Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juillet 1861 15 juillet 1861
Description : 1861/07/15 (A6,N122). 1861/07/15 (A6,N122).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032751
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 235
lord Palmerston; à la tête de la seconde sont lord
Derby et M. Disraëli. Ces deux chefs du torisme pont
loin de partager les passions aveugles du premier
ministre actuel, et ils l'ont prouvé par la modération
de leur langage et la réserve comparative de leur con-
duite à l'endroit du canal pendant qu'ils étaient au
pouvoir. Mais aujourd'hui voulant y rentrer, ils
n'ignorent point que le meilleur moyen d'arriver à ce
but est de brouiller le cabinet avec la France ; ils le
poussent donc dans cette voie, certains d'en hériter s'il
s'y jette et prêts à l'attaquer au besoin pour s'y
être jeté. Un autre journal tory, le Morning Herald,
nous a donné le mot de cette énigme l'année dernière
dans un article que nous avons cité ; il blâmait alors
lord Palmerston de son opposition, et son but était
toujours d'allumer ou de provoquer la discorde entre
les deux gouvernements tout en caressant la France.
Aujourd'hui le moyen change, mais le but est le
même. Quant à la politique de lord Palmerston et du
Times, elle a toujours une vieille saveur de 1808 et de
1810; elle en est encore à Pitt et à Chatham; ils admet-
tent bien, et le Times l'avoue, que l'ouverture de
l'isthme serait très-avantageuse aux intérêts commer-
ciaux de l'Angleterre; ils se rient au fond de r ruue
des fausses terreurs qu'ils répandent; mais ils aiment
mieux que l'Angleterre soit moins riche, si les autres
nations doivent rester plus pauvres; ils veulent, mal-
gré tout, malgré leur beau semblant de libéralisme
commercial, réserver à l'Angleterre le.mcnopole des
mers asiatiques, et quand même elle n'en devrait
point retirer autant de profit, ils ne veulent point
partager ce monopole avec les autres pavillons par
l'ouverture du passage de Suez. Ils ont une autre
arrière-pensée opiniâtre : c'est l'absorption de l'É-
gypte dans les immenses possessions britanniques,
et c'est pour mieux dissimuler cette arrière-pensée
qu'ils l'attribuent à la France. Ils savent très-bien que
le percement de l'isthme est le salut de l'indépen-
dance égyptienne sous la suzeraineté de la Porte,
et le monde entier intéressé à maintenir cette in-
dépendance. Le gouvernement français prouve qu'il
la désire et qu'il la veut consolider par l'établisse-
ment du canal ; le gouvernement anglais, par son
opposition, prouve qu'il la craint et que sa conso-
lidation le gêne dans son for intérieur.
La vérité la voilà, et c'est pour l'obscurcir que les
organes de lord Palmerston l'enveloppent de tant de
sophismes et d'arguments insoutenables. Nous trom-
pons-nous? Qu'on se rappelle donc la démonstration
d'Alexandrie dont nous parlions tout à l'heure; faut-il
d'autres aveux? Qu'on se rappelle cette déclaration
du Times signifiant que la mer Rouge devait être
une mer anglaise ! Qu'on se rappelle cette autre dé-
claration que l'Egypte est la grande route de l'Inde,
et que l'Angleterre a seule le droit d'y exercer une
influence prépondérante. Faut-il plus encore et faut-
il une confession plus directe et plus récente de ces
tendances toujours ardentes ? Le Times of India,
dans l'un de ses numéros dernièrement arrivés en
Europe, sous prétexte qu'il se croit a la veille d'une
conflagration générale, conseille ouvertement au gou-
vernement anglais de tâcher de s'emparer de l'E-
gypte ; il va jusqu'à dire qu'il ne désespère pas de
voir un de ces jours le vice-roi de l'Inde expédier
un corps d'armée chargé d'opérer cette prise de pos-
session.
Ce qui n'empêchera pas le gouvernement an-
glais d'accuser le canal de Suez d'attenter à l'inté-
grité de la Turquie et de se poser comme le défen-
seur de cette intégrité après lui en avoir donné des
gages éclatants par l'usurpation d'Aden et de
Perim et de l'empire de la mer Rouge.
ERNEST DESPLACES.
LIGNE DE COMMUNICATION ENTRE LA FRANCE ET L'ORIENT.
Tandis que tous les moyens semblent bons à l'op-
position anglaise pour décrier et discréditer l'exécu-
tion du canal de Suez, la France, plus calme et plus
sérieuse, aperçoit l'inévitable issue de ce grand évé-
nement pour toutes les nations commerciales et ma-
ritimes, et elle se dispose à en tirer sa part légitime
d'action et de développement.
D'après les dernières nouvelles nos affaires ont pris
une excellente attitude en Cochinchine. Notre traité
avec la Chine nous permet aussi d'étendre nos rela-
tions jusqu'ici si restreintes avec le céleste Empire,
et enfin nous avons dans les mers des Indes de grands
intérèts à maintenir et féconder.
Le gouvernement français n'a pas perdu de vue
cette situation, et il a pensé avec une haute intelli-
gence que le moment était venu d'établir les commu-
nications directes de la France avec ces vastes et ri-
ches contrées.
En conséquence, il a conclu avec la Compagnie des
messageries impériales un traité par lequel cette
Compagnie s'oblige, moyennant une subvention, à
former un service de paquebots desservant les prin-
cipaux points des mers orientales.
Ce traité a donné lieu à la rédaction d'un projet de
loi qui a été soumis au Corps législatif. La commis-
sion chargée de l'examen de ce projet a nommé
M. Arman, armateur et député de Bordeaux, d'a-
bord pour son président et ensuite pour son rappor-
teur.
Nous avons sous les yeux le rapport de l'honora-
ble député : il contient sur la question et sur les
avantages du projet pour la France les renseigne-
ments les plus instructifs et les plus intéressants.
C'est à coup sûr un travail très-remarquable, et qui
restera toujours digne d'être consulté par tous ceux
lord Palmerston; à la tête de la seconde sont lord
Derby et M. Disraëli. Ces deux chefs du torisme pont
loin de partager les passions aveugles du premier
ministre actuel, et ils l'ont prouvé par la modération
de leur langage et la réserve comparative de leur con-
duite à l'endroit du canal pendant qu'ils étaient au
pouvoir. Mais aujourd'hui voulant y rentrer, ils
n'ignorent point que le meilleur moyen d'arriver à ce
but est de brouiller le cabinet avec la France ; ils le
poussent donc dans cette voie, certains d'en hériter s'il
s'y jette et prêts à l'attaquer au besoin pour s'y
être jeté. Un autre journal tory, le Morning Herald,
nous a donné le mot de cette énigme l'année dernière
dans un article que nous avons cité ; il blâmait alors
lord Palmerston de son opposition, et son but était
toujours d'allumer ou de provoquer la discorde entre
les deux gouvernements tout en caressant la France.
Aujourd'hui le moyen change, mais le but est le
même. Quant à la politique de lord Palmerston et du
Times, elle a toujours une vieille saveur de 1808 et de
1810; elle en est encore à Pitt et à Chatham; ils admet-
tent bien, et le Times l'avoue, que l'ouverture de
l'isthme serait très-avantageuse aux intérêts commer-
ciaux de l'Angleterre; ils se rient au fond de r ruue
des fausses terreurs qu'ils répandent; mais ils aiment
mieux que l'Angleterre soit moins riche, si les autres
nations doivent rester plus pauvres; ils veulent, mal-
gré tout, malgré leur beau semblant de libéralisme
commercial, réserver à l'Angleterre le.mcnopole des
mers asiatiques, et quand même elle n'en devrait
point retirer autant de profit, ils ne veulent point
partager ce monopole avec les autres pavillons par
l'ouverture du passage de Suez. Ils ont une autre
arrière-pensée opiniâtre : c'est l'absorption de l'É-
gypte dans les immenses possessions britanniques,
et c'est pour mieux dissimuler cette arrière-pensée
qu'ils l'attribuent à la France. Ils savent très-bien que
le percement de l'isthme est le salut de l'indépen-
dance égyptienne sous la suzeraineté de la Porte,
et le monde entier intéressé à maintenir cette in-
dépendance. Le gouvernement français prouve qu'il
la désire et qu'il la veut consolider par l'établisse-
ment du canal ; le gouvernement anglais, par son
opposition, prouve qu'il la craint et que sa conso-
lidation le gêne dans son for intérieur.
La vérité la voilà, et c'est pour l'obscurcir que les
organes de lord Palmerston l'enveloppent de tant de
sophismes et d'arguments insoutenables. Nous trom-
pons-nous? Qu'on se rappelle donc la démonstration
d'Alexandrie dont nous parlions tout à l'heure; faut-il
d'autres aveux? Qu'on se rappelle cette déclaration
du Times signifiant que la mer Rouge devait être
une mer anglaise ! Qu'on se rappelle cette autre dé-
claration que l'Egypte est la grande route de l'Inde,
et que l'Angleterre a seule le droit d'y exercer une
influence prépondérante. Faut-il plus encore et faut-
il une confession plus directe et plus récente de ces
tendances toujours ardentes ? Le Times of India,
dans l'un de ses numéros dernièrement arrivés en
Europe, sous prétexte qu'il se croit a la veille d'une
conflagration générale, conseille ouvertement au gou-
vernement anglais de tâcher de s'emparer de l'E-
gypte ; il va jusqu'à dire qu'il ne désespère pas de
voir un de ces jours le vice-roi de l'Inde expédier
un corps d'armée chargé d'opérer cette prise de pos-
session.
Ce qui n'empêchera pas le gouvernement an-
glais d'accuser le canal de Suez d'attenter à l'inté-
grité de la Turquie et de se poser comme le défen-
seur de cette intégrité après lui en avoir donné des
gages éclatants par l'usurpation d'Aden et de
Perim et de l'empire de la mer Rouge.
ERNEST DESPLACES.
LIGNE DE COMMUNICATION ENTRE LA FRANCE ET L'ORIENT.
Tandis que tous les moyens semblent bons à l'op-
position anglaise pour décrier et discréditer l'exécu-
tion du canal de Suez, la France, plus calme et plus
sérieuse, aperçoit l'inévitable issue de ce grand évé-
nement pour toutes les nations commerciales et ma-
ritimes, et elle se dispose à en tirer sa part légitime
d'action et de développement.
D'après les dernières nouvelles nos affaires ont pris
une excellente attitude en Cochinchine. Notre traité
avec la Chine nous permet aussi d'étendre nos rela-
tions jusqu'ici si restreintes avec le céleste Empire,
et enfin nous avons dans les mers des Indes de grands
intérèts à maintenir et féconder.
Le gouvernement français n'a pas perdu de vue
cette situation, et il a pensé avec une haute intelli-
gence que le moment était venu d'établir les commu-
nications directes de la France avec ces vastes et ri-
ches contrées.
En conséquence, il a conclu avec la Compagnie des
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loi qui a été soumis au Corps législatif. La commis-
sion chargée de l'examen de ce projet a nommé
M. Arman, armateur et député de Bordeaux, d'a-
bord pour son président et ensuite pour son rappor-
teur.
Nous avons sous les yeux le rapport de l'honora-
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