Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juillet 1861 01 juillet 1861
Description : 1861/07/01 (A6,N121). 1861/07/01 (A6,N121).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203274m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
218 L'ISTHME DE SUEZ,
veut plus le lendemain ; il consent bien toujours que
le canal se creuse, mais c'est à condition qu'il se
creusera sans ouvriers. Tout travailleur qui se rend
sur l'isthme ne peut être pour lui qu'un travailleur
forcé, et le travail forcé fait dresser les cheveux sur
la tête de sa philanthropie.
On sait ce qu'il y a de vrai dans ces affectations
parl'histoire des chemins de fer d'Alexandrie au Caire
et du Caire à Suez, et si le Times en était curieux,
ce que nous ne pensons pas, nous pourrions y ajouter
de nouveaux et édifiants épisodes.
Nous adressant maintenant au correspondant, nous
lui répondons, ses aveux et sa nouvelle lettre sous
les yeux: que M. de Lesseps était parfaitement en
droit d'accuser la fausseté de ses renseignements, et
que nous confirmons et renouvelons pour notre compte
cette accusation. Que racontait effectivement le cor-
respondant en décembre ? Il attestait que rien ne se
faisait dans l'isthme ; que la Compagnie payait ses
actionnaires de mots et de notions ; qua les travaux
étaient dans une sorte de paralysie, et le Times pre-
nait texte de ces fables pour ses magnifiques protes-
tations.
Rappelons dans quel moment ces nobles ma-
nœuvres s'effectuaient : d'un côté la diplomatie an-
glaise travaillait ardemment à Constantinople à faire
interdire le recrutement libre organisé par l'entrepre-
neur général ; de l'autre, on écrivait en Europe pour
dénoncer l'inertie des travaux. L'époque de la réu-
nion de l'assemblée générale approchait, et en em-
pêchant le recrutement libre d'une part, en accusant
d'autre part la Compagnie de tromper ses souscrip-
teurs, de laisser mourir les travaux de leur belle mort,
on espérait introduire le découragement dans le sein
de l'assemblée et y semer le trouble et la division.
Cette honorable tactique a échoué devant les con-
victions, la persévérance et l'unanimité de la réunion
du 15 mai.
Mais qu'y avait-il de sérieux et de sincère dans les
assertions du correspondant ? Il va nous le dire lui-
même: il reconnaît qu'au moment où. il écrivait
ainsi, des dragues et d'autres appareils avaient été
réunis dans l'isthme ; que des ateliers avaient été
construits ainsi que des habitations pour « le person-
nel ; » que l'eau douce avait été portée par une rigole
de l'entrée de l'Ouadée-Toumilat jusqu'au lac Tim-
sah et aux hauteurs d'El-Guisr ; qu'une jetée en bois
et des voies ferrées avaient été établies à Port-Saïd,
et c'est là qu'il arrête son énumération qu'il appelle
approximative.
Il nous semble que c'est bien là quelque chose,
quoique le correspondant s'applique à effacer de son
mieux l'importance de ces résultats acquis et qu'il
est forcé d'avouer. La fondation et le peuplement
d'une ville comme Port-Saïd comptant aujourd'hui
2,000 habitants bien logés et bien abrités, bien pour-
vus de tous les objets nécessaires à la vie, l'établisse-
ment de ces quatorze voies ferrées desservant les
nombreux ateliers qu'on y a construits; l'appon-
tement, les habitations préparées sur la ligne des
seuils pour donner asile à 10,000 travailleurs ; l'exé-
cution par 1,200 ouvriers d'une rigole destinée à porter
l'eau du Nil du lac Maxamah aux hauteurs du seuil,
sur une étendue de 35 kilomètres; la construction et
le transport sur les lieux de vingt-quatre dragues; l'in-
troduction avouée de plusieurs autres appareils , ce ne
sont certes point là des témoignages de cette impuis-
sance que le correspondant proclamait avec tant
d'éclat, et il aurait beau chercher dans sa lettre de dé-
cembre, il n'y trouverait rien qui pût laisser soupçon-
ner cet ensemble de mesures qu'il est réduit à con-
fesser maintenant devant l'évidence des faits.
Voilà ce que le correspondant nous présente comme
n'impliquant aucune différence substantielle entre
ce qu'il écrivait au Times et ce que contient le rap-
port de M. de Lesseps.
Toutefois nous ne le tenons point encore quitte, et
nous lui déclarons hardiment que sa nomenclature
qu'il définit comme « à peu près aussi complète que
possible, » est au contraire très-imparfaite et très-
incomplète. Ainsi il en a supprimé plusieurs des points
indiqués dans le rapport qu'il prétend avoir analysé:
1° Il parle bien en général des habitations construites
pour « le personnel, » mais il dissimule que ces ha-
bitations suffisent à recevoir 2,000 personnes à Port-
Saïd, 10,000 travailleurs sur les seuils, sans compter
les autres stations, et ces chiffres sans doute étaient
indispensables pour faire connaître la nature et l'éten-
due des travaux déjà exécutés ; 2° il oublie de faire
mention du transport à travers le désert de 15,000
brouettes, des outils, des appareils Ballan, des instru-
ments mécaniques et autres, des bois, des maté-
riaux, etc, nécessaires à l'organisation des chantiers
des seuils ; 3° il ne parle point davantage de l'organi-
sation, de la distribution, de la mise en exercice de
ces chantiers; 4° il ne dit pas un mot du creusement
du chenal entre Port Saïd et Ferdane, annoncé dans le
rapport comme étant en pleine exécution, et qui effec-
tivement était exécuté jusqu'à Kantara sur un espace
de 38 kilomètres au moment où le correspondant écri
vait sa dernière lettre; 5° il écarte complétement le tra-
vail commencé aux termes du rapport pour joindre par
un canal navigable d'eau douce Zagazig à Timsah,
travail auquel M. Ferdinand de Lesseps annonçait le
15 mai que 3,000 ouvriers « étaient actuellement » em-
ployés; 6° il observe un prudent silence sur les car-
rières du Mex, qu'il représentait il y a quelque temps
comme occupées seulement par quelques pauvres in-
digènes oisifs, tandis que le rapport fait de l'activité
de cette exploitation un tableau que le correspondant
n'a pas pu manquer de lire, qui est le démenti le plus
flagrant à ce qu'il en a raconté, démenti qu'il accepte
veut plus le lendemain ; il consent bien toujours que
le canal se creuse, mais c'est à condition qu'il se
creusera sans ouvriers. Tout travailleur qui se rend
sur l'isthme ne peut être pour lui qu'un travailleur
forcé, et le travail forcé fait dresser les cheveux sur
la tête de sa philanthropie.
On sait ce qu'il y a de vrai dans ces affectations
parl'histoire des chemins de fer d'Alexandrie au Caire
et du Caire à Suez, et si le Times en était curieux,
ce que nous ne pensons pas, nous pourrions y ajouter
de nouveaux et édifiants épisodes.
Nous adressant maintenant au correspondant, nous
lui répondons, ses aveux et sa nouvelle lettre sous
les yeux: que M. de Lesseps était parfaitement en
droit d'accuser la fausseté de ses renseignements, et
que nous confirmons et renouvelons pour notre compte
cette accusation. Que racontait effectivement le cor-
respondant en décembre ? Il attestait que rien ne se
faisait dans l'isthme ; que la Compagnie payait ses
actionnaires de mots et de notions ; qua les travaux
étaient dans une sorte de paralysie, et le Times pre-
nait texte de ces fables pour ses magnifiques protes-
tations.
Rappelons dans quel moment ces nobles ma-
nœuvres s'effectuaient : d'un côté la diplomatie an-
glaise travaillait ardemment à Constantinople à faire
interdire le recrutement libre organisé par l'entrepre-
neur général ; de l'autre, on écrivait en Europe pour
dénoncer l'inertie des travaux. L'époque de la réu-
nion de l'assemblée générale approchait, et en em-
pêchant le recrutement libre d'une part, en accusant
d'autre part la Compagnie de tromper ses souscrip-
teurs, de laisser mourir les travaux de leur belle mort,
on espérait introduire le découragement dans le sein
de l'assemblée et y semer le trouble et la division.
Cette honorable tactique a échoué devant les con-
victions, la persévérance et l'unanimité de la réunion
du 15 mai.
Mais qu'y avait-il de sérieux et de sincère dans les
assertions du correspondant ? Il va nous le dire lui-
même: il reconnaît qu'au moment où. il écrivait
ainsi, des dragues et d'autres appareils avaient été
réunis dans l'isthme ; que des ateliers avaient été
construits ainsi que des habitations pour « le person-
nel ; » que l'eau douce avait été portée par une rigole
de l'entrée de l'Ouadée-Toumilat jusqu'au lac Tim-
sah et aux hauteurs d'El-Guisr ; qu'une jetée en bois
et des voies ferrées avaient été établies à Port-Saïd,
et c'est là qu'il arrête son énumération qu'il appelle
approximative.
Il nous semble que c'est bien là quelque chose,
quoique le correspondant s'applique à effacer de son
mieux l'importance de ces résultats acquis et qu'il
est forcé d'avouer. La fondation et le peuplement
d'une ville comme Port-Saïd comptant aujourd'hui
2,000 habitants bien logés et bien abrités, bien pour-
vus de tous les objets nécessaires à la vie, l'établisse-
ment de ces quatorze voies ferrées desservant les
nombreux ateliers qu'on y a construits; l'appon-
tement, les habitations préparées sur la ligne des
seuils pour donner asile à 10,000 travailleurs ; l'exé-
cution par 1,200 ouvriers d'une rigole destinée à porter
l'eau du Nil du lac Maxamah aux hauteurs du seuil,
sur une étendue de 35 kilomètres; la construction et
le transport sur les lieux de vingt-quatre dragues; l'in-
troduction avouée de plusieurs autres appareils , ce ne
sont certes point là des témoignages de cette impuis-
sance que le correspondant proclamait avec tant
d'éclat, et il aurait beau chercher dans sa lettre de dé-
cembre, il n'y trouverait rien qui pût laisser soupçon-
ner cet ensemble de mesures qu'il est réduit à con-
fesser maintenant devant l'évidence des faits.
Voilà ce que le correspondant nous présente comme
n'impliquant aucune différence substantielle entre
ce qu'il écrivait au Times et ce que contient le rap-
port de M. de Lesseps.
Toutefois nous ne le tenons point encore quitte, et
nous lui déclarons hardiment que sa nomenclature
qu'il définit comme « à peu près aussi complète que
possible, » est au contraire très-imparfaite et très-
incomplète. Ainsi il en a supprimé plusieurs des points
indiqués dans le rapport qu'il prétend avoir analysé:
1° Il parle bien en général des habitations construites
pour « le personnel, » mais il dissimule que ces ha-
bitations suffisent à recevoir 2,000 personnes à Port-
Saïd, 10,000 travailleurs sur les seuils, sans compter
les autres stations, et ces chiffres sans doute étaient
indispensables pour faire connaître la nature et l'éten-
due des travaux déjà exécutés ; 2° il oublie de faire
mention du transport à travers le désert de 15,000
brouettes, des outils, des appareils Ballan, des instru-
ments mécaniques et autres, des bois, des maté-
riaux, etc, nécessaires à l'organisation des chantiers
des seuils ; 3° il ne parle point davantage de l'organi-
sation, de la distribution, de la mise en exercice de
ces chantiers; 4° il ne dit pas un mot du creusement
du chenal entre Port Saïd et Ferdane, annoncé dans le
rapport comme étant en pleine exécution, et qui effec-
tivement était exécuté jusqu'à Kantara sur un espace
de 38 kilomètres au moment où le correspondant écri
vait sa dernière lettre; 5° il écarte complétement le tra-
vail commencé aux termes du rapport pour joindre par
un canal navigable d'eau douce Zagazig à Timsah,
travail auquel M. Ferdinand de Lesseps annonçait le
15 mai que 3,000 ouvriers « étaient actuellement » em-
ployés; 6° il observe un prudent silence sur les car-
rières du Mex, qu'il représentait il y a quelque temps
comme occupées seulement par quelques pauvres in-
digènes oisifs, tandis que le rapport fait de l'activité
de cette exploitation un tableau que le correspondant
n'a pas pu manquer de lire, qui est le démenti le plus
flagrant à ce qu'il en a raconté, démenti qu'il accepte
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 10/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203274m/f10.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203274m/f10.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203274m/f10.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203274m
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203274m
Facebook
Twitter