Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1861 15 juin 1861
Description : 1861/06/15 (A6,N120). 1861/06/15 (A6,N120).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032736
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 201
ou indirectement, engagé sa parole à annuler ou
seulement à atténuer la force et la valeur de cet acte.
Mais tout en s'obligeant, conformément aux usages
de son pays et aux principes les plus simples de la
bonne foi, à fournir à la Compagnie les ouvriers
nécessaires à la poursuite de son œuvre, S. A. son-
geait à améliorer la situation des ouvriers égyptiens.
Sous ce rapport, il était complètement certain d'être
secondé par M. de Lesseps, et nous ne craignons pas
de dire que le règlement arrêté entre eux est un
modèle qu'on peut présenter à toutes les Compagnies
européennes, sans en excepter les Compagnies an-
glaises. Ce règlement dans ron préambule déclare
qu'il a pour objet d'assurer « l'exécution des travaux
» du canal de Suez, de pourvoir au bon traitement
» des ouvriers égyptiens qui y seront employés et de
» veiller en même temps aux intérêfs des proprié-
» taires, cultivateurs et entrepreneurs du pays."
Par l'article 1er, le gouvernement s'engage à four-
nir des ouvriers à la Compagnie dans la mesure de
ses besoins ; par l'article 2, il fixe le salaire de ces
ouvriers à un taux très-supérieur à la moyenne des
salaires égyptiens ; par l'article 3, il détermine la tâ-
che imposée à chaque ouvrier ; par l'article 4, il règle
la police des chantiers; par l'article 5, il prescrit que
les punitions infligées ne pourront être qu'une réduc-
tion ou une retenue de salaire modérée et détermi-
née ; par l'article 6, il oblige la Compagnie à abriter
les ouvriers, à entretenir des hôpitaux ou des am-
bulances où elle doit traiter gratuitement les ma-
lades ; par l'article 7, il met à la charge de la Com-
pagnie les frais de voyage des ouvriers engagés et
de leur famille, depuis le lieu de leur départ jusqu'à
leur arrivée sur les chantiers, et stipule pour chaque
ouvrier malade, outre les soins que réclamera son
état, une paie égale à la moitié de son salaire ; par
l'article 8, il attribue une paie supérieure aux ouvriers
d'art indigènes, et par l'article 9, il réserve aux mi-
litaires en service actif, qui seraient employés aux
travaux du canal, une paie et un traitement égaux
à ceux des ouvriers civils.
Cet acte remarquable a été publié dans les docu-
ments officiels sur le percement de l'isthme de Suez,
et dans notre journal du 25 août 1856 ; il y était
précédé des explications de M. de Lesseps lui-même,
desquelles nous extrayons le passage suivant :
« La sollicitude déployée en cette circonstance
» importante par S. A. le vice-roi, en faveur des
» classes laborieuses, jusqu'ici trop abandonnées
» en Orient, les garanties exigées pour les protéger
» et les secourir, seront peut-être aux yeux de ceux
» qui connaissent les anciennes mœurs orientales, la
» plus haute preuve des progrès que, sous une im-
» pulsion généreuse, fait l'Egypte vers les idées et
» la civilisation de l'Occident. Ce prince, aussi instruit
» dans sa religion que dans les sciences de l'Europe,
» sait que la loi musulmane ne s'oppose à aucun
» progrès. Elle.dit souvent que ce sont les mauvais
» gouvernements, les anciennes mœurs et les habi-
» tudes de l'Orient, plutôt que les lois, qui deman-
» dent des réformes. »
Ce règlement soumis à l'examen de l'Europe, n'y
rèncontra que des sympathies et des approbations;
l'opposition anglaise elle-même garda le silence et
n'y trouva rien à redire. En effet, s'il est fidèlement
observé, et nous affirmons hardiment qu'il l'est en
tout ce qui concerne la Compagnie, il est un régime
nouveau pour le travailleur fellah, il est une véritable
révolution dans la constitution du travail en Egypte;
il est un premier affranchissement du servage de l'ou-
vrier, et le prince avait bien calculé ; du moment que
ces améliorations étaient appliquées dans ses chantiers
par la Compagnie, elle ne pouvaient tarder de deve-
nir partout la loi et la nécessité du travail égyptien.
Pourtant c'est cette profonde réforme du système
antérieur, c'est sa mise en pratique dans les chantiers
de l'isthme, c'est cette charte de bon traitement et
d'humanité que le correspondant du Times essaie de
flétrir comme une varieté de la servitude des nègres.
Or, nous n'hésitons pas à répondre au correspondant
que c'est lui qui travaille à retenir les fellahs dans
leur état actuel, en voulant empêcher une expérience
qui. si elle réalise les nobles intentions du vice-roi, est
destinée à la fois à développer le moral et le bien-être
du travailleur.
Nous n'hésitons pas à soutenir que le règlement du
20 juillet est un immense progrès préparé au sort
de ces populations.
Mais la diplomatie britannique intriguait à Cons-
tantinople, intimidait en Egypte, et l'expérience ac-
quise avait appris au président de la Compagnie que
la douceur de sa discipline, ses sentiments d'hu-
manité, la régularité de la solde, sa fidélité à
toutes ses promesses, avaient assez favorablement
disposé l'esprit des indigènes pour lui permettre de
réunir un nombre suffisant de travailleurs sans
mettre en exercice immédiat les stipulations du 20
juillet. Par ce moyen, on évitait au gouvernement
égyptien des embarras et des ennuis, et la Com-
pagnie n'a cessé d'être inspirée par une pensée de
conciliation et de ménagement supérieure à toutes
les amertumes dont elle a été abreuvée. C'est pour-
quoi, sans porter la plus légère atteinte à ses droits,
issus du contrat de 1S56, elle a si heureusement tenté
le recrutement libre.
Le correspondant, il est vrai, reproche au gouverne-
ment égyptien de ne s'y être pas opposé, et même de
l'avoir secondé; s'il l'a fait, il n'a été que fidèle à
ses engagements. En effet, Partiels 22 de la conces-
sion de 1856 promet à la Compagnie le loyal et entier
concours du gouvernement et de ses fonctionnaires.
Dans les mœurs orientales, l'opposition, peut-être
ou indirectement, engagé sa parole à annuler ou
seulement à atténuer la force et la valeur de cet acte.
Mais tout en s'obligeant, conformément aux usages
de son pays et aux principes les plus simples de la
bonne foi, à fournir à la Compagnie les ouvriers
nécessaires à la poursuite de son œuvre, S. A. son-
geait à améliorer la situation des ouvriers égyptiens.
Sous ce rapport, il était complètement certain d'être
secondé par M. de Lesseps, et nous ne craignons pas
de dire que le règlement arrêté entre eux est un
modèle qu'on peut présenter à toutes les Compagnies
européennes, sans en excepter les Compagnies an-
glaises. Ce règlement dans ron préambule déclare
qu'il a pour objet d'assurer « l'exécution des travaux
» du canal de Suez, de pourvoir au bon traitement
» des ouvriers égyptiens qui y seront employés et de
» veiller en même temps aux intérêfs des proprié-
» taires, cultivateurs et entrepreneurs du pays."
Par l'article 1er, le gouvernement s'engage à four-
nir des ouvriers à la Compagnie dans la mesure de
ses besoins ; par l'article 2, il fixe le salaire de ces
ouvriers à un taux très-supérieur à la moyenne des
salaires égyptiens ; par l'article 3, il détermine la tâ-
che imposée à chaque ouvrier ; par l'article 4, il règle
la police des chantiers; par l'article 5, il prescrit que
les punitions infligées ne pourront être qu'une réduc-
tion ou une retenue de salaire modérée et détermi-
née ; par l'article 6, il oblige la Compagnie à abriter
les ouvriers, à entretenir des hôpitaux ou des am-
bulances où elle doit traiter gratuitement les ma-
lades ; par l'article 7, il met à la charge de la Com-
pagnie les frais de voyage des ouvriers engagés et
de leur famille, depuis le lieu de leur départ jusqu'à
leur arrivée sur les chantiers, et stipule pour chaque
ouvrier malade, outre les soins que réclamera son
état, une paie égale à la moitié de son salaire ; par
l'article 8, il attribue une paie supérieure aux ouvriers
d'art indigènes, et par l'article 9, il réserve aux mi-
litaires en service actif, qui seraient employés aux
travaux du canal, une paie et un traitement égaux
à ceux des ouvriers civils.
Cet acte remarquable a été publié dans les docu-
ments officiels sur le percement de l'isthme de Suez,
et dans notre journal du 25 août 1856 ; il y était
précédé des explications de M. de Lesseps lui-même,
desquelles nous extrayons le passage suivant :
« La sollicitude déployée en cette circonstance
» importante par S. A. le vice-roi, en faveur des
» classes laborieuses, jusqu'ici trop abandonnées
» en Orient, les garanties exigées pour les protéger
» et les secourir, seront peut-être aux yeux de ceux
» qui connaissent les anciennes mœurs orientales, la
» plus haute preuve des progrès que, sous une im-
» pulsion généreuse, fait l'Egypte vers les idées et
» la civilisation de l'Occident. Ce prince, aussi instruit
» dans sa religion que dans les sciences de l'Europe,
» sait que la loi musulmane ne s'oppose à aucun
» progrès. Elle.dit souvent que ce sont les mauvais
» gouvernements, les anciennes mœurs et les habi-
» tudes de l'Orient, plutôt que les lois, qui deman-
» dent des réformes. »
Ce règlement soumis à l'examen de l'Europe, n'y
rèncontra que des sympathies et des approbations;
l'opposition anglaise elle-même garda le silence et
n'y trouva rien à redire. En effet, s'il est fidèlement
observé, et nous affirmons hardiment qu'il l'est en
tout ce qui concerne la Compagnie, il est un régime
nouveau pour le travailleur fellah, il est une véritable
révolution dans la constitution du travail en Egypte;
il est un premier affranchissement du servage de l'ou-
vrier, et le prince avait bien calculé ; du moment que
ces améliorations étaient appliquées dans ses chantiers
par la Compagnie, elle ne pouvaient tarder de deve-
nir partout la loi et la nécessité du travail égyptien.
Pourtant c'est cette profonde réforme du système
antérieur, c'est sa mise en pratique dans les chantiers
de l'isthme, c'est cette charte de bon traitement et
d'humanité que le correspondant du Times essaie de
flétrir comme une varieté de la servitude des nègres.
Or, nous n'hésitons pas à répondre au correspondant
que c'est lui qui travaille à retenir les fellahs dans
leur état actuel, en voulant empêcher une expérience
qui. si elle réalise les nobles intentions du vice-roi, est
destinée à la fois à développer le moral et le bien-être
du travailleur.
Nous n'hésitons pas à soutenir que le règlement du
20 juillet est un immense progrès préparé au sort
de ces populations.
Mais la diplomatie britannique intriguait à Cons-
tantinople, intimidait en Egypte, et l'expérience ac-
quise avait appris au président de la Compagnie que
la douceur de sa discipline, ses sentiments d'hu-
manité, la régularité de la solde, sa fidélité à
toutes ses promesses, avaient assez favorablement
disposé l'esprit des indigènes pour lui permettre de
réunir un nombre suffisant de travailleurs sans
mettre en exercice immédiat les stipulations du 20
juillet. Par ce moyen, on évitait au gouvernement
égyptien des embarras et des ennuis, et la Com-
pagnie n'a cessé d'être inspirée par une pensée de
conciliation et de ménagement supérieure à toutes
les amertumes dont elle a été abreuvée. C'est pour-
quoi, sans porter la plus légère atteinte à ses droits,
issus du contrat de 1S56, elle a si heureusement tenté
le recrutement libre.
Le correspondant, il est vrai, reproche au gouverne-
ment égyptien de ne s'y être pas opposé, et même de
l'avoir secondé; s'il l'a fait, il n'a été que fidèle à
ses engagements. En effet, Partiels 22 de la conces-
sion de 1856 promet à la Compagnie le loyal et entier
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Dans les mœurs orientales, l'opposition, peut-être
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