Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1861 15 juin 1861
Description : 1861/06/15 (A6,N120). 1861/06/15 (A6,N120).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032736
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
I
202 L'ISTHME DE SUEZ,
même l'abstention du gouvernement, auraient pu
considérablement contrarier le recrutement libre.
Lorsque la Compagnie, suspendant sa revendication
des droits qu'elle tenait du contrat du 20 juillet, se
contentait d'invoquer les obligations de concours
prises par l'acte de concession de janvier 1856, le
gouvernement égyptien aurait manqué à ses devoirs
les plus stricts, il se serait exposé aux réclamations
les mieux fondées si, par sa force d'inertie absolue,
il eût paralysé le moyen terme adopté par M. de
Lesseps pour lui éviter toute collision étrangère.
Mais est-il vrai, après tout, que le recrutement
n'ait pas été libre et qu'on ait employé des moyens
dissimulés de contrainte ? Les faits vont répondre :
d'innombrables avis ont été affichés sur tous les
points de l'Egypte, appelant le concours volontaire
des travailleurs ; l'entreprise, secondée par les agenta
de la Compagnie, car c'est l'entrepreneur général et
non la Compagnie qui opérait le recrutement, a or-
ganisé partout ses recruteurs ; ils ont refusé les en-
fants, les hommes invalides, à qui le travail devait
être funeste ; et croirait-on que le correspondant leur
fait presqu'un crime de cettehumaine précaution. Cha-
que enrôlé a reçu eu partant de son village unà-compte
de 15 francs comme arrhes de son engagement ; est-
il étonnant dès lors que, s'il y a eu des déserteurs, on
ait réclamé leur retour comme conséquence de l'en-
gagement contracté ? Les choses ne se passent-elles
pas ainsi même en Angleterre, et lorsqu'un apprenti
ou un ouvrier ont pris des obligations déterminées
envers les maîtres, les magistrats ne les obligent-ils
pas à rester fidèles à ces engagements, sous peine
d'amende et de prison?
Mais puisque le correspondant avait à ses ordres
des observateurs si vigilants, pourquoi ont-ils oublié
de lui raconter ou oublie-t-il de nous dire l'attitude
qu'avaient eu partout ces convois de travailleurs sur
lesquels il repand tant de larmes? Cet oubli, nous
allons le réparer. Les hommes formant ces convois
partaient en chantant, en se félicitant d'être assurés
du paiement de leur travail; nous serons payés,
disaient-ils, et nous ne serons point battus. N'était-
ce pas une allusion à ce que les Anglais avaient si
souvent fait ou laissé faire? N'était-ce pas une al-
lusion à leur façon de traiter l'Egypte beaucoup en
pays conquis, et nous pourrions rappeler à ce propos
la scène dans laquelle des officiers anglais ont in-
sulté au Caire, en pleine mosquée et en présence du
vice-roi, et ses fonctionnaires et sa personne et les
croyances religieuses du pays.
Quoi qu'il en soit, le fellah sait qu'il sera bien traité
et bien payé par la Compagnie, c'est ce qui justifie
cet empressement que le correspondant du Times
tente d'expliquer par des suppositions et des asser-
tions plus que hasardées ; c'est ce qui motive la noble
satisfaction exprimée par M. Ferdinand de Lesseps de-
vunt l'assemblée générale, sur le succès de sa ten-
tative.
Le peuple égyptien, assuré d'un travail abondant
et régulier, bien traité, bien payé, voilà pourtant ce
que le correspondant compare à l'esclavage des nègres.
Il fait au vice-roi cette injure de l'assimiler à un tra-
fiquant d'esclaves, de le représenter comme vendant en
quelque sorte ses sujets en compensation de ses obliga -
tions pécuniaires. Nous avons répondu par l'acte si libé-
ral du 20 juillet, nous répondons encore par le fait que
la Compagnie distribue, à la fin detoutes les semaines,
les salaires gagnés par chaque travailleur; nous ré-
pondons enfin par cette déclaration insérée plus haut,
de tous les cheiks de village dirigeant leurs enrôlés
sur les travaux de l'isthme, et attestant le contente-
ment des indigènes, leur parfait état de santé, la sa-
tisfaction de tous leurs besoins physiques et la
ponctualité de leur paiement: ce n'est donc point par
eux que le vice-roi réalisera le prétendu marché qu'une
diffamation lui prête avec la Compagnie. Bien plus, le
correspondant ne se contente point de ces insinuations
contre le gouvernement égyptien, il faut aussi qu'il
lui associe le gouvernement français ; c'est ce qu'il
fait dans son allusion assez transparente au Charles-
Georges, envoyé par notre gouvernement pour recru-
ter sur la côte africaine des travailleurs libres, et qui
fut illégalement saisi, sous prétexte de traite, par les
autorités portugaises. Ce n'est ni la France ni l'Egypte,
et c'est encore moins la Compagnie de Suez, qui met-
tent la main sur la garde de leur épée pour défen-
dre l'injustice et soutenir d'excessives prétentions.
Pour rencontrer de tels exemples et sans aller
bien loin, le correspondant du Times n'a qu'à
regarder autour de lui ; nous ne lui parlerons point
de l'Inde; nous ne lui parlerons point des atrocités
dénoncées dernièrement en plein Parlement et exer-
cées sur les malheureux cultivateurs d'indigo du
Bengale ; nous voudrions savoir seulement ce que di-
rait ce défenseur de l'humanité, si l'Egypte ou la
France se permettaient d'intervenir pour mettre un
terme à ces cruautés, comme il voudrait faire inter-
venir son pays pour empêcher les fellahs d'aller tra-
vailler au canal de Suez. Mais, sans sortir d'Egypte,
il peut trouver matière à ses observations : il dénonce
par exemple, et il dénonce avec raison, la pratique
de certains individus élevant contre le gouvernement
égyptien les réclamations les plus exhorbitantes et
se faisant aider par certains agents diplomatiques
pour exercer sur le trésor public une pression illégi-
time. Nous avons plus d'une fois attaqué et flétri ces
manœuvres ; pourtant ne seraient-ce point les agents
britanniques qui les premiers en ont donné l'exemple
et l'ont fait pour ainsi dire passer en habitude dans
le pays? Si le correspondant niait, nous nous enga-
geons à lui citer et les noms et les faits, et, parmi
ces noms, nous pourrons plus spécialement lui si-
202 L'ISTHME DE SUEZ,
même l'abstention du gouvernement, auraient pu
considérablement contrarier le recrutement libre.
Lorsque la Compagnie, suspendant sa revendication
des droits qu'elle tenait du contrat du 20 juillet, se
contentait d'invoquer les obligations de concours
prises par l'acte de concession de janvier 1856, le
gouvernement égyptien aurait manqué à ses devoirs
les plus stricts, il se serait exposé aux réclamations
les mieux fondées si, par sa force d'inertie absolue,
il eût paralysé le moyen terme adopté par M. de
Lesseps pour lui éviter toute collision étrangère.
Mais est-il vrai, après tout, que le recrutement
n'ait pas été libre et qu'on ait employé des moyens
dissimulés de contrainte ? Les faits vont répondre :
d'innombrables avis ont été affichés sur tous les
points de l'Egypte, appelant le concours volontaire
des travailleurs ; l'entreprise, secondée par les agenta
de la Compagnie, car c'est l'entrepreneur général et
non la Compagnie qui opérait le recrutement, a or-
ganisé partout ses recruteurs ; ils ont refusé les en-
fants, les hommes invalides, à qui le travail devait
être funeste ; et croirait-on que le correspondant leur
fait presqu'un crime de cettehumaine précaution. Cha-
que enrôlé a reçu eu partant de son village unà-compte
de 15 francs comme arrhes de son engagement ; est-
il étonnant dès lors que, s'il y a eu des déserteurs, on
ait réclamé leur retour comme conséquence de l'en-
gagement contracté ? Les choses ne se passent-elles
pas ainsi même en Angleterre, et lorsqu'un apprenti
ou un ouvrier ont pris des obligations déterminées
envers les maîtres, les magistrats ne les obligent-ils
pas à rester fidèles à ces engagements, sous peine
d'amende et de prison?
Mais puisque le correspondant avait à ses ordres
des observateurs si vigilants, pourquoi ont-ils oublié
de lui raconter ou oublie-t-il de nous dire l'attitude
qu'avaient eu partout ces convois de travailleurs sur
lesquels il repand tant de larmes? Cet oubli, nous
allons le réparer. Les hommes formant ces convois
partaient en chantant, en se félicitant d'être assurés
du paiement de leur travail; nous serons payés,
disaient-ils, et nous ne serons point battus. N'était-
ce pas une allusion à ce que les Anglais avaient si
souvent fait ou laissé faire? N'était-ce pas une al-
lusion à leur façon de traiter l'Egypte beaucoup en
pays conquis, et nous pourrions rappeler à ce propos
la scène dans laquelle des officiers anglais ont in-
sulté au Caire, en pleine mosquée et en présence du
vice-roi, et ses fonctionnaires et sa personne et les
croyances religieuses du pays.
Quoi qu'il en soit, le fellah sait qu'il sera bien traité
et bien payé par la Compagnie, c'est ce qui justifie
cet empressement que le correspondant du Times
tente d'expliquer par des suppositions et des asser-
tions plus que hasardées ; c'est ce qui motive la noble
satisfaction exprimée par M. Ferdinand de Lesseps de-
vunt l'assemblée générale, sur le succès de sa ten-
tative.
Le peuple égyptien, assuré d'un travail abondant
et régulier, bien traité, bien payé, voilà pourtant ce
que le correspondant compare à l'esclavage des nègres.
Il fait au vice-roi cette injure de l'assimiler à un tra-
fiquant d'esclaves, de le représenter comme vendant en
quelque sorte ses sujets en compensation de ses obliga -
tions pécuniaires. Nous avons répondu par l'acte si libé-
ral du 20 juillet, nous répondons encore par le fait que
la Compagnie distribue, à la fin detoutes les semaines,
les salaires gagnés par chaque travailleur; nous ré-
pondons enfin par cette déclaration insérée plus haut,
de tous les cheiks de village dirigeant leurs enrôlés
sur les travaux de l'isthme, et attestant le contente-
ment des indigènes, leur parfait état de santé, la sa-
tisfaction de tous leurs besoins physiques et la
ponctualité de leur paiement: ce n'est donc point par
eux que le vice-roi réalisera le prétendu marché qu'une
diffamation lui prête avec la Compagnie. Bien plus, le
correspondant ne se contente point de ces insinuations
contre le gouvernement égyptien, il faut aussi qu'il
lui associe le gouvernement français ; c'est ce qu'il
fait dans son allusion assez transparente au Charles-
Georges, envoyé par notre gouvernement pour recru-
ter sur la côte africaine des travailleurs libres, et qui
fut illégalement saisi, sous prétexte de traite, par les
autorités portugaises. Ce n'est ni la France ni l'Egypte,
et c'est encore moins la Compagnie de Suez, qui met-
tent la main sur la garde de leur épée pour défen-
dre l'injustice et soutenir d'excessives prétentions.
Pour rencontrer de tels exemples et sans aller
bien loin, le correspondant du Times n'a qu'à
regarder autour de lui ; nous ne lui parlerons point
de l'Inde; nous ne lui parlerons point des atrocités
dénoncées dernièrement en plein Parlement et exer-
cées sur les malheureux cultivateurs d'indigo du
Bengale ; nous voudrions savoir seulement ce que di-
rait ce défenseur de l'humanité, si l'Egypte ou la
France se permettaient d'intervenir pour mettre un
terme à ces cruautés, comme il voudrait faire inter-
venir son pays pour empêcher les fellahs d'aller tra-
vailler au canal de Suez. Mais, sans sortir d'Egypte,
il peut trouver matière à ses observations : il dénonce
par exemple, et il dénonce avec raison, la pratique
de certains individus élevant contre le gouvernement
égyptien les réclamations les plus exhorbitantes et
se faisant aider par certains agents diplomatiques
pour exercer sur le trésor public une pression illégi-
time. Nous avons plus d'une fois attaqué et flétri ces
manœuvres ; pourtant ne seraient-ce point les agents
britanniques qui les premiers en ont donné l'exemple
et l'ont fait pour ainsi dire passer en habitude dans
le pays? Si le correspondant niait, nous nous enga-
geons à lui citer et les noms et les faits, et, parmi
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