Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1861 01 juin 1861
Description : 1861/06/01 (A6,N119). 1861/06/01 (A6,N119).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203272s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 185
ont été communiqués les cartes et les plans des
ingénieurs et jusqu'aux livres de la Compagnie. La
Compagnie universelle ne cache rien, parce qu'elle
n'a rien à cacher; elle a pour principe de montrer
tout ce qu'elle fait à ses amis comme à ses ennemis,
et nous n'hésitons pas à protester que tout Anglais
qui a voulu et qui voudra aller vérifier ou étudier l'état
de l'isthme a eu et aura non seulement toute liberté
de le faire, mais encore qu'il sera assisté, secondé dans
cet examen, qui ne peut tourner d'ailleurs qu'à
l'avantage de l'entreprise et non à sa confusion.
Voilà pourtant sur quelles fables la crédulité de lord
Carnarvon a établi une des accusations sur lesquelles
il a le plus insisté comme dénonçant les tendances
politiques de la Compagnie universelle.
Il est une autre assertion encore plus triste, que
certainement le noble lord regrettera ou peut-être
regrette déjà d'avoir laissé échapper et dont quelques
journaux anglais se sont e:nparés sur sa parole. Il
a dit que la Compagnie du canal de Suez était une
société en banqueroute. Le noble lord a été pour le
moins bien léger. D'après quelles informations a-t-il
pu proférer une calomnie, nous lie disons pas aussi
peu vraie, mais encore aussi impossible pour quiconque
a la plus superficielle notion des affaires de la Com-
pagnie? En France cet oubli de la dignité de l'homme
public n'a excité qu'un sentiment de surprise scanda-
lisée. Il paraît qu'en Angleterre l'argument a besoin
d'une réfutation; elle ne sera ni longue ni difficile.
La Compagnie n'a pas d i dettes, car elle paie tout
argent comptant. D'après la balance de ses écritures
arrêtées au 30 avril dernier, soumise à l'assemblée
générale des actionnaires le 15 mai, et que nous
avons sous les yeux, elle possède en caisse ou en
excellentes valeurs de portefeuille une somme de plus
de 25 millions ; les versements partiels qu'elle a reçus
à compte sur son fonds social se montent à 45 mil-
lions. Par conséquent il reste encore à son capital
recouvrable 155 millions, qui, réunis au-. 25 millions
en caisse ou en portefeuille, forment à son actif la
somme respectable de 180 millions de francs sans
passif. Après ces chiffres, dont il lui est loisible de
vérifier ou de faire vérifier l'exactitude sur les livres,
lord Carnarvon n'éprouvera-t-il point quelque embar-
ras en se rappelant les paroles par lesquelles il a
tenté de flétrir devant l'opinion de son pays une
entreprise solide et une compagnie honorable ?
Nous n'avons rien à ajouter à ces réflexions, déjà
bien longues, mais malheureusement indispensables,
si ce n'est qu'il serait temps enfin qu'on voulût bien
renoncer en Angleterre à ces fictions déplorables ou
à ces préventions passionnées qui jettent le désordre
dans les esprits les plus graves et vont jusqu'à com-
promettre la moralité de la discussion. L'Angleterre
est trompée sur la question du canal de Suez ; elle
ne la connaît pas dans sa vérité. Toutes les fois
qu'on en parle dans ses assemblée, presque tous ses
orateurs font preuve d'une ignorance qui nous con-
fond en France, car nous nous refusons à suspecter
leur bonne foi. Mais les opinions qui n'ont d'appui
que l'erreur et ne peuvent vivre que dans leurs té-
nèbres n'ont pas un long avenir dans notre épo-
poque; ce n'est pas de nos jours qu'il est possible
d'aveugler constamment tout un peuple et de le te-
nir parqué dans d'insoutenables préjugés ! C'est pour-
quoi nous comptons sur le prochain triomphe et sur
la prochaine sanction du canal de Suez même en
Angleterre.
ERNEST DESPLACES.
LE TIMES SUR LE CANAL DE SUEZ.
On lit dans le Times du 25 mai :
« Un mystère enveloppe le canal de Suez, qui nous
oblige à surveiller sa marche avec une vigilance ap-
pelée jalousie par quelques-uns de nos voisins. A pre-
mière vue, il semble certainement que l'Angleterre
doive être la première à faire bon accueil à un projet
qui la rapproche de Bombay et de Calcutta, et qui, s'il
eût été achevé, nous eût permis d'agir contre l'insur-
rection indienne deux mois avant son développement.
Comme consommateurs des produits de l'Inde, nous y
gagnerions la plus grande portion du bénéfice commer-
cial ; comme maîtres de l'Inde britannique, nous pour-
rions réduire notre dépense militaire du moment que
les facilités du transport seraient aussi matériellement
accrues ; comme la première des puissances navales, il
ne nous serait pas difficile de maintenir notre ascendant
dans les eaux égyptiennes ou de bloquer, en cas de
guerre, les deux entrées du canal. Il est risible de sup-
poser que la Grande-Bretagne puisse avoir intérêt à
adopter une politique punique dans ses relations avec
ses colonies, et agrandir les obstacles physiques de com-
munication et de transit avec l'Orient, dans l'espoir d'y
assurer son monopole. La nation qui a ouvert ses ports
au commerce du monde avant qu'aucune autre fût assez
éclairée pour payer cette concession de réciprocité, et
qui gouverne ses colonies sur des principes incompara-
blement plus libéraux que ceux professés par toute
autre métropole dans les temps anciens et modernes,
devrait être accusée la dernière d'un exclusivisme
égoïste. D'où viennent donc nos objections contre la
spéculation de M. Lesseps, et pourquoi des hommes de
tous les partis s'accordent-ils au parlement à faire sen-
tir au gouvernement le devoir de traiter ce sujet comme
quelque chose de plus qu'une question commerciale ?
» Nous répondons que dès le début, elle a été investie
par ses promoteurs d'un caractère et d'une signification
politiques. Nous n'insisterons pas ici sur l'opinion éner-
giquement exprimée par des ingénieurs anglais sur
l'impossibilité du projet. Naturellement tout le monde
peut argumenter sur la dépopulation, l'aridité, les ma-
-rais salés, les tourbillons de sable, qui dans cet isthme
formidable peuvent être vaincus par la même énergie
ont été communiqués les cartes et les plans des
ingénieurs et jusqu'aux livres de la Compagnie. La
Compagnie universelle ne cache rien, parce qu'elle
n'a rien à cacher; elle a pour principe de montrer
tout ce qu'elle fait à ses amis comme à ses ennemis,
et nous n'hésitons pas à protester que tout Anglais
qui a voulu et qui voudra aller vérifier ou étudier l'état
de l'isthme a eu et aura non seulement toute liberté
de le faire, mais encore qu'il sera assisté, secondé dans
cet examen, qui ne peut tourner d'ailleurs qu'à
l'avantage de l'entreprise et non à sa confusion.
Voilà pourtant sur quelles fables la crédulité de lord
Carnarvon a établi une des accusations sur lesquelles
il a le plus insisté comme dénonçant les tendances
politiques de la Compagnie universelle.
Il est une autre assertion encore plus triste, que
certainement le noble lord regrettera ou peut-être
regrette déjà d'avoir laissé échapper et dont quelques
journaux anglais se sont e:nparés sur sa parole. Il
a dit que la Compagnie du canal de Suez était une
société en banqueroute. Le noble lord a été pour le
moins bien léger. D'après quelles informations a-t-il
pu proférer une calomnie, nous lie disons pas aussi
peu vraie, mais encore aussi impossible pour quiconque
a la plus superficielle notion des affaires de la Com-
pagnie? En France cet oubli de la dignité de l'homme
public n'a excité qu'un sentiment de surprise scanda-
lisée. Il paraît qu'en Angleterre l'argument a besoin
d'une réfutation; elle ne sera ni longue ni difficile.
La Compagnie n'a pas d i dettes, car elle paie tout
argent comptant. D'après la balance de ses écritures
arrêtées au 30 avril dernier, soumise à l'assemblée
générale des actionnaires le 15 mai, et que nous
avons sous les yeux, elle possède en caisse ou en
excellentes valeurs de portefeuille une somme de plus
de 25 millions ; les versements partiels qu'elle a reçus
à compte sur son fonds social se montent à 45 mil-
lions. Par conséquent il reste encore à son capital
recouvrable 155 millions, qui, réunis au-. 25 millions
en caisse ou en portefeuille, forment à son actif la
somme respectable de 180 millions de francs sans
passif. Après ces chiffres, dont il lui est loisible de
vérifier ou de faire vérifier l'exactitude sur les livres,
lord Carnarvon n'éprouvera-t-il point quelque embar-
ras en se rappelant les paroles par lesquelles il a
tenté de flétrir devant l'opinion de son pays une
entreprise solide et une compagnie honorable ?
Nous n'avons rien à ajouter à ces réflexions, déjà
bien longues, mais malheureusement indispensables,
si ce n'est qu'il serait temps enfin qu'on voulût bien
renoncer en Angleterre à ces fictions déplorables ou
à ces préventions passionnées qui jettent le désordre
dans les esprits les plus graves et vont jusqu'à com-
promettre la moralité de la discussion. L'Angleterre
est trompée sur la question du canal de Suez ; elle
ne la connaît pas dans sa vérité. Toutes les fois
qu'on en parle dans ses assemblée, presque tous ses
orateurs font preuve d'une ignorance qui nous con-
fond en France, car nous nous refusons à suspecter
leur bonne foi. Mais les opinions qui n'ont d'appui
que l'erreur et ne peuvent vivre que dans leurs té-
nèbres n'ont pas un long avenir dans notre épo-
poque; ce n'est pas de nos jours qu'il est possible
d'aveugler constamment tout un peuple et de le te-
nir parqué dans d'insoutenables préjugés ! C'est pour-
quoi nous comptons sur le prochain triomphe et sur
la prochaine sanction du canal de Suez même en
Angleterre.
ERNEST DESPLACES.
LE TIMES SUR LE CANAL DE SUEZ.
On lit dans le Times du 25 mai :
« Un mystère enveloppe le canal de Suez, qui nous
oblige à surveiller sa marche avec une vigilance ap-
pelée jalousie par quelques-uns de nos voisins. A pre-
mière vue, il semble certainement que l'Angleterre
doive être la première à faire bon accueil à un projet
qui la rapproche de Bombay et de Calcutta, et qui, s'il
eût été achevé, nous eût permis d'agir contre l'insur-
rection indienne deux mois avant son développement.
Comme consommateurs des produits de l'Inde, nous y
gagnerions la plus grande portion du bénéfice commer-
cial ; comme maîtres de l'Inde britannique, nous pour-
rions réduire notre dépense militaire du moment que
les facilités du transport seraient aussi matériellement
accrues ; comme la première des puissances navales, il
ne nous serait pas difficile de maintenir notre ascendant
dans les eaux égyptiennes ou de bloquer, en cas de
guerre, les deux entrées du canal. Il est risible de sup-
poser que la Grande-Bretagne puisse avoir intérêt à
adopter une politique punique dans ses relations avec
ses colonies, et agrandir les obstacles physiques de com-
munication et de transit avec l'Orient, dans l'espoir d'y
assurer son monopole. La nation qui a ouvert ses ports
au commerce du monde avant qu'aucune autre fût assez
éclairée pour payer cette concession de réciprocité, et
qui gouverne ses colonies sur des principes incompara-
blement plus libéraux que ceux professés par toute
autre métropole dans les temps anciens et modernes,
devrait être accusée la dernière d'un exclusivisme
égoïste. D'où viennent donc nos objections contre la
spéculation de M. Lesseps, et pourquoi des hommes de
tous les partis s'accordent-ils au parlement à faire sen-
tir au gouvernement le devoir de traiter ce sujet comme
quelque chose de plus qu'une question commerciale ?
» Nous répondons que dès le début, elle a été investie
par ses promoteurs d'un caractère et d'une signification
politiques. Nous n'insisterons pas ici sur l'opinion éner-
giquement exprimée par des ingénieurs anglais sur
l'impossibilité du projet. Naturellement tout le monde
peut argumenter sur la dépopulation, l'aridité, les ma-
-rais salés, les tourbillons de sable, qui dans cet isthme
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