Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juillet 1861 15 juillet 1861
Description : 1861/07/15 (A6,N122). 1861/07/15 (A6,N122).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032751
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 229,
sur les chantiers du canal, par la simple lecture des
affiches placardées par ordre du pacha sur leurs murs de
boue, et annonçant les offres libérales de M. de Lesseps.
S'imagine-t-on la foule des fellahs se pressant autour
d'un placard collé sur leurs murs de boue, et se précipi-
tant pour aller rejoindre le spéculateur français à la
nouvelle qu'il demandait quelques jeunes gens. J'apprends
de bonne source que ces infortunés travailleurs ont été
trainés à pied à Port-Saïd, liés ensemble par le cou
comme des chameaux, ou comme ces cargaisons d'es-
claves d'Afrique qui sont conduits aux baraques desti-
nées à les recevoir sur la côte. »
-Il est naturel que. les ouvriers recrutés se soient
rendus à pied sur les lieux des travaux dans un pays
où il y a peu de routes, toutes les fois qu'on n'a pas
pu utiliser pour leur transport les chemins de fer ou
les voies d'eau, mais il n'y a rien là que de très-ha-
bituel en Egypte, et même dans plus d'un pays eu-
ropéen. Nous n'avons pas besoin de dire que le reste
de ce récit n'est qu'une honteuse fable ; on n'a point
traîné ces ouvriers à Port-Saïd, car ils sont massés
entre Zagazig et Timsah et vers les seuils, Quant à
l'histoire de ces hommes attachés par le cou et ame-
nés dans l'isthme comme un bétail humain, nous
n'avons rien à dire, sinon que nous ne comprenons
pas que des écrivains puissent descendre à de pareils
abus de la parole et de l'imagination.
ERNEST DESPLACES.
LE RECRUTEMENT LIBRE EN SYRIE.
Notre correspondance syrienne nous apporte sur
le recrutement libre dans ce pays des renseignements
dont l'importance est encore relevée par la polé-
mique suscitée en Angleterre à propos de la préten-
due contrainte exercée sur les fellahs.
D'après ces informations un uléma-cadi et un muez-
zin ont été engagés au service de l'entreprise, afin
d'assurer à la fois par des hommes de leur pays,
aux enrôlés syriens, le service de leurs croyances
religieuses, l'éducation de leurs enfants et la bonne
administration de la justice. Car on n'a pas oublié
que dans cette organisation, d'ailleurs conforme au
Coran, les imans et les ulémas sont investis à la
fois des fonctions sacerdotales et des fonctions judi-
ciaires. Voilà pour la partie morale du recrutement.
Pour la partie matérielle voici ce qui se passe :
les engagements s'effectuent dans les villages; les
conditions sont librement débattues; l'enrôlé volon-
taire reçoit une avance préalable en raison des be-
soins de sa famille ; cette avance est garantie par les
chefs des villages; l'enrôlé s'engage au service de
la Compagnie pour un mois ou pour un mois et
demi, après quoi il est libre de rompre son engage-
ment ou de le renouveler et même d'appeler sa fa-
mille auprès de lui s'il est satisfait des traitements
qu'il reçoit et du salaire qu'il gagne. Les enrôlés de
Gaza par exemple sont dirigés de Gaza sur El-Arich
où un agent leur fournit les moyens de se rendre
à Kantara. Ces expéditions s'opèrent par troupes
de vingt à trente hommes appartenant, autant
que possible, à la même localité. Au 15 de ce mois
lès agents comptaient avoir expédié sur Kantara un
millier d'enrôlés de plus.
Ils assurent que ce mouvement des populations
tend à se prononcer davantage chaque jour, et que
d'ici au commencement de l'hiver la Syrie aura en-
voyé aux travaux du canal un bon renfort de tra-
vailleurs.
Ils ajoutent qu'en ce moment la population syrienne
est dans un grand état de détresse par suite du
manque de la récolte et de l'état de trouble moral
d'une partie de la Syrie où les familles d'Arabes et de
cultivateurs sans ouvrage allaient chercher dans les
grandes villes du travail et des moyens d'exis-
tence.
Ils disent encore que les habitants de l'ancienne
vallée des Philistins, c'est-à-dire de la contrée bor-
dant le désert de Syrie, regardent comme un grand
bienfait les ressources inespérées que leur offrent les
travaux du canal ; que le voyage de M. de Lesseps
y a fait partout la plus vive impression, et ils carac-
térisent cette impression en rapportant que dans tous
les villages qu'ils ont parcourus, on leur demandait
des nouvelles de l'honorable président de la Com-
pagnie, le nommant le '< père des pauvres. »
Il est certain que dans l'état de souffrance où se
trouvent les populations par les deux causes que
nous venons d'indiquer, la Compagnie, en leur four-
nissant les moyens de pourvoir à leurs besoin?, ren-
dra un grand service à l'humanité, au gouvernement
ottoman et à la tranquillité intérieure du pays, car
la faim est une mauvaise conseillère, surtout dans
un pays où la déprédation armée est si facile et si
souvent impunie par la force des choses.
Ainsi donc, en Syrie le recrutement s'exécute
comme en Egypte. La philanthropie anglaise ne pré-
tendra pas sans doute que là c'est le vice-roi qui
contraint les travailleurs à s'enrôler, que le recrute-
ment n'est qu'un acte de la pression gouvernemen-
tale et que cette pression gouvernementale elle-même
n'est que l'effet d'une autre pression exercée sur le
vice-roi par 'M. de Lesseps ; étrange accusation
d'ailleurs où un gouvernement se laisserait oppri-
mer par un individu ou une Compagnie, surtout
quand ce gouvernement serait certain d'avoir pour
lui dans sa. résistance tout le concours et toute la
protection de la diplomatie britannique.
Mais enfin nous ne voyons point comment on pour-
rait attribuer l'enrôlement syrien à une autre cause
qu'à la volonté spontanée des engagés ; et si l'on
se rappelle les deux déclarations signées par les chefs
sur les chantiers du canal, par la simple lecture des
affiches placardées par ordre du pacha sur leurs murs de
boue, et annonçant les offres libérales de M. de Lesseps.
S'imagine-t-on la foule des fellahs se pressant autour
d'un placard collé sur leurs murs de boue, et se précipi-
tant pour aller rejoindre le spéculateur français à la
nouvelle qu'il demandait quelques jeunes gens. J'apprends
de bonne source que ces infortunés travailleurs ont été
trainés à pied à Port-Saïd, liés ensemble par le cou
comme des chameaux, ou comme ces cargaisons d'es-
claves d'Afrique qui sont conduits aux baraques desti-
nées à les recevoir sur la côte. »
-Il est naturel que. les ouvriers recrutés se soient
rendus à pied sur les lieux des travaux dans un pays
où il y a peu de routes, toutes les fois qu'on n'a pas
pu utiliser pour leur transport les chemins de fer ou
les voies d'eau, mais il n'y a rien là que de très-ha-
bituel en Egypte, et même dans plus d'un pays eu-
ropéen. Nous n'avons pas besoin de dire que le reste
de ce récit n'est qu'une honteuse fable ; on n'a point
traîné ces ouvriers à Port-Saïd, car ils sont massés
entre Zagazig et Timsah et vers les seuils, Quant à
l'histoire de ces hommes attachés par le cou et ame-
nés dans l'isthme comme un bétail humain, nous
n'avons rien à dire, sinon que nous ne comprenons
pas que des écrivains puissent descendre à de pareils
abus de la parole et de l'imagination.
ERNEST DESPLACES.
LE RECRUTEMENT LIBRE EN SYRIE.
Notre correspondance syrienne nous apporte sur
le recrutement libre dans ce pays des renseignements
dont l'importance est encore relevée par la polé-
mique suscitée en Angleterre à propos de la préten-
due contrainte exercée sur les fellahs.
D'après ces informations un uléma-cadi et un muez-
zin ont été engagés au service de l'entreprise, afin
d'assurer à la fois par des hommes de leur pays,
aux enrôlés syriens, le service de leurs croyances
religieuses, l'éducation de leurs enfants et la bonne
administration de la justice. Car on n'a pas oublié
que dans cette organisation, d'ailleurs conforme au
Coran, les imans et les ulémas sont investis à la
fois des fonctions sacerdotales et des fonctions judi-
ciaires. Voilà pour la partie morale du recrutement.
Pour la partie matérielle voici ce qui se passe :
les engagements s'effectuent dans les villages; les
conditions sont librement débattues; l'enrôlé volon-
taire reçoit une avance préalable en raison des be-
soins de sa famille ; cette avance est garantie par les
chefs des villages; l'enrôlé s'engage au service de
la Compagnie pour un mois ou pour un mois et
demi, après quoi il est libre de rompre son engage-
ment ou de le renouveler et même d'appeler sa fa-
mille auprès de lui s'il est satisfait des traitements
qu'il reçoit et du salaire qu'il gagne. Les enrôlés de
Gaza par exemple sont dirigés de Gaza sur El-Arich
où un agent leur fournit les moyens de se rendre
à Kantara. Ces expéditions s'opèrent par troupes
de vingt à trente hommes appartenant, autant
que possible, à la même localité. Au 15 de ce mois
lès agents comptaient avoir expédié sur Kantara un
millier d'enrôlés de plus.
Ils assurent que ce mouvement des populations
tend à se prononcer davantage chaque jour, et que
d'ici au commencement de l'hiver la Syrie aura en-
voyé aux travaux du canal un bon renfort de tra-
vailleurs.
Ils ajoutent qu'en ce moment la population syrienne
est dans un grand état de détresse par suite du
manque de la récolte et de l'état de trouble moral
d'une partie de la Syrie où les familles d'Arabes et de
cultivateurs sans ouvrage allaient chercher dans les
grandes villes du travail et des moyens d'exis-
tence.
Ils disent encore que les habitants de l'ancienne
vallée des Philistins, c'est-à-dire de la contrée bor-
dant le désert de Syrie, regardent comme un grand
bienfait les ressources inespérées que leur offrent les
travaux du canal ; que le voyage de M. de Lesseps
y a fait partout la plus vive impression, et ils carac-
térisent cette impression en rapportant que dans tous
les villages qu'ils ont parcourus, on leur demandait
des nouvelles de l'honorable président de la Com-
pagnie, le nommant le '< père des pauvres. »
Il est certain que dans l'état de souffrance où se
trouvent les populations par les deux causes que
nous venons d'indiquer, la Compagnie, en leur four-
nissant les moyens de pourvoir à leurs besoin?, ren-
dra un grand service à l'humanité, au gouvernement
ottoman et à la tranquillité intérieure du pays, car
la faim est une mauvaise conseillère, surtout dans
un pays où la déprédation armée est si facile et si
souvent impunie par la force des choses.
Ainsi donc, en Syrie le recrutement s'exécute
comme en Egypte. La philanthropie anglaise ne pré-
tendra pas sans doute que là c'est le vice-roi qui
contraint les travailleurs à s'enrôler, que le recrute-
ment n'est qu'un acte de la pression gouvernemen-
tale et que cette pression gouvernementale elle-même
n'est que l'effet d'une autre pression exercée sur le
vice-roi par 'M. de Lesseps ; étrange accusation
d'ailleurs où un gouvernement se laisserait oppri-
mer par un individu ou une Compagnie, surtout
quand ce gouvernement serait certain d'avoir pour
lui dans sa. résistance tout le concours et toute la
protection de la diplomatie britannique.
Mais enfin nous ne voyons point comment on pour-
rait attribuer l'enrôlement syrien à une autre cause
qu'à la volonté spontanée des engagés ; et si l'on
se rappelle les deux déclarations signées par les chefs
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.95%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.95%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 5/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k62032751/f5.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k62032751/f5.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k62032751/f5.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k62032751
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k62032751
Facebook
Twitter