Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juillet 1861 15 juillet 1861
Description : 1861/07/15 (A6,N122). 1861/07/15 (A6,N122).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032751
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
232 L'ISTHME DE SUEZ,
robustes que chétifs d'apparence, nous arrivions au pied
de ces pyramides vers trois heures du soir, et nous en-
treprîmes bravement, malgré la chaleur, l'ascension de
la plus grande des trois, dite pyramide de Chéops.
C'est la seule dont le revêtement ait disparu, laissant
à découvert les pierres énormes formant un escalier si
difficile à gravir qu'on n'y parviendrait pas sans le con-
cours des Bédouins qui vous précèdent et vous tirent
par les mains, tandis que d'autres vous poussent par
derrière.
» La pyramide de Chéops à 146 mètres de hauteur sur
220 de largeur à sa base ; une plate-forme de 10 mètres
environ existe à son sommet, et paraît n'avoir été for-
mée que par la destruction du sommet du cône. La vue
qu'on embrasse de là laisse un souvenir ineffaçable ; on
compte les dix pyramides de Zakkarah, qui sont à dix
heures plus loin en descendant vers le désert, et les
nombreux sphinx et tombeaux qui guidèrent jadis les
recherches de M. Mariette pour découvrir le serapeum
de Memphis. Le plus curieux de ces sphinx, grand lion
à figure humaine, est à peu de distance en avant de la
seconde pyramide, dite pyramide de Khefren, et n'a
pas moins de 50 mètres depuis les pattes de devant jus-
qu'à l'extrémité postérieure du corps.
» La pyramide de Mycerinus est la troisième et la
plus petite. L'ascension avait duré une demi-heure, la
descente s'effectua en moins de dix minutes; mais
après un exercice aussi pénible, aucun de nous n'en-
treprit la visite de l'intérieur de la pyramide, dont
l'entrée est à 20 mètres au-dessus du sol, sur la surface
nord; pour arriver jusqu'à la chambre sépulcrale, il y
avait à suivre tout un labyrinthe de chambres et de
corridors, qu'on dit très-fréquentés par les animaux du
désert. Nous reprîmes bravement nos montures pour
revenir au Nil; des barques nous remirent sur la rive
droite, où des voitures nous attendaient, et à sept
heures du soir nous rentrions au Caire, fatigués mais
ravis de cette excursion dans le domaine de l'antiquité.
» Nous passâmes la journée du dimanche 23 juin
dans les riches bazars du Caire, au palais et dans les
jardins d'Ibrahim-Pacha, qu'habite son fils, Ismaïl-Pa-
cha, l'héritier présomptif du vice-roi, d'après la loi
égyptienne, qui appelle au trône , non pas le fils du
régnant, mais le plus âgé de la famille, quel que soit
son degré de parenté. Ismaïl-Pacha est le cousin-ger-
main de Saïd-Pacha. Notre dernière excursion fut pour
le musse Mariette, situé en dehors de la ville, et où le
savant explorateur a groupé les statues, les vases et
les sarcophages les plus précieux qu'il ait découverts
pendant douze années de fouilles dans cette contrée.
On ne peut se lasser d'admirer ces chefs-d'œuvre que
produisit la sculpture il y a six mille ans.
» Le général de Beaufort avait été invité à aller dî-
ner chez le vice-roi, et nous quitta de bo!.ne heure
pour aller à son campement. A quatre heures du soir,
nous reprimes le chemin de fer pour Alexandrie ; nous
dînâmes en route à Kefer-Zayad, et aussi somptueuse-
ous y avions déjeuné au premier voyage. A
étions de retour à Alexandrie.
'le
Nous parcourons de nouveau la ville
p £ U'^|exàiiâ|ie.^ous sommes admis à visiter le palais Na-
settin, belle construction moderne que le vice-roi vient
de faire élever sur la côte est du port, au-dessous du
phare, et dans lequel toutes les richesses de l'Europe
sont entassées.
» Le harem du vice-roi est attenant à ce palais, mais
je n'ai pas besoin d'ajouter que notre privilége d'entrée
n'allait pas jusque-là.
» Dans la soirée est arrivé le paquebot Y Amérique,
des Messageries impériales, sur lequel nous nous em-
barquons pour la France ce soir à six heures.
» Pour extrait: C. LEFÈVKE. »
PETITE REVUE ANGLAISE.
On dirait qu'une portion de la presse anglaise perd
tout sens moral dès qu'il s'agit du canal de Suez, et
en vérité on pourrait croire que cette affaire est des-
tinée à ruiner son crédit et sa bonne foi dans l'opi-
nion du monde. Pour nous, quand nous assistons au
spectacle lamentable de ces emportements, de ces in-
jures, de ces faussetés, de ces variations, de ces dif-
famations, nous ne pouvons nous empêcher de nous
promettre d'être circonspects et défiants quand nous
la verrons employer contre d'autres ces clameurs et
ces débordements dans lesquels elle cherche à noyer
tout ce qui blesse ses préjugés, tout ce qui contrarie
ses vues. Nous savons désormais par notre propre
expérience que l'arme de la calomnie est de celles
dont elle use sans scrupules et sans limites.
Jamais en effet la vérité a-t-elle été plus systématique-
ment outragée que dans cette polémique? Il n'est pas un
fait qui n'ait été altéré ou falsifié! Il n'est pas une
assertion qui n'ait été réfutée et qui n'ait été obstiné-
ment répétée sans tenir compte de la réfutation. Le
caractère universel de l'entreprise est aussi évident
que la lumière; il est attesté par la nature et les sti-
pulations expresses des actes de concession ; il est at-
testé par la composition de la commission interna-
tionale formée d'ingénieurs et de marins pris dans
toutes les parties de l'Europe et même en Angleterre;
il est attesté par le caractère de la souscription ou-
verte à la fois dans tous les pays, et à laquelle tous
les pays ont pris part dans une proportion plus ou
moins forte ; il est attesté par la composition du con-
seil d'administration de la Compagnie où figurent à
côté des Français des Espagnols, des Belges, des Au-
trichiens, des Italiens, etc., etc.; il est attesté par l'acte
de société lui-même qui établit le siège principal de
la Compagnie en Egypte ; il est attesté par la natio-
nalité du commissaire qu'a choisi le vice-roi pour sur-
veiller, aux termes des statuts réglés et signés par le
vice-roi, les opérations de la Compagnie; il est attesté
par les propositions qu'a faites et publiées M. Ferdi-
nand de Lesseps pour donner toute satisfaction aux
défiances les plus excessives sur la complète com-
munauté du canal ; il est attesté par l'intérêt lui-
robustes que chétifs d'apparence, nous arrivions au pied
de ces pyramides vers trois heures du soir, et nous en-
treprîmes bravement, malgré la chaleur, l'ascension de
la plus grande des trois, dite pyramide de Chéops.
C'est la seule dont le revêtement ait disparu, laissant
à découvert les pierres énormes formant un escalier si
difficile à gravir qu'on n'y parviendrait pas sans le con-
cours des Bédouins qui vous précèdent et vous tirent
par les mains, tandis que d'autres vous poussent par
derrière.
» La pyramide de Chéops à 146 mètres de hauteur sur
220 de largeur à sa base ; une plate-forme de 10 mètres
environ existe à son sommet, et paraît n'avoir été for-
mée que par la destruction du sommet du cône. La vue
qu'on embrasse de là laisse un souvenir ineffaçable ; on
compte les dix pyramides de Zakkarah, qui sont à dix
heures plus loin en descendant vers le désert, et les
nombreux sphinx et tombeaux qui guidèrent jadis les
recherches de M. Mariette pour découvrir le serapeum
de Memphis. Le plus curieux de ces sphinx, grand lion
à figure humaine, est à peu de distance en avant de la
seconde pyramide, dite pyramide de Khefren, et n'a
pas moins de 50 mètres depuis les pattes de devant jus-
qu'à l'extrémité postérieure du corps.
» La pyramide de Mycerinus est la troisième et la
plus petite. L'ascension avait duré une demi-heure, la
descente s'effectua en moins de dix minutes; mais
après un exercice aussi pénible, aucun de nous n'en-
treprit la visite de l'intérieur de la pyramide, dont
l'entrée est à 20 mètres au-dessus du sol, sur la surface
nord; pour arriver jusqu'à la chambre sépulcrale, il y
avait à suivre tout un labyrinthe de chambres et de
corridors, qu'on dit très-fréquentés par les animaux du
désert. Nous reprîmes bravement nos montures pour
revenir au Nil; des barques nous remirent sur la rive
droite, où des voitures nous attendaient, et à sept
heures du soir nous rentrions au Caire, fatigués mais
ravis de cette excursion dans le domaine de l'antiquité.
» Nous passâmes la journée du dimanche 23 juin
dans les riches bazars du Caire, au palais et dans les
jardins d'Ibrahim-Pacha, qu'habite son fils, Ismaïl-Pa-
cha, l'héritier présomptif du vice-roi, d'après la loi
égyptienne, qui appelle au trône , non pas le fils du
régnant, mais le plus âgé de la famille, quel que soit
son degré de parenté. Ismaïl-Pacha est le cousin-ger-
main de Saïd-Pacha. Notre dernière excursion fut pour
le musse Mariette, situé en dehors de la ville, et où le
savant explorateur a groupé les statues, les vases et
les sarcophages les plus précieux qu'il ait découverts
pendant douze années de fouilles dans cette contrée.
On ne peut se lasser d'admirer ces chefs-d'œuvre que
produisit la sculpture il y a six mille ans.
» Le général de Beaufort avait été invité à aller dî-
ner chez le vice-roi, et nous quitta de bo!.ne heure
pour aller à son campement. A quatre heures du soir,
nous reprimes le chemin de fer pour Alexandrie ; nous
dînâmes en route à Kefer-Zayad, et aussi somptueuse-
ous y avions déjeuné au premier voyage. A
étions de retour à Alexandrie.
'le
Nous parcourons de nouveau la ville
p £ U'^|exàiiâ|ie.^ous sommes admis à visiter le palais Na-
settin, belle construction moderne que le vice-roi vient
de faire élever sur la côte est du port, au-dessous du
phare, et dans lequel toutes les richesses de l'Europe
sont entassées.
» Le harem du vice-roi est attenant à ce palais, mais
je n'ai pas besoin d'ajouter que notre privilége d'entrée
n'allait pas jusque-là.
» Dans la soirée est arrivé le paquebot Y Amérique,
des Messageries impériales, sur lequel nous nous em-
barquons pour la France ce soir à six heures.
» Pour extrait: C. LEFÈVKE. »
PETITE REVUE ANGLAISE.
On dirait qu'une portion de la presse anglaise perd
tout sens moral dès qu'il s'agit du canal de Suez, et
en vérité on pourrait croire que cette affaire est des-
tinée à ruiner son crédit et sa bonne foi dans l'opi-
nion du monde. Pour nous, quand nous assistons au
spectacle lamentable de ces emportements, de ces in-
jures, de ces faussetés, de ces variations, de ces dif-
famations, nous ne pouvons nous empêcher de nous
promettre d'être circonspects et défiants quand nous
la verrons employer contre d'autres ces clameurs et
ces débordements dans lesquels elle cherche à noyer
tout ce qui blesse ses préjugés, tout ce qui contrarie
ses vues. Nous savons désormais par notre propre
expérience que l'arme de la calomnie est de celles
dont elle use sans scrupules et sans limites.
Jamais en effet la vérité a-t-elle été plus systématique-
ment outragée que dans cette polémique? Il n'est pas un
fait qui n'ait été altéré ou falsifié! Il n'est pas une
assertion qui n'ait été réfutée et qui n'ait été obstiné-
ment répétée sans tenir compte de la réfutation. Le
caractère universel de l'entreprise est aussi évident
que la lumière; il est attesté par la nature et les sti-
pulations expresses des actes de concession ; il est at-
testé par la composition de la commission interna-
tionale formée d'ingénieurs et de marins pris dans
toutes les parties de l'Europe et même en Angleterre;
il est attesté par le caractère de la souscription ou-
verte à la fois dans tous les pays, et à laquelle tous
les pays ont pris part dans une proportion plus ou
moins forte ; il est attesté par la composition du con-
seil d'administration de la Compagnie où figurent à
côté des Français des Espagnols, des Belges, des Au-
trichiens, des Italiens, etc., etc.; il est attesté par l'acte
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la Compagnie en Egypte ; il est attesté par la natio-
nalité du commissaire qu'a choisi le vice-roi pour sur-
veiller, aux termes des statuts réglés et signés par le
vice-roi, les opérations de la Compagnie; il est attesté
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