précieuse
sous ce climat.
Tous les renseignements qu'ils ont demandés leur
ont éto fournis avec la plus grande franchise. Ils
ont jugé par leurs yeux de la valeur de ces dunes
fameuses et de ces terribles sables mouvants dont on
effraie la crédulité de leurs compatriotes. MM Saun-
Notre correspondance nous a transmis sur cette
inspection la relation suivante à laquelle nous crain-
drions, en lui donnant une autre forme, d'enlever
quelque chose de son mouvement et de sa sponta-
néité.
« Alexandrie, 5 juillet.
» Partis le samedi 29 juin d'Alexandrie à bord du
bateau à vapeur le Monfalout placé par le vice-roi à la
disposition de M. le consul général d'Angleterre et
muni de tout le luxe du plus large confort par la
splendide courtoisie de Son Altesse, nous débarquions
le lendemain dimanche, 30, à Port-Saïd, vers 9 heures
du matin, après une charmante traversée à l'agré-
ment de laquelle MM. les consuls n'avaient pas peu
contribué. Dans la soirée du 29 nous avions dépassé
deux navires à voiles qui se rendaient comme nous
à Port-Saïd. Dans la nuit, vers 3 heures, nous étions
abordés par la chaloupe d'un navire ottoman, nous
envoyant demander l'indication de sa route pour le
même point. Ce navire venait de Constantinople
remorquant un radeau de bois, probablement lesecond
radeau de Galatz attendu tous les jours.
» Au moment où nous jetions l'ancre, six navires à
la voile quittaient la rade et quatre autres y étaient
mouillés. Cette activité maritime parut causer quel-
que étonnement à MM. les consuls d'Angleterre.
Peu de temps après nous voyions entrer deux
autres navires. Cet ensemble donnait à cette plage
une animation qui frappait nos visiteurs anglais et
faisait particulièrement une vive impression sur
M.. Lange ; une exclamation même échappa à
M. Colquhoun quand il vit Port-Saïd se développer
sur le rivage.
» Notre ancre mouillée, nous fûmes abordés par un
canot portant pavillon égyptien et conduisant l'offi-
cier de santé: la patente était en règle; la libre en-
trée nous fut accordée, le débarquement s'opéra très
facilement à l'appontement malgré une mer un peu
houleuse. L'ingénieur en chef des travaux, M. Voisin,
et l'ingénieur divisionnaire de Port-Saïd, M. Laroche
nous attendaient et nous reçurent sur le rivage d'où
ils nous conduisirent à l'habitation qui nous était
destinée.
» Dans l'après-midi tout fut visité : l'immense ma-
tériel, les voies ferrées, la scierie à vapeur, l'atelier
de montage, les dragues, les magasins, le phare, le
village arabe, l'appontement, rien n'échappa à l'exa-
men de MM. Colquhoun etSaunders ; ils ne cachaient
point leur surprise. Le village arabe fixa particulière-
ment leur attention; ils y trouvèrent les ouvriers in-
digènes avec leurs femmes et leurs enfants, un mar-
ché parfaitement fourni, le contentement et la sécu-
rité empreints sur tous les visages.
Après une course de plusieurs heures nous rentrions
au logis en longeant le lido, el le lendemain, 1er juillet,
dès 5 heures du matin, nous cinglions vers Kantara
par la rigole, en compagnie de l'ingénieur en chef,
M. Voisin.
» Des barques à voiles nous portaient et les vents
étaient favorables ; nous marchions bien. Après un
point d'arrêt pour déjeuner à Ras-el-Esch, nous dé-
barquions vers 6 heures du soir à une heure de
Kantara, où nous accueillaient le directeur des travaux
de l'entreprise, M. Feinieux, et M. Cajasus, un de ses
plus intelligents subordonnés, avec des montures qui
nous eurent bientôt conduits au campement.
Cette navigation semblait avoir vivement intéressé
nos hôtes : M. Coiquhoun tenait le gouvernail de la
barque qu'il montait ; il est donc un des premiers na-
vigateurs de ce canal naissant. De distance en distance,
nous rencontrions les ouvriers travaillant aux berges
de la rigole; là, comme à Port-Saïd, M. le consul géné-
ral a pu constater l'entrain et la gaieté de ces hommes.
Cette route d'eau qui déjà le transportait si commo-
dément à 10 lieues dans l'intérieur du désert, sem-
blait ajouter aux impressions qu'il avait reçues de
ce qu'il avait vu à Port-Saïd, et je pense qu'il était
loin de croire l'œuvre si avancée.
» A Kantara, nous avons été surpris par l'appari-
tion d'une splendide comète brillant, dans la pureté
de cette atmosphère orientale, d'un éclat qu'on ne
connaît point en Europe, et qui n'a pas manqué
d'exercer son influence sur l'esprit des Arabes, si
enclins au merveilleux.
» Le lendemain, 2 juillet, à 5 heures, nous mon-
tions dans une voiture attelée de six dromadaires,
car nous allions voyager en voiture dans le désert,
suivis d'une petite caravane de dromadaires et de
chevaux de main. MM. Saunders et Lange ont pré-
féré le dromadaire afin de parcourir plus librement
toute la ligne et d'examiner les travaux. Nous avons
ainsi parcouru les terrains desséchés du lac Ballah
et inspecté les chantiers qui creusent la rigole de
Kantara àFerdame. En nous rapprochant de ce der-
nier point nous avons visité deux des campements
successifs dont l'un contenait sept cents et l'autre cinq
cents ouvriers indigènes, tous, je peux le dire, acti-
vement et joyeusement occupés. La tranchée se creu-
sait soit à la simple brouette, soit avec les appa-
reils Ballan ou les brouettes à la corde, selon l'avan-
cement du travail. Ces messieurs en ont constaté
l'ordre et la régularité; ils ont observé que sur le
terrain étaient distribués de 100 à 100 mètres des ton-
neaux d'eau où les travailleurs puisaient à volonté,
et l'on sait combien l'abondance de l'eau est précieuse
sous ce climat.
Tous les renseignements qu'ils ont demandés leur
ont éto fournis avec la plus grande franchise. Ils
ont jugé par leurs yeux de la valeur de ces dunes
fameuses et de ces terribles sables mouvants dont on
effraie la crédulité de leurs compatriotes. MM Saun-
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